COMMUNISTES |
N°398 Semaine du 06 au 12 avril 2015
06 avril 2015
1-La liberté de la presse un mythe ? 2-La main mise capitaliste sur la presse sur
son secteur public audio et TV |
|||
Lire également Palestine : Les colonisateurs israéliens
arrêtent Khalida JARRAR Et Ukraine : Bas les pattes
devant les communistes ukrainiens ! Et Et Augmenter les salaires
c’est possible et urgent Et Et Et Augmenter les salaires
c’est possible et urgent |
La liberté de la presse un mythe ? Récemment la tragédie de ‘Charlie hebdo’ a
déclenchée une multitude de déclarations de journalistes sur leur liberté de
parole et d’analyse. Sont-ils aussi libres et indépendant qu’ils le
prétendent ? L’ensemble de la presse française (quotidienne,
hebdomadaire, mensuelle, écrite, radios et TV) est
entre les mains de 27 groupes capitalistes français et étrangers, l’audio télévision publique
est entre les mains de l’état. Il faut bien faire un constat. Sur toutes les
questions économiques et sociales, sur toutes les analyses de la situation
internationale, sur les causes et les origines de la crise qui frappe les
peuples, sur les moyens d’y mettre fin, toute la presse écrite ou parlée donne
les mêmes explications. Les attentats que nous avons vécus ont déclenché un raz de marée journalistique
jouant sur l’émotion et la compassion vis-à-vis des victimes mais rien
sur les raisons profondes de ces
violences. Pendant des jours, pour l’ensemble des médias, l’information fut
uniquement portée sur un triangle local: siège de « Charlie hebdo »,
Dammartin, Porte de Vincennes. Pendant ce temps la SNCF annonce 1100
suppressions d’emplois. Silence, personne n’en saura rien. De même le saccage
de la ville de Baga au nord du Nigéria et le massacre de ses 2000 habitants mené par un groupe terroriste ne suscitera
aucun écho médiatique, aucune réaction des officiels français. Une vie en
France vaut- elle plus qu’une vie africaine ? Seule comptait la position
officielle : « la France est attaquée, c’est une nouvelle guerre,
il faut l’union nationale pour sauver la patrie en danger ». Le 12 janvier, rendant compte de la manifestation de la veille au
journal de la 2 à 13 heures la journaliste N. Saint Cricq déclare « Il
faut repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie ». Un
véritable appel à la délation qui en
rappelle d’autres. Ainsi tous ceux qui ont refusé de défiler derrière Sarkozy
et Hollande responsables des interventions militaires de la France, ceux qui
refusent de défiler derrière B. Netanyahou dirigeant d’un pays qui occupe les
territoires palestiniens depuis 1967 en dépit des décisions de l’ONU doivent
être repérés et traités. C’est une
conception bien particulière de la liberté d’opinion que cette journaliste
exprime là. Celle de la dictature du capital qui ne supporte qu’une seule
liberté : la sienne. Dans cette affaire la presse
française est restée fidèle à son histoire. Celle de la défense des intérêts
de la classe dominante dont elle est le porte-voix au détriment de la
recherche de la réalité. Quelques rappels de la vie de la
presse. En France la presse n’a été libre d’exprimer la diversité des opinions qu’à de très rares périodes. Pendant la Commune de Paris dans la capitale
seulement, puis quelques rares années après la Libération. A ces courts
moments de l’histoire où les forces démocratiques et progressistes ont imposé
au capitalisme des reculs significatifs. Entre 1880 et 1944 les principaux titres de la presse sont aux mains du
capitalisme sauf le journal L’humanité fondé par J.
Jaurès en 1904.
Citons : Le Matin, Le Petit Parisien soutenu par le groupe Dalloz, Le
Figaro du parfum
Cory qui entre 1924-28 verse à titre personnel 2
millions à l’Action
Française, Paris Soir propriété du patron des
textiles Prouvost, Le Temps détenu en sous- main par le
patronat de la sidérurgie, etc., etc.
