Elections régionales en
Russie :
Un succès pour le pouvoir, pas si sûr !
Le
Kremlin
Les élections régionales ont eu
lieu en Russie dimanche 11 mars. La presse n’a rapporté de ces élections
que ce qu’elle appelle le succès des partis au pouvoir,
c’est-à-dire : « Unité de la Russie » (le parti de
Poutine) et « Russie juste » qui en est une annexe chargée de
capter le mécontentement populaire. Ensemble ces deux formations dirigeront
les quatorze régions russes. Pour autant, est-ce réellement un succès ? Les résultats
traduisent un mécontentement de la population d’autant plus vrai que le contrôle des élections a pu
être effectif même si ce ne fut pas le cas dans les régions plus rurales où
l’administration est fortement intervenue pour donner un coup de pouce aux
partis du pouvoir.
Le Parti Communiste de la
fédération de Russie (PCFR) sort renforcé de ces élections et cela malgré
les entraves dont il a fait l’objet, comme d’ailleurs les autres partis
d’opposition, y compris pour présenter des candidats. Dans douze régions
sur quatorze, le PCFR gagne en voix et en pourcentage par rapport aux
élections à la Douma d’Etat de 2003. Ce parti se situait à l’époque dans
une fourchette de 10 à 15%, il est aujourd’hui près des 20%. Il se
rapproche même globalement des résultats de 1999 obtenus lors des élections
régionales. Dans certains cas et tout particulièrement dans les grandes
villes, il dépasse son score de 1999.
Le PCFR s’affirme donc comme
le grand parti d’opposition à la politique anti-sociale de Poutine. Il
demeure une force structurante de l’opposition politique à la
contre-révolution capitaliste. Rappelons que l’objectif du pouvoir était de
le marginaliser au bénéfice des opposants de droite acquis à la transition
capitaliste. Ces partis « l’Union des forces de droite » et
« Jabloko » sont laminés. Ils étaient les seuls à défendre
ouvertement la voie capitaliste. Leur défaite en dit long sur la popularité
du capitalisme en Russie parmi les ouvriers, les salariés et les
kolkhoziens. Le parti libéral de Jirinovski, parti télécommandé par le
pouvoir, qui fait son fonds de commerce du nationalisme « grand
russe » et de l’antisémitisme se maintient sur la base d’une
contestation violente des oligarques, ce qui ne l’empêche pas bien au
contraire de s’inscrire dans les orientations du pouvoir qu’il sert avec
fidélité.
Ainsi le paysage politique
russe se modifie. L’élection présidentielle devrait permettre de clarifier
au moins partiellement les enjeux, mais seulement partiellement parce que
Poutine qui joue habilement de son attachement à l’ex-URSS, comme d’une
volonté affichée de remettre de l’ordre en Russie, jouit d’une popularité
réelle. Mais pourra-t-il longtemps répondre aux aspirations de la
population laborieuse en continuant de donner des gages aux
oligarques ? De la réponse à cette question dépend largement l’avenir
de la Russie.
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