Le programme
commun
des forces
politiques en Europe
Ouverte
en 2000 et relancée en 2005, la stratégie européenne de Lisbonne a
abouti à l’adoption du « traité simplifié » par les 27
chefs d’Etats européens en septembre 2007. Selon les dirigeants de la
communauté Européenne, elle viserait à la modernisation économique de
l’Europe. Comment ? Par moins de service public, dans le cadre
d’un pouvoir encore élargi du capital.
Elle est basée sur
quatre piliers :
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1)Modernisation du marché du travail (flexi-sécurité). Ce volet
sous-tend les attaques contre les acquis formulés dans le code du travail
et les acquis sociaux des salariés. Notons que les organisations
syndicales affiliées à la Confédération Européenne des Syndicats (CES)
approuvent bruyamment la flexi-sécurité et que sa traduction
française, version CGT, c’est la
« sécurisation des parcours professionnels »
-
2)La levée des « contraintes » pour les PME concernant
leur droit de licencier, l’obligation de respecter les accords de branche,
l’exercice du droit syndical etc…
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3)La transformation des méthodes d’enseignement et de formation. C’est sur
cette base que l’Éducation nationale est de plus en plus adaptée aux
exigences du patronat. On retrouve cette orientation dans les réformes
Darcos, comme dans celles de Pécresse pour l’enseignement supérieur et la
recherche.
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4)Energie et changement climatique avec l’objectif affiché d’assurer
« l’indépendance énergétique de l’Europe ». Cette orientation
vise surtout à justifier l’accentuation du déclin industriel, l’industrie
étant jugée comme une source de pollution. Dans les faits cette
« indépendance énergétique » de l’Europe sert de prétexte à la
privatisation complète du secteur énergétique.
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Les résultats de cette stratégie c’est que, à l’inverse de ce qui est affiché
elle contribue à l’enfoncement des pays de l’Europe dans la crise. Les
gains de productivité, ( + 1,5% en 2006 et 1,2% entre 2000 et 2005), n’ont
profité qu’au capital. L’Euro permet à l’échelle du continent un
dumping social forcené, puisque les gains de compétitivité se trouvent pour
l’essentiel dans le prix, comparé à cette référence unique d’un pays à
l’autre, de la force de travail. Beaucoup d’États membres, qu’ils soient
dirigés par la droite ou par la gauche ont fourni une réglementation encore
plus avantageuse pour les entreprises avec :
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La réforme du régime des retraites
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Une politique de flexibilité du travail
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Des contrats de travail plus souples
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La montée en puissance des énergies renouvelables
Les régions, presque
totalement dirigées par la gauche plurielle en France, ont donné une
priorité à la stratégie Européenne, ce dont se félicitent les dirigeants
européens.
Le but du plan de
relance Européen c’est de rétablir les marchés financiers et d’aider les
entreprises. Il représente 30 milliards d’Euros et s’inscrit dans la même
stratégie que les plans nationaux. Il s’agit pour l’essentiel d’aider aux
restructurations pour rétablir les taux de profits au détriment de l’emploi
et des salaires. Le pacte de stabilité est gelé. L’explosion de la dette
publique représente une machine de guerre contre les salariés qui seront
appelés à payer. Le plan de « cohésion sociale » pour soutenir
l’éducation et la formation, avec la possibilité pour les entreprises de maintenir
l’emploi sous la forme de formation aux salariés, a pour objectif de
soutenir les restructurations tout en maintenant un contrôle social et en
gardant une main-d’œuvre captive et momentanément sous-payée. Il vise à
former pour d’autres emplois car des segments entiers de l’économie,
l’industrie automobile par exemple, sont voués par l’Europe et les États au
déclin. Il va y avoir des changements dramatiques dans les types de
production avertit la commission européenne.
Cependant des choses
commencent à changer. Les salariés en Europe mènent agissent pour défendre
leurs intérêts, ce qui finalement remet en cause la stratégie même du
capital. En Irlande, plus de 150.000 personnes ont manifesté la semaine
dernière à Dublin contre la crise et ses conséquences, en France le 29
janvier a bousculé la donne et a montré que les salariés n’étaient pas
décidés à se laisser faire. En Hongrie, Lituanie, Lettonie des
manifestations, parfois violentes, ont secoué les pouvoirs en place, aux
Antilles, à la Réunion des grèves longues et unitaires mettent en
difficulté le pouvoir et le patronat, en Angleterre, en Suède des grèves de
protestation contre le dumping social ont rencontré un grand écho. La liste
est longue et s’allongera encore quand on songe aux mesures que se
préparent à prendre les États. Ainsi en Pologne, l’office de la sécurité
sociale est au bord de la cessation de paiement, en Hongrie le gouvernement
veut supprimer le 13éme mois pour les retraités, en Lettonie les salaires
des fonctionnaires vont diminuer. Partout en Europe les licenciements
massifs (+ 90.000 en France en janvier, 150.000 en Angleterre, 300.000 en
Espagne, 200.000 en Allemagne) jettent dans la misère des centaines de
milliers de salariés.
Pour développer la
lutte anticapitaliste quotidiennement jusqu’à faire reculer patronat et
gouvernement, pour faire grandir une force révolutionnaire capable de
contester le capitalisme lui-même, le peuple a besoin d’un outil à sa
disposition, d’un parti révolutionnaire. C’est le rôle de « COMMUNISTES »
qui a été créé en 2002. Cette question de l’existence et du
développement d’un parti révolutionnaire est si prégnante pour toutes
les forces politiques qui ne veulent pas d’un parti qui
conteste le capitalisme et appelle à lutter pour l’abattre et construire le
socialisme, qu’elles s’emploient avec les forces syndicales à couvrir le
terrain de la contestation tout en assurant la pérennité de la domination
capitaliste. Il est d’ailleurs symptomatique que la revue « gestion
sociale N° 1582 » souligne la nécessité de renforcer le mouvement
syndical en Europe parce que : « un dialogue structuré
entre les représentants des salariés et le patronat peut aider l’Union
Européenne à faire face à la crise économique». Autant dire qu’il s’agit de renforcer
la collaboration de classe pour empêcher toute issue révolutionnaire à la
crise.
Il est clair que,
à l’opposé, notre tâche est celle du renforcement et de l’aiguisement de la
lutte de classe au terrain syndical comme politique.
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