L’idéologie dominante tient la
plume. La Commune de Paris vaincue c’est le déferlement de haine envers les
Communards qui ont refusé la capitulation face aux Prussiens et adopté les
importantes mesures sociales qu’on sait. « Le Figaro » se distingue dans cet
exercice. Pendant l’affaire Dreyfus, l’antisémitisme est porté à la hauteur d’une référence nationale. Avec Dreyfus tous ceux qui
disaient leurs doutes sur sa culpabilité sont
traînés dans la boue. Largement arrosée par l’ambassade tzariste à Paris la presse fait
campagne en faveur des emprunts russe qui vont servir au développement
capitaliste en Russie, au soutien du régime tzariste avec son cortège
d’antisémitisme et de répression sanglante des grèves et mouvements
populaires. La préparation des esprits pour faire accepter par l’opinion la
préparation à la guerre dans les années 1900-1914 s’accompagne d’appels au meurtre contre ceux
qui s’y opposent. Appels entendus avec l’assassinat de
Jaurès. La guerre déclarée c’est l’union sacrée pour la guerre à outrance, la
chasse contre ceux qui osent prononcer
le mot paix pour en finir avec cette boucherie qui n’est profitable qu’aux
capitalistes. Dès la Révolution socialiste soviétique c’est le déferlement de haine
contre ces ouvriers et paysans qui ont reversé le capitalisme et entrepris de
construire une société nouvelle, une société socialiste. Cela dure encore
aujourd’hui tant la peur a été grande. En janvier février 1934, prenant prétexte d’un scandale financier et
antisémite « l’Action Française » conduit des émeutes qui partent à
l’assaut de « la Gueuse » (la République) pour instaurer en France
un régime d’inspiré de ceux d’Hitler et Mussolini. Après les grandes grèves du Front Populaire et les conquêtes sociales
de juin 1936 qui l’ont suivi le journal d’un grand patron de la sidérurgie,
de Wendel écrit : « Plutôt Hitler que le Front Populaire ». Appel
qui sera entendu, la presse préparant les esprits aux capitulations
successives devant Hitler, à l’abandon de l’Espagne devant le coup d’état de
Franco, à l’annexion de l’Autriche, aux accords de Munich qui livreront la
Tchécoslovaquie aux nazis et qui qui
feront dire au Ministre Daladier « Nous avons sauvé la paix pour une
génération ». On connaît la suite. Le pacte de non- agression entre l’Union Soviétique et l’Allemagne en
1939 voit un déchaînement de cette même presse contre l’URSS et les
communistes français tandis que la guerre contre l’Allemagne est reléguée au
second plan. C’est « la drôle de guerre ». Le temps du déshonneur. Après la défaite de juin 1940 toute cette presse à quelques
exceptions, se vautre dans la collaboration avec
l’occupant nazi, le régime de Vichy. Le Matin reparaît dans Paris occupé dès le 17
juin 40 avant même la signature de l’armistice, il soutient toutes les
mesures de pillage de la France par l’occupant, les exécutions des otages,
apporte tout son soutien politique à l’Allemagne. Tous les médias existants
pratiquent le culte de Pétain, de ce chef autour duquel le pays doit se
rassembler. Le régime de Vichy qui a mis à bas la République a toutes ses faveurs. Ils justifient
l’annexion de l’Alsace- Moselle à l’Allemagne, les lois antijuives, approuve
la politique de la ’révolution nationale’ de Pétain, la ‘chartre du travail’
visant à associer travail et capital, appelle à la dénonciation de tous ceux
qui résistent à l’occupant. A la Libération en 1944 cette presse sera justement sanctionnée. Elle
sera interdite, ses biens confisqués, quelques un de ses journalistes
poursuivis et condamnés. Pendant l’occupation 1200 titres
clandestins différents sont édités à deux millions d’exemplaires.
