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N°73  Semaine 01 au 07 septembre 2008

 

Afghanistan : La France doit se retirer de

ce combat qui n’est pas le sien

   La mort récente de soldats français en Afghanistan nous a rappelé que nos militaires étaient présents dans cette région du monde, engagés paraît-il dans la croisade de la défense de la «liberté», la «démocratie» et tout le tintouin.

 

       C’est à Washington que cette croisade a été prêchée. Ainsi, la carte de la planète est parsemée de lieux où des armées à dominante US viennent apporter «manu militari» la civilisation des droits de l’Homme à des peuples « arriérés ou violents » : l’Irak, la Palestine, le Kosovo et l’Afghanistan sont de ces lieux, mais il y a des extensions prévues, au Soudan, il y en a eu au Liban, sans parler d’autres objectifs prévus comme le Tibet, l’Iran ou encore les intérêts russes en mer Noire...

 

       De mauvaises langues, éloignées des cercles journalistiques qui font l’opinion dans notre pays «libre» et «démocratique», diraient que tout cela a un sacré parfum de pétrole  comme au Darfour et en mer Caspienne. Le contrôle et la construction d’oléoducs est, en Afghanistan, un des buts de cette armée au service des multinationales US et, pour le coup aussi françaises, puisque Total est de la partie. Il a été chassé d’Irak, mais est bien présent au Soudan d’où les «majors» américaines ont été priées d’aller voir ailleurs.

 

       Tout cela pue la volonté de domination du monde de l’impérialisme US, la mise en place du fameux «nouvel ordre mondial» cher à George Bush père et à ses successeurs.

 

       En Afghanistan, ce serait différent ? Les armées impérialistes seraient  venues pour défendre les droits de l’Homme contre les talibans ? Les talibans sont vraiment les méchants absolus. A «Communistes», nous ne trouvons absolument rien de sympathique à ces talibans bien que nous soyons des adversaires résolus de l’impérialisme américain.

 

       Quelques éléments peu portés à la connaissance du public conduisent  à douter des motivations des chevaliers blancs anti-talibans.

 

       Par exemple, dans la période de la fameuse embuscade dans laquelle sont tombés nos soldats, un nième bombardement avait été réalisé par les forces d’occupation,  pour la nième fois, des dizaines de civils ont été victimes de la défense de la «démocratie».

 

       Pourquoi les soi-disant « forces de la liberté » ne bombardent-elles pas les champs de pavots ? Parce que d’après un ancien dirigeant de la lutte anti-drogue aux USA, (qui a démissionné, allez savoir pourquoi !), 93 % de l’héroïne mondiale viendrait d’Afghanistan !!!

 

       Le président de la démocratie, le fameux Karzaï serait un des actionnaires les plus important de ce trafic !!! Mais il a des excuses, président est une activité nouvelle pour lui, il y a quelques années, il avait un vrai métier : il était cadre dirigeant d’une multinationale US dans laquelle le vice-président Dick Cheney a quelques intérêts sonnants et trébuchants.

 

       Avec tous ces bémols et toutes ces exactions, on ne sait plus tout à fait qui combat dans l’autre camp, les talibans ou une partie de la population exaspérée qui veut chasser l’occupant ?

 

Des rappels historiques qu’on nous cache.

       Tous les dirigeants des pays impérialistes déclarent  la main sur le cœur, qu’ils défendent en particulier les droits des femmes. C’est peut-être le mot de trop. Il fut bien un temps où les droits des femmes étaient respectés en Afghanistan, où les seigneurs de la guerre devaient ronger leur frein, où les véritables droits de l’Homme avaient fait un énorme bond en avant, c’était quand les Communistes étaient au pouvoir !!!

 

       En 1973, quand un prince aventurier, nommé Daoud renversa le roi d’Afghanistan, Zaher Shah et prit le pouvoir, le pays était au plein sens du terme plongé dans le Moyen Age. Chacune de ses provinces était dirigée par une famille féodale. Le servage y régnait. Il n’y avait pratiquement pas d’industrie et le colonisateur britannique se contentait d’exploiter les ressources et de recruter une part infime de la classe dominante pour la former à Sandhurst, son académie militaire. Un pays en tous points semblable à la description qu’en fait Kessel dans son roman «Les Cavaliers» ; un pays arriéré au sens où une classe ultra-minoritaire possédait toutes les terres qu’elle transmettait de père en fils. Nul besoin de s’étendre sur le sort de la femme dans un tel pays, soumise à l’homme autant que la femme de France l’était à l’époque médiévale.

