COMMUNISTES |
N°406 Semaine du 01 au 07 juin 2015
03 juin 2015
L’EAU, UN DROIT POUR TOUS |
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choisi Al-Qäida et
Daesh pour défendre leurs intérêts ! Et Le projet
de SCOP rejeté par la direction Et Mettre d’urgence un
terme à la course aux armements Et Turquie : Il faut libérer
les communistes turcs emprisonnés Et La ville de
Châteauroux (UMP) condamnée |
L’eau
dans le monde Actuellement
dans le monde, 90% de l’approvisionnement en eau relève du secteur public. La
privatisation de ces services est vue comme une immense opportunité pour les
grands groupes multinationaux. On est bien loin des
« délégations de service public » dont devraient s’acquitter les
compagnies privées de l’eau. L’utilisation de cette ressource naturelle n’est
ici qu’un prétexte pour réaliser le profit maximal par les banques et autres
sociétés financières. La Deutsche Bank, dans un
document de prospective, définit ainsi les critères capitalistes pour
l’acquisition des ressources en eau. « Il faut savoir où existent des marchés pour
des solutions privées plutôt que de viser les pays
où certes, les problèmes humanitaires sont graves, mais où les solutions
adaptées à une économie de marché ne sont pas encore envisageables ». Voyons
d’abord ces problèmes dramatiques qui n’intéressent pas le Capital. La population mondiale est de 7
milliards d’habitants. Actuellement, 1,2 milliard de personnes n’ont pas
accès à l’eau potable, 2,5 milliards ne bénéficient pas de structures
d’assainissement des eaux, 8 millions meurent chaque année des conséquences
de l’absence d’eau saine (dont 10 800 enfants chaque jour). Malgré cet
état catastrophique pour l’humanité,
l’ancien président de la Banque Mondiale, Michel Camdessous faisait ce
constat: « Le
consommateur n’a jamais payé le coût complet de son eau ». Les organismes impérialistes
internationaux visent à faire payer ce « coût complet » et même
au-delà. La Banque
Mondiale, le Fonds Monétaire international, l’Organisation mondiale du Commerce,
les monopoles et les représentants de l’armée américaine ont pris les rênes d’un
Forum mondial de l’eau qui prône la privatisation de sa
distribution, obligatoire pour
l’octroi « d’aides financières » aux États. C’est du tout gagnant
pour les banques et États impérialistes puisque ensuite le paiement des
intérêts de la dette assure des profits juteux aux créanciers. L’eau pour les requins de la
finance est uniquement un marché où la rentabilité doit être la règle ! La voie pour réaliser le profit capitaliste est de s’emparer des
marchés, de rentabiliser les coûts de distribution et de traitement ainsi que
du stockage. Le capitalisme se paie deux
fois : responsables de la catastrophe sanitaire que constituent les eaux
polluées (pesticides, résidus médicamenteux, nitrates, arsenic avec 140
millions de victimes …) les monopoles vont ainsi multiplier leurs bénéfices
au nom de la « lutte contre la pollution » en s’emparant du marché
de l’assainissement des eaux. Rappelons que seulement 10 %
des eaux de surface sont considérées comme saines. France :
Main mise sur l’eau de puissants groupes. En France, la distribution d’eau est
largement aux mains de puissants monopoles : Véolia (anciennement
Vivendi), Suez-Environnement (anciennement Lyonnaise des Eaux) sont à la tête du secteur mondial. Véolia compte 96 260 salariés. Son secteur eau est présent dans
77 pays sur tous les continents, son chiffre d’affaires est de 23,8 milliards
d’euros (Eaux), 68 milliards pour leur assainissement. Suez-Environnement
compte 80 000 salariés, vend de l’eau dans 70 pays et réalise 14,3
milliards de chiffres d’affaires. Un
troisième groupe SAUR complète cette main mise du capitalisme privé sur l’eau
en France. La
gestion et la propriété privées sont largement dominantes : 79 % de