A la Libération 7 titres paraissent à Paris, des dizaines en province. Sur
les 7 titres parisiens deux seuls existent aujourd’hui : l’Humanité,
Témoignage Chrétien, ceux de province ont disparu
depuis longtemps Une presse plus libre. Pour
peu de temps Le Conseil National de la Résistance dans son programme proclame « dans
la France libérée la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard
de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères ». La Fédération Nationale de la Presse Française indique dans sa
charte : « la presse n’est pas un instrument commercial mais un
instrument de culture ». Les ordonnances sur la presse de 1944 indiquent « qu’il est
impossible pour un même patron d’être aux commandes de plusieurs titres »
Les beaux idéaux proclamés en 1944 n’ont pas résisté à la réalité de l’économie
capitaliste. Lénine avait raison lorsqu’il écrivait : La liberté de la
presse est une duperie tant que les meilleures imprimeries et les plus gros
stocks de papier sont accaparés par les capitalistes, tant que demeure le
pouvoir du capital sur la presse... Les capitalistes qualifient de liberté de
la presse la liberté d’utiliser leurs richesses pour fabriquer et falsifier
ce qu’on appelle l’opinion publique. Qui va payer les conséquences de la guerre et de la
reconstruction ? Les travailleurs ou le capital ? Pour la majorité
de la presse la réponse est évidente, ce n’est pas le capital qui s’est mis
tout entier au service de l’occupant, c’est donc au peuple de payer. Après quelques avancées significatives, nationalisation de quelques
banques, de Renault, des mines, la mise en place de la Sécurité Sociale,
c’est très vite le refus des revendications salariales et de l’amélioration
des conditions de vie de la part du patronat et du gouvernement. La presse, à
quelques exceptions près dont « l’Humanité »emboîte
le pas, explique qu’il est nécessaire de faire des sacrifices pour le
redressement du pays. Les mêmes relancent les campagnes contre l’Union Soviétique. Il faut
vite faire oublier le rôle décisif qu’elle a joué dans l’écrasement de
l’Allemagne d’Hitler, dans la libération des peuples. Cette presse voit « la main de Moscou » partout, dans les
luttes sociales, dans l’exigence des peuples colonisés à leur indépendance.
C’est le cas pour Algérie avec la répression des manifestations pour
l’indépendance du 8 mai 1945 et la sanglante répression qui s’en suit (45.000
morts), en Indochine ou de Gaulle
envoie dès 1945 l’armée face à un peuple qui veut vivre libre. Neuf ans de
guerre s’en suivront pour se terminer par la défaite de Dien Bien Phu,
l’indépendance du Viêt- Nam. Mais avec la guerre d’Algérie la presse va atteindre les bas-fonds du
mensonge, de l’ignominie. Reprenant la thèse des colonialistes et du
gouvernement elle proclame que « l’Algérie c‘est la France », les Algériens qui luttent pour
l’indépendance sont des « terroristes » qu’il faut
mater par une répression sans faille. Elle va justifier les
regroupements de population, la torture, les condamnations à mort, les
exécutions sommaires. Elle va justifier un acte de piraterie internationale
en applaudissant au détournement de l’avion du roi du Maroc qui transportait
les dirigeants de la résistance algérienne livrés aux militaires français (le
ministre de la justice de l’époque F. Mitterrand approuve) ou l’intervention
anglo-franco-israélienne contre l’Egypte en 1956 pour la contraindre d’abandonner
la nationalisation du canal de Suez. Pour « l’Humanité » c’est les saisies pour « atteinte
au moral de la nation ou atteinte à l’honneur de l’armée ». La censure
est rétablie, ce qui permet que seule l’information officielle soit diffusée,
sans que cela entraîne des protestations de la presse
aux ordres. Cette même presse va soutenir toutes les interventions contre les
peuples menés par les Etats Unis que ce soit au Viêt-Nam, en Amérique
Centrale, à Cuba, au Chili et en Amérique du Sud. Arrêtons là sur le passé, voyons aujourd’hui Pour le capitalisme la presse est une
marchandise qui doit rapporter des profits. C’est l’explication des disparitions de titres, de leur vente, des fusions acquisitions. Le groupe l’Express l‘Expansion et 7
autres titres qui en dépendent sont vendus.
Détenu par Roularta, un groupe belge, il est acheté Patrick Drahi, patron de
Numéricable SFR, de Noos, Portugal Télécom qui se constitue un véritable
empire de presse. Son associé Marc Laufer
lui apporte quatre autres titres et une radio en Israël le groupe va
peser 360 millions de chiffre d’affaires. Le troisième associé n’est autre
que B. Ledoux de « Libération ». C’est un banquier qui sort de chez Morgan
Stanley, B. Mourad qui va assurer la direction d e cet énorme groupe
multimédia ainsi créé. Le groupe Sud- Ouest vient de vendre Le Midi Libre et d’autres titres à
la Dépêche du Midi. Raison : rentabiliser le groupe. Conséquence :
346 suppressions de poste d’ici à 2018. B. Tapie propriétaire de la Provence et de Corse Matin a pris une importante
participation dans Nice Matin en difficulté financière pour « sauver le
titre » dit-il. Sauvetage qui entraîne 130 suppressions d’emplois. Un cas d’école : « Libération » En difficultés financières depuis des années « Libération » a vu entrer dans son capital
deux actionnaires de poids, la banque Rothschild et B.
