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octobre 2009 A propos du pacte germano-soviétique S’il
y a bien quelque chose d’insupportable dans le battage idéologique qui nous
inonde aujourd’hui à propos de la seconde guerre mondiale c’est l’idée qu’il
y aurait eu une alliance entre l’Allemagne nazie et l’Union soviétique.
N’importe qui ayant quelques connaissances sur la période sait que ces deux
pays, ennemis mortels,
représentaient deux systèmes politiques mortellement ennemis. Il y a
eu trop de sang versé par les soviétiques dans leur lutte contre les nazis
pour que l’on puisse supporter cette ignominie. Nous évoquerons donc ce qui sert principalement à
appuyer le mythe : le pacte de non agression signé à Moscou le 23 août
1939. 1.
Quels évènements ont précédé le pacte germano-soviétique ? On ne peut parler du pacte de non agression de septembre
1939 sans évoquer les précédents traités : le traité d’amitié
germano-polonais de 1934 et les conclusions de la conférence quadripartite de
Munich en septembre 1938. Par peur des ouvriers et spécialement des
communistes, les capitalistes et
les grands propriétaires terriens allemands avaient fabriqué et installé au
pouvoir le parti nazi. La bourgeoisie française n’a jamais considéré le nazisme
comme un ennemi. Pour les mêmes raisons que leurs congénères allemands, les
capitalistes et les banquiers français ont tenté d’organiser leur propre
mouvement fasciste national, calqué sur le modèle mussolinien. En France,
après l’échec du 6 février 1934, les hommes de la bourgeoisie subirent un
coup plus terrible avec le Front populaire, le mois de grève et les grandes
conquêtes ouvrières. Après le
début de la guerre d’Espagne, la non intervention et la pause annoncée par
Blum, une brèche était ouverte. Les capitalistes français se tournèrent vers l’Allemagne. Un
slogan trop fameux illustre cette triste réalité, « Plutôt Hitler que le
Front populaire ». Tous les Hommes de la bourgeoisie, des fascistes
réunis dans la Cagoule aux "démocrates" comme le radical Daladier
ou le socialiste Paul Faure coordonnèrent leur action dans un but
unique : l’écrasement du mouvement ouvrier par tous les moyens. Les conséquences furent simples : la politique
européenne du capitalisme français et de son gouvernement, ainsi que celle de
son voisin britannique se résuma à laisser Hitler et les nazis faire ce
qu’ils désiraient, car ils le considéraient comme le principal rempart contre le communisme. Ainsi, après le réarmement de la rive gauche du Rhin (7
mars 1936) Hitler put tranquillement annexer l’Autriche (17 mars 1938). Le
sort de la Tchécoslovaquie, pourtant une "démocratie" capitaliste
et non un régime fasciste, fut réglé en trois temps. — Lors de la conférence de Munich, les 29 et 30
septembre les chefs de gouvernement français et britanniques, Daladier et
Chamberlain, avalisèrent le dépeçage de leur ancien allié. — Le 1er octobre, l’armée allemande occupa la
région des Sudètes et, le 2, l’armée polonaise fit de même avec celle de
Teschen (Silésie tchèque). Le 6 octobre, la Slovaquie proclamait son
"autonomie" sous la direction d’un gouvernement fantoche pro-nazi
animé par le slovaque, l’évêque Tiso. Le démembrement se termina par
l’annexion de l’Ukraine subcarpatique (région de la Slovaquie) par la Hongrie
du fasciste Horthy. — Enfin, l’armée allemande occupa la Bohême-Moravie, ce
qui restait de l’ancienne Tchécoslovaquie, sans qu’aucune protestation ne
soit émise par les gouvernements français ni britanniques le 15 mars 1939. 2.
