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04-12-2007

 

 

Elections russes

Les élections à la Douma d’Etat se sont tenues dimanche deux décembre en Russie. Les résultats traduisent le succès de la liste du pouvoir « Russie unie » menée par le Président V. Poutine. Les résultats annoncés : 65% de votants, 64% pour Russie Unie (RU), 12% pour le parti communiste de la fédération de Russie (PCFR), 7,5% pour le parti libéral démocrate de Russie (PLDR) et 7,2% pour Russie Juste (RJ). Ces deux derniers partis sont en fait des succursales du pouvoir. RJ était même promis à devenir « l’opposant de gauche » dans un système de bipartisme contrôlé par les dirigeants du Kremlin. Les autres partis se réclamant, pour la plupart d’entre eux, ouvertement du capitalisme n’auront aucun élu puisqu’ils ont réalisé des résultats très inférieurs à 7%.

 

Dans quel contexte se sont déroulées ces élections ? Elles se sont déroulées sur fond d’un début de traduction du mécontentement dans des actions revendicatives. Ainsi, la nature et le nombre de conflits sociaux montre que les salariés se laissent de moins en moins faire et s’organisent hors des syndicats contrôlés par le pouvoir. Le mécontentement vient aussi de la hausse rapide des prix, de la monétarisation des services, de la dégradation des services de soins et d’éducation. Dans le même temps, en comparaison de la situation créée après l’effondrement de l’URSS et son cortège de frustrations et d’appauvrissement de masse de la majorité de la population, la Russie de 2007 dirigée d’une main de fer par V. Poutine apparaît comme redressant la tête. L’ordre règne à nouveau et le baril de pétrole à 100 dollars permet au pouvoir d’acheter une paix sociale relative. Poutine, populaire (c’est indéniable) apparaît  aux yeux de beaucoup de russes comme hors du champ des dominations des oligarques et comme le garant de l’unité de la Russie. En réalité, il a réalisé la fusion entre  une partie de l’oligarchie et le pouvoir et développé une politique de contrôle des principales sources de richesses par l’Etat, de holdings, où cohabitent les intérêts privés et le capital étatique. Dans ces conditions, Russie Unie est organiquement le parti de la couche dirigeante et des fonctionnaires d’Etat.

 

Si la victoire de Poutine ne fait aucun doute, l’ampleur de cette victoire est sujette à caution. Jamais depuis 1991, un scrutin n’aura été aussi manipulé. Il l’a été dans sa préparation et sa réalisation. La campagne électorale a été caractérisée par un déluge inégalé de propagande et de pression sur les électeurs. Rien n’a été négligé pour que des urnes sorte un plébiscite pour Poutine. Il n’est pas exagéré de penser que les résultats ont été manipulés à grande échelle. Ainsi le PCFR estime qu’à Moscou par exemple, son résultat a été diminué par deux. En Tchétchénie, il y aurait eu 99% de votants. Cette situation se répète dans toutes les Républiques sous le contrôle de l’armée. Des urnes mobiles, sans aucun contrôle, ont permis de ramasser des voix tandis que les procurations suscitées en direction de fonctionnaires sûrs ont permis d’arrondir les scores de RU.

 

Malgré cela, le PCRF obtient plus de voix que lors des élections précédentes et se maintient en pourcentage. Il est bien le seul opposant réel à la politique du pouvoir. Selon un sondage, les jeunes qui disent avoir voté Poutine l’ont fait non parce qu’il était la tête de liste de RU, mais parce qu’il est le seul à leurs yeux capable de redonner un statut de puissance à la Russie.

 

Dans le même temps, les jeunes qui ont voté PCFR l’ont fait pour les idées qu’il a avancé dans la campagne et en particulier au plan économique en préconisant la nationalisation des secteurs économiques et financiers stratégiques.

 

S’il est bien le seul opposant à la politique de Poutine, le PCFR est présenté en France et dans les pays occidentaux comme un parti mineur, le seul vrai opposant serait Kasparov. Notons tout d’abord que le parti qui lui est le plus proche n’a obtenu qu’un pour cent des voix et lui-même a été incapable de rassembler les 50.000 signatures nécessaires à la présentation de listes. Kasparov est en fait un homme des services US. Pour preuve, en 1991 il est devenu membre du « Center for Security Policy », un groupe de pression américain composé d’amis de l’ancien Président Reagan et de G.W. Bush. Siége aussi dans ce comité Richard Perle, un des architectes de la guerre en Irak. On y trouve aussi le vice-président Dick Cheney. Kasparov sert les intérêts de Chodorkovski l’ex-patron du groupe Youkos qui a été re-nationalisé par le pouvoir parce que ce groupe refusait de payer ses impôts et de se soumettre au Kremlin.

 

La situation politique qui s’ouvre en Russie est malgré les apparences pleine d’incertitudes. Poutine a remporté une victoire peuplée d’attentes fortes de la part de la population. La construction politique d’un bipartisme sans alternative réelle a pour le moment échoué. Poutine est maintenant seul face aux exigences les plus pressantes du peuple russe et  face à un parti communiste qui a su rassembler les forces progressistes et se redonner un programme qui n’est pas simplement basé sur la nostalgie de l’époque soviétique.

Correspondant particulier à Moscou

 

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