Les 27 ministres européens de
l'agriculture étaient réunis les 24 et 25
juin à Luxembourg afin de trouver un accord
définitif sur la réforme de la politique
agricole commune, après plusieurs semaines
d'intenses négociations.
A la veille de cette réunion, la
FNSEA et le Centre des jeunes Agriculteurs
ont appelé à une manifestation des éleveurs
français à
Paris sous le slogan « Elevage
français, cause nationale »
L’agriculture française, première agriculture
européenne, entend bien le rester avec le
premier cheptel bovin qui représente 35 % du
cheptel européen.
Mais ces chiffres masquent de très
grandes disparités dans les revenus des
éleveurs selon les types de cheptel ( porcs,
bovins, ovins, volailles etc.) selon la
taille et la structure des exploitations, les
conditions naturelles ( plaine ou montagne),
les choix d'exploitation ( productivisme à
outrance ou agriculture raisonnée) etc.
Or la FNSEA (et son
annexe le CNJA) voudrait nous faire croire qu'elle
défend et a toujours défendu tous les
éleveurs
tout comme elle prétend représenter
les intérêts de tous les
agriculteurs.
Mais les faits sont têtus : la
FNSEA est le syndicat des très gros
agriculteurs et c'est pour ceux-ci que,
depuis la fin des années 40, elle a œuvré à
la disparition de centaines de milliers de
petites exploitations familiales. Elle a oeuvré
activement avec tous les gouvernements de
droite
(y compris sociaux-démocrates) à la
guerre que menait le capital,
l'agro-industrie contre ces petites fermes
qui maillaient notre territoire.
Et contre qui la FNSEA, syndicat
monopolistique, défend t-elle ses gros
céréaliers ou éleveurs ? Contre les
banques ? Contre les choix capitalistes
de l'Union Européenne, contre
l'agro-business ? Contre les grandes
surfaces qui font la pluie et le beau temps
sur les prix ? Contre les fonds de
pension ?
NON ! Contre les « un peu
moins gros ». Contre les consommateurs,
Contre les « fonctionnaires »,
Contre les salariés, agricoles entre autres,
qui osent vouloir un SMIC ! Elle porte
la responsabilité accablante de la
désorganisation de la production agricole.
Elle a soutenu tous les mauvais coups portés
à la paysannerie, elle est responsable de
centaines de suicides dans le monde rural.
Elle a dressé les agriculteurs les uns contre
les autres, les travailleurs de la terre
contre ceux de l'industrie et des services.
Et la voilà qui, par un beau dimanche
de printemps, amène ses gracieux troupeaux à
la capitale pour nous rappeler que si nous,
consommateurs voulons manger de la bonne
viande, nous devons soutenir ses
revendications : des meilleurs prix,
moins d'impôts, moins de contrôles sanitaires
et administratifs etc... Ce double
langage dupe de moins en moins d'agriculteurs
qui se sont donné d’autres organisations
syndicales.
La FNSEA ne doit pas
duper les consommateurs
Quand Xavier Beulin annonce tout de go
« si les consommateurs veulent de bons
produits alimentaires, ils devront accepter
la hausse de leurs prix », il se garde
bien d'évoquer les marges des intermédiaires,
il se garde bien de dénoncer la spéculation
qui fait flamber les prix des aliments pour
le bétail.
Oui, nous voulons de bons
produits ! Non, nous ne voulons pas,
parce que nous ne pouvons pas les payer plus
cher ! Nous voulons une agriculture assainie,
débarrassée des griffes du capital et de la
sacro-sainte propriété privée ! Nous
voulons lutter avec ceux qui travaillent la
terre pour assurer, dans les meilleures
conditions, l'alimentation de tous, ce qui est
quand même la finalité de l’activité
agricole.
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