07-07-2005 Plan
Sharon : Le grand bluff. |
Le "plan
Sharon" d'évacuer la ville de Gaza et les quelques villes de Cisjordanie
est une manœuvre de diversion préméditée de longue date. A la suite de la
guerre de six jours, l'Etat d'Israël a triplé sa superficie. Du nord au sud, un
vaste territoire fut ajouté : de Nazareth à Safed dans le nord,
d'Elariya à Ashdod dans le Neguev. Au centre, le kibboutz où réside ma sœur, à
20 km de Jérusalem, a plus que doublé, une grande partie d'une terre
palestinienne cultivable fut annexée allant de l'ancienne limite du kibboutz
jusqu'au monastère de la ville de Latroun. Se fiant à sa force
et à sa supériorité militaire, Israël fonde sa conception annexionniste sur
la création de faits accomplis. Le processus
d'implantation israélienne dans les territoires occupés a commencé dès le
lendemain de la guerre des six jours allant en s'intensifiant continuellement
autant sous le gouvernement travailliste que sous le Likoud. Des milliards de
dollars furent dépensés pour la construction des colonies. Et comble de mépris,
elles ont été érigées par des ouvriers palestiniens embauchés sur place. Des
conditions particulièrement alléchantes furent offertes aux nouveaux colons :
de vastes appartements climatisés, des moyens de communication rapides et des
subventions à la production agricole. Des centaines de
milliers de colons composés majoritairement de religieux intégristes, croyant
retrouver leur terre promise, s'établirent sur tous ces nouveaux territoires.
Armés et gardés par des militaires qui veillent à leur sécurité jour et nuit. Le journaliste et écrivain
israélien A. KAPELIOUK écrit dans son livre "la fin des mythes"
paru en 1975 : "Combien des chansons plus enthousiastes les unes que
les autres, ne furent-elles pas composées sur les nouveaux territoires ? On y organisa des
marches. On se mit à les enseigner à la nouvelle génération comme s'il
s'agissait d'une partie intégrante de l'Etat d'Israël. Dans les écoles, la
frontière séparant Israël des territoires conquis disparut des cartes de géographie". Les dirigeants israéliens
considèrent que les nouvelles colonies font désormais partie de son
territoire. Je cite Monsieur A. EBAN, délégué israélien à l'ONU, déclarant au
journal DAVAR du 26 décembre 1971 : "Israël espère lors des négociations
sur les tracés des frontières parvenir à conserver ces établissements à l'intérieur
de ses frontières telles quelles seront reconnues le jour où viendra la
paix". Une autre déclaration
de Mme Golda MEIR au journal MAARIV du 26 septembre 1971, dans un style moins
diplomatique à propos du Golan syrien : "La frontière se trouve là où
habitent des Juifs et non pas sur un tracé de carte". L'esprit conquérant
est entretenu et encouragé par une propagande continue dans les médias. Voici traduite dans
les actes, l'histoire édifiante d'une mosquée prise d'assaut par les intégristes
israéliens pour être transformée en synagogue. Dans la ville de
Khalil "hébraïsée" HEBRON par Israël. Un matin, les
"GOUSHEMONIM (bloc de la foi) se présentent en petit nombre à la mosquée.
Les fidèles leur demandent s'ils désirent visiter les lieux de revenir après
la messe. Le lendemain, les
fanatiques reviennent plus nombreux et essaient de rentrer avec violence dans
la mosquée. Les fidèles s'y opposent, il s'ensuit une bousculade. La nouvelle
fait le tour de la ville, les musulmans s'émeuvent et accourent vers la mosquée.
Devant la détermination farouche des Palestiniens, les
"Goushemonim" repartent. Le surlendemain, les
choses s’aggravent. Les envahisseurs reviennent en armes et pénètrent de
force dans la mosquée. Toute la ville est bouleversée. C'est la révolte.
