16/07/2006
Les 10 et 11 juillet s’est tenu au Maroc une
conférence de 27 pays d’Europe et de 30 d’Afrique consacrée à « la
maitrise des flux migratoires », le terme de maitrise n’étant pas le
plus approprié pour le but réel de cette rencontre. Rappelons-nous
à l’automne dernier, les
TV diffusaient des images montrant des centaines d’immigrants escaladant les enceintes
de barbelés, qui clôturent deux « enclaves », terminologie
« occidentale » pour des colonies Espagnoles au Maroc. L’accès
à ces « enclaves » peut être une porte d’entrée en Europe, à
condition sur place d’échapper aux gardes-frontières, aux contrôles de
police. Pour ceux qui furent repris par les polices Espagnoles ou Marocaines,
ce fut la reconduite humiliante dans le désert, loin des caméras ou ils
furent abandonnés, sans eau ni nourriture. Depuis
les tentatives d’immigrations clandestines se poursuivent par la mer, dans
l’Atlantique vers les Canaries Espagnoles, vers les iles Italiennes en
méditerranée, tandis que d’autres routes apparaissent en particulier par la
Turquie, faisant chaque année des milliers de morts. Pour
l’Europe, volontiers donneuse de leçons, sur les droits de l’homme, la
diffusion de ces images ne peut pas se poursuivre. Non pas, parce qu’elles
lui donnent mauvaise conscience, le capitalisme en est et en a toujours été
dépourvue ! Mais tout
simplement parce que son opinion publique risque à la longue de ne plus les
accepter, comme elle n’accepte pas l’expulsion des enfants scolarisés. La
question était donc urgente pour les gouvernements européens de droite ou de
« gauche », d’autant que certaines études très sérieuses indiquent
que 80 à 90 000 Africains se préparent à immigrer. C’est
une évidence, plus la pauvreté, la misère, voire la famine, la maladie
gagnent du terrain en Afrique et ailleurs, plus nombreux seront les
hommes, les femmes, les enfants qui quitteront leurs pays pour survivre et
tenter de faire vivre leurs familles restées aux villages. Depuis
des dizaines d’années, aucun des gouvernements Européens n’a tenu ses
engagements d’aide aux développements promis aux Africains. Celle qui
parvient est le plus souvent détournée par les dictateurs locaux, maintenus
en place par les Européens, les Français y sont encore largement présents,
parce qu’ils permettent de poursuivre le pillage des richesses minières et
énergétiques nationales (1). Il
était urgent de prendre des mesures. Si la chanson sur le développement est
toujours la même et toujours sans effets, des mesures concrètes ont été
prises pour que les pays Africains soient directement impliqués dans
« la chasse aux immigrés » et des moyens débloqués. Ainsi la
Mauritanie, lieu de passage pour gagner par la mer, les iles Canaries vont
recevoir sans délai un premier versement de 200 000 €uros. Les
décisions prises sont parfaitement claires. Notamment « la mise en
place de structures efficaces de réadmission des clandestins entre tous les
pays concernés, le renforcement de la capacité de contrôle des frontières
nationales, une coopération opérationnelle policière et judiciaire ». En clair faire de l’Europe une
forteresse en se servant des pays Africains « comme garde-frontière
extérieur » !
Les gouvernements de ces pays ont accepté cette responsabilité. Le
capitalisme Européen avec ses gouvernements de droite et sociaux-démocrates
se décharge sur ses victimes pour faire régner son ordre. Depuis
l’élargissement de l’Europe à 25 et bientôt 27, la donne à changée, pourquoi
continuer à aller chercher en Afrique une main d’œuvre à bon marché
lorsqu’elle en a une sous la main, en Europe même, où il est si facile pour
le capitalisme de délocaliser les productions, de faire financer ces
délocalisations par la « commission de Bruxelles », ou encore de
faire venir « des salariés bien formés et à moindre prix ? »
Directive Bolkestein ou pas, la libre circulation des travailleurs à travers
l’Europe est devenue une réalité acceptée par le gouvernement et les
syndicats Français (2). C’est déjà une pratique courante dans de
nombreux chantiers et entreprises françaises. A
notre avis, il ne faut pas chercher ailleurs cette nouvelle politique de
l’immigration, sauf quelques exceptions soigneusement sélectionnées
dans la proposition « d’immigration choisie » chère à Sarkozy.
Choisi par qui ? Sur quel pied d’égalité ? Cette politique ségrégationniste
vise en réalité à piller les meilleurs cerveaux des pays d’Afrique, aggravant
encore davantage le retard du continent. Proposition très fraichement
accueillie par un certain nombre de pays qui refusent de voir partir leurs
meilleurs éléments et dont la formation leur a couté très cher, par rapport à
leur faible moyen. Enfin
et pour l’ensemble des pays Européens, cette politique au service exclusif du
capitalisme, répressive vis-à-vis de l’immigration ne peut que satisfaire l’extrême-droite
et les partis qui la représentent, leurs permettant de se présenter comme les
meilleurs remparts, renforçant leur crédibilité au lieu de l’affaiblir. Comme
tous les problèmes qui se posent à la société, la question de l’immigration
ne peut se résoudre que dans le cadre de la lutte contre le capitalisme. Et
sans attendre il convient d’imposer le respect des promesses faites en ce qui
concerne le développement, en liaisons avec les besoins réels des peuples
intéressés pour faire reculer la faim, la misère, la maladie, de permettre à
chacun de vivre et travailler dans son pays. (1) Le président du Congo
Brazzaville est poursuivi pour avoir détourné 300 millions
d’€uros. (2)
Voir notre article du 10.03.2006,
un coup de poignard… Recommander cet article à un (e) ami (e) http://www.sitecommunistes.org |