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N°123  Semaine du 02 au 08 novembre 2009

 

A propos du mur de Berlin. Pourquoi ce tapage ?

(suite)-(1)

 

Comment expliquer la fin de la RDA, et, plus largement, des pays socialistes d’Europe ? Les prolétaires ont perdu une manche avec la disparition des pays socialistes d’Europe de l’Est, et notamment de la RDA. Cela, en aucune manière n’indique l’échec du socialisme, mais seulement, qu’à ce moment de l’Histoire, les capitalistes étaient les plus forts. Malgré tout ce que nous savons de son caractère progressiste, l’Etat socialiste allemand est tombé, comme ses frères d’Europe de l’Est.

 

Nous l’avons dit à plusieurs reprises, les pays impérialistes les plus puissants du monde, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France au début du XXème siècle, et surtout les Etats-Unis après eux n’avaient qu’un but : en finir avec l’expérience socialiste inaugurée par la Révolution d’Octobre en 1917 en Russie ; ils y consacrèrent d’énormes  moyens, très largement supérieurs à ceux que les Etats socialistes pouvaient fournir pour se défendre. Voilà où réside l’explication.

 

Lorsque fut sonnée la fin de la seconde guerre mondiale, cet affrontement prit un tour plus important et complètement planétaire. Les USA, impérialisme dominant  qui va mener le combat, sont au faîte de sa puissance économique. Ses rivaux, qu’ils soient socialistes ou capitalistes, sont gravement atteints, l’URSS est exsangue, l’Europe de l’Est détruite. Si l’Union soviétique avait durant les années vingt et trente, rattrapé une bonne partie de son retard économique sur les puissances impérialistes, la guerre sur son sol l’avait ravagée à tous les points de vue.

 

Dispensé du combat chez lui, l’impérialisme états-unien a mis la main sur la partie de l’Allemagne, qui conservait des infrastructures industrielles modernes (essentiellement la Ruhr) et sur le Japon, peu atteint par la guerre. A cet égard, on voit bien que l’utilisation des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki était, de leur point de vue un avertissement et quel avertissement ! pour l’URSS.

 

Les dirigeants états-uniens, suivis des Britanniques dès lors prêts à conserver la deuxième place dans le monde capitaliste, lancèrent la guerre froide. Il faut le savoir, dès le début, les USA s’opposèrent à ce que l’on fasse payer des réparations à l’Allemagne, officiellement parce qu’elles auraient mis en danger « la restauration de l’économie européenne après la guerre » qui n’aurait pu se concevoir sans « reconstruction économique » préalable et prioritaire « de l’Allemagne ». Cet argument masquait les objectifs américains réels, farouchement opposés à l’octroi de réparations aux vainqueurs militaires en 1945. Ceci  pour les mêmes raisons qu’en 1919 : empêcher que les rivaux impérialistes (GB et France) et surtout  socialiste (URSS) ne puissent bénéficier de cet apport financier. Les motifs du veto étaient encore renforcés en 1945 par le fait de telles « réparations » auraient bénéficié en premier lieu à l’URSS.

 

Par la suite, avec le plan Marshall, l’impérialisme US a "aidé" ses débiteurs d’Europe de l’Ouest et a construit les fondements d’une machine de guerre économique anticommuniste. L’Allemagne était déjà un enjeu essentiel : l’Etat tout subordonné aux impérialistes US, créé autour de Bonn fut le cheval de Troie des USA au sein de la CEE, mais aussi le poste avancé de la lutte idéologique antisocialiste, sans cacher les appétits de territoires des expansionnistes germaniques qui, jamais, ne dénazifièrent leur pays. Le Japon fut utilisé de la même manière, et les USA en profitèrent pour vivre à crédit, grâce à leurs déficits et à la puissance du dollar.

 

Bien qu’une bonne partie de l’Europe de l’Est fût devenue socialiste, la majorité de la planète restait dans le système capitaliste. Dans ce cadre, les pays du COMECON (2) ne pouvaient vivre en autarcie. Ils devaient acheter un certain nombre de produits dont ils ne disposaient pas ou pas suffisamment, à des prix très élevés.

 

Il fallait d’abord se défendre et cela avait un prix, exorbitant il faut bien le dire. Les USA ont entraîné le monde socialiste dans la course aux armements, y compris à travers la conquête de l’espace qui avait, on l’a vu avec Reagan, un but de domination militaire non dissimulé. Les fusées, les missiles, les bombes ont constitué le principal poste budgétaire des dépenses soviétiques. On devine quel aurait été le sort du monde socialiste s’il n’avait pas suivi le rythme imposé par les USA et les grands états capitalistes. Qu’on se souvienne des trois millions de communistes indonésiens massacrés, des chiliens disparus, emprisonnés, torturés, assassinés.

