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N°219 Semaine du 24 au 30 octobre 2011 26 octobre 2011 Grève
générale en Grèce : les
travailleurs se battent avec leur syndicat et leur parti communiste Le contenu du plan
d’austérité Avec le nouveau plan d’austérité voté
dans la nuit de jeudi à vendredi par le Parlement, les revenus des
travailleurs du privé et du public seront brutalement amputés. L'objectif du
gouvernement du socialiste Papandréou
est d'aboutir à une diminution drastique des salaires. Les nouvelles
mesures réduiront encore les salaires des employés du public, qui ont déjà
perdu l'équivalent de 5 mois de salaires, dans le même temps, sur la base du
plan de nouvelle structure des salaires, les salaires des travailleurs du
public seront amputés d'entre 20 et 50% de leurs salaires, si ce n'est plus !
Les capitalistes n’ont pas attendu le deuxième plan d’austérité : d’ores et
déjà, un accord a été signé dans l'entreprise de télécoms OTE, révisant les
salaires à la baisse, accord destiné à servir de modèle, afin que les
salaires dans le privé subissent des
réductions encore plus conséquentes. Ils suppriment les conventions
collectives de façon à pousser les salaires à la baisse dans le secteur privé
bien en-dessous du honteux "Accord national sur les salaires", qui
impose en parallèle des coupes dans les allocations sociales des salaires de
misère. Avant la grève générale Des grèves se sont développées dans tous
les secteurs durant toute la semaine du 10 octobre contre les mesures du
gouvernement et du Capital, dans l'ensemble du système de transport urbain
public, paralysant le transport public à Athènes. Les travailleurs municipaux
sont en grève et refusent de collecter les ordures dans de nombreuses
municipalités y compris Athènes pendant une semaine. Les travailleurs de la
DEH (bureaux de l'entreprise d'électricité) ont occupé pendant deux jours le
bâtiment où se trouvent les machines qui impriment les factures d'électricité
Ils ont bloqué l'impression et l'envoi aux travailleurs d'un nouvel impôt par
tête, une taxe foncière dont le gouvernement a annoncé qu'elle serait
prélevée sur ces factures. La situation dans le secteur de la santé est
explosive : le gouvernement en plus de la fusion d'hôpitaux a annoncé la
fermeture de 50% des lits dans les hôpitaux publics et la concession de
centaines de lits d’hôpital à des entreprises privées. Des occupations et des
arrêts de travail se sont produits dans les plus gros hôpitaux, dont
l’Hôpital général public Ag.Savvas contre ces projets gouvernementaux. Les
marins organisent une grève de 48 heures lundi et mardi. Les employés dans
les agences des impôts tout comme dans de nombreux ministères et organismes
publics ont cessé le travail et ont occupé les bâtiments de plusieurs ministères.
Plusieurs secteurs des travailleurs indépendants tels que les chauffeurs de
taxi et les avocats sont aussi en grève. Les lycéens, étudiants et
enseignants réalisent des manifestations et des occupations depuis un mois et
demi vu la situation inacceptable que les parents, enseignants (les
professeurs étaient également en grève cette semaine) vivent avec des écoles
sans livres, le ministère remettant
des photocopies à leur place. Dans le même temps, les dernières lois sur les
écoles, collèges-lycées et les universités promeuvent et renforcent la
marchandisation des écoles et facultés et forcent les parents à payer encore
plus. Des luttes de tous les jours sont
souvent gagnantes, ainsi, à l’initiative du PAME, le syndicat révolutionnaire
grec, un travailleur licencié dans une des trois grandes entreprises
laitières a été réintégré. Face au licenciement de ce travailleur par les
patrons de l'industrie laitière MEVGAL, les travailleurs se sont mis en grève
pendant trois jours dans les deux principales usines à Athènes et Salonique.
C'est ainsi que les travailleurs ont éventé les plans des patrons qui ne
concernaient pas seulement ce licenciement mais des centaines d’autres à travers la fusion de l'entreprise avec un
autre grand groupe de l'industrie laitière. Cette réintégration montre bien
qu'une lutte résolue peut mettre en échec les plans anti-populaires dans les
lieux de travail où tout paraît joué d'avance. Ces actions se sont déroulées malgré
l'intimidation du gouvernement et du patronat qui déclaraient les grèves
illégales et abusives. Elles ont permis l’intensification de la lutte
générale. Ainsi, alors que les syndicats officiels, dirigés par des
sociaux-démocrates avaient prévu une journée de grève le mercredi 19 octobre,
le PAME a décidé et imposé sous la
pression populaire aux autres syndicats, une grève générale nationale de 48
heures les 19 et 20 octobre. Le PAME a décidé cette action pour que les
travailleurs grecs puissent apporter une riposte décisive aux mesures
gouvernementales. La grève générale : la réponse des
travailleurs contre l'offensive anti-populaire sans fin s'intensifie Une marée humaine sans précédent de
plusieurs centaines de milliers de personnes a participé à la formidable
manifestation de grève du PAME, envahissant la ville d'Athènes. Une
manifestation telle qu’on n’en a pas vue dans les dernières décennies, pour
le premier jour de la grève générale nationale de 48 heures. Tous les axes du
centre-ville d'Athènes ont été occupés par des foules immenses de
travailleurs pendant plusieurs heures Des rassemblements massifs inédits par
leur ampleur et leur vigueur militante se sont produits dans des villes de
toute la Grèce. Tous ces travailleurs ont fait grève et
défilé afin que le projet de loi prévoyant des mesures anti-populaires ne
soit pas adopté. Le mot d’ordre était : « A bas le gouvernement et les partis
