Nous n’avons aucune illusion sur la nature du régime
syrien : la bourgeoisie nationale syrienne défend comme ailleurs ses intérêts. Il
se trouve que, depuis les années soixante,
ces intérêts sont opposés à ceux de l’impérialisme US et de son lieutenant dans
la région, Israël. Bachar El Assad
Président syrien a pourtant tenté, dans les années 2000 la
compromission avec Les USA, en créant une bourse à Damas, qui a amené des privatisations et fait grimper le
taux de chômage. Mais l’impérialisme américain et ses alliés ne veulent pas
une plus grande part du gâteau, ils veulent tout le gâteau. Tout ce qui se
passe au Moyen Orient est très lié à la situation syrienne et le moins que
l’on puisse dire est que la situation est lourde de menaces d’un
embrasement général. Regardons un peu.
Depuis des mois, des combattants
lourdement armés, qui n’ont rien à voir avec les soi-disant combattants aux
mains nues décrits par BHL
et d’autres, sont entrés en Syrie par ses frontières avec la Jordanie, le
Liban et la Turquie. Lors de la reprise d’Homs, l’armée syrienne s’est
emparée d’une batterie de missiles Milan qui ne sont en dotation que dans
les armées française et allemande. Des instructeurs militaires turcs ont
été capturés, ainsi que des agents de la DGSE
française ou de l’IS
britannique. L’armée et la marine libanaises capturent régulièrement des
convois d’armes qui traversent le pays.
Ces combattants sont les frères de ceux qui ont transformé la
Libye en enfer, certains Libyens sont d’ailleurs de la partie, du côté de
la frontière turco-syrienne. Il s’agit de Salafistes, plus ou moins
mercenaires. Ils sont armés et financés essentiellement par les monarchies
du Golfe, mais aussi par la Turquie, les USA, etc. Mais ceux qui agitent
ces marionnettes ont d’autres buts.
|
Il s’agit de combattre la puissance régionale qui
fait de l’ombre aux appétits des USA : l’Iran. Il s’agit aussi de
mettre la main sur le gaz dont le sol syrien est riche. De son côté l’émir
du Qatar poursuit ses visées à être
la grande puissance du gaz, contre la Russie.
La situation du peuple syrien
est très difficile, et son avenir
incertain. Mais, pour les
impérialistes, les choses sont loin d’être aussi tranquilles qu’en Libye.
La Syrie est un Etat plus structuré que ne l’était la Jamahirya de Kadhafi,
l’armée syrienne est autrement plus forte.
En outre, la Russie ne lâchera pas le régime baasiste, les intérêts qu’elle a en Syrie sont vitaux. C’est ce qui
explique l’utilisation du veto, ou encore la livraison d’un bouclier anti
aérien qui rend très difficile une attaque impérialiste. C’est pourquoi,
les infiltrés en Syrie ont recours
aux attentats, d’abord des exécutions de militaires de haut rang, puis des
voitures piégées dans
Damas.
Les événements de Syrie
débordent largement du cadre de ce seul pays ; partout dans la région
les alliés ou les mercenaires des uns (l’impérialisme US et ses alliés)
s’opposent aux alliés des autres ; d’autres hésitent, s’apprêtent
peut-être à changer de camp…
Des raisons multiples expliquent
l’agression de moins en moins déguisée que les Impérialismes US, français,
britannique, turc, main dans la main, mènent en Syrie. La Syrie n’est pas
seulement l’alliée de l’Iran, elle possède du gaz. La Syrie n’est pas
seulement un Etat laïque, c’est aussi la seule puissance arabe qui puisse
et veuille tenir tête à Israël. Elle est depuis toujours l’ennemi acharné
de tous les courants obscurantistes, féodaux du Qatar, réactionnaires
d’Ennahda, des Frères Musulmans ou
de l’AKP
turc.
|