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N°46 Semaine du 18 au
24 février 2008 Kosovo : un nouveau danger au cœur de l’Europe
Le 17 février le Kosovo – deux millions d’habitants, 11000 km2- a
proclamé son indépendance. Le soir même Kouchner sur Antenne 2 déclare après
s’être réjouit de ce fait, pour le reste, on verra bien. Bel exemple de déclaration irresponsable, pleine de mépris pour
l’avenir. Sur cette lancée, c’est la course pour être le premier à
reconnaître le nouvel état. Battu d’une courte tête par les Etats-Unis, la
France est la deuxième, d’autres pays de l’Union Européenne vont
adopter la même voie. Il n’y a pas unanimité, certains inquiets de la
création de ce nouvel état refusent cette reconnaissance. Court rappel historique. Terre de passage de l’est vers l’ouest, les Balkans sont formés d’une
mosaïque de peuples, de cultures différentes. Terre d’invasion, ils ont été
pendant des siècles un lieu d’affrontements entre les empires turc et
autrichien qui dominent les peuples de cette région. Entre 1876 et 1912, six
guerres locales ravagent la région qui n’est pas épargnée par la première
puis la deuxième guerre mondiale. A la fin de la première guerre mondiale, les impérialismes vainqueurs,
France et Angleterre en tête, taillent dans les vaincus, Autriche et Turquie,
des états qui conviennent le mieux à leurs intérêts. Ainsi naît la
Yougoslavie, tandis que les frontières des autres états sont dessinées sans tenir
compte des peuples. La lutte contre l’occupant nazi pendant la deuxième guerre mondiale
sous la direction de Tito et des communistes donne à la Yougoslavie une
identité nationale, république fédérale composée de six républiques et de
deux provinces autonomes dont le Kosovo. Les différences entre les peuples
commencent à s’effacer, bien que de grandes différences, en particulier sur
le plan économique subsistent. Attisées par le nationalisme, elles seront la
cause première de l’éclatement de la Yougoslavie. Le rôle dangereux de l’Europe et des Etats-Unis. Plutôt que de jouer un rôle modérateur face à cette situation,
l’Europe comme les Etats-Unis vont souffler sur les braises, donnent
naissance aux guerres qui ont ravagé le pays, conduit à son éclatement, sans
qu’aucune solution durable ne soit trouvée. Dans l’Europe capitaliste, les
nations sont des obstacles à l’exploitation des peuples par le capital. Il
lui faut pour le moins les affaiblir, au mieux les faire disparaître. C’est à
quoi s’emploie la construction européenne depuis le début de sa création. La
disparition de la Yougoslavie, son remplacement par de petits états non
viables économiquement, réservoir de main d’œuvre à bon marché et de
débouchés va dans ce sens. Le contrôle d’une des voies de passage du pétrole
et du gaz du Moyen-Orient et de l’Asie centrale vers l’Europe de l’ouest a
aussi pesé dans cette situation. Ainsi le Kosovo seul n’a pas d’économie viable. Par contre il
correspond parfaitement à ce que le capitalisme attend de lui : débouché
et réservoir de main d’œuvre. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Nous sommes pour ce droit dans tous les cas, où il mène à une
indépendance réelle. Ce qui n’est pas le cas avec le Kosovo. Occupé depuis
dix ans par des forces armées étrangères et qui vont rester sur place,
administré par une police et une justice « européennes », vivant de
subventions de Bruxelles, ce nouvel état n’a que les apparences de
l’indépendance. Et que devient la minorité qui n’a pas eu son mot à dire dans
cette décision ? La boîte de Pandore est ouverte, le nationalisme souffle sur
l’Europe. Ce n’est pas par hasard qu’un certain nombre de pays européens
refusent l’indépendance du Kosovo. C’est qu’ils sont confrontés eux-mêmes à
la tentation séparatiste. Espagne, Grèce, Belgique, Chypre, sont dans ce cas.
D’autres suivront. Le réveil du nationalisme, du chauvinisme dans des régions
est le résultat de l’exploitation des peuples par le capital. Pendant que des peuples se déchirent, il peut les exploiter en paix. L’appel du Manifeste Communiste est toujours d’actualité.
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