liés au Capital, organisation et alliance ouvrière-populaire partout, voilà
la solution à la question du pouvoir ». On entendait partout pendant le
rassemblement « Sans toi, travailleur,
aucun rouage ne tourne, tu peux te débrouiller sans les patrons », «
Désobéissance envers la ploutocratie, que le peuple fasse front face au
pouvoir ». L'énorme succès de la grève a reposé sur
la paralysie d'innombrables usines, de grandes unités de production et
d'autres lieux de travail par les ouvriers et les employés qui vivent la
pauvreté, la misère et l'impasse du chômage. Son ampleur considérable et sa
vigueur militante ont reposé également sur la fermeture de nombreux petits
commerces qui se trouvent désormais face au danger de fermer définitivement
leurs portes. Nombreux furent les travailleurs qui ont participé pour la
première fois à la grève, apportant une dynamique toute particulière à la
lutte contre la brutalité des mesures du gouvernement, de la bourgeoisie, du
FMI, de l'UE. Dès l'aube, les forces du PAME avec
leurs piquets de grève ont soutenu de manière résolue les travailleurs dans
les lieux de travail « ghettos » qui ont décidé de partir en grève pour la
première fois, défiant la mobilisation civile que le gouvernement avait
imposée contre la grève des éboueurs municipaux, ainsi que d'autres
mécanismes de casse de la grève auquel il a eu recours. Politiquement, il faut noter que
grandit, dans la classe ouvrière grecque, la conscience qu’un gouvernement,
même étiqueté de "centre gauche" ou de "gauche" ne
gouverne pas pour le peuple s’il ne rompt pas avec les monopoles
capitalistes. Comme le soulignait le représentant du KKE (le parti communiste
grec) à la tribune mercredi 19 : « Soit du côté du peuple, soit du côté des
monopoles. Pouvoir populaire-ouvrier ou pouvoir des monopoles. Il n'y pas
d'autre voie ! » Les manœuvres politiciennes L'énorme succès de ce premier jour de
grève met la pression sur le gouvernement et les partis qui le soutiennent.
La bourgeoisie a essayé de jouer finement le coup. Beaucoup d’hommes
politiques des partis bourgeois parlaient, avant la grève générale, de
recomposition politique, de la nécessité d’un grand gouvernement d’unité
nationale incluant notamment les deux partis les plus importants, le PASOK
(socialiste) et la ND (Nouvelle Démocratie, droite). Papandréou essayait de
s’assurer d'un consensus afin de faire passer les mesures antipopulaires. Il
a ainsi rencontré tous les partis politiques. Mais le torrent de la grève qui
a inondé Athènes et d'autres villes a suspendu cette opération. La ND a dû
voter contre le plan d’austérité, de même que les autres partis bourgeois
(nationalistes et coalition de gauche social-démocrate) ainsi que le Parti Communiste.
Les partis intéressés par la grande coalition n’ont pu soutenir le PASOK dont
les députés ont voté seuls les mesures antipopulaires. La bourgeoisie préfère
ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Des casseurs pour mettre en échec le mouvement Durant les deux jours de grève générale,
des groupes de provocateurs, sortis des rangs des cortèges officiels,
c’est-à-dire des confédérations syndicales de collaboration de classe, GSEE
et ADEDY, ont cherché encore une fois à créer des incidents. Le mercredi 19,
ils n’ont pas réussi mais le jeudi 20,
une attaque ciblée contre une partie du cortège du PAME qui encerclait le
Parlement a causé la mort du camarade Dimitris Kotzaridis, un des
responsables de la fédération de la construction du PAME. Le communiqué du KKE explique clairement
quelles furent les raisons d’une telle attaque meurtrière. En voici un
extrait : « La haine des cagoulés contre le mouvement ouvrier populaire et le PAME exprime la fureur des
forces qui servent le système et le pouvoir bourgeois. Le gouvernement en
porte des responsabilités énormes. L’opération d’intimidation, de calomnie et
de suppression du mouvement des travailleurs et du peuple est enracinée dans
les structures, centres et services étatiques. L’histoire le démontre.
L’agression barbare et meurtrière d’aujourd’hui le prouve également. Les
cagoulés, les anarcho-autonomes, fascistes ou quoi qu’ils s’appellent
eux-mêmes, ont tenté de réaliser ce que les forces de répression, le chantage
et les menaces n’avait pu faire : intimider les gens afin qu’ils se
soumettent. » "Communistes" exprime sa
tristesse et ses condoléances à la famille de Dimitris Kotzaridis qui est
tombé dans la lutte pour la cause de la classe ouvrière et du peuple. Nous
exprimons notre solidarité avec les manifestants blessés, avec tous ceux qui
ont défendu les travailleurs et la manifestation du peuple contre les groupes
de provocateurs. Il faut le dire, les fascistes
encagoulés ne sont pas parvenus à leurs fins. Ils n’ont pas réussi à
disperser la manifestation du PAME. Ils ne sont pas parvenus à occulter
l'ampleur de la manifestation ni ses revendications. La lutte continuera La grève générale fut un succès, le
combat se poursuivra. Pour résoudre la crise, Aleka Papariga, secrétaire
générale du KKE, l’a dit : « Il existe une seule solution : les richesses qui
se trouvent dans ce pays doivent devenir patrimoine du peuple. Nous devons
briser les chaînes qui nous lient à l'UE et annuler unilatéralement la dette.
Il n'existe pas de solution intermédiaire. » Une nouvelle fois, Communistes exprime
sa solidarité avec les travailleurs de Grèce, dans leur combat qui grandit et
intéresse au premier chef tous les peuples du monde capitaliste et en
particulier de l’Union européenne. Les travailleurs grecs ont raison, seule
la lutte viendra à bout du capitalisme. . Lire, enregistrer et/ou
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