Les deux puissances impérialistes, la France et la Grande Bretagne, refusent
de s’allier à l’URSS contre l’Allemagne nazie A partir du début 1939, il ne s’agit plus pour les
dirigeants des grands pays capitalistes d’Europe de l’ouest de seulement
laisser faire Hitler. Se fait jour alors très clairement leur volonté de voir
les Allemands en découdre avec les soviétiques. On sait qu’en 1938 les gouvernements capitalistes
tchécoslovaques et celui des
grands propriétaires terriens polonais
(de nouveau en 1939) interdirent à l’URSS de survoler leurs
territoires pour venir leur apporter un secours militaire. Personne ne peut
croire qu’une telle décision ait été prise sans consulter les alliés français
et britanniques ! Daladier et le britannique Chamberlain poussèrent loin
la duplicité en tentant d’amuser les soviétiques par de pseudo-négociations
militaires. Pour ne citer qu’un exemple, nous évoquerons la mission
franco-anglaise de juillet août 1939. L’historiographie officielle la présente comme la
mission de la dernière chance et en impute l’échec aux Soviétiques, désireux
de traiter avec les Allemands. Il n’en est rien. La mission était en fait de
pure propagande et les dirigeants impérialistes ne voulaient rien d’autre
qu’abandonner les Soviétiques à la vindicte hitlérienne, comme ils avaient
abandonné leur allié tchécoslovaque. Ainsi Gamelin, le chef de l’Etat-major
français, avait indiqué avant le départ de la mission militaire française, le
veto de son gouvernement à l’une des demandes soviétiques : un accord
militaire sur le Pologne et la Roumanie. Mais la meilleure preuve de la
mauvaise foi des gouvernants occidentaux réside dans le fait que si le
ministre de la Guerre, Klement Vorochilov et le chef d’Etat-major général de
l’Armée rouge, Boris Chapochnikov, conduisaient la délégation soviétique, la
française et la britannique étaient menées par d’obscurs sous fifres le
général Joseph Doumenc, chef de la région militaire de Lille et par l’amiral
Reginald Brax. Vorochilov s’aperçut assez vite qu’ils n’avaient le pouvoir de
rien signer. L’URSS ne pouvait donc compter sur aucun soutien venu de
l’ouest en cas d’agression allemande ; comme elle ne se sentait pas
prête (cf 4ème partie), elle n’avait plus qu’une solution :
traiter avec les Allemands pour retarder leur assaut et ainsi gagner du
temps. 3.
Un point d’histoire L’une des conséquences de la signature du pacte fut,
après que l’armée polonaise eut capitulé, la récupération
par l’Armée rouge de territoires situés à l’est de la République
polonaise. Il s’agit bien, et les historiens officiels, les journalistes de
tout poil au service de l’idéologie dominante ne le disent pas, d’une
récupération de territoires perdus en 1922 en Biélorussie et en Ukraine. Lorsque
le gouvernement bolchevik signa, le 3 mars 1918, le traité de Brest-Litovsk,
il avait abandonné à l’empire allemand des Hohenzollern toute l’Ukraine et
une bonne partie de la Biélorussie. Au moment de la guerre civile, en 1919,
ces territoires furent partiellement reconquis sur les corps francs allemands
et les unités blanches, composées de Russes, de Polonais et de Cosaques. Mais les impérialistes s’en mêlèrent. Ils fixèrent
d’abord la frontière entre la future URSS et la toute nouvelle "République de Pologne" le
long de la ligne Curzon, ce qui obligeait les soviétiques à un recul de 150 à
200 km vers l’est. Mais les soldats polonais liés aux Russes blancs reprirent
l’offensive à grand renfort de pogroms. L’armée rouge, commandée par
Boudienny réussit à les repousser et repassa la fameuse ligne. Un corps
expéditionnaire franco-britannique commandé par le général Weygand, un
fasciste notoire, sauva la mise des Polonais et la frontière fut fixée
au-delà de la ligne Curzon en Ukraine, puisque les fascistes conservèrent la
Galicie orientale. Ce
sont donc tous ces territoires – leurs territoires - que les Soviétiques
retrouvèrent en septembre 1939, plus une partie de la Pologne. La frontière
soviétique fut ainsi repoussée à plusieurs centaines de kilomètres des
troupes allemandes. Un personnage que l’on n’attendait peut-être pas en une
telle occasion salua l’occupation soviétique : le futur premier ministre
britannique Churchill se réjouit
