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COMMUNISTES

 

 

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N°466 Semaine du 25 au 31 juillet 2016

 

26 juillet 2016

 

 

Pacifique Nord :

une zone stratégique dans les affrontements impérialistes

 

 

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Lorsque les médias français parlent de la Corée et de la péninsule coréenne, ils utilisent des schémas particulièrement simplistes qui correspondent plus à des besoins de propagande qu'à une analyse objective de la réalité de cette région. De la raison de l'existence de deux Etats coréens, la République Populaire Démocratique de Corée au nord (RPDC) et la République de Corée au sud, ils ne disent rien, tout en affirmant que le Sud est une démocratie prospère et le Nord une dictature stalinienne sanguinaire et misérable. Se soumettre à ces schémas conduit à sous-estimer la nature de la confrontation entre le Nord et le Sud et à nier la nature des affrontements impérialistes dans cette région du Monde.

Pour comprendre la situation dans la péninsule coréenne, il est absolument nécessaire de se référer à l'histoire et de mesurer les enjeux économiques et politiques qui se nouent dans cette zone d'une grande importante géostratégique.

Jusqu'à la défaite japonaise de 1945, la péninsule coréenne était une colonie du Japon qui de 1905 à 1945 s'inscrivit dans l'expansionnisme japonais en Asie basé sur une idéologie ultra-nationaliste affirmant la supériorité génétique de l'Homme japonais. Cette période marquée par des crimes de guerre massifs a laissé des traumatismes profonds dans la population coréenne.

Il est facile de comprendre à partir de là que la question de la souveraineté soit une question particulièrement sensible.

La fin de la guerre dans la zone pacifique a été l'objet d'un accord à la conférence de Yalta (4-11/02/1945). L'entrée en guerre de l'URSS contre le Japon a eu lieu comme prévu trois mois après la capitulation allemande et il fut convenu qu'au nord du 38e parallèle, les forces japonaises se rendraient à l'URSS et au sud aux forces des USA. La double explosion atomique d’août 1945 fut effectuée délibérément par les USA dans le but d’intimider l’Union Soviétique. L'arrivée des troupes américaines mit fin à la République Démocratique de Corée proclamée par les forces progressistes, dont les communistes, et qui avait été actives dans la résistance contre l'occupation japonaise.

Les tentatives pour unifier le pays furent misent en échec du fait de la tension entre l'URSS et les USA, ces derniers entendant exercer un contrôle étroit sur la zone du Pacifique Nord. L'ONU sous influence de l'impérialisme et à la demande des USA fut chargée d'organiser des élections dans tout le pays. Cette manœuvre fut rejetée par les forces démocratiques et nationalistes anti-américaines de Corée qui boycottèrent ces élections. Elles eurent lieu dans le sud sous contrôle américain et permirent de porter au pouvoir un anticommuniste notoire Syngman Rhee. Dans le nord elles portèrent au pouvoir les forces progressistes. Kim il Sung, dirigeant du Parti du Travail de Corée et résistant à l'occupation japonaise, devint le Président de la RPDC.

La guerre de Corée déclenchée par les forces impérialistes USA en tête et avec la bénédiction de l'ONU se termina par le partage de la Corée en deux États avec comme séparation le 38e parallèle. Cette guerre fut menée de manière particulièrement intense et cruelle par les pays impérialistes, dont la France. L'Armée populaire de Corée fut aidée dans son combat par la République Populaire de Chine et l'URSS.

La division de la Corée doit tout à la volonté hégémonique de l'impérialisme américain et de ses alliés. Cela permet de comprendre la farouche volonté d'indépendance du peuple coréen, volonté qui se concrétise comme une donnée permanente dans l'orientation de la République Populaire Démocratique de Corée.

Cette orientation a été réaffirmée lors du VIIe congrès du Parti du Travail de Corée en mai 2016. Son septième Congrès a exprimé sa résolution pour renforcer la puissance militaire et économique dans toutes les directions. 

