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24-01-2007

RETRAITES :

Nouvelles attaques

 

 

2003 : Raffarin réforme les retraites. Raffarin, Fillon, Chérèque nous juraient qu’en réduisant le taux des  pensions et en allongeant la durée de cotisation, ils avaient sauvé le système de retraite par répartition. Ils disaient placer « l’égalité » entre le public et le privé, au centre de leurs préoccupations.

 

2007 : rien ne va plus. Le COR (Comité d’Orientation des Retraites) vient de rendre ses conclusions et ses propositions pour les futures « négociations » sur l’avenir des retraites, qui doivent s’ouvrir en 2008.

 

Un mot sur la composition de ce comité afin de situer la responsabilité des uns et des autres : il est composé des centrales syndicales de salariés, du patronat, de parlementaires toutes tendances confondues et de hauts fonctionnaires.

 

Le rapport a été approuvé. Ses propositions s’inscrivent dans la ligne de remise en cause du système des retraites  entamée en 2003. Jugez-en :

 

*Allongement du nombre d’années de cotisations donnant droit à la retraite pleine, recul de l’âge de départ à la retraite. Il s’agit de faire disparaître : les avantages pour ceux qui ont commencé à travailler très jeunes et ont eu des carrières longues, les préretraites, les dispenses de recherche d’emploi pour les chômeurs âgés.

 

*La démographie et l’augmentation de la durée de vie seraient responsables du déficit. Il faut donc agir sur les recettes et les dépenses. Concernant l’augmentation des  recettes, c’est le plus grand brouillard, mais sur la réduction des dépenses, le rapport est clair : il ne faut pas indexer les pensions sur les salaires (ce qui aboutirait à un recul supplémentaire du pouvoir d’achat des retraités). Par contre, rien de plus pour celles et ceux qui  ont des retraites très faibles et vivent en dessous du seuil de pauvreté. C’est actuellement le cas de 50% des retraités.

 

*Au nom de « l’équité » entre les systèmes de retraites, il propose la suppression des régimes spéciaux qui lui paraissent  insupportables. Il faut donc énonce-t-il « l’harmonisation des logiques d’indexation des pensions ». Harmoniser vers le bas, bien entendu.

 

*La protection collective, la solidarité entre générations dont découle le système par répartition, sont d’une autre époque. Il est temps de passer à l’épargne individuelle. Chacun doit se payer sa retraite. Les banques, les assurances, les fonds de pension sont la solution au problème. Il s’agit pour les retraites comme d’ailleurs pour d’autres secteurs comme la santé  d’ouvrir un vaste champ à de nouveaux profits capitalistes en privatisant. La France dans ce domaine étant en retard sur d’autres pays européens comme l’Angleterre…

 

Les réactions syndicales :

La CFDT, la CFTC, la CGC acceptent les propositions du rapport. La CGT et FO déclarent être contre l’idée de l’allongement de la durée de cotisation. Mais aucun appel à la mobilisation, à l’action des salariés et des retraités pour la défense de la retraite pleine et entière à 60 ans avec 37ans1/2 de cotisations.

 

Ce manque de réactions syndicales donne des ailes au MEDEF. Il écrit « l’effort de maîtrise des dépenses de retraites ne peut reposer sur les actifs. Il doit être partagé par les retraités qui bénéficient des gains d’espérance de vie.  L. Parisot précise dans « le Parisien »: « il faut supprimer la retraite à 60 ans et instaurer un système à la carte. Il faut développer la retraite par capitalisation …Il est probable que les salariés vont devoir travailler plus longtemps que leurs parents mais peut-être pas plus longtemps que leurs grands parents… » (sic).

 

Réaction des candidats à l’élection présidentielle :

N. Sarkozy  répond dans « Le Monde »  à la question : « 70 ans est-ce un cap à fixer ? », « NON, le cap c’est la liberté. Il faut que celui qui veut travailler plus longtemps puisse le faire. Je souhaite une société du libre choix ».  Il est  évidemment pour la suppression des régimes spéciaux.