Ledoux un grand promoteur
immobilier. Les difficultés persistent, une nouvelle recapitalisation est
urgente. La banque ne veut pas remettre au pot c’est B. Ledoux qui fait la
mise et devient en 2014 actionnaire principal, avec une idée en tête : faire
de « Libération » pas seulement un journal mais une marque
avec centre culturel, restaurant, réseau social. Devant la protestation des
journalistes il déclare : « Le journal
n’appartient pas aux journalistes, l’immeuble qui l’héberge non plus, on
n’est pas en Union Soviétique ». (« Les Echos »
31.03. 2014). Et pour être bien compris il ajoute le journal « doit
être rentable ». Message reçu par les journalistes.
Leur liberté de conscience s’arrête là où commence la propriété privée des
moyens de production. « Le Figaro » Après avoir appartenu à divers capitalistes dont le milliardaire Robert
Hersant le journal,
en difficulté financière, tombe dans l’escarcelle du groupe
Dassault en 2004. 268 journalistes doivent quitter le groupe (10% des effectifs) et S.
Dassault construit une rédaction à sa botte. Il fixe la ligne
éditoriale : « Mon groupe doit posséder un journal pour y exprimer son opinion.
Il permet de faire passer un certain nombre d’idées saines… par
exemple les idées de gauche ne sont pas saines ». Jamais « le Figaro » n’a écrit sur la nécessité du
désarmement, sur la réduction des crédits militaires. Quand le propriétaire
est un marchand d’armes il vaut mieux pour les journalistes être prudents sur
ces questions. Toujours au nom de la liberté de conscience si chère à chacun
d’entre eux. La presse aux mains des groupes
capitalistes a une autre fonction. Une fonction idéologique chargée de
diffuser les idées du capital. Tous les moyens d’informations reprennent les arguments du patronat.
Ils parlent tous des charges sociales trop élevées qui pèsent sur les
entreprises, du coût du travail, de la rigidité du marché de l’emploi, du
Code du Travail trop protecteur qu’il faut alléger voire supprimer et le remplacer par des accords au niveau des
branches et des entreprises, sur l’âge du départ en retraite, sur les cadeaux
sociaux et fiscaux. De même pour l’explication de la crise qui serait le fait
des banques, voire des traders et non du système capitaliste ce qui permet de
ne pas le condamner mais de proposer une moralisation qui ne vient jamais. Et
pour cause le capitalisme n’est pas là pour satisfaire les besoins de
l’humanité mais pour le profit. Elle ne trouve pas scandaleux que les dix familles les plus riches du
monde possèdent autant de revenus que trois milliards et demi d’êtres
humains, que leur richesse soit passée de 1600 milliards de dollars à 1900
milliards en trois ans, que les inégalités se creusent tous les jours. Le quotidien financier « les
Echos », se félicite de l’augmentation continue des dividendes des sociétés du
CAC 40. 43 milliards en 2013, 56 en 2014. Les autres
n’en parlent pas. Cela évite des explications difficiles pour justifier
l’austérité qui frappent le peuple. Les travailleurs qui luttent sont l’objet de toutes les insultes, y
compris celles de « terroristes » puisqu’ils prennent ‘en otages’
les usagers des transports. A ces luttes contre la politique du capital les
solutions individuelles sont mises en avant. Cette presse justifie sans broncher toutes les interventions militaires
françaises au nom des intérêts de la France, en réalité des intérêts du
capitalisme français et international pour s’ouvrir des marchés, contrôler
les ressources naturelles, les routes commerciales. Alors qu’elle appelle
sans cesse aux économies sur le budget de l’Etat elle ne remet jamais en
question le coût des dépenses liées à ces opérations. La publicité une arme redoutable pour