L'officier israélien de la garnison arrive avec ses hommes. Après maints
conciliabules, il décide de désarmer les "fous de dieu". Mais l’armée
s’installe à l’intérieur de la mosquée pour "éviter" les heurts. Se
sentant protégés par la présence de l'armée, les fanatiques restent et
transforment la moitié de la mosquée en synagogue. C'est dans cette
mosquée que le criminel Dr Baroukh Goldstein, "Goushemonim", a pénétré
à l'heure de la prière et qu'il assassina 38 Palestiniens avant de se donner
la mort. Sa tombe se trouve à l'intérieur de la colonie où ses amis récitent
le "Kadish" pour la paix de son âme. L'annexion du Golan
syrien a commencé dès la fin des hostilités avec la Syrie. Des villes
nouvelles furent créées, des terres fertiles furent distribuées pour l’implantation
des "Mochavim" (villages coopératifs), des kibboutzim (villages
collectivistes) à de nouveaux colons venus par milliers peupler le
"nouveau" territoire. L'Etat d'Israël
poussant sa logique colonisatrice a fini par voter unilatéralement à la
Knesset l'annexion du Golan. On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Depuis 57 ans le
conflit dure et reste sans solution.Le statut-quo convient à Israël. Les
tensions au Liban, les menaces américaines d'intervenir en Syrie et en Iran,
l’invasion de l’Irak créent une situation compliquée pour la solution du
conflit au Moyen-Orient et profite à Israël. Les intentions de
Sharon ont été révélées il y a trois ans en proposant aux Palestiniens de
leur accorder un mini Etat qui représenterait 5 % des territoires occupés.
Tout naturellement l’OLP refusa cette offre. Le peuple palestinien
vit sa propre SHOA, NAKBA en arabe. Des populations entières ont été expulsées,
chassées par la force ou par la ruse. Plus de deux millions de Palestiniens
vivent dispersés dans les pays arabes, une diaspora palestinienne non négligeable
existe en Europe et en Amérique. Les Palestiniens de
la Cisjordanie et de Gaza sont soumis à un régime oppressif. Chômage et
humiliation sont leur lot quotidien. Un territoire encerclé par des murs de
plusieurs kilomètres et quadrillé par 700 points de contrôle les empêchent de
circuler librement. Face à ce drame,
l'attitude des dirigeants israéliens et leur lobby dans le monde évoquent
sans cesse leur maître mot : terrorisme. Tout être humain
normalement constitué ne peut admettre tout acte terroriste d'où qu'il
vienne. L'acte désespéré d'un kamikaze n'est justifiable en aucun cas. Mais
on peut se poser la question : qu'est-ce qui pousse un jeune Palestinien à commettre cet acte suicidaire entraînant
dans sa mort des innocents ? L'ancien Premier ministre travailliste Ehoud
Barak a déclaré que "s'il était Palestinien, il serait kamikaze".
Sa déclaration a suscité de nombreuses protestations et déclenché contre lui
les foudres des "Sharonards". Mais peut-on reprocher à cet ancien général
de prendre conscience du drame que vit tout un peuple depuis 1947 ? Le terrorisme dans
toute sa diversité est inadmissible particulièrement s'il est pratiqué par un
Etat qui se dit démocratique. Je voudrais rappeler
ici quelques-uns uns des actes terroristes commis par Israël : En 1948, année de
naissance de l'Etat hébreu, lord MOYNE, ancien haut commissaire de la
Palestine, est assassiné au Caire, coupable de dénoncer à l'ONU la terreur
contre les Palestiniens chassés par centaines de milliers de leurs villages
et la profanation de leurs cimetières. Les deux assassins furent arrêtés,
condamnés à mort par un tribunal égyptien et exécutés. En Israël deux rues
portent les noms des deux "héros". Face à
l'intransigeance d'Israël au retour des réfugiés dans leur foyer, l'ONU délégua
le comte BERNADOTTE pour enquêter sur place. La crainte du résultat de
l'investigation amena l'Etat hébreu a décidé de l'assassiner. Après les
accords d'OSLO et l'espérance de paix qu'ils avaient suscitée, le général
Rabin présenta ses excuses au gouvernement suédois, pays de la victime. Connaissez-vous
l'affaire LAVON ? Vers les années 1954-1955, le MOSSAD cherche des jeunes
juifs originaires d'Egypte pour les utiliser dans une dangereuse opération de
