COMMUNISTES |
N°410 Semaine du 29 juin au 05
juillet 2015
02 juillet
2015
La Grèce et
nous |
|||
Lire également Toujours plus pour les actionnaires Et Turquie
: Échec électoral d'Erdogan mais pas des ambitions régionales de la Turquie Et Contre
les Partis du capital, contre les fausses alternatives, Rejoignez le combat du parti révolutionnaire
-COMMUNISTES Et Le Parti
Révolutionnaire -COMMUNISTES- : Porteur de la seule et véritable alternative |
En Grèce les
événements se précipitent, les résultats du référendum de dimanche
modifieront encore leur déroulement. Dès lundi matin
tous les grands moyens d’information du monde entier, gouvernements et
autres, s’acharneront à répandre partout, leur version, celle du monde
capitaliste. Raison de plus
pour ne pas perdre de vue un seul instant la donnée politique fondamentale
qui est à l’origine de ce que subit ce pays: la lutte des classes à l’échelle
internationale. Nous rappelons
dans cet article l’origine et la nature de la crise que supporte la Grèce. Mardi prochain
nous donnerons notre analyse du résultat du référendum et des suites
prévisibles de la lutte qui en découlera. L’origine et la
nature de la crise En France, Les
Républicains, l’UDI etc. accusent les Grecs « d’avoir vécu au-dessus de leurs
moyens avec les emprunts ». Hollande et son gouvernement socialiste
souhaitent que la Grèce reste dans l’Union Européenne et l’Euro à condition
qu’elle paie ses dettes et continue d’accentuer l’austérité. Le Front de
Gauche affirme que le mal provient uniquement de la Banque Centrale
Européenne, du FMI, de la Commission européenne, sous l’hégémonie allemande. Pour d’autres
encore comme le FN c’est l’UE et l’euro qui ont engendré la crise grecque. Toutes ces «
explications » épargnent volontairement la responsabilité du système
capitaliste. C’est pourtant lui qui utilise les « instruments » que sont
l’euro, les emprunts et les intérêts de la dette pour satisfaire les intérêts
et profits des multinationales. En Épargnant le
capitalisme, tous mettent en avant leur conception selon laquelle, il y
aurait un « autre et un bon » capitalisme « national » et « social ». Le capitalisme
en créant l’UE et la zone euro avait (et a toujours) pour seul objectif de
réaliser le profit maximal. La classe capitaliste grecque ne fait pas
exception, elle porte une écrasante responsabilité. La remise en
cause du capitalisme dans la crise grecque et dans les autres pays est
essentielle pour proposer la seule alternative valable. La crise
grecque s’est nourrie de certaines particularités du capitalisme grec comme
les « zéro impôt » des armateurs et de l’Église orthodoxe, des dépenses militaires
élevées, de la fuite constante de capitaux des capitalistes grecs, de
l’organisation de jeux olympiques coûteux et objets de corruption élevée. L’aspect
principal de la crise en Grèce, c’est bien le système d’exploitation
capitaliste et sa crise mondiale. Autre preuve,
l’austérité a commencé – comme dans les autres pays – avant l’entrée dans
l’euro et les memoranda. A la fin des
années 90, le gouvernement du PASOK (Parti Socialiste) a entrepris un vaste
programme de privatisations (banques, télécom, énergie) et de mesures
antipopulaires (gel des salaires, hausse des impôts pour les couches moyennes
et populaires). Les
capitalistes grecs voulaient accéder au « grand marché européen », entrer
dans la zone euro pour bénéficier d’une monnaie forte et emprunter à des taux
d’intérêts réduits. Dès leur entrée
dans la zone euro, les capitalistes de ce pays et leur État renforcèrent
leurs opérations parasitaires. Ce furent les emprunts auprès des banques
françaises, allemandes, britanniques pour rembourser les dettes de leur Etat.
