Depuis la fin de
l’URSS, l’Ukraine devenue indépendante vit une
crise économique et sociale sans précédent. Les
richesses du pays mises en coupe réglée par une
oligarchie capitaliste avide de profits énormes
ont pillé le pays. La corruption règne en maître
et les politiciens ne sont que les pantins de
cette oligarchie qui les achète au gré de ses
besoins. La distanciation des liens économiques
avec la Russie a contribué largement au collapse
de l’économie.
Dans ces conditions
les travailleurs ukrainiens ont vu leur situation
sociale se dégrader rapidement par la
privatisation de nombreux services publics et
l’augmentation galopante du chômage.
C’est dire que le mécontentement est grand. Si le
Parti des Régions de l’actuel Président
Ianoukovytch a pu mettre fin au règne de
Timochenko c’est parce que le peuple ukrainien en
attendait un avenir meilleur. Sa déception est
énorme.
Ianoukovytch n’a pas
été le dernier à se tourner vers l’Europe en
faisant miroiter le miracle. Puis, il s’est
brutalement ravisé sous la pression de la
fraction de l’oligarchie en
« affaires » avec Moscou. Ce revirement
n’est que le prétexte pour les groupes
nationalistes et fascisants d’alimenter le rejet
du pouvoir et par la même occasion celui de la
Russie au profit de l’Europe. La destruction du
monument à Lénine lors de la manifestation de
dimanche est un témoignage parmi d’autre de
l’anticommunisme qui anime ces adeptes de l’Ukraine
européenne. Il est le symbole de la tentative
d’un coup d’Etat neo-fasciste en préparation.
Pour l’Europe qui
s’ingère dans les affaires du pays en soutenant
les manifestations, il y a la volonté de
s’étendre aux frontières de la Russie et d’accroître
la pression sur cette dernière. Il y a en même
temps la perspective d’une main-d’œuvre à bas
coût et bien formée qui pourrait être largement
exploitée.
Nous sommes donc loin
des clichés d’une Europe libératrice qui aiderait
le « malheureux peuple ukrainien » à se
débarrasser du tuteur russe. En réalité, au
sommet de l’Etat ukrainien, en préparation des
futures élections présidentielles, les groupes
d’oligarques manoeuvrent pour s’accaparer le
pouvoir et continuer le pillage de l’Ukraine avec
la bénédiction de l’Europe et/ou de la Russie.
Dans ces luttes seul
le parti Communiste Ukrainien (qui a obtenu 15%
des voix aux dernières élections législatives)
pose la question de l’avenir politique économique
et social du pays. Proposant un
référendum sur l’association et/ou l’adhésion ou
non de l’Ukraine à l’union européenne. Pour sa
part il
préconise qu’elle s’inscrive dans l’union
douanière Russie-
Biélorussie et Kazakhstan, union qui
permettrait de retisser les liens économiques
avec l’espace eurasiatique et permettrait à
l’Ukraine d’y jouer un rôle pivot entre la CEE et
les pays de l’ex-URSS.
Il est évident
que les dirigeants actuels ne sont pas en
capacité de mener une telle stratégie, faibles
qu’ils sont de la domination des oligarques
capitalistes qui comptent eux se vendre tout
simplement au plus offrant. En Ukraine comme
ailleurs l’avenir va dépendre du peuple.
Correspondant
particulier à Kiev
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