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N°6.
Semaine du 19 au 25 mars 2007 EDUCATION NATIONALE encore des coups mais la lutte
s’organise Les dernières nouvelles de De Robien. Le ministre De Robien a modifié le décret de
1950 qui établissait le statut des professeurs certifiés du second degré. Il
introduit - la possibilité qu’un professeur enseigne dans
une autre commune sans limitation géographique ; - la possibilité de l’enseignement d’une autre
discipline si les besoins du service l’exigent ; - le risque d’augmentation du service d’une heure
pour les professeurs enseignant devant des demi-classes ; - la disparition des heures de décharge pour les
professeurs scientifiques dans les laboratoires de sciences ; - la diminution ou disparition des décharges pour
les professeurs d’EPS consacrées aux
associations sportives des lycées et collèges le mercredi après-midi ; - et tout un tas de mesures alourdissant le
service des professeurs. En outre, le ministère a décidé de supprimer
cinq mille heures d’enseignement, ce qui se traduit par une réduction drastique
des horaires globaux des établissements. Comme il s’agit de retirer un nombre
important d’heures, des établissements jusque-là épargnés par ce genre de
mesure en font largement les frais. Il est même clair que des lycées
accueillant des enfants des franges élevées de la classe moyenne ou même de
la bourgeoisie figurent parmi les plus touchés : ainsi dans les
Hauts-de-Seine, les deux lycées prestigieux de Sceaux se voient retirer 150
et 180 heures d’enseignement (entre 9 et 12 postes). Les enseignants du premier degré ne sont pas
oubliés. Un décret vient de paraître qui changera du tout au tout
l’organisation des écoles. Aujourd’hui une école n’a pas de budget propre (elle
est financée par la commune dans laquelle elle est installée) et les
enseignants chargés de la direction ne sont pas des supérieurs hiérarchiques
: les écoles d’une ou de plusieurs communes sont regroupées dans une
circonscription dirigée par un inspecteur de l’éducation nationale qui est le
supérieur des enseignants. Le décret De Robien crée les EPEP (établissement
public d’enseignement primaire) qui regrouperaient plusieurs écoles, pas
forcément dans la même commune. A la tête d’un EPEP se tiendrait un conseil
d’administration, composé pour moitié de représentants des collectivités
locales, pour un tiers de représentants des enseignants et pour un sixième
(une peau de chagrin) de représentants des parents d’élève. Un directeur
d’EPEP serait nommé par l’inspecteur d’Académie, sans que ce soit forcément
un enseignant ; il serait le supérieur hiérarchique des enseignants de l’EPEP
et sa voix compterait double au conseil d’administration en cas d’égalité. Le maître mot est bien sûr l’autonomie. Un
budget global serait alloué aux EPEP et il faudrait se débrouiller avec. On sait ce que cela a donné dans les
lycées et collèges avec l’introduction de ce que l’on appelle la DHG
(dotation globale horaire). Au début, les enseignants se sont battus contre
ces dotations globales, insuffisantes, ne répondant pas aux besoins. Puis,
peu à peu, lassitude oblige, leurs représentants dans les conseils
d’administration ont étudié avec l’administration la répartition des horaires
et ont décidé où en enlever. C’est ce qui se profile avec les EPEP, dont le
conseil d’administration décidera lui-même dans quelle école fermer un poste
: les enseignants seront enfermés dans la logique comptable de
l’administration. En outre, une deuxième menace pèse sur le premier degré
avec ces EPEP. Contrairement aux conseils d’administration des lycées et
collèges, la moitié «administrative» n’est pas composée de représentants de
l’Etat mais des collectivités locales. Il faut rapprocher cette mesure de
celles concernant la décentralisation en 2003 : il s’agit d’un pas
supplémentaire pour casser l’éducation nationale : avant de la privatiser, on
la régionalise, on la décentralise. Il y a belle lurette que dans l’enseignement
primaire, l’éducation nationale ne finance plus aucun projet : ce sont les
communes ou diverses officines (CAF, caisse des dépôts, etc...) qui le font.
Mais avec ce stade supplémentaire plus rien ne rattachera les enseignants à
l’état mis à part leur salaire. Qu’est-ce qui empêchera l’un des successeurs
de De Robien de décider que désormais les enseignants du primaire seront
recrutés par les départements ou les communes ? La lutte s’organise. Depuis le 18 décembre 2006, beaucoup de
professeurs de collèges et de lycée sont en lutte, plusieurs journées de
grèves, nationales ou plus locales se sont succédées avec un égal succès. Un mouvement s’est construit, partant des
établissements concernés, qui contestent leur Dotation Horaire, souvent en
élaborent une eux-mêmes pour chiffrer leurs besoins, ce qui ne s’était pas vu
depuis longtemps. Les directions syndicales ont, comme à l’habitude, tout
fait pour freiner le mouvement en proposant peu de dates de grève ou des
dates fort éloignées les unes des autres ou encore des manifestations le
samedi. Malgré tout, le mouvement a pris de l’ampleur et il semble bien que
la lutte paie puisque plusieurs des candidats à l’élection présidentielle ont
annoncé qu’ils abrogeraient le décret de Robien et / ou reviendraient sur les
5 000 heures supprimées. On note des tentatives de réfléchir globalement à
ce qui arrive afin de mieux riposter et d’associer le plus possible de gens,
pas seulement les enseignants ; il s’agit donc de partir des revendications
concrètes, de donner les chiffres parfois ahurissants des baisses d’horaires
proposées par l’administration, mais aussi de développer une réflexion plus
globale sur l’état de l’école et les buts poursuivis par les gouvernants. Tout
se passe dans un climat de divorce de plus en plus profond entre
l’institution école et les élèves des milieux ouvriers et populaires. Ils sont de plus en plus
nombreux à ne plus lui trouver de sens, qu’ils la rejettent ou qu’ils
continuent d’y venir presque mécaniquement. De la sélection sociale au
chômage ou la précarité comme avenir, ils trouvent peu d’éléments pour les convaincre
de l’intérêt de l’Ecole ; ils font preuve au contraire d’une grande lucidité.
Pour que la lutte gagne, il est temps d’y instiller une dose de réflexion sur
une Ecole qui produit des bacheliers dont 75 % ne maîtrisent pas, à l’écrit,
les moyens de lire entre les lignes. Pour le premier degré, la mobilisation commence à
peine, s’appuyant sur ce qui grandit dans le secondaire. Mais les syndicats
majoritaires freinent des quatre fers pour empêcher que la lutte s’amplifie,
que les uns et les autres se rencontrent. Des professeurs des écoles étaient
en grève dans plusieurs départements le 20 mars, des actions sont prévues
afin de continuer et faire grandir le mouvement. Il semble bien que les
sirènes électoralistes qui disent : Rentrez chez vous et attendez les
présidentielles, tout ira mieux » ne trouvent que peu d’écho parmi les enseignants. L’idée progresse que la lutte est non
seulement utile mais indispensable et les directions syndicales sont dans
certains endroits en difficulté : les instituteurs et professeurs d’école se
mettent en grève tous seuls, sans attendre leur appel. Affaire à suivre, donc... Envoyer cet article à un(e) ami(e) http://www.sitecommunistes.org |