Les dépenses militaires restaient à un niveau très élevé notamment pour
satisfaire les achats de matériels français et allemand. Malgré cela, l’ OCDE
(Organisation du Commerce et du Développement Economique) jugeait bon de
saluer le dynamisme de l’économie grecque en 2007. Pourtant, le déficit
public grimpait permettant ainsi la montée du taux de profit grâce également
à la politique d’austérité. Les banques
privées des États de l’UE voyaient une manne pour leur profitabilité avec la
montée de la dette et surtout avec les intérêts de cette dette. Mais avec
l’aggravation de la crise mondiale du capitalisme en 2007-2008, les banques
commencèrent à s’inquiéter de la solvabilité de la Grèce et donc de leurs
propres profits. Fin 2009, les
banques françaises détenaient pour 57 milliards d’euros de dette grecque,
devant les banques allemandes (34 milliards). En 2010, ces mêmes banques,
après la faillite de Lehman Brothers, craignirent le non remboursement de la
dette grecque. Dès lors pour ces banques privées, il fallut se tourner vers
l’UE et les organismes financiers pour « socialiser » les coûts en pillant
l’argent public. La BCE a donc
acheté les titres de la dette sous forme de bons du trésor qui, entre 2010 et
2014, lui ont rapporté 2 milliards d’euros par an. En échange des prêts, se
mit en place en Grèce une politique de super austérité : gel des salaires,
flexibilité généralisée, hausse de la TVA, recul de l’âge de la retraite de
37 annuités à 40. Les banques
privées ont été sauvées et ont de plus bénéficié d’aides publiques. Mais
c’est le peuple qui est le débiteur de la crise du capitalisme. Le Fonds
européen de stabilité financière a prêté 141,8 milliards à la Grèce. Tout
cela sous forme d’emprunts. La France garantit 31 milliards de cette somme ;
c’est à dire qu’elle n’a pas versé l’argent. Pour cette garantie, elle a
emprunté et ne paiera que si la Grèce fait faillite. Les prêts de la zone
euro se montent à 226,9 milliards avec un taux d’intérêt de 1,5 % qui ne
seront payés que dans 10 ans. Existent
également des prêts bilatéraux dont les taux sont variables selon les pays.
Concernant la France, les intérêts des prêts ont rapporté, depuis 2010, 729
millions d’euros comme recettes dans le budget de l’État. Somme qui
correspond au budget annuel du Ministère de la Culture. Mais le caractère
spéculatif et parasitaire du capitalisme se manifeste puisque les prêts
français se font par des emprunts avec intérêts ! Nous voyons
donc que la crise grecque est la manifestation exacerbée de la crise générale
du capitalisme. La Grèce sert
de laboratoire aux multinationales à leur État et
à l’UE pour détruire les conquêtes sociales obtenues par les luttes au 20ème
siècle afin que la crise du capitalisme soit payée par les seuls travailleurs.
Le peuple grec
a payé et paie le plus lourd tribut à la crise du capitalisme. Le PIB a
baissé de 25 % depuis 2010. Les couches
populaires connaissent une véritable paupérisation. Les retraites allongées
de 61 à 65 ans ont été réduites de 40 % pour les couches moyennes, de 15 à 25
% pour les ouvriers et employés. En moyenne, les
travailleurs grecs touchent 500 euros de pension dans un pays où les prix
sont comparables à ceux de la France ! Le salaire minimum a été baissé d’un
tiers. La fonction publique a perdu 1/3 de ses effectifs depuis 5 ans. La
paupérisation se vérifie dans ce chiffre dramatique : 44 % des grecs vivent
en dessous du seuil de pauvreté. Le chômage touche, selon les chiffres
officiels, 1 380 000 personnes, soit 28 %. Le nombre de chômeurs a triplé en
20 ans. Les jeunes de 15 à 24 ans sont les premières victimes avec 61,4 % de
sans-emploi. Confrontés à la
brutalité de la politique capitaliste, les travailleurs de Grèce ont fait
preuve de détermination et d’une haute combativité. De nombreuses grèves
générales ont été déclenchées et ont arraché certains reculs au Capital.
PAME, syndicat de lutte de classe où agissent beaucoup de militants du KKE
(Parti communiste de Grèce) constitue la force la plus combative. Cependant
le réformisme syndical et politique encore dominant représente un point
d’appui précieux pour la classe capitaliste grecque et l’UE. Seule la lutte
et la mobilisation populaire en Grèce comme partout peuvent faire reculer le
capital dans la perspective d’abattre le capitalisme. *Dans
notre prochain article de mardi nous analyserons l’activité du gouvernement
actuel et de Syriza, celle du KKE (Parti Communiste) et du PAME. Lire, enregistrer et/ou imprimer cet article au
format PDF Envoyer cet article à un(e) ami (e) |
Lire également Et Rapport introductif au comité
national du 11 avril 2015 Et Et Samedi 20
juin s’est tenu à Paris le Congrès d’unification
COMMUNISTES - URCF |
|
|
|
|
|