Ce n’est pas simplement la
construction d’un centre commercial ou d’une mosquée qui
aurait provoqué les manifestations comme certains médias
l’ont raconté.
Depuis plusieurs mois la colère gronde en Turquie,
le mouvement de protestation est très profond.
Depuis plusieurs semaines, à Antakya,
Samandag, Mersin, Reyhanli, Iskenderun, Adana, les
populations du Sud de la Turquie, toutes les catégories
socioculturelles, religion ou confessions confondues, manifestent
contre le gouvernement Erdogan.
La semaine passée le Ministre turc de l’Intérieur a dû
faire état de 235 manifestations qui ont eu lieu dans 67
villes du pays. Partout, les jeunes, le poing levé sont
descendus dans la rue en criant : « Erdogan démission !
« A Ankarades milliers d’habitants ont convergé vers
le quartier des Ministères, vers les bureaux du premier
Ministre Erdogan.
Au troisième jour de
leur mouvement, les manifestants turcs ont maintenu la
pression sur le gouvernement en occupant la place Taksim
d'Istanbul, tandis que de nouveaux incidents ont éclaté
dans la capitale Ankara où des milliers de personnes ont
envahi la place du centre de la capitale turque. La répression policière
a fait plusieurs centaines de blessés et la police a procédé à plus de 1700
interpellations. Selon le syndicat des
médecins d'Ankara, 414 civils ont été blessés dans ces
incidents, Signe de la persistance de la mobilisation,
des manifestations contre le pouvoir ont également eu
lieu dans tout le pays.
Le double attentat du 11 mai dans la ville de Reyhanli a accéléré la
protestation et a eu un effet boomerang contre le
gouvernement. Au milieu des décombres, les gens accusent le
gouvernement turc de vouloir faire la guerre contre la
Syrie pour le compte des USA et d’Israël. La population
affirme que les autorités cachent le nombre réel de
victimes. Côté médias officiels, c’est le blackout. Comme
par hasard, les 73 caméras de surveillance de la ville de
Reyhanli étaient hors service au moment du double
attentat… La censure a été instaurée, certains
journalistes et blogueurs la bravent au prix de leur
liberté, pour eux, au total, il y aurait 177 morts et non
51 morts comme annoncés par les sources officielles. Un
tribunal turc a interdit d’informer sur cette attaque.
Le lundi 3 juin, les syndicats de
Turquie ont appelé à cesser le travail pendant 48 heures.
Ces 2 journées de grève vont peser d’un poids déterminant
sur la suite des évènements.
Déjà le Secrétaire d’Etat Américain a indiqué le 3
juin que les Etats-Unis sont « préoccupés »
tout en soulignant en même temps que les USA allaient
continuer à collaborer avec la Turquie sur le conflit
syrien.
Ce qui se passe en Turquie est l’illustration de la
colère des jeunes et du peuple face aux difficultés qui
les assaillent, les salaires, le chômage, en particulier.
Joint à cela il faut ajouter une politique autoritaire et
fascisante et la restriction des libertés fondamentales.
Cette lutte qui gagne en ampleur est
une expression de plus de l’agitation qui secoue l’ordre établi
dans le monde entier.
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