provocation. L'entreprise consiste
à faire pénétrer dans ce pays deux groupes de six terroristes qui se rendront
dans les villes du Caire et d'Alexandrie avec mission de commettre des
attentats. Le Mossad cherchait à attribuer les crimes au mouvement intégriste
des frères musulmans qui menait à cette époque des actions terroristes contre
le pouvoir du colonel NASSER. Dans un cinéma au
Caire pendant la séance une fumée se dégage dans la salle, un homme sort en
courrant. Il est arrêté. Par chance, le système de mise à feu n'a pas
fonctionné. Au commissariat, il avoue. Les deux groupes sont mis sous les
verrous. Leurs deux chefs sont condamnés à mort et pendus, les dix autres ont
écopé la perpétuité. Le fiasco de l'opération
provoqua un grand scandale dans le pays. Le bouc émissaire fut vite trouvé,
le ministre M. LAVON accepta de battre sa coulpe et démissionna. Après la
guerre des six jours, les corps des deux condamnés à mort ont été rendus à
Israël, les dix terroristes détenus furent échangés contre 15 000 prisonniers
de guerre égyptiens. Au nom de la
sacro-sainte "sécurité", les dirigeants d'Israël se sont placés
au-dessus des lois internationales en s'autorisant d'envoyer leur aviation
bombarder où bon lui semble. Le raid sur Le Caire
vers l'année 1967 causa la mort de 40 enfants. Les avions visaient le
complexe métallurgique de HELOUAN. A la suite de ce raid meurtrier, Israël présenta
ses excuses à l'Egypte prétendant que l'école se trouvait dans une caserne. Au Liban le
bombardement délibéré d'un camp de l'ONU a fait plus de 100 morts civils. Le
pilonnage de Beyrouth et de toute la côte, un raid sur l'aéroport de la
capitale détruisit plusieurs avions de la compagnie "Liban air"
provoqua la colère du Général DE GAULLE qui refusa la livraison des mirages. Après les milliers de
morts de la guerre civile déclenchée par l'invasion du Liban, après le
massacre de Sabra Shatila, le gouvernement israélien envoie son aviation
bombarder à Tunis un camp de palestiniens rescapés de Beyrouth. Pas de répit
pour les victimes ! C'est au service
d'une mauvaise cause qu'Israël participa avec la France et la Grande-Bretagne
dans la guerre d'agression contre l'Egypte pour la reconquête du canal de
Suez nationalisé par NASSER. Miracle ou paradoxe ? C'est sous la
pression des "deux grands" USA/URSS que l'agression tripartite prit
fin. Bush au secours de
Sharon. Le flou de la "feuille de route", la demande du démantèlement
des colonies "illégales" sont la caution aux plans expansionnistes
de l'Etat d'Israël mandataire de la politique américaine au Moyen-Orient. Aucune colonie n'est
légale : < la résolution 242 de la guerre de six jours exigeant le retrait
des forces israéliennes des territoires occupés et le démantèlement de
toutes
les colonies. > La 338 du 22
octobre réitérant cette exigence après la guerre de Kippour. > La 425
condamnant l'invasion et l'occupation du Liban comme celle du 4 juillet 1967
sur l'annexion de Jérusalem. > Deux résolutions
pour la restitution du Golan syrien. > 197 résolutions émanant
des Nations Unies sont restées lettres mortes. Et maintenant quelle
paix ? Qu'attendent les Palestiniens et tous les partisans de la paix ?
M. Mahmoud Abbas acceptera-t-il ce qu'a refusé Arafat et sera-t-il à son tour
diabolisé ? ou sera-t-il l'homme de la "paix" ? Que peut-on attendre
des processus de Sharon dont on ne peut pas oublier le rôle provocateur qu'il
a joué dès l'origine dans le conflit ? La question des
colonies est capitale : tant qu'elle n'est pas résolue, elle reste l'obstacle
de tout règlement du conflit. Il faut qu'Israël
cesse de créer de nouvelles colonies et tienne ses promesses de démantèlement
des colonies en Cisjordanie. Maintenant, il
appartient à l'ONU de faire respecter ses décisions et de veiller avec les
signataires du carnet de route à ce qu'aucune nouvelle provocation ne vienne
interrompre le processus engagé. L'avenir nous le dira
en dépit du risque du plan Sharon. Recommander cet article à un(e) ami(e)
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