la liberté de la presse. La publicité est indispensable à la presse qui ne peut vivre de son
seul lectorat. L’essentiel des budgets de publicité vient des grands groupes
capitalistes qui s’assurent ainsi un deuxième contrôle sur la presse. Peugeot peut annoncer qu’il
ferme une usine à Aulnay sans que cela soulève question sur l’avenir
industriel, sur l’augmentation du chômage. En échange des millions de
publicité la parole patronale est largement diffusée, les promesses faites
aux salariés mises en avant, leur lutte pour conserver leur emploi présentée
comme passéiste qui refuse la réalité du monde d’aujourd’hui. C’est celui qui paye qui décide. Gare au journal qui l’oublierait. Le refus du débat, le refus de faire connaître
d’autres solutions. « Communistes » existe depuis 2002. Il est implanté dans le
pays, intervient dans la vie politique, présente des candidats aux diverses
élections, est présent dans les luttes, dans les entreprises, à l’université,
dans les quartiers. Il édite un journal, il a un site web et un hebdo
internet. « Communistes » a surtout un programme
politique unique en France. Il propose l’abolition du capitalisme et la
construction d’une société socialiste où les grands moyens de production et
d’échange seraient la propriété du peuple. Eh bien depuis que nous existons aucun média ne nous a proposé d’exposer
chez lui notre point de vue, avec nos propositions et solutions à la crise
que connaît le pays. D’autres qui ne représentent qu’eux
même ont un large accès à ces mêmes médias. Ils ont sur nous un avantage
énorme, ils ne remettent pas en cause la dictature du capital. Oui la liberté de la presse passe
aussi par la lutte contre le capital qui ne connaît qu’une liberté,
la sienne. La main mise capitaliste sur la presse sur son secteur public audio et TV Le service public audio et TV Le service public audio existe depuis 1924.
Jusqu’en 1939 il cohabite avec un secteur privé. De 1940 à 44 il se vautre
dans la collaboration en exécution des directives de Vichy et de l’occupant.
A la Libération il passe sous le contrôle du gouvernement provisoire et des
gouvernements qui se sont succédé depuis. A sa naissance la télé est publique, le groupe France Télévision l’est
toujours mais les gouvernements vont favoriser l’apparition de nombreuses
chaînes privées qui relaieront facilement leur propagande dans tous les domaines... Comme le déclarait G. Pompidou dans les années 1970, le service public
de l’audio- visuel est « la voix de la France ». C’est un Conseil de l’Audio- visuel (CSA) qui chapeaute le service
public. Ces membres sont nommés par le Président de la République (qui nomme
aussi le Président du CSA), par les Présidents de l’Assemblée Nationale et du
Sénat. Il est évident que ces hommes politiques pour qui le capitalisme est
le seul système qui tienne, vont faire des nominations qui ne remettent jamais
en cause leurs orientations. Le CSA est composé aujourd’hui d’un
ancien chef de cabinet de L. Jospin ( premier ministre socialiste 1977-2002) d’un
ancien sénateur Union Centriste, d’un ancien journaliste au « Figaro » de 1971-81, d’
une journaliste de FR3, d’un fonctionnaire ancien membre du cabinet (1986-88)
du ministre de droite de la Culture, d’une ancienne rédactrice en chef au « Figaro »
( 2003-07), d’une rédactrice en chef
adjointe au « Point » (2007-13). Avec un tel aréopage le pouvoir
peut dormir sur ses deux oreilles, quand le CSA désigne les PDG des chaînes
publiques ! La radio Elle comporte 7 chaînes
dont une Radio Bleu avec une station par région. Une force de frappe
considérable qui diffuse tous les jours les positions du gouvernement,
justifie les mesures d’austérité, la politique d’interventions militaires.
