Retour ACCUEIL
04/10/2004
CHIRAC en Chine
Un voyage d’affaires
|
Après
l’année de la Chine en France en 2003,
c’est maintenant au tour de l’année de la
France en Chine qui va s’ouvrir officiellement du 8 au 12 octobre avec
la visite du président de la république française Jacques Chirac, en
« commis » du Medef et son actif comité France-Chine. Il s’écrit beaucoup de chose sur la Chine,
parfois ceux qui séjournent quelques
semaines dans ce pays s’érigent en « spécialiste » avec une
étonnante facilité ! Une extrême modestie reste pourtant de
rigueur ! Echapper à la litanie « des chiffres » et des
« spécialistes », voilà certainement les deux écueils auxquels il
faut tenter de se soustraire, sans les ignorer ! Quelle est la place de la France en
Chine ? Elle reste modeste dans
le commerce international avec la Chine, un peu plus de 1,4 % derrière
l’Allemagne et loin derrière les USA (126 milliards de dollars en 2003) et le Japon (133 milliards de dollars),
alors que l’import export de la Chine se situe autour de 850 milliards de
dollars en 2003. La Chine vise à réaliser un volume d'import-export multiplié
par deux en 2010. De quoi susciter des appétits, faut-il en déduire que c’est
ce qui motive les efforts et les initiatives du gouvernement français vers la
Chine? Comment
Evolue la Chine ? Qui décide ? Pour qui et pourquoi ? Une analyse sociologique fait
rapidement apparaître qu’aucun cadre d’origine ouvrière ou paysanne n’est
membre du Comité Central (cc) du Pcc et cela depuis plusieurs congrès.
Comment peuvent être pris en compte les intérêts du peuple chinois dans ses
composantes essentiels, la paysannerie et les salariés ? Bien entendu le développement
économique est nécessaire mais il pose de graves problèmes. Il occupe les
meilleures terres agricoles à la périphérie des villes, moins 2 % par an
selon les statistiques, sur 130 millions d’hectares. Depuis 5 ans la
production agricole ne cesse de régresser, de plus ces terres libérées
provoquent une spéculation financière particulièrement vorace et nourrissent
la corruption de tout le système politique, économique et financier. A cela, ajoutons les problèmes liés
aux déséquilibres régionaux, régions traditionnellement développées mises en
concurrence avec « l’intérieur » du pays, à part bien sûr quelques
« îlots » comme les environs de Lanzhou (Gansu), d’Urumqi
(Xinjiang), Chong Qing (Si Chuan), etc.
Les statistiques selon les sources
font état de 30 à 80 millions de Chinois vivant sous le seuil de pauvretés,
fixés à 520 yuans, 80 € par an environ.
Ces chiffres ne cachent ils pas des inexactitudes, quelques exemples
tendent à le prouver malheureusement : Selon les données du 5e
recensement général mené en 2000, la proportion des personnes âgées vivant
d’une pension de retraite était respectivement de 65% dans les villes, de 36%
dans les cantons et bourgs mais seulement de 2,8% dans les régions rurales.
86% des personnes âgées des régions rurales vivent actuellement des revenus
de leurs enfants, ce pourcentage est forcément supérieur à celui des villes.
Combien sont-ils ? Probablement plusieurs dizaines de millions, et
figurent-ils dans les statistiques ?
Faut-il rappeler que 480 millions de Chinois travaillent dans les campagnes, dont 320 millions sont des agriculteurs, et 160 millions sont salariés dans les entreprises rurales ou dans le secteur non agricole. Le revenu net annuel des paysans chinois a été de 2 622 yuans ( 400 € annuels environ) par personne en 2003. 338 millions de Chinois
vivent en zone urbaine dans 660 villes environ. Les revenus disponibles des
citadins de Bei Jing (Péking) ont atteint 13 882,6 yuans (près de 1 673
dollars) en 2003. Ceux de Guang Zhou, chef-lieu de la province du Guangdong,
dans le sud de la Chine, sont les plus élevés parmi ces cinq grandes villes
pour atteindre 15 002,5 yuans (plus de 1 807,5 dollars) en moyenne. Pour les
villes de Shang Hai (14 867,5 yuans),
Tian Jin (10 313 yuans), et
Chong Qing (8 093,7 yuans). La population économiquement active
est de 760 millions de personnes sur 998 millions âgées de plus de 16
ans ! Les salariés dans les régions urbaines et rurales sont au nombre
de 337 millions en 2003. Les salariés dans les régions
urbaines sont 256 millions environs. Ceux du secteur primaire sont au nombre
de 365 millions, toutes régions confondues en 2003. Qui décide ? La centralisation
de l’Etat autour du comité permanent
du Bureau Politique du Comité Central, du même organisme pour l’APN
(assemblée nationale), du gouvernement et de la commission militaire masque
mal les véritables enjeux autour des questions politiques, économiques et
militaires. Ces trois questions stratégiques sont
souvent imbriquées dans les enjeux régionaux, nationaux et internationaux.
Les régions n’échappent pas à ces mécanismes, avec des gouverneurs nommés par
le gouvernement central avec l’accord du président de la république, des
secrétaires régionaux du PCC nommés par le secrétaire général, et des
commandants des régions militaires nommés par la CM (commission militaire). Des liens transversaux existent
fortement entre tous ces dirigeants et leurs régions d’origine, ce lien
ancestral à « la terre natale», explique souvent des réticences ou
des décisions. Il en va de même de ces liens avec « les
formateurs », « les écoles », ceux qui se sont opposés ou au
contraire ont aidé les promotions, les amitiés et les inimitiés sont
particulièrement tenace, etc.. Par contre 236 000 Chinois ont des avoirs financiers égaux ou
supérieurs à un million de dollars US. Il ne s’agit pas bien sûr pour nous
de dresser un tableau noir de la situation en Chine, mais de pointer quelques
grandes questions absentes du débat en général et d’apporter une modeste
contribution à l’analyse de « la réalité chinoise » de ce début du
troisième millénaire. De poser des questions pertinentes sur l’état de la
société chinoise et du « socialisme », à force de mettre de l’eau
dans le vin, quelle couleur lui reste- t -il ? Prochain article :
sur la puissance économique, commerciale de la Chine et nos conclusions. Recommander
cet article à un ami http://www.sitecommunistes.org |