Ukraine : la
coalition « orange » éclate
La coalition parlementaire
« orange » formée du parti « notre Ukraine » (celui du
Président Iouchenko) et du bloc « I. Timochenko » vient d’éclater
ouvrant une crise politique profonde en Ukraine. Cette coalition, tous les
commentateurs occidentaux se sont plu à la présenter comme une garantie du
cours démocratique en Ukraine. La « révolution orange » a eu un
soutien actif et financier des USA et de ses officines chargées d’organiser
les changements politiques au profit des forces favorables à l’intégration
dans l’OTAN. L’Union
Européenne n’a pas été en reste qui a aidé ces forces favorables à l’entrée
de l’Ukraine dans la communauté européenne.
Pourtant, dans un délai très bref cette
coalition a montré les limites de ses capacités. Pourquoi cette
crise ? Elle a au moins deux raisons principales, la première est liée
à l’incapacité de la coalition de s’attaquer à la grave crise économique et
sociale que traverse l’Ukraine, mais en avait t-elle l’intention ? Il
est permis d’en douter quand le pays est mis en coupe réglée par une
oligarchie qui pille sans vergogne les richesses et exporte ses capitaux.
Cette oligarchie est intimement liée au pouvoir qu’il s’agisse du clan
présidentiel ou de celui de son Premier ministre Timochenko. Dans son
intervention du 16 septembre au Parlement, le porte-parole du Parti Communiste
d’Ukraine, P. Simonenko, note qu’il s’agit, parlant de la coalition orange,
« d’une coalition de corrompus, d’empoisonneurs et d’espions ».
Selon Simonenko, « Cette coalition est responsable de la ruine du
pays », « elle mène une politique nationaliste qui conduit tout
droit à la fascisation de la société ».
Il est clair que les clans au pouvoir,
face au mécontentement social, voudraient bien se dédouaner et jouer aux
opposants. Mais il est difficile d’être à la fois opposant et Président de
la République et opposant et premier Ministre. Cette contradiction explique
en parti la rupture de la coalition où chacun veut faire porter à l’autre
la responsabilité du désastre social que vit l’Ukraine avec une fuite des
jeunes des salariés et de nombreux intellectuels dans l’immigration à l’Est
et à l’Ouest.
L’autre raison de l’éclatement de la
coalition tient au fait que la politique ouvertement pro-occidentale du
président ukrainien a du mal à passer. Une majorité de la population est
attachée aux liens anciens culturels et politiques avec la Russie et
rejette l’adhésion à l’OTAN. Ainsi, si Iouchenko a soutenu son ami
Sakatchvili (le Président géorgien) organisant même avec les États Baltes
un groupe de pression pour une intervention occidentale en Georgie, son
premier Ministre Timochenko s’est bien gardé elle de prendre position. Dans
le même temps, le « Parti des régions » et le Parti
communiste ont soutenu la position russe. Il apparaît clairement que
l’Ukraine est à la croisée des chemins. Sans solutions aux problèmes
sociaux majeurs, en alimentant un nationalisme pro-occidental qui l’éloigne
de son lien historique avec la Russie elle est condamnée à une crise sans
fin pouvant être à l’origine d’un affrontement dans lequel les puissances
voisines pourraient trouver un prétexte pour un conflit majeur en Europe. C’est le point de vue de I. Melnikov
responsable du groupe parlementaire communiste à la douma d’État russe.
Tout montre que la situation en
Ukraine est dangereuse et doit être suivie avec la plus extrême attention.
Correspondant particulier à Moscou
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