Elle est plus que jamais « la voix de la France », des grands groupes capitalistes et des
gouvernants à leur solde. Mieux ou pire, elle offre tous les jours une tribune à des journalistes
qui écrivent dans d’autres journaux, bien-pensants cela va de soi. Sur
France Inter tous les matins un journaliste ‘des Echos’, journal du multimilliardaire B. Arnault vient
expliquer sans aucun contradicteur les exigences du patronat. Pareil le
samedi matin avec un journaliste de BFM Business. Chaque soir c’en est un du Monde qui vient donner la ligne de ce
qu’il faut croire en politique étrangère, là encore pour appuyer la ligne
gouvernementale. Le plus souvent ces bulletins d’info, comme à la TV, ouvrent sur des
faits divers qui permettent, avec l’aide d’experts en tous genres invités
pour l’occasion à discourir sans fin sur pas grand-chose et à passer très
vite sur les questions qui sont au premier rang des préoccupations des
Français : salaires, emploi, logement, école. Comme toute la presse elle
regrette que « l’union nationale »é ne se soit pas étendue au
dialogue social et que les négociations patronat-syndicats ont - pour
l’instant- capoté devant les prétentions patronales. C’est la montée de la « guerre »
à laquelle serait confronté la France face au terrorisme ce qui impose la
poursuite de cette « union nationale » lancée par Hollande,
largement développée dans ses conférences de presse et reprises par tous les
journalistes et autres experts derrière leurs micros et caméras. La radio,
comme la TV, organise de nombreux « débats » mais toujours entre
gens de bonne compagnie qui sont en désaccord sur des points de détail mais
d’accord sur le fond : il n’y a rien de mieux que le capitalisme. Ceux qui travaillent pour Radio France doivent savoir jusqu’où il ne
faut pas aller. Le directeur des programmes, P. Val (ex rédacteur en chef de
Charlie Hebdo) a fait virer deux humoristes qui à ses yeux avaient le tort de
trop se moquer de Sarkozy, il a supprimé l’émission de D. Mermet qui dénonçait les dérives les plus
excessives du capitalisme, sans pour autant demander son abolition. A
notre connaissance il n’y a pas eu de de protestation devant ces
licenciements de tous ces journalistes qui se disent libres de leurs
consciences et de leurs paroles. Le 11 février 2015 l’ensemble des personnels de Radio France était en
grève, à l’exception des journalistes. La raison : les difficultés
financières de la radio. La cause : le non versement par l’Etat de 67
millions prévus par le contrat qui lie la radio et l’Etat. La direction de la
radio accepte cette situation et s’adapte. Elle a passé au privé certains services,
entend poursuivre dans cette voie, avec comme suite les suppressions
d’emplois. C’est la poursuite de la casse du service public, son ouverture au
privé, l’Etat conservant l’essentiel : le contrôle de l’information. France Télévision. Avec ses 6 chaînes (dont 24 stations régionales) et 9 outre- mer,
c’est une force de frappe énorme au
service du pouvoir. Celui-ci aime mettre en avant sa vocation culturelle,
éducative, sans lui en donner les moyens. Comme les autres services publics
elle est frappée par les restrictions budgétaires. Entre
2012 et 2015 c’est 361 suppressions d’emplois dites volontaires et 650
équivalents temps plein qui ont touché les personnels. Les falsificateurs de l’histoire. 2014 et 2015 ont vu ou vont voir la commémoration de dates qui ont
marqué l’histoire récente du monde. La TV et FR2 en particulier lui accordent une large place. 1914 FR 2 lui a consacré une série en six épisodes intitulée « la folie
des hommes ». D’après les auteurs une série de malentendus serait
responsable de la guerre, presque en dehors de la volonté des gouvernements,
sa poursuite due à une « folie ». C’est une
contre vérité manifeste. Le déclenchement de la guerre résulte de la volonté de repartage du
monde des puissances impérialistes européennes que sont la France,
l’Angleterre, la Russie tzariste, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie. Sa
préparation, son déroulement vont permettre des profits énormes aux
capitalistes des Etats engagés dans le conflit. « On croit mourir pour
la patrie, on meurt pour des industriels » écrit Anatole France au
lendemain de la guerre. A l’issue de celle-ci c’est le redécoupage des
frontières en Europe, au Moyen Orient, en Afrique, au profit des vainqueurs. De tout cela FR2 n’a pas parlé. Il y a des sujets tabous à ne pas
aborder dans une télé « libre ». Le débarquement du 6 juin
1944. Personne n’a l’intention de mettre en doute le courage des soldats
américains, anglais et des quelques français qui sont jetés le 6 juin à
l’assaut des plages de Normandie, ni la dureté des combats qui vont se
poursuivre pendant plusieurs semaines. Ils ont apporté une part importante dans la défaite du nazisme. De
là à présenter la guerre à l’Ouest comme décisive dans cette défaite, il y a
une volonté évidente de tordre le cou
à l’histoire. La deuxième guerre mondiale en Europe, la défaite du nazisme s’est
d’abord jouée sur le front de l’Est où l’armée Soviétique a brisé la
machine de guerre mise en place par Hitler et les capitalistes allemands.
