Élections présidentielles en Biélorussie
Elles se sont tenues
dimanche 19 décembre et elles ont vu le succès du Président sortant
Loukachenko. Tous les observateurs s’accordent à reconnaître que l’élection
de Loukachenko est due à sa popularité et que si des irrégularités ont été
commises, elles ne sauraient entacher le résultat final. Pourtant, aussi
bien dans la presse russe et les médias aux ordres du pouvoir que dans la
presse internationale, cette élection a donné lieu à un déchaînement contre
le Président élu. Pourquoi ? Parce que ce dirigeant aurait un
comportement dictatorial comme l’affirment les médias? Venant des
dirigeants russes qui sont passés maîtres dans le trucage des élections,
cela prête à sourire. Venant des dirigeants occidentaux pour qui
Loukachenko n’est pas assez tourné vers l’Europe, cela laisse percer la
volonté d’expansion du capitalisme dans des terres qui ne lui sont pas
totalement soumises.
La
Biélorussie à la différence de beaucoup des Républiques de l’ex-URSS n’a
pas livré son économie à une oligarchie prédatrice qui a conduit à
l’enrichissement d’une poignée au détriment du plus grand nombre. Elle a
réformé l’économie mais en gardant un vaste secteur public (plus de 75% de
l’économie nationale) et il n’y a pas eu d’effondrement économique comme en
Russie ou en Ukraine. Le développement de la richesse nationale, de l’ordre
de 10% pour 2010, permet de maintenir un niveau de protection sociale
efficace aussi bien dans les villes qu’à la campagne. Pour les oligarques
russes qui ont mis la main sur les richesses de leur pays, y compris sur
celles de leurs voisins comme en Ukraine, la Biélorussie est un mauvais
exemple qu’il convient de mettre au pas pour s’emparer de son industrie et
de son agriculture. Pour l’Europe, la Biélorussie constitue un obstacle à
l’expansion du capitalisme et de l’OTAN vers l’Est et elle finance des
« opposants » qui agitent en son nom des petits drapeaux
européens. À Moscou, toutes les forces politiques ne partagent pas la haine
anti-Loukachenko déversée par le pouvoir. Le secrétaire général du Parti
Communiste de la Fédération de Russie, G. A. Zougianov a chaudement
félicité le Président élu. Zougianov avait activement participé à la
campagne électorale en tenant plusieurs meetings en Biélorussie. Aux yeux des communistes russes, la
voie politique et économique suivie en Biélorussie montre qu’il est
possible de réformer sans pour autant jeter aux orties les acquis du
socialisme.
Correspondant
particulier Moscou
|