L’élection présidentielle en
Algérie a suscité de nombreux
commentaires pour un résultat
attendu : celui de la réélection
du Président sortant A. Bouteflika avec
81% des voix exprimées. Les
Algériens, n’ont
guère participé à cette élection. Il
y
a eu officiellement 50%
d’abstention et probablement beaucoup
plus encore, ce que confirme la très
faible participation dans les grandes
zones urbaines où les contrôles sont un
peu plus efficaces que dans les zones
rurales. Une grande partie des
commentaires, c’est focalisé sur l’état
de santé du Président et bien moins sur
la situation en Algérie. Car si cette
élection satisfait les puissances qui
lorgnent sur les richesses pétrolières
et gazières de ce pays, comme sur sa
situation géostratégique, elle ne
règlera aucun des graves problèmes
économiques, sociaux et politiques dans
lesquels se débat le peuple Algérien. USA,
France et Russie ont exprimé leur satisfecit
de la réélection de Bouteflika au nom
de la stabilité mais surtout au nom des
relations qu’ils ont établies avec les
forces dominantes du pays et qui le
dirigent à leur profit.
Quels sont les problèmes actuels
de l’Algérie ? Ils sont pour l’essentiel
l'expression des inégalités et des
antagonismes engendrés par le régime
capitaliste imposé depuis trente ans
par les classes possédantes et
affairistes dominantes parmi lesquelles
les courants obscurantistes qui ont
manipulé la religion pour tromper le
peuple. Sous Bouteflika, ces problèmes
se sont aggravés. Ainsi, le plus grande
partie du revenu national est-elle
accaparée par une minorité, que l’on
peut qualifier de « barons du
régime ». Cet accaparement se
double d’une corruption massive et du
refus d'utiliser l'argent du pétrole
pour relancer l’économie. Tout cela se
traduit par un appauvrissement et un
chômage de masse ainsi que par des
emplois mal payés et sans avenir pour
les jeunes, par des problèmes
insolubles de logement pour les
travailleurs, par l’étouffement de
la liberté d'organisation, de réunion
et d'expression derrière une démocratie
de façade faite sur mesure pour les
classes possédantes. En politique
extérieure, le régime fait preuve d’une
grande passivité face aux ingérences impérialistes
dans la région. Les
« opposants » à Bouteflika,
qui clament leur désir de moderniser le
pays, ne sont en réalité qu’une partie
des clans qui se disputent le pouvoir.
Leur vision de l’Algérie c’est celle de
la privatisation de ce qui reste de la
propriété publique et d’une plus grande
soumission encore aux forces
impérialistes qui voudraient bien en
finir avec les quelques velléités
d’indépendance du pays. Il n’y a donc
rien à attendre de ce côté-là !
Les clans qui se battent entre
eux dans les coulisses du régime sont
tous d'accord pour maintenir le système
capitaliste qui a mené le pays dans
cette impasse et se mettre au service
de l'impérialisme et de ses
multinationales. Les puissances
impérialistes attisent les rivalités de
ces clans. Elles font monter les
enchères pour obtenir du régime ou de
l'opposition "libérale"
qu'ils s'engagent à accélérer
l'application des "réformes"
exigées par l' "économie de
marché", c'est-à-dire à leur
donner les gisements de pétrole et de
gaz, à leur remettre les secteurs
stratégiques et juteux de l'économie -
Sonelgaz, télécommunications,
distribution de l'eau, banques
publiques, santé. A leur reconnaître la
liberté totale de circulation des
capitaux et d'exportation des profits,
à diminuer ou même faire disparaître les
impôts sur leurs profits, à augmenter
le prix du gaz et de l'électricité, à
supprimer toutes les barrières
douanières, à leur permettre de prendre
possession des terres, à rayer toutes
les lois sociales qui protègent encore
plus ou moins le travailleur et qui
fixent le salaire minimum, les primes
et les indemnités.
L'impérialisme veut aussi des
bases militaires et ne relâche pas ses
pressions pour que l'armée algérienne
devienne le gendarme de ses intérêts en
Afrique.
C'est cela le vrai contenu des
"réformes" sur lequel le
régime et l'opposition ultra-libérale
sont d'accord sans le reconnaître
publiquement. Défenseurs du régime et
opposition ultra-libérale se sont tous
entendus pour que ces questions ne
soient pas débattues devant le peuple à
l'occasion de l'élection
présidentielle. Ils ont détourné
l'attention des citoyens sur des
chicanes au sujet de la santé de
Bouteflika et de sa capacité ou non à
continuer à diriger le pays.
Dans les conditions d’un
affaiblissement organisé par le pouvoir
des forces progressistes y compris avec
un pseudo Parti des Travailleurs qui
s’emploie à expliquer que Bouteflika
est du côté du peuple mais serait mal
conseillé, il ne reste pas beaucoup de
moyens aux révolutionnaires pour peser
sur la situation. Le Parti Algérien de
la Démocratie et du
Socialisme s’est prononcé par un
appel au vote blanc en exprimant son
point de vue : « Ce vote,
explique-t-il, consiste pour l'électeur
à glisser dans l'enveloppe un billet
sur lequel il aura écrit des slogans
qui expriment son indignation contre le
régime bourgeois. En voici quelques
exemples non limitatifs : "A
bas le régime capitaliste despotique de
Bouteflika et son opposition, tous à la
solde de l'impérialisme ! Non à
l'appauvrissement des travailleurs et
des jeunes! L'argent du pétrole pour le
développement! Pour un régime
démocratique révolutionnaire du peuple!
Vive le socialisme!" ou encore : "Mon
vote rejette tous les candidats.
Il signifie mon opposition au
verrouillage politique qui empêche
la candidature d'un représentant
des couches populaires exprimant mon
aspiration à une rupture avec le
capitalisme et pour un pouvoir
populaire anti-impérialiste qui se
battra pour le socialisme."
La
situation en Algérie est donc un
élément important de l’évolution du
continent africain. Le peuple algérien
qui a montré sa capacité à se défaire
du colonialisme n’a pas pour vocation
de subir indéfiniment le joug d’une
bourgeoisie prédatrice. Nous sommes au
côté des forces progressistes et
révolutionnaires algériennes.
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