Cette machine ne visait pas seulement la conquête de territoires, elle visait la liquidation du socialisme que construisaient
depuis 1917 les peuples de l’Union Soviétique. Si il est difficile de ne pas faire état de la défaite allemande à
Stalingrad ou de la prise de Berlin par les Soviétiques que d’omissions, que
de non- dits ! Depuis la première grande défaite infligée à l’armée
allemande devant Moscou en 1941 qui démontre au monde entier qu’elle peut
être vaincue, depuis la bataille de Koursk pendant l’été 1943, et l’avancée
de 300 à 600 kilomètres réalisée au printemps et l’été 1944 sur tout le front
qui libère les territoires soviétiques mais aussi la Roumanie, la Bulgarie,
une partie de la Yougoslavie et de la Pologne. Action qui explique qu’Hitler
ne peut retirer du front Est un seul soldat, pour l’envoyer à l’Ouest ce qui
facilitera grandement l’avancée des troupes débarquées le 6 juin en Normandie
et pas avant. On comprend pourquoi. Dire cela ne fait que remettre la vérité historique à sa place. La libération d’Auschwitz Le 70ème anniversaire de la libération de ce camp de la
mort par l’armée Soviétique vient d’être commémoré. Comme F. Hollande y a
participé sur place FR 2 a retransmis en direct la cérémonie et a consacré
plusieurs heures d’émission sur le génocide des populations juives des
territoires occupés par les nazis. Mais cette volonté de présenter le régime nazi comme avant tout
antisémite et raciste, masque le fondement de ce régime. C’est d’abord et
avant tout le régime du capitalisme allemand qui l’a porté au pouvoir pour
faire barrage au socialisme. L’écrasement de la Révolution en Allemagne au
cours de l’hiver 1918-19 n’a pas fait disparaître le conflit de classe qui
traverse l’Europe au sortir de la guerre. Capitalisme où socialisme traverse
la vie politique. En Allemagne ou la force du Parti Communiste inquiète le
grand patronat, Hitler va lui apparaître comme la solution. Pour la
conquête de nouveaux marchés et territoires, pour les profits tirés du
réarmement et de la guerre. Hitler le lui rend bien. Dès son arrivée au
pouvoir le Parti Communiste, les syndicats sont interdits, les communistes
jetés dans les camps de concentration dans lesquels ils seront rejoints par
les sociaux- démocrates, puis par tous ceux qui s’opposent au régime. La
chasse aux communistes, leur élimination est la priorité dans tous les
territoires occupés. L’autre aspect passé sous silence est l’utilisation de tous les
déportés comme main d’œuvre au service du patronat allemand. Dans tous les
camps la sélection à l’arrivée existe. Les inaptes au travail sont éliminés
immédiatement. Tous les autres sont mis au travail dans les usines montées
dans les camps, y compris à Auschwitz, par le patronat allemand qui va
augmenter encore plus ses profits. Lors des procès après la guerre ces
mêmes patrons vont échapper au châtiment pour le soutien et le profit qu’ils
ont tiré du régime nazi. Après quelques mois de prison ils vont retrouver
leurs usines, continuer ce qu’ils avaient commencé, la lutte contre le
communisme. Ces silences, ces non-dits dans ces émissions à caractère faussement
historique font partie, comme le reste, d’une véritable guerre idéologique
menée par l’Etat au service du capital. Le service public
de l’audio-visuel ne sera au service du public qu’une fois débarrasser de la
tutelle de l’Etat capitaliste. Lire, enregistrer
et/ou imprimer cet article au format PDF (9 pages) Envoyer cet article à un(e) ami (e) |
Lire également Et Rapport introductif au comité
national du 17 janvier 2015 |
|
Lire Egalement Yémen : une escalade
dangereuse |
Lire Egalement Déclaration
après le 2ème tour |
|
Lire Egalement |