 

Le Pen est lui aussi pour laisser la liberté à chacun. Il précise qu’il est pour la retraite à 67, 70 et pourquoi pas 75 ans.

S. Royal est  pour la remise à plat des régimes spéciaux. F. Hollande aussi : il a précisé dans un débat avec M. Alliot Marie « quand la spécificité n’a plus de raison d’être, il est normal de revenir dans le régime de droit commun ».

 

Tous autant qu’ils sont  parlent de réduction des dépenses,  jamais de l’augmentation des recettes. Pourquoi ? parce qu’ils s’alignent sur les exigences du MEDEF.

 

De l’argent, il y en a, on peut augmenter les recettes des caisses des retraites. Comment :

 

*Arrêter le financement par l’Etat de la plus grande part des cotisations sociales patronales : 25 milliards d’euros pour 2007.

 

*Récupérer les dettes patronales et de l’Etat patron aux caisses de Sécurité Sociale et des retraites.

 

*Augmenter les salaires. 1% d’augmentation des salaires ferait rentrer 1 milliard d’euros par an dans les caisses de retraites.

 

Ajoutons que l’investissement productif permettrait la création de centaines de milliers d’emplois et ferait rentrer des milliards dans les caisses de retraites et de la Sécurité Sociale.

 

L’échec  des « négociations » entre le MEDEF et les syndicats sur la pénibilité du travail (voir notre article ci-dessous « marché de dupes) montre qu’il n’y a rien à attendre des parlottes avec le MEDEF.

 

Seule l’action peut faire bouger les choses.

 

Marché de dupes

 

En 2003, pour faire passer sa trahison du mouvement de lutte contre la réforme des retraites, F. Chérèque expliquait qu’il avait obtenu  l’assurance d’un examen  des métiers pénibles qui permettrait d’obtenir un départ en retraite avant l’âge légal. Une négociation avec le patronat était fixée et devait aboutir en 2007.

 

Elle vient de se terminer… par un échec. Le patronat a bloqué la discussion sur la définition d’un « métier pénible ». Face à ce blocage, tous les syndicats en ont appelé à l’arbitrage… du gouvernement !  Sachant que celui-ci est pour élever l’âge du départ à la retraite, pour le travail des retraités, pourrait-il  arbitrer dans un sens favorable aux salariés ?

 

A tous ceux qui dissertent sur la concertation, les négociations, le dialogue social, qui parlent d’entreprises socialement responsables, de démocratie sociale, d’Europe sociale, de gouvernement de l’économie etc… etc… le MEDEF avec sa brutalité habituelle vient de rappeler la réalité : la lutte de classe où tout est régi par le rapport de force entre exploiteurs et exploités. Le patronat ne lâchera rien sans lutte.

 

L’Europe de la régression sociale

 

Comme en France, tous les gouvernements européens sont engagés dans la course à la liquidation des acquis sociaux pour rendre  leurs capitalistes « plus attractifs » et augmenter encore les profits des actionnaires.

 

Petit tour de l’Europe des retraites :

 

*En Allemagne sont prévues: élévation de l’âge de départ en retraite à 67 ans, diminution de la pension de 46% à 43%, augmentation des cotisations de 19,6% à 23% du salaire, réduction de la pension en cas de départ anticipé, programmés pour les prochaines années.

 

*En Italie : l’âge de départ en retraite sera porté de 60 à 62 ans

 

*En Angleterre: l’âge de départ passera de 60 à 68 ans. Obligation de cotiser à un fonds de retraite.

 

*En  Espagne : avec l’accord du patronat et des syndicats, le Parlement va voter une loi dans les prochaines semaines qui portera l’âge de la retraite à 65 ans.

 

*En Suède, pourtant présentée comme modèle social par le PS, la droite et le patronat : âge de la retraite à 68 ans avec la liberté de travailler plus longtemps (la fameuse liberté). On comprend que le patronat européen veuille s’aligner sur la Suède.

Et dire que certains nous parlent toujours d’Europe sociale. Menteurs. 

 

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