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N°19  Semaine du 02 au 08 juillet 2007

 

Peu à peu, Israël détruit la Palestine

Lutte inter-palestinienne ou main des USA ?

Des combats sanglants ont eu lieu récemment entre différents mouvements palestiniens. A en croire nos journalistes du monde capitaliste civilisé de l’ouest de l’Europe, il s’agit d’affrontements entre les religieux obscurantistes du Hamas et les modernes laïcs éclairés de Abbas. Une lecture si simplifiée, si outrageusement mensongère, prêterait à sourire s’il n’y avait en jeu des milliers de morts et le sort d’un peuple que l’on empêche d’être libre depuis 1967.

 

       En réalité, il faut chercher à qui le crime profite et qui l’a organisé. Tournons-nous un peu du côté du colonisateur, de l’occupant israélien et de son protecteur l’impérialisme US. Bush et les multinationales qui l’ont nommé aux commandes des USA n’ont jamais accepté le résultat des dernières élections législatives palestiniennes. Nous l’avions dit à l’époque, tout en ayant beaucoup de divergences avec le Hamas, nous apprécions alors sa victoire électorale comme le signe d’une résistance de la part du peuple palestinien. Tandis que Abbas, représentant de la bourgeoisie palestinienne, était prêt à de nouvelles reculades et compromissions face à l’oppresseur israélien, le Hamas représentait ceux qui n’acceptaient pas l’occupation et voulaient le retour aux frontières de 1967.

 

       Ce n’est donc pas par «anti-intégrisme» que les USA ne veulent pas du Hamas au pouvoir, des intégristes, ils en ont et en ont eu des tonnes parmi leurs amis, du Nigeria au Pakistan en passant par l’Arabie saoudite, sans parler des intégristes chrétiens qui sont les principaux supports idéologiques de Bush. Ce qu’ils ne veulent pas, c’est un peuple palestinien debout, près à se battre et à mourir pour sa liberté et sa dignité.

 

       Tout a été fait pour que les Palestiniens retirent leur confiance au Hamas. Israéliens, Yankees et leurs alliés de l’UE ont bloqué tous les financements, affamé les Palestiniens afin qu’ils changent d’avis ; ça n’a pas suffit.

 

       Alors, à l’été 2006, un obscur fonctionnaire du Pentagone, nommé Elliot Abrams, qui s’était illustré comme adjoint de Negroponte au moment où Reagan finançait et armait les «contras» au Nicaragua a trouvé la solution. Il suffisait d’utiliser le Fatah, d’armer Abbas et les siens pour qu’ils délogeassent le Hamas par les armes.

 

       Pour cela, il fallait trouver des interlocuteurs et des pays par lesquels transférer les armes. Le Fatah est une organisation complexe, diverse ; toutefois, une partie de la direction, autour d’Abbas, est corrompue, prête à cirer les bottes des USA ou des Israéliens pour en tirer quelque profit. Outre Abbas, les hommes de l’impérialisme US ont choisi comme allié Mohamed Dahlan, le chef du Fatah à Gaza, un opportuniste notoire. Le plan consistait donc à armer et entraîner la garde présidentielle de Abbas puis d’autres forces de sécurité. Ces forces de sécurité obéissaient à Dahlan. L’Egypte servit de relais afin que Dahlan ait son matériel.

 

Un coup d’Etat manqué

Après l’accord de La Mecque où un gouvernement d’union Hamas Fatah avait vu le jour, Israël et les USA ont vu rouge. Fort de leur soutien plus ou moins affiché, Dahlan refusait l’autorité du ministre de l’intérieur palestinien. Pire, il l’a défié en faisant défiler ses forces dans les rues. Un coup d’Etat était en préparation, le Hamas, qui n’avait pas le choix l’a prévenu. Pour obtenir la sécurité, il fallait en finir avec les forces qui étaient en réalité la source de l’insécurité. La fuite vers l’Egypte de quelques-uns de ces factieux armés par les USA ne fait que confirmer le rôle de valet de l’impérialisme joué par Moubarak.

 

       La prise du pouvoir par le Hamas à Gaza s’est suivie de celle du Fatah en Cisjordanie, des morts palestiniens et une situation au trente-sixième dessous. Les Etats-Unis et Israël ont obtenu une bonne partie de ce qu’ils cherchaient : un gouvernement écartant le Hamas a été nommé, une partition de la Palestine en plusieurs bantoustans est envisageable. Alors ils ont réouvert les vannes et donné l’argent à Abbas.

 

Israël remet le couvert

       Les Israéliens, soutenus par leurs alliés (US et UE), promettent de faire de la Cisjordanie un «paradis» grâce à l’argent palestinien qui se trouve dans les coffres de la Banque d’Israël et qu’Olmert a promis de transférer le plus rapidement possible à Abbas ; il a tenu parole et commencé à le faire. En revanche, la bande de Gaza est privée pratiquement de tout sauf l’eau et l’électricité. Ainsi, Abbas prête la main à une opération visant à prendre en otage 1,5 millions de ses concitoyens. Les Palestiniens, qui n’ont pas la mémoire courte, pourraient bien s’en souvenir !