 

Il fallait aussi aider les régimes progressistes, les autres pays en marche vers le socialisme dans le monde. L’URSS et le COMECON ont ainsi dépensé des sommes importantes dans l’aide militaire, au Vietnam, par exemple, qui doit sa liberté aux armes soviétiques. Tous les pays progressistes ou socialistes en danger devaient être aidés. Cela justifie la guerre en Afghanistan ; il fallait riposter aux tentatives des stratèges états-uniens de renverser le régime socialiste afghan.

 

Il fallait enfin consacrer de grosses sommes à l’aide économique. Permettre, par exemple, un tarif minimal des prix du café aux petits producteurs de toute l’Afrique, cela avait un coût. Les échanges avec beaucoup de pays de la planète ne se faisaient pas au prix du "marché", mais bien au-dessus, afin de tenir compte des besoins.

 

Ainsi donc, l’écart existant entre le niveau économique des USA et celui de l’URSS en 1945 n’explique pas tout. Ne serait-ce que parce qu’il a continué de diminuer de manière spectaculaire jusqu’aux années 60 et plus lentement ensuite.

 

Cela veut-il dire que l’économie socialiste était moins performante que celle des pays capitalistes ? La question vaut d’être posée. Un certain nombre de théoriciens "socialistes" glosent aujourd’hui sur une certaine impuissance de l’économie planifiée lorsque le stade de développement atteint est comparable aux pays capitalistes développés, ce qui était le cas de la plupart des pays socialistes d’Europe de l’Est à partir des années 70. L’exemple chinois que ces gens-là mettent en avant est édifiant. Le PIB de cet immense pays a, effectivement, bondi depuis les années 80. Mais, il s’agit d’une mesure propre aux pays capitalistes. Qu’en est-il des inégalités, de la satisfaction des besoins des classes populaires ? Comme ses prédécesseurs impérialistes des USA, d’Europe de l’Ouest ou du Japon, l’impérialisme chinois est devenu une société qui crée des profits énormes pour quelques-uns au grand détriment de la plupart des autres.

 

Nous l’avons vu avec la RDA, les pays socialistes d’Europe ne produisaient pas moins, n’étaient pas moins modernes que leurs rivaux capitalistes. L’utilisation des richesses produites était tout simplement fondamentalement différente. Pendant que les uns se préoccupaient de dégager une plus value la plus importante possible, perpétuellement préoccupés de la baisse tendancielle du taux de profit, les autres se consacraient à la satisfaction des besoins réels des peuples. La santé gratuite, l’accès des enfants des milieux populaires à l’université, la couverture sociale intégrale, l’inexistence du chômage, des salaires élevés et comparables quelle que soit la profession, ça a un coût. Les pays socialistes avaient des impératifs qui étaient à l’opposé de ceux des actionnaires capitalistes.

 

On ne peut terminer sans dire un mot du combat idéologique intense qui a été livré. Les marges dégagées par les profits capitalistes ont permis de financer tout ce qui permettait de mener la lutte essentielle à leurs yeux pour détruire le monde socialiste. Cela pouvait passer par des sacrifices relatifs, comme les vitrines sociales du capitalisme européen, la France, la RFA ou encore le fameux modèle suédois ; tous ces systèmes ont été démontés dès que le capital n’en a plus eu besoin. A noter que, même en France où les choses allaient le plus loin, conquêtes ouvrières obligent, les patrons ne payaient que 50 % des retraites et de la protection sociale ; dans les pays socialistes, l’ensemble des richesses créées y était consacré, aucun salaire n’était amputé…

 

Quand on voit ce qu’un capitaliste comme l’Américain George Soros est capable de faire aujourd’hui : participer au financement des coups d’Etat en Yougoslavie, Ukraine, Géorgie et peut-être bientôt Moldavie, simplement pour concurrencer des rivaux allemands ou russes, on imagine assez bien ce que ses amis ont pu réaliser pour combattre l’ennemi intégral qu’était le socialisme réel. La pénétration idéologique, le pilonnage qui fut fait pour convaincre les habitants des pays socialistes qu’ils étaient à l’étroit dans leur monde, valait bien que l’on y consacrât des sommes énormes. D’autant plus qu’après la fin des pays socialistes, ils se sont remboursés au centuple…

 

On peut mesurer enfin la puissance de la pénétration idéologique impérialiste à un seul fait : l’arrivée à la direction du PCUS d’un Gorbatchev et de sa clique, qui n’avaient rien de militants communistes.

 

A venir : Mur de Berlin, soyons précis.

 

(1) Lire le précédent article sur le sujet

 

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(2) Communauté Economique des Pays Socialistes

 

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