Dans les conditions de cette agressivité croissante des forces impérialistes américaines et japonaises, marquée par des manœuvres militaires permanentes et des déploiements de forces considérables dans la région tournées vers la RPDC, mais aussi contre la Chine et la Russie, la politique extérieure de la RPDC est parfaitement lisible. Elle consiste à garantir sa sécurité par un haut développement des moyens militaires modernes incluant les armements nucléaires et leurs vecteurs. Nous sommes donc bien loin d'une lecture qui se résume au caractère non rationnel et imprévisible de la politique de la RPDC.

Pour autant, il serait sommaire d'en rester à une vision idéalisée d'une RPDC construisant le socialisme envers et contre l'impérialisme américain et japonais. La situation géographique de la Corée, comme son histoire la relient à ses puissants voisins la Chine et la Russie devenus des pays du système impérialiste et qui jouent dans cette région comme ailleurs la carte des intérêts de leurs propres groupes capitalistes. Notons pour commencer que la RPDC, même à l'époque de l'URSS et de la Chine, construisant le socialisme, a toujours fait preuve d'une grande volonté d'indépendance.

Si la volonté d'indépendance est en lien direct avec la priorité donnée à l'armée, elle ne saurait masquer les évolutions économiques qui caractérisent la RPDC. Ces orientations réformatrices engagées depuis une trentaine d'année ont pour objectif la recherche d'une plus grande efficacité économique mais elles ne sont pas complétement étrangères au rôle économique élargi de l'armée. Si ces évolutions économiques sont inspirées et ressemblent à celles adoptées par la Chine avec la constitution de zones économiques spéciales, elles ne sauraient s'y confondre. En effet, en Chine, les choix économiques se sont accompagnés de choix politiques capitalistes où les patrons deviennent non seulement des partenaires du pouvoir mais prennent leur place dans les directions politiques au niveau du parti. En RPDC, il semble a contrario que l'ouverture des zones économiques spéciales soient conçues comme une prolongation de la politique générale de l’État visant à assurer une stratégie de développement autonome. Il convient d'analyser le rôle de ces zones spéciales dans la division régionale du travail et dans le contexte des affrontements impérialistes en Asie.

Ces zones économiques spéciales (ZES), au nombre de quatorze actuellement, sont situées aux frontières avec la Chine, la Russie et la Corée du Sud. Elles permettent des investissements étrangers qui sont quasiment défiscalisés, elles bénéficient d'une main-d’œuvre qualifié et bon marché. Si l'on prend par exemple la ZES de Rason sur la côte de la mer du Japon, sa situation est idéale avec le port de Rajin pour permettre à la Chine et à la Russie d'avoir une ouverture privilégiées dans la perspective de l'accroissement du commerce vers les routes maritimes de l'Arctique, mais aussi pour la Chine d'accélérer l’accès au commerce avec le Japon en désenclavant la partie nord du pays.

Si la Chine est le premier partenaire économique de la RPDC avec près de 50 % des échanges commerciaux de cette dernière, la Russie n'est pas en reste. Elle a effacé 90 % de la dette de la RPDC et s'intéresse de près à l'exploitation des ressources minérales du Nord. Des compagnies russes sont déjà à l'œuvre dans ce domaine et la Russie programme la construction d'une liaison ferroviaire de son territoire jusqu'au port de Rajin.

On voit donc progressivement et lentement se dessiner la mise en œuvre d'une intégration économique régionale incluant les deux Corées, la Chine, la Russie et le Japon. Dans ce contexte, la RPDC du fait de ses importantes ressources propres mais aussi de sa position géographique joue un rôle majeur dans ce dispositif. Tandis que les USA qui jouent la carte du Sud où leurs intérêts économiques sont importants, ont transformé la République de Corée en base militaire d'agression contre la Chine et la Russie dans la lutte pour la domination du Nord Pacifique. La Russie et la Chine liées par des relations anciennes avec la RPDC poussent pour imposer à cette dernière un cours économique et politique plus favorable à leur statut de puissances impérialistes émergentes et concurrentes avec les USA et le Japon. La montée en puissance des politiques d'armement est un indicateur des tensions dans cette région.

En conclusion provisoire, nous devons bien mesurer la nature des enjeux dans les conflits qui se nouent dans la zone du Pacifique Nord. Là comme ailleurs, les forces impérialistes dominantes et émergentes cherchent à assurer à leurs monopoles la part prépondérante leur permettant l'exploitation des peuples.

 

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