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N°122  Semaine du 26 octobre au 01 novembre 2009

 

A propos du mur de Berlin. Pourquoi ce tapage ?

 

Nous consacrerons deux articles à cette question. Celui-ci rétablit, chiffres à l’appui la vérité sur la RDA.

Il sera suivi par un autre qui traitera plus particulièrement du « mur de Berlin »  

 

Les media, véhicules habituels de l’intoxication et de la désinformation, se déchaînent autour de l’anniversaire de la chute du mur de Berlin. Cet événement fait chaud au cœur des capitalistes et de leurs larbins de tout poil. A tel point que Radio France va se fendre d’une journée entière d’émissions spéciales. Les journalistes protestent… Pourquoi ?.. Parce qu’ils veulent dix émissions différentes au lieu d’une seule sur toutes les chaînes de radio !

 

Evidemment, pour les héritiers des Wendel, Prouvost, Schneider et Cie, qui, depuis les années trente jusqu’au bout ont choisi Hitler, la destruction du mur est un souvenir bien plus suave que la victoire de l’Armée rouge contre le nazisme les 8 et 9 mai 1945…

 

Il faut rappeler à celles et ceux qui voudraient contester le capitalisme, que « le communisme est mort » et il l’est définitivement.

 

L’obsession de nos dirigeants politiques, de la bourgeoisie qu’ils représentent et de tous les parasites à leur service, historiens stipendiés ou journalistes, est d’empêcher la perception par les salariés de l’existence d’une autre conception du monde basée, sur la propriété collective des moyens de production et d’échange.

 

Archi-rabâchée cette affirmation qu’il n’y a plus de socialisme, plus d’idée communiste, révèle, si on l’analyse entre les lignes, la peur perpétuée de voir renversé le pouvoir de la bourgeoisie. Marx et Engels l’écrivirent en leur temps, dans le "Manifeste du parti communiste" : « Un spectre hante l’Europe : le communisme. ».

 

C’est la même "peur de la sociale" qui avait motivé les grands capitalistes Krupp et Thyssen allant chercher Hitler et fabriquant le parti nazi ; Reagan écrasant le régime populaire de l’Ile de la Grenade et finançant les "Contras" au Nicaragua ou encore Robert Schuman, ancien ministre de Pétain et valet des maîtres de forges créant la Communauté européenne…

 

Plusieurs émissions de télévision, la RDA, parlons-en… nous ont « alertés » sur un phénomène qui court dans l’est de l’Allemagne baptisé l’ostalgie. Voilà donc des gens qui vivent dans le paradis de la liberté capitaliste et ont le culot de regretter les temps de l’ancienne RDA (République Démocratique Allemande),  régime  pourtant qualifié de totalitaire.

 

Mesurant concrètement la différence de leur condition de vie entre avant et après 1989,  nombre d’Allemands de l’Est pensent qu’ils ont beaucoup plus perdu que gagné à la chute du mur. Ils ont troqué une société sans chômage, dans laquelle les besoins essentiels étaient satisfaits contre une liberté de consommer totalement illusoire, puisque l’on n’a pas les moyens d’acheter, une société ou le travail est une denrée rare.

 

Nos journalistes français glosent sur les mauvaises raisons des "ostalgiques", se moquent d’eux avec un rien de mépris ; mais les faits sont là…

 

La RDA était la 7ème puissance économique mondiale et ses habitants disposaient d’un niveau de vie le plus haut de tous les pays socialistes  comparable à celui des grands pays capitalistes de l’ouest, et ce malgré les effets de ralentissement de l’économie socialiste soviétique dus à la période dite de la stagnation (le temps de Brejnev) et au fonctionnement du COMECON, où, depuis les années soixante-dix, les décisions se prenaient un peu trop en fonction des seuls intérêts soviétiques.

 

En 1989, la RDA était un pays industriel moderne, doté d’une agriculture compétitive et d’un système social quasiment sans exemple ailleurs dans le monde. L’aciérie d’Eisenhüttenstadt était la plus moderne d’Europe. L’agriculture nationale approvisionnait, depuis les années 80, le commerce alimentaire. Le chômage était, pour les citoyens de la RDA, un mot exotique. Tout cela dans un pays qui ne disposait d’aucune matière première économiquement stratégique et devait donc les importer.

 

Pourtant, ce petit pays de 17 millions d’habitants était né sur les décombres laissés par la seconde guerre mondiale : en 1945, 40% des installations industrielles et 70% des centres de production d’énergie étaient détruits sur le territoire de ce qui devait devenir la RDA. Lançant la politique de guerre froide, les dirigeants US organisèrent un véritable blocus contre la zone d’occupation soviétique, puis contre la RDA. La division en deux Etats de l’Allemagne fut le fait des impérialistes états-uniens et britannique. En mai 1949 ils décidèrent unilatéralement la création de la RFA, cœur industriel et énergétique de l’ancien Reich.

 

La riposte des Soviétiques et des Allemands de l’Est fut, en octobre 1949, la création de la RDA. Elle fut portée sur les fonts baptismaux par Wilhelm Pieck, Otto Grotewohl et Walter Ulbricht (dirigeants communistes et sociaux-démocrates réunis en 1946 dans le parti socialiste unifié S.E.D.) mais aussi par Otto Nuschke, Wilhelm Kuelz et Johannes Dieckmann (dirigeants chrétiens-démocrates et libéraux restés en R.D.A.) Il s’agissait de rendre une vie meilleure possible pour la population qui habitait désormais la R.D.A. : 17 millions de personnes dont 4,3 millions de personnes déplacées. Dans cette action, le S.E.D. fut soutenu par des partis traditionnellement implantés dans la bourgeoisie. La R.D.A. fut fondée à l’initiative du bloc antifasciste des partis démocratiques grâce à un mouvement de masse très large "pour l’unité et une paix juste".

