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N°311 Semaine du 05 au 11 août 2013

 

08 août 2013

 

Egypte : Mainmise de l’armée sur le pays

 

 

Les mobilisations du peuple en Égypte montrent que les forces politiques qui ont dominé depuis le "Printemps arabe" ne peuvent satisfaire les intérêts populaires. L’ex gouvernement de Morsi des «  Frères musulmans », et la bourgeoisie qui soutient actuellement le coup d'État militaire, ne veulent répondre aux aspirations de la classe ouvrière égyptienne, ils sont au service du capital.
La crise  de l'Égypte révèle que les différentes composantes de la bourgeoisie se servent de l'indignation du peuple et de son mécontentement.

En écartant les « frères musulmans » du pouvoir, l’armée tente de calmer le mouvement populaire qu’elle n’hésitera pas à réprimer comme au temps de Moubarak si le pouvoir des multinationales est menacé. Le chef des armées, Al-Sissi, est également ministre de la Défense et vice-premier ministre, il est directement associé à toutes décisions. Il représente la puissance répressive mais aussi économique de l'armée.

Au-delà du secteur de l'armement que l'Etat égyptien avait décidé de développer avec Nasser afin d’accroître l’indépendance du pays, l'armée devenue toute puissante a décidé de diversifier son activité économique pour s'étendre au domaine civil. Elle possède ainsi un certain nombre d'entreprises et d'usines. Selon certains experts, le seul secteur de l'industrie militaire représente près de 10% de l'emploi en Egypte. Si l'on y ajoute les activités civiles imputables à l'armée, c’est près d'un Egyptien sur cinq qui travaille directement ou indirectement pour elle. Son chiffre d'affaires global s'élève à près de 5 milliards de dollars. L'armée pèse entre 25% et 30% du PIB égyptien, ce qui en fait la première entreprise d'Egypte.

 Que l’on consomme de l'huile, des pâtes, de l'eau minérale, du pain…, carburant, gaz en bouteille, vaccins, mais aussi du nettoyage ou des chambres d'hôtel... le consommateur de ces produits ou de ces services est un citoyen client de l'armée !

En renversant Morsi, en prenant les commandes du pouvoir, l’armée protège ses intérêts et seulement les siens.

La crise est aussi liée à la concurrence des impérialistes pour le contrôle des ressources productives de la région et des routes de l'énergie, la encore l’armée "veille au grain".

C’est pourquoi le gouvernement Obama a clairement fait comprendre qu’il ne s’opposera pas à la consolidation du pouvoir de l’armée. Le secrétaire d’Etat américain adjoint, William Burns a dit clairement que le gouvernement n’avait aucune intention de rendre une décision reconnaissant qu’un coup d’Etat ait eu lieu en Egypte. L’aide annuelle américaine est de 1,55 milliards de dollars, dont 1,3 milliards de dollars sont versés directement à l’armée du pays. « Il n’est pas de notre intérêt national de prendre une telle décision, »  (contester le pouvoir de l’armée) a dit un autre responsable gouvernemental.

A la mi-septembre se tiendrons les plus grosses manœuvres militaires dans la région appelées "opération Bright Star", l’un des exercices militaires les plus importants au monde, impliquant quelques 90 000 soldats, et 11 pays participants. Ces manœuvres servent à la fois de soutien tacite au coup d’Etat de l’armée égyptienne et de répétition générale pour une intervention militaire américaine en Syrie.

L’impérialisme étasunien et la bourgeoisie égyptienne ont des solutions alternatives pour protéger leurs intérêts,  le rôle de l'armée et les mouvements religieux en sont quelques-unes. Il s’agit pour la classe ouvrière et le peuple de ne pas tomber dans le piège des fausses solutions que prépare le prochain gouvernement. Cette situation politique n’est pas uniquement posée en Egypte, n’en est-il pas de même en France, en Italie, Espagne, Grèce… ? En pratiquant l’alternance le capital garanti ainsi ses intérêts.
Le développement des luttes populaires, de masse, en Egypte, Tunisie, Turquie…montre que ces luttes  ne suffisent pas pour que les peuples puissent imposer leurs revendications. Elles ont besoin d’une force révolutionnaire qui ouvre la perspective d’un changement de société. Ces luttes doivent viser au renversement du pouvoir des monopoles et la prise en main par le peuple de l’appareil de production et d’échange pour satisfaire les besoins sociaux.

 

 

 

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