Après l’élection
présidentielle
de Russie
Avec une participation estimée à 70%, Medvedev l’ancien Premier
Ministre de Poutine l’emporte avec 70% des voix. Il est suivi par Ziouganov
du Parti Communiste de la Fédération de Russie avec 18%, de Jirinovski (un
autre candidat du kremlin connu pour son anti-communisme et anti-sémitisme)
avec 9,5% et par un illustre
inconnu télécommandé par le
kremlin comme Jirinovski, qui obtient 1,5% des voix. Les résultats sont
sans surprise quant à l’élection de Medvedev, cependant, ils méritent que
l’on s’y attarde un peu en les comparant à ceux des législatives qui ont eu lieu à la fin de l’année
dernière.
La
campagne présidentielle a été, comme celle des législatives, dominée par
les tenants du pouvoir. Les médias se sont livrés à un déluge de propagande
en faveur du candidat officiel
et avec un Poutine omni présent, comme s’il était lui-même candidat.
Tout débat avec l’opposition, représentée exclusivement par Zougianov, a
été interdit. Medvedev n’a présenté aucun programme si ce n’est celui de la
continuité avec le mandant de Poutine. Pourtant de ce point de vue, les
choses ne sont pas si évidentes. En effet, Poutine et Medvedev, bien que
liés par leur dévouement à l’oligarchie russe, représentent des intérêts en
partie différents. Poutine est plus lié à l’appareil de force de l’Etat qui
cultive ses propres intérêts économiques étatiques, tandis que Medvedev est
lui plus directement en lien avec l’oligarchie privée qui voudrait s’accaparer encore un peu plus ce
qu’il reste des richesses publiques. Des journalistes russes ont ainsi pu
faire observer que les bases
d’un affrontement de grande ampleur est en gestation entre ces couches au
sommet de l’Etat.
Les
élections elles-mêmes se sont déroulées dans des conditions
anti-démocratiques :
-
Bourrage
des urnes, en particulier en Tchétchénie, Dagestan, où le nombre de votants
dépasse les 90% avec des scores fleuves pour le candidat officiel. Même
chose dans tous les endroits où règnent en maîtres les représentants de
l’Etat. Cela représente au total des centaines de milliers de voix.
-
Pression
sur les électeurs, en particulier les fonctionnaires, sommés de voter
Medvedev au risque de perdre leur travail
-
Falsification
des protocoles électoraux en empêchant les représentants du Parti
Communiste d’assister au dépouillement…
Dans
ces conditions, les 18% obtenus par le candidat communiste représentent un
minimum qui est cependant en progression de 6% par rapport aux législatives
avec un nombre de voix en grande progression. C’est particulièrement vrai
dans les villes où les contrôles ont été possibles, les centres industriels
et scientifiques où Zougianov dépasse souvent les 30% des voix. Prenant en
compte ces éléments, le candidat communiste a fait observer lors d’une
conférence de presse le soir du scrutin que son parti est en net progrès.
Dans le même temps, il dépose une plainte pour falsification des résultats.
La plainte a peu de chance d’aboutir, elle vise plus à marquer le pouvoir
de l’empreinte du trucage et à préparer l’avenir.
Il
apparaît en effet clairement que la seule force crédible capable de
combattre la politique de l’oligarchie est celle du Parti Communiste. Dans
un contexte où les ouvriers et les salariés redressent la tête,
s’organisent et luttent, les mois qui viennent donneront des pistes sur
l’avenir des forces du changement en Russie et sur leur capacité à modifier
les orientations actuelles.
Correspondant particulier à
Moscou
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