 

Les fondateurs de la RDA se lançaient dans une entreprise titanesque : il fallait réorganiser de fond en comble la société que leur avaient léguée les capitalistes et les propriétaires fonciers, industrialiser et moderniser une société marquée par le fascisme et par la guerre.

 

L’Allemagne de l’Est ne disposait pas, en 1945, des cadres nécessaires pour diriger l’industrie et l’agriculture. Personne ne savait qui pourrait prendre la tête d’entreprises comme Buna ou Zeiss. Cette question ne fut résolue que plus tard, après un puissant effort de formation et, dans beaucoup de secteurs, pas avant la fin des années 50.

 

Il existait une totale sécurité en matière sociale, garantie par le caractère socialiste des rapports de production.  Les réalisations furent exemplaires en matière de construction de logements, de conventions collectives, de possibilités de vacances offertes à tous à des prix abordables. L’Etat socialiste a ouvert la voie des universités aux enfants d’ouvriers et de paysans. La condition des femmes était une des plus avantageuses en Europe (salaire égal, retraites, contraception, divorce, etc…). On y vit la création systématique de crèches pour les enfants, d’écoles maternelles ainsi que d’autres institutions leur étant destinées. La mise en place de l’école de dix classes, moderne et d’enseignement général  nivelait le chemin de la vie devant tous les enfants issus du peuple, un système de formation professionnelle initiale correspondant aux besoins, englobant toutes les branches professionnelles et débouchant pour tous sur un emploi, la multiplication des grandes écoles et l’extension du système de santé. Il y eut et il reste encore de grandes réalisations culturelles  reconnues dans le monde entier.

 

Les créateurs de la RDA étaient des Résistants, de farouches antinazis, bien plus que leurs collègues de l’Ouest. La contribution à la paix mondiale et spécialement européenne de l’Etat socialiste allemand fut sans commune mesure. Par exemple, la reconnaissance internationale de la ligne Oder-Neisse n’aurait pas été possible sans la politique de la R.D.A. Celle-ci négocia et ratifia le traité de Görlitz (traité par lequel la R.D.A. reconnut sa frontière avec la Pologne, 100 000 km2 au détriment de l’Allemagne) et se préoccupa de garantir le caractère pacifique de la nouvelle frontière avec la Pologne. La RDA comptait près de 4,3 Millions de "personnes déplacées" de ces régions.

 

La RDA au cœur du combat

La RDA était située à la frontière même de la lutte économique, politique idéologique, en première ligne, et cela durant toute son existence. Ainsi elle du fournir un effort financier particulièrement important au moment où le déploiement de missiles Pershing par l’OTAN obligeait le pacte de Varsovie à des investissements militaires énormes (1979). Elle fut en permanence sous le feu des officines idéologiques de la CIA, comme les stations de radio "Radio free-Europe" et "Voice of America" qui à partir de Berlin Ouest, abreuvaient de mensonges les citoyens des pays socialistes qui pouvaient les capter.

 

La démocratie capitaliste est un leurre et l’affrontement de classe, à l’échelle internationale, est terrible : une lutte au couteau, où tous les coups sont permis.

 

Les causes externes de la fin de la RDA

Malgré tout ce que nous savons de son caractère progressiste, l’Etat socialiste allemand est tombé, comme ses frères d’Europe de l’Est.

 

Dans ce combat, on le sait, les prolétaires ont perdu une manche avec la disparition des pays socialistes d’Europe de l’Est, et notamment de la RDA. Cela, en aucune manière n’indique l’échec du socialisme, mais seulement, qu’à ce moment de l’Histoire, les capitalistes étaient les plus forts.

 

Mais il faut rappeler les conditions de la défaite de l’URSS et du monde socialiste. Bien qu’ayant gagné sur le terrain la seconde guerre mondiale, l’Union soviétique était exsangue en 1945 avec ses vingt-sept millions de morts et, son territoire ravagé. Au contraire, les Impérialistes US avaient atteint un état économique florissant. Leurs dirigeants, suivis de leurs valets britanniques, dès lors prêts à conserver la deuxième place dans le monde capitaliste, lancèrent alors la guerre froide. Il faut le savoir, dès le début, les USA s’opposèrent à ce que l’on fasse payer des réparations à l’Allemagne officiellement parce qu’elles auraient mis en danger « la restauration de l’économie européenne après la guerre ». Cet argument servit de simple masque aux objectifs américains réels, qui demeuraient antagoniques avec l’octroi de réparations aux autres vainqueurs militaires en 1945 pour les mêmes raisons qu’en 1919 : empêcher que les rivaux impérialistes (GB et France) ou socialiste (URSS) ne puissent bénéficier de cet apport financier. Les motifs du veto étaient encore renforcés en 1945 par le fait que l’URSS, principal vainqueur avait soustrait ses 22,4 millions de km2 à la propriété privée et à la libre circulation des capitaux. Un apport matériel conséquent de « réparations » aurait bénéficié  en premier lieu à l’URSS en 1945, il aurait amélioré leur position concurrentielle dans le commerce international et, plus largement, dans l’économie mondiale. Il aurait grandement nui au rendement maximal des capitaux que les Américains projetaient d’exporter  dans les meilleurs délais dans le Reich.

 

L’Etat allemand de l’Ouest tout subordonné aux impérialistes US, créé autour de Bonn fut le poste avancé de la lutte politique et idéologique anti-socialiste.

 

L’URSS et les autres pays socialistes furent entraînés dans une guerre économique croissante, une course sans fins aux armements.

 

A suivre…

 

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