 

       Daoud concentra son énergie sur les quelques villes, Kaboul en particulier et tenta d’y implanter le capitalisme. Combattu par le colonisateur britannique il se tourna vers l’Inde et, dans une moindre mesure, vers l’URSS afin d’obtenir une aide en ingénieurs. Mais il ne changea rien au sort de la majorité paysanne de la population.

 

       C’est pourquoi, en 1978, il fut renversé par une révolution, animée par les Communistes. Le parti communiste afghan existait depuis longtemps. Sous le régime de Daoud, il put sortir de la clandestinité. Le grand poète Nûr Mohammed Taraki fut placé à la tête du pays. Dans les premières mesures prises par le gouvernement d’alors, on compta l’abolition du servage et la réforme agraire. Taraki et ses compagnons abolirent aussi le droit de cuissage, qui existait encore. Dans cet Afghanistan socialiste, des femmes du peuple, issues de la paysannerie pauvre et illettrée purent devenir pour la première et unique fois, enseignantes, médecins ou ingénieurs. L’enseignement était obligatoire pour les filles comme pour les garçons.

 

       Les divisions entre les deux tendances du parti communiste entraînèrent la mort de Taraki puis l’entrée en Afghanistan de l’Armée rouge. Quoi que l’on pense des conditions de son arrivée, il est indéniable que l’armée soviétique servit de rempart contre les actions des réactionnaires qui voulaient retrouver le temps béni des rois d’Afghanistan ou chaque féodal avait droit de vie et de mort sur la population et contrôlait tout ce qu’elle produisait.

 

       L’accès des femmes à l’université cessa dès la chute de Kaboul. Beaucoup s’enfuirent avec les soldats soviétiques qui rentraient chez eux.

 

       C’est de la lutte contre l’URSS  le socialisme que sont nés les talibans. Ils ont été inventés par la CIA et le Premier ministre pakistanais Nawaz Al-Sharif, homme lige des USA. Les Américains armèrent tous ceux qui se battaient contre l’URSS et  le régime socialiste. D’abord, ils choisirent les anciens féodaux, les «seigneurs de la guerre» comme Rabbani, Massoud et même le protégé des Iraniens, Gulbuddin Hekmatyar. Le ciment commun était l’obscurantisme religieux et la haine anticommuniste. On sait quel soutien ils reçurent chez nous de la part des «défenseurs des droits de l’Homme», autant dire la droite et la gauche atlantiste la plus virulente, avec en tête Kouchner futur proconsul au service de la mafia albanaise du Kosovo et ministre chargé de veiller aux intérêts US dans le gouvernement français actuel.

 

       Pour être plus sûrs de tout tenir, les «conseillers» US choisirent les talibans, parce qu’ils n’étaient pas organisés en clan féodal. Ils les formèrent, les armèrent et les «laissèrent» conquérir Kaboul que les féodaux tenaient. La première chose que les talibans firent dans Kaboul fut d’envahir l’ambassade de l’Inde, d’y trouver l’ancien chef de l’Etat communiste Mohamed Najibullah et de le pendre, afin que personne ne se trompe sur le sens de leur combat.

 

       Lors de la disparition de l’URSS et des pays socialistes, l’impérialisme US modifia sa stratégie. Il ne s’agissait plus de combattre le socialisme mais de s’assurer la première place dans un monde entièrement redevenu capitaliste ou presque. Parmi les divers intégristes musulmans que la CIA avait contribué à organiser afin de lutter contre le monde socialiste, on en choisit, parmi les moins fréquentables (Ben Laden, les talibans) pour servir d’ennemis officiels. Les stratèges US avaient là un double but :

              - apparaître comme les champions de la démocratie (quand même difficile à avaler quand on sait le nombre et l’influence des prêcheurs et des sectes qui font des USA un des pays les plus obscurantistes du monde)

              - et, au cas où les peuples concernés râleraient, leur montrer leurs «défenseurs naturels»,  les religieux, aux dépens des communistes et des nationalistes...

 

Non aucun de nos soldats…

              Le peuple français n’a rien à voir avec tout ça. Aucun de nos soldats ne mérite de mourir pour le pavot de Karzaï ou le «monde libre» d’Exxon, Chevron et compagnie. Où est dans cette guerre notre devise  « Liberté, Egalité, Fraternité » ?  La France doit se retirer de ce combat qui n’est pas le sien.

 

       Il sera d’ailleurs intéressant d’examiner le vote au Parlement qui devrait intervenir dans quelques jours et en particulier celui de la gauche.

      

A «Communistes», nous ne croyons pas aux miracles, mais notre position est claire : nous exigeons le retrait immédiat des tous les militaires français d’Afghanistan.

 

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