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Et la Chine ?

 

Tout d’abord un potentiel de main d’œuvre exceptionnel, une population active de 760 millions de personnes dont 337 millions de salariés dans les régions urbaines et rurales.

En 2002 la part de l’agriculture dans le Pib étant de : 16 %, contre 68,9 %, en 1980 ;  dans l’industrie de : 51 %, contre 18,5 %, en 1980 ; et dans les services de : 33 %, contre 12,6 %, en 1980.

Dans ce potentiel ajoutons des richesses minérales considérables, en charbon avec les plus grosses réserves mondiales dans la province du Shanxi, des lacs salés exploités dans la province du Qinghai et sur les hauts plateaux du Tibet, de pétrole et de gaz, de minerai précieux,  riche en fer, cuivre, manganèse, charbon, mica, gypse, or, jade, uranium, etc.

Revenons un instant sur le bassin minier du Shanxi à Datong, le plus important bassin houiller de Chine, 40 milliards de tonnes de réserves de charbon, près de 200 000 mineurs, plus de 20.000 communistes dans cette gigantesque entreprise, les résultats sont-ils seulement économiques ? Quelles sont les implications sociales politiques sur la ville, la région, la chine ?

Un autre exemple tout aussi important pourrait être pris: l’entreprise sidérurgique de Baoshan à Shanghai en produisant plusieurs millions de tonnes d’aciers réalisent-elle seulement une performance économique ?  Là encore quelles sont les implications sociales, politiques, sur la vie des salariés de l’entreprise, leurs niveaux de vie,  celui des Shanghaiens, leurs connaissances, le développement régional de la chine, etc ... ?

 

 Socialisme ou  aménagement d’un capitalisme d’état ?

 La question mérite d’être posée. 

Du milieu des années 90 à la fin du siècle dernier une chasse aux « canards boiteux » avait été entreprise, pour quel résultat ?

Peut-on parler de " canard boiteux " dans les entreprises publiques de transports en commun ? Des villes, des cantons et des bourgs ? Comment allier les faibles coûts de transports de la population et des marchandises? Le  renouvellement du matériel roulant, bus, poids lourds, train, bateaux, avions etc ... Nous pouvons faire les mêmes remarques dans toutes les grandes entreprises liées au développement agricole, industrie chimique, engrais et pesticides, matériels agricoles, ou dans la production d'électricité, l’alimentation en eaux, à l’habitat, etc.

Un dernier exemple, concernant la « rentabilité sociale », en milieu rural il y a près de 50 000 centrales hydroélectriques, elles fournissent de l'électricité à  plus de 100 millions de paysans, ces entreprises doivent-elles et peuvent elles être rentables ?

Il suffit de se rendre dans ces « régions déshéritées» pour comprendre l’inconsistance de telle prétention.    

 

Entre 1990 et 2003, le nombre des employés dans les unités publiques a été de 68,76 millions de personnes, soit une réduction de 34,7 millions de personnes, alors que dans le même temps celui des organisations économiques privées urbaines, s’élèvent à 42,67 millions de personnes, soit une croissance de 35,96 millions de personnes.

En 1995 la chine comptait 2 millions d’entreprises d’état sur un total de 7, 87 millions d’entreprises industrielles et commerciales, ces entreprises d’état employaient  42 % des effectifs et générant 60 % de la production, contribuaient en 1993 à 64,4 % au budget national.

400 000 entreprises industrielles, parmi elles 14 400 sont des entreprises grandes et moyennes qui sont déterminantes, puisqu’elles réalisaient  44 % de la valeur globale de la production et elles réalisent 59 % des bénéfices et des impôts payés à l’état en 1993.

Les bénéfices réalisés en 2003 par 189 entreprises d'Etat contrôlées directement par la Commission chargée de la gestion des biens d'Etat du Conseil des Affaires d'Etat ont dépassé les 300 milliards de yuans (36,275 milliards de dollars), et les recettes de leurs ventes ont dépassé les 4 000 milliards de yuans sur la même année.

 

Quel est le poids des entreprises privées? Fin 1993, 18,875 millions d’industriels et de commerçants employaient 31, 834  millions de salariés. En 2003 : 23 millions qui emploient 46 millions de personnes.

 

Quel est le poids des entreprises à investissement étranger ? 207 000 entreprises fin 1994 qui employaient 23 millions de personnes, elles sont  490 494