l’eau potable, 53 % des eaux usagées. Les trois groupes cités gèrent 98 % du
secteur privé. Ces entreprises passant des
contrats avec des communes bénéficient d’argent public (impôts), pourtant
elles ne sont soumises à aucun contrôle public a fortiori démocratique tant
de l’Assemblée nationale que du Sénat, constituant ainsi une exception. Les
monopoles de l’eau pour défendre leurs intérêts ont constitué un puissant
lobby avec des membres de l’appareil d’Etat, des élus, des patrons des
entreprises concernées et du secteur énergie, des grands exploitants
agricoles (60 % de la consommation d’eau) ainsi que les organismes de
recherche dévoués aux intérêts financiers). Soupçons d’ententes entre
groupes pour se partager les marchés, clientélisme vis-à-vis des maires, mais
aussi mécontentement vis-à-vis de la qualité du service sont les accusations
qui se font jour. La commission européenne au nom
de la « libre concurrence non faussée » a dû ouvrir une enquête en
2012 sur Veolia et Suez-Lyonnaise des eaux pour vérifier l’existence
« d’ententes » et « d’abus de position dominante ». Elle a
condamné la France à cinq reprises pour « incapacité à améliorer la qualité de l’eau », (pollution
entre autre par l’usage des nitrates). Ce n’est pas l’absence de
concurrence provenant d’autres groupes capitalistes d’autres pays qui est la
cause des difficultés comme la faiblesse des investissements sur la recherche
(6 % du chiffre d’affaires pour
Veolia) et de la mauvaise qualité de l’eau dans certaines régions, mais le
système capitaliste et les groupes multinationaux qui n’ont pour objectif que
la rentabilité financière ! Il est nécessaire de faire grandir
l’exigence que l’eau est un droit, un besoin élémentaire à satisfaire et non
un champ d’activités lucratives et spéculatives. Prenons
le parcours du 3ème groupe de distribution d’eau : SAUR. Cette entreprise compte 13 000 salariés pour un chiffre d’affaires
de 1,7 milliard d’euros. La SAUR est
présente dans 6 700 communes
(surtout rurales et péri-urbaines) et a 7 millions d’usagers. Le groupe prend une dimension
internationale (Afrique, Europe…) en 1991 quand la Société Bouygues (BTP,
Téléphonie, TF1) passe un accord avec EDF. En 1997, SAUR rachète la
filiale environnement de Saint-Gobain, EDF vend alors ses actions permettant
de renforcer le groupe Bouygues chez SAUR. En 2005, Bouygues va pourtant
se désengager, jugeant l’entreprise pas assez rentable à l’avenir tout en
s’étant enrichi de la « tonte des coupons ». Les parts sont cédées
à un groupe financier PAI partners. L’aspect spéculatif « au nom de
l’investissement » l’emporte forcément sur la stratégie de développement
du secteur eau. En 2007, PAI partners vend ses
parts (37 %) à la Caisse de dépôt et
consignations (CDD) bien loin de ses missions originelles. PAI vend également à Séché environnement
(33 %) et à AXA (20 %) devant les manœuvres du Fonds de pension australien
Macquairie. Les opérations financières de
recapitalisation se poursuivent l’année suivante puisque la CDD et AXA
vendent 12 % de leur capital à Cube infrastructure (fonds de Natixis, épargne
salariale). Face aux difficultés
croissantes de SAUR, la BNP Paribas propose un prêt de 1,5 milliard d’euros à
tout acheteur de SAUR. Dans ce prêt figure un covenant (conditions
d’activités qui entraînent le remboursement anticipé, si les clauses de prêt
ne sont pas respectées). Séché-Environnement veut alors
fusionner avec SAUR pour créer un nouveau groupe géant. La négociation dans
ce but avec la CDC pour racheter ses parts va échouer. Le tarif proposé était
de 8 % plus élevé qu’en 2007 lors du rachat
par PAI, alors que la dette est plus forte. Séché se tourne alors vers le
Qatar et … Sarkozy, en vain. En mars 2012, Séché portera plainte contre le
