L’élection présidentielle en
Ukraine à la suite du coup d’État a
donné comme gagnant un milliardaire,
roi du chocolat » P. Porochenko.
Elle s’est
déroulée sur fond d’une grave
crise sociale, économique, nationale et
politique. L’abstention a été massive,
plus de 40%, en particulier dans le
Donbass où pratiquement aucun électeur
n’a voté. Si Porochenko dans son
discours a tenté de rassurer les
ukrainiens sur leur avenir en ménageant
Moscou, il ne faut pas oublier que cet
oligarque qui s’est enrichi, comme les
autres, en pillant la propriété sociale
est une marionnette au main des USA et
qu’il a pour mission de faire en sorte
que l’Ukraine rejoigne dans les
meilleurs délais l’Union Européenne et
l’OTAN. Au-delà des discours
rassurants, Porochenko continue et
aggrave la répression et la guerre
contre la population d’un Donbass en
révolte contre la politique des
oligarques. Cette guerre contre le
peuple a déjà fait des centaines de
morts surtout parmi les civils, ce qui
n’émeut pas les chancelleries
occidentales qui crient au génocide
partout dans le monde sauf évidemment
là où ces pays mènent des guerres dans
l’intérêt du grand capital.
Ce qui inquiète en premier lieu
les maîtres de Kiev et leurs chiens de
garde fascistes, c’est le fait que dans
le Donbass, au-delà des revendications
sur la fédéralisation de l’Ukraine, un
mouvement contre l’oligarchie se
dessine et conteste son pouvoir. Ils
veulent liquider cette révolte
populaire qui met en cause
fondamentalement l’orientation d’une
Ukraine capitaliste dominée par les USA
et l'Union Européenne. Déjà, le
FMI, la Banque Centrale Européenne
appellent le gouvernement ukrainien à
serrer la vis au peuple et à liquider
les derniers acquis du socialisme. À
leurs yeux l’Ukraine doit être
« colonisée » et servir de
marche pied à l’offensive contre la
Russie et au delà la Chine. Dans cette
bataille pour la conquête à l’Est la
Russie est un obstacle aux visées
impérialistes.
Si cette dernière a réagi
vivement dans l’affaire de la Crimée et
cela pour des raisons stratégiques,
celles de sa présence dans la
méditerranée et l’orient, sa réaction
dans la dernière période est des plus mesurée.
Pour comprendre cette retenue, il faut
avoir à l’esprit la nature même du
système social et politique qui règne
en Russie. Il s’agit d’un système
capitaliste dominé par une oligarchie
et un État qui entend créer les
conditions de la renaissance de sa
puissance. Ce n’est donc pas un
affrontement entre systèmes sociaux
différents, mais un affrontement entre
puissances pour s’accaparer des
richesses et
préserver les siennes propres.
Cette situation conduit la direction
russe à un grand écart entre sa volonté
d’être une puissance mondiale et sa
fragilité interne du fait qu’elle
s’appuie sur des forces sociales qui
veulent voir augmenter leur part du
butin face à une population salariée
paupérisée. Les USA connaissent cette
fragilité et s’emploient à créer les
conditions d’un changement politique en
leur faveur en Russie même et dans sa
périphérie. Ainsi l’affaire de
l’Ukraine ne s’est pas jouée en
quelques jours, mais c’est le résultat
d’un travail méthodique de plus de
vingt ans où les financements ont coulé
à flots en particulier par
l’intermédiaire d’ONG (Organisations
Non Gouvernementales). Dans l’avenir
immédiat, rien ne semble modifier la
trajectoire du renforcement de l’OTAN
en Europe, cependant, il est trop tôt
pour discerner si les mouvements profonds
de repartage impérialiste en Europe et
dans le Monde trouveront des limites
dans l’activité des forces
révolutionnaires et des États luttant
pour leur propre indépendance.
Correspondance
Kiev
www.sitecommunistes.org
|