 

       Pour parachever son travail, Olmert a envoyé ses spadassins de Tsahal arrêter les dirigeants de la branche militaire du Fatah en Cisjordanie. En effet, une majorité de militants du Fatah n’est pas prête à accepter de suivre Abbas ; pour l’aider, les Israéliens ont décidé de le priver de ses amis encombrants. Pour faire bonne mesure, Tsahal a aussi fait une incursion à Gaza, tuant 13 Palestiniens dont un enfant de 9 ans. Rien n’a changé !

 

       Malgré l’échec du coup d’Etat de leur protégé Dahlan, les USA et surtout leur grand ami Israël ont de quoi être satisfaits. Un des objectifs militaires et politiques des gouvernements sioniste depuis des années a été atteint : couper la bande de Gaza de la Cisjordanie. De même, la Cisjordanie est aujourd’hui divisée en plusieurs parties, une constituant le «royaume» d’Abbas avec Ramallah comme capitale, en oubliant Jérusalem ; des villes isolées tandis que l’armée israélienne tient les campagnes ; les colonies qui poussent comme des champignons ; et la vallée du Jourdain, complètement coupée du reste de la Cisjordanie : trois, quatre ou peut-être cinq zones différentes : le rêve des dirigeants sud-africains d’avant : les bantoustans.

 

       Comme une apothéose, s’est tenue la conférence à quatre entre Olmert, Abbas, Moubarak et le roi Abdallah de Jordanie. La pire conférence qu’il n’y ait jamais eu à propos de la Palestine. Un sujet n’a jamais été abordé : l’occupation israélienne : Olmert a libéré 250 des 10 000 prisonniers ou plutôt otages palestiniens en Israël et a régné en maître sur un événement rassemblant à ses côtés ceux qui ont accepté de manger dans sa main.

 

Blair, contrairement à 3 millions de Britanniques, n’est pas au chômage

       On ne saurait terminer sans évoquer le nouveau petit télégraphiste de la Maison blanche : Tony Blair. Le voici bombardé «envoyé du Quartette» à titre de ses services passés comme larbin de l’impérialisme US. Le quartette, qu’est-ce ? Un truc aussi inexistant que l’Europe sociale : les USA sont flanqués dans cette affaire de l’ONU, l’UE et la Russie.

 

       Pour l’ONU, c’est devenu simple, il s’agit d’une annexe du ministère des Affaires étrangères de Washington.

 

L’Union européenne, en tout cas les pays impérialistes qui la dirigent, n’a aucune velléité de s’en prendre aux intérêts US au Proche-Orient. On le sait depuis longtemps, la Grande-Bretagne n’a plus aucune intention de défendre quoi que ce soit contre les multinationales US, elle se contente de briguer la seconde place, comme Pétain et Darlan avec l’Europe Allemande. Elle emboîte le pas aux intérêts US et en récolte les miettes partout dans le monde, du Nigeria à l’Irak. La France et l’Allemagne n’ont pas choisi la même stratégie ; elles disputent la place aux USA dans certaines régions du monde, la Yougoslavie et l’Europe de l’Est pour les Allemands, l’Afrique pour les Français ; mais, pour la Palestine, elles n’ont pas d’intérêts à défendre et appliquent donc à la lettre les consignes du commandant en chef US, pourvu que la France continue d’avoir un pied au Liban !!!

 

Reste la Russie. Certes Poutine a manifesté des velléités de résistance à l’impérialisme dominant, mais il est tellement occupé avec la Géorgie, l’Ukraine, que les coups d’Etat financés par le milliardaire Soros ont placé dans la vassalité US, sans parler des Etats d’Asie centrale qui accueillent des bases militaires US que le sort de la Palestine est le cadet de ses soucis.

 

Blair est donc là au nom du capitalisme US pour parler, amuser la galerie pendant qu’Israël grignote, partage, détruit la Palestine et continue de réduire son peuple en esclavage. Il sait quoi faire, il a déjà tellement menti aux Britanniques à propos de l’Irak ou du chômage ! Sa vie a été consacrée au service des multinationales US et britanniques, pourquoi ne continuerait-il pas ?

 

« Le Monde Diplomatique » de juillet 2007 nous rappelle à juste titre le rôle de pointe joué par les Anglais et les Français dans une fondation Américaine NED servant de relais à la CIA pour l’organisation et l’intoxication médiatique visant les pays qui ne se soumettent pas : « avec la libre entreprise, la coopération de classe (…) un interventionnisme réduit du gouvernement dans l’économie (…) l’économie de marché est assimilée à la démocratie… », en France, ils ont l’aide de la Fondation Robert Schumann, et  de la Fondation Jean Jaurès liée au Parti socialiste. Quoi de surprenant ?

 

En guise de conclusion

Il reste que tout ceci n’est pas bien réjouissant pour la Palestine et celles et ceux qui en sont solidaires. C’est d’autant plus vrai que quantités de gens de gauche, se trompant encore d’adversaire, suivent les journalistes et vitupèrent le Hamas. Les défenseurs de la «démocratie élective» appuient le coup d’Etat d’Abbas. Comme toujours, c’est Israël qui est responsable. Comme nous le disons sans relâche, à «Communistes», il faut mettre cet état fasciste, raciste, colonialiste au ban des nations. Plutôt que de recevoir Abbas en lui tapant dans le dos comme le fait Sarkozy, un gouvernement français soucieux des intérêts du peuple palestinien n’aurait qu’une chose à faire : la rupture immédiate des relations diplomatiques avec Israël.

 

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