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18-02-2009

 

Venezuela : Où en est-on ?

 

 

Depuis le coup d’état tenté -et raté- en février 1992, Hugo Chavez  a construit un véritable projet politique pour donner la parole au peuple, quasiment exclu du jeu démocratique mis au point par la bourgeoisie vénézuelienne et ses alliés objectifs des Etats-Unis à partir de 1958, date de la fin de la dernière dictature autoritaire. Ce compromis social-démocrate / social-chrétien, d’où était exclu le Parti Communiste, vole en éclats après les émeutes de la faim de  février 1989.

 

Chavez, à l’instar d’autres militaires populistes latino-américains, en Argentine les débuts de Péron en 1945, au Pérou ceux de Velasco Alvarado des années 1968, identifie clairement les dysfonctionnements de la société vénézuelienne dont les masses populaires sont réellement exclues. Soulignons aussi que Chavez appartient à une nouvelle génération de militaires issus du peuple, et, dans son cas, métis. La montée en puissance du projet chaviste débouche sur l’élection en 1999 de son leader et sur la mise en place d’une nouvelle Constitution. La rente pétrolière -n’oublions pas que le Venezuela est le cinquième ou sixième exportateur mondial de pétrole selon les années- permet à Chavez de monter son projet autour de l’amélioration des conditions de vie des couches populaires, largement majoritaires dans le pays.

 

« Missions » de santé, d’éducation, de mise en place de marchés populaires destinés à casser les monopoles et le système des centres commerciaux de luxe, etc… se développent. L’aide de Cuba est massive, surtout dans le domaine de la santé. Tout cela donne des résultats concrets et spectaculaires qui soulagent la misère des couches populaires. Les réactionnaires reprochent amèrement ces actions en faveur des couches populaires du pays.

 

Cette politique n’exclut pas certaines situations complexes. Les tentatives de déstabilisation sont connues (tentative de coup d’état de 2002 où Chavez est écarté du pouvoir durant 48 heures). Le discours est révolutionnaire, les oriflammes et autres uniformes rouges accueillent le voyageur à Maiquetia, aéroport de Caracas. Les références à l’idéalisme révolutionnaire d’Ernesto Che Guevara sont fréquentes. Mais le système capitaliste n’est vraiment pas remis en cause. Les affaires continuent, le pétrole s’en va majoritairement vers les USA, même si les pays frères, Cuba, Bolivie, Amérique centrale, bénéficient de tarifs préférentiels ou de trocs. Le contrôle de la délinquance est un échec de Chavez, et peut expliquer certains faux-pas électoraux comme les élections régionales et locales de novembre 2008. Il faut dire aussi que son discours est parfois assez « fleuri », direct et populaire, il tend parfois à se substituer au débat de fond nécessaire sur l’avenir de la révolution bolivarienne.

 

Les aspects populistes sont fortement présents. Lors de ces dernières élections, Chavez a exigé que le Parti communiste et un parti trotskiste qui l’avaient fidèlement soutenu jusqu’alors se fondent dans son Parti Socialiste Unifié du Venezuela. Le parti trotskiste s’est dissous, le parti communiste s’est maintenu au pris d’une scission qui l’a affaibli.

 

Trois ou quatre réflexions en conclusion:

-           Chavez gagne les élections, dont la dernière autorisant sa réélection en février 2009.

-           Tant que le prix du pétrole se maintiendra à un niveau élevé et tant que les principaux clients de cette manne (dont les US) seront assurés de la fiabilité de  leurs approvisionnements, le projet chaviste pourra se poursuivre.

-           Les gouvernements de Chavez (Venezuela), de Morales (Bolivie), de Correa (Equateur), d’Ortega (Nicaragua) adoptent un discours plus fort, contre «l’impérialisme américain», que d’autres gouvernements qui se disent aussi de gauche, tels que ceux du Chili, du Brésil, du Costa Rica, ou du Guatemala.

-           De là à dire que le système chaviste est vraiment révolutionnaire…… Pour le moment il accompagne le peuple dans ses besoins, et surtout sa fierté. Il y a trente ans on ne « parlait » pas politique au Venezuela, maintenant OUI.

 

De notre correspondant à Caracas.

 

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