PDG de SAUR pour « détournement de
fonds pour un investissement immobilier du groupe aux îles Canaries ». En mai 2012, Michel Bleitrach
prend la direction de SAUR… qu’il quitte 6 mois plus tard. Sa démission
s’accompagne de la mise en cause du « train de vie du groupe et de
ses opérations diversifiées » Le chiffre d’affaires atteint
1 ,7 milliard en 2012 mais la dette est du même montant. SAUR casse
alors un covenant et doit alors rembourser les banques, ce qui représente
plus de 8 fois son résultat opérationnel ! En 2013, la faillite de SAUR
semble inéluctable. La justice décide alors d’une nouvelle restructuration du
Capital et d’un transfert de la propriété de SAUR aux banques. Cela s’est traduit
dramatiquement par des centaines de licenciements. SAUR est ainsi devenu la propriété de
BNP-Paribas, de Natixis, de la Royal Bank of Scotland qui détenaient ensemble
50 % du Capital. Les banques allègent alors la
dette à 900 millions d’euros contre des participations. Le feuilleton n’est
pas terminé. La Royal Bank of Scotland
a vendu ensuite ses parts à des fonds d’investissement anglo-saxons
comme Angelo/Gordon and Co, Capula. Sociétés largement rémunérées pour donner
des conseils d’investissement. Ces fonds financiers se sont
mis alors à la recherche d’un « partenaire » industriel pour
revendre leurs actions à la hausse. Une rumeur a surgi ces
dernières semaines sur un possible rachat du groupe SAUR qui a d’importants
marchés en Arabie saoudite, en Espagne, en Pologne, Arménie, France par un
groupe de BTP espagnol FCC (Fomento de Constructionnes y contratos). PROGLIO
au centre de ces manœuvres ? Au centre de ses manœuvres,
d’après les sources du journal Le Monde
se trouverait Henri Proglio ancien
PDG de Veolia et qui a été débarqué voici quelques semaines de la direction
d’EDF, poste qu’il occupait conjointement avec la « présidence non exécutive
de Veolia » ! Par ailleurs H. Proglio est
actionnaire de Natixis présent dans la capitalisation de SAUR, de CNP assurances, de Dassault Aviation… et
de l’espagnol FCC. La FCC a démenti mais pas le
groupe SAUR. Autre « coïncidence », le directeur actuel de la SAUR
est M. Le Conte, ancien de Veolia sous la présidence d’H. Proglio. FCC a un chiffre d’affaires de
6,3 milliards et compte 58 000 salariés. Récemment, FCC a été recapitalisée à hauteur de 1
milliard par l’oligarque Carlos Slim (2ème fortune au monde) qui
est détenteur de 25 % des actions de FCC. Autre « coïncidence »
en référence à cette capitalisation supplémentaire d’un milliard, le prix de
rachat de SAUR se monterait entre 600 à 700 millions. Ces
opérations de capitalisation et de concentration sont donc à suivre. Est-ce
une opération qui profitera à Veolia en plusieurs étapes ? Ou au contraire
le début de la formation d’un nouveau
groupe monopoliste de l’eau
concurrentiel à Suez-Environnement voire à Veolia ce qui semble peu probable. A travers l’exemple de SAUR
mais cela est identique pour tous les monopoles, nous voyons comment ces derniers
et les banques s’emparent d’un marché non pour satisfaire les besoins mais
pour accumuler les profits capitalistes. Parasitisme,
gaspillages multiples, exploitation salariale, argent public spolié par le Capital, telle
est la règle du système capitaliste qu’il faut abattre pour assurer le,
progrès social et les revendications fondamentales des travailleurs. Exigeons
la nationalisation sans indemnisation des groupes Veolia, Suez, SAUR avec
leur gestion démocratique pour former un grand service public de l’eau avec
un statut unique pour les personnels au service des intérêts de la population
et du pays ! Lire, enregistrer et/ou imprimer cet article au
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national du 11 avril 2015 Et |
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