Les mobilisations du peuple en Égypte montrent que les forces
politiques qui ont dominé depuis le "Printemps arabe" ne peuvent
satisfaire les intérêts populaires. L’ex gouvernement de Morsi des «
Frères musulmans », et la bourgeoisie qui soutient actuellement le
coup d'État militaire, ne veulent répondre aux aspirations de la classe
ouvrière égyptienne, ils sont au service du capital.
La crise de l'Égypte révèle que les
différentes composantes de la bourgeoisie se servent de l'indignation du
peuple et de son mécontentement.
En écartant les « frères
musulmans » du pouvoir, l’armée tente de calmer le mouvement populaire
qu’elle n’hésitera pas à réprimer comme au temps de Moubarak si le pouvoir
des multinationales est menacé. Le chef des armées,
Al-Sissi, est également ministre de la Défense et vice-premier ministre, il
est directement associé à toutes décisions. Il
représente la puissance répressive mais aussi économique
de l'armée.
Au-delà du secteur de
l'armement que l'Etat égyptien avait décidé de développer avec Nasser afin
d’accroître l’indépendance du pays, l'armée devenue toute puissante a
décidé de diversifier son activité économique pour s'étendre au domaine
civil. Elle possède ainsi un certain nombre d'entreprises et d'usines.
Selon certains experts, le seul secteur de l'industrie militaire représente
près de 10% de l'emploi en Egypte. Si l'on y ajoute les activités civiles
imputables à l'armée, c’est près d'un Egyptien sur cinq qui travaille
directement ou indirectement pour elle. Son chiffre d'affaires global s'élève
à près de 5 milliards de dollars. L'armée pèse entre 25% et 30% du PIB
égyptien, ce qui en fait la première entreprise d'Egypte.
Que l’on consomme de l'huile, des pâtes,
de l'eau minérale, du pain…, carburant, gaz en bouteille, vaccins, mais
aussi du nettoyage ou des chambres d'hôtel... le consommateur de ces
produits ou de ces services est un citoyen client de l'armée !
En renversant Morsi, en
prenant les commandes du pouvoir, l’armée protège ses intérêts et seulement
les siens.
La crise est aussi liée à la concurrence des impérialistes pour le
contrôle des ressources productives de la région et des routes de
l'énergie, la encore l’armée "veille au grain".
C’est pourquoi le
gouvernement Obama a clairement fait comprendre qu’il ne s’opposera pas à
la consolidation du pouvoir de l’armée. Le secrétaire d’Etat américain
adjoint, William Burns a dit clairement que le gouvernement n’avait aucune
intention de rendre une décision reconnaissant qu’un coup d’Etat ait eu
lieu en Egypte. L’aide annuelle américaine est de 1,55 milliards de dollars,
dont 1,3 milliards de dollars sont versés directement à l’armée du pays. « Il n’est pas de notre intérêt national
de prendre une telle décision, » (contester le pouvoir de l’armée) a dit un
autre responsable gouvernemental.
A la mi-septembre se tiendrons les plus grosses manœuvres
militaires dans la région appelées "opération Bright Star", l’un des exercices
militaires les plus importants au monde, impliquant quelques 90 000 soldats,
et 11 pays participants. Ces manœuvres servent à la fois de soutien tacite
au coup d’Etat de l’armée égyptienne et de répétition générale pour une
intervention militaire américaine en Syrie.
L’impérialisme étasunien et la bourgeoisie égyptienne ont des
solutions alternatives pour protéger leurs intérêts, le rôle de l'armée et les mouvements
religieux en sont quelques-unes. Il s’agit pour la classe ouvrière et le
peuple de ne pas tomber dans le piège des fausses solutions que prépare le prochain
gouvernement. Cette situation politique n’est pas uniquement posée en
Egypte, n’en est-il pas de même en France, en Italie, Espagne, Grèce… ?
En pratiquant l’alternance le capital garanti ainsi ses intérêts.
Le développement des
luttes populaires, de masse, en Egypte, Tunisie, Turquie…montre que ces
luttes ne suffisent pas pour que les
peuples puissent imposer leurs revendications. Elles ont besoin d’une force
révolutionnaire qui ouvre la perspective d’un changement de société. Ces
luttes doivent viser au renversement du pouvoir des monopoles et la prise
en main par le peuple de l’appareil de production et d’échange pour
satisfaire les besoins sociaux.
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