« de savoir ces territoires occupés par l’armée soviétique plutôt que
par l’armée allemande ». Enfin, cette progression de l’armée rouge à la suite de
la signature du pacte permettait de rompre l’encerclement décidé par les
impérialistes dans les moments qui précédèrent la naissance de l’Union
soviétique. Weygand ne vint pas en Pologne seulement pour repousser l’Armée
rouge. Il organisa ce qu’on appelle « le cordon sanitaire » :
un chapelet de pays aux mains de militaires fascistes chargé de protéger
l’Europe de la « menace » que représentait l’existence d’un Etat
qui avait osé organiser la propriété collective des grands moyens de
production et d’échange. La Finlande de Mannerheim, la Pologne de Pilsudski, la
Hongrie de Horthy et plus tard la Roumanie des généraux Averescu et Antonescu
et du roi Charles II jouèrent ce rôle. En récupérant leurs territoires sur la Pologne en
septembre 1939, en vainquant les fascistes finlandais au cours de la guerre
d’hiver terminée le 12 mars 1940 et en occupant la Moldavie orientale aux
dépens des fascistes roumains en juin 1940, les soviétiques se dégagèrent des
barbelés qu’on leur avait imposés à l’Ouest. 4.
Gagner du temps Ce fut la principale raison de la signature du traité.
La direction de l’Union soviétique estimait à juste titre, que le pays
n’était pas prêt pour cet affrontement que chacun savait inéluctable entre le
premier Etat socialiste et le plus virulent des Etats impérialistes,
l’Allemagne nazie. Le premier enjeu état industriel : l’essentiel de
l’industrie soviétique était situé à l’ouest : en Ukraine orientale dans
le bassin de Donetsk et celui de Kharkov, en Russie, autour de Leningrad et
de Rostov-sur-le-Don. En deux ans, le gouvernement soviétique organisa le
déplacement de la plupart des usines derrière l’Oural, c'est-à-dire en Russie
d’Asie, à des milliers de kilomètres des forces allemandes. Le second était militaire. L’état-major de l’armée de
l’ouest avait été décapité à la suite du troisième procès de Moscou. Après
l’arrestation du maréchal Toukhatchevski, commandant du front de l’ouest le
26 mai 1937, le monde apprit l’existence d’un complot visant à renverser le
pouvoir soviétique. La culpabilité de Toukhatchevski, blanchi dans la période
post-stalinienne sous la pression peut-être de l’idéologie dominante
impérialiste, ne faisait aucun doute. Les diplomates français et britanniques
en poste à Moscou la confirmèrent, de même que quelques révélations
imprudentes de Goering. Contre leur aide militaire, Toukhatchevski, en
cheville avec l’Etat-major de la Wehrmacht, avait promis aux Nazis de leur
livrer l’Ukraine, qu’ils pourraient coloniser à leur guise. Certains ont dit ou cru (ce fut le cas de Blum) que
Heydrich avait inventé le complot et intoxiqué la direction soviétique via
Bénès. Pourtant, ce n’est pas Bénès, mais le chef des services de
contre-espionnage estonien qui informa les autorités françaises que les
Allemands étaient persuadés de l’imminence de la prise de pouvoir par les
militaires en URSS. Il n’est d’ailleurs pas impossible que ce soit des
éléments du 2ème bureau français qui aient informé pour partie les
autorités soviétiques du complot. En tout Etat de cause, Toukhatchevski fut exécuté avec
sept généraux le 12 juin 1937, il fallut donc remanier la direction de
l’Etat-major, confiée au vieux bolchevik Boudienny, héros de la guerre civile
et de la guerre russo-polonaise. Ces deux ans, obtenus par les dirigeants communistes
soviétique se sont révélés essentiels. Quand on regarde l’Histoire telle
qu’elle s’est déroulée, deux ans de répit, c’est beaucoup, et ça nous a
permis de vaincre l’Allemagne. Car il faut encore rappeler ici cet élément
essentiel que l’idéologie dominante tente d’enterrer aujourd’hui : quel
que soit l’apport réel des résistances intérieures, française, yougoslave,
bulgare, grecque, tchèque notamment ; quel que soit l’effort indéniable
du peuple et de l’armée britanniques ; c’est bel et bien l’URSS, ses
partisans et son Armée rouge, qui a gagné la guerre, qui a libéré l’Europe de
la toile d’araignée nazie. Pour une part, nous devons donc tous notre liberté
à ce pacte germano-soviétique signé par Molotov afin de gagner du temps. 5.
Le nazisme : un rappel Pour ne pas tomber dans le panneau, pour interpréter
correctement l’événement survenu le 23 août 1939, il faut certes connaître
tous les éléments d’information que nous avons donné : ce qui s’est
passé avant mais aussi ce qui
s’est passé après qui vient confirmer à la fois la justesse des analyses car
la guerre a pris son sens véritable à partir de l’invasion de l’URSS. Mais il faut aussi, en permanence, au-delà des faits
bruts, analyser le rôle des différents Etats en
cause, en fonction de la lutte des classes. Pour cela, il faut revenir encore
une fois sur ce qu’est fondamentalement le nazisme. Le nazisme est un mouvement fasciste, à ce titre, comme
les autres, et probablement encore plus, étant donné qu’il est né et s’est
développé en Allemagne, une des trois puissances impérialistes de l’époque en
Europe, il constituait la roue de secours des capitalistes qui avaient
peur de la « sociale ». C’est un mouvement et un Etat qui se caractérisent par
une répression tous azimuts du mouvement ouvrier, par un embrigadement
idéologique moins subtil que dans les sociétés capitalistes
"démocratiques", mais tout aussi efficace, une militarisation de la
société à tous les niveaux. Enfin, le fascisme trouve sa particularité dans le rôle
assigné à la classe moyenne. Le fascisme embrigade peut-être une partie du
lumpen-prolétariat, mais ce n’est pas un mouvement populaire. Tous les
dirigeants fascistes, officiers, journalistes, médecins, professeurs,
commerçants ont toujours été de la classe moyenne. En période de crise du
capitalisme, à un moment de montée du mouvement ouvrier, une partie des
classes moyennes hésite entre être la fraction dominée de la classe dominante
ou la fraction dominante de la classe dominée ; la peur de perdre une
partie de ses acquis obtenus aux dépens des moins élevés dans la société fait
le reste. Le fascisme offre l’illusion à cette fraction de la classe moyenne
que c’est désormais elle qui tiendra les rênes. Mais, fondamentalement c’est
le Capital qui garde les commandes. Mouvement interne au capitalisme, le fascisme est celui
qui combat le plus violemment et le plus à découvert le socialisme, le
mouvement ouvrier, et, essentiellement, les communistes. Voilà pourquoi le
traité de non agression appelé le pacte germano-soviétique ne peut être une
alliance. Hitler, de 1933 à 1945, a mené trois guerres. — Il a d’abord conduit une guerre coloniale, comme ses
prédécesseurs pangermanistes, de Frédéric Barberousse à Bismarck : la
conquête de terres tenues par des Etats moins importants afin d’y installer
des colons ou de soutenir ceux qui y vivaient déjà. — Il a ensuite mené une guerre inter-impérialiste,
semblable en tous points à celle qu’avait menée son prédécesseur Guillaume en
1914-1918 : il fallait s’expliquer avec l’impérialisme britannique afin
de savoir qui dominerait le monde ; un troisième larron a tiré les
marrons du feu. — Il a enfin pris la tête de la croisade anticommuniste.
Cette guerre-là était, pour lui, l’essentielle. S’il a gagné la première, il a perdu les deux autres, et
surtout la troisième. Dos au mur, seuls contre tous, détestés et combattus
aussi bien par les fascistes que par les "démocrates", les
dirigeants du Parti communiste et de l’Union Soviétique ont réussi à
l’emporter, grâce avant tout au peuple soviétique et à ses énormes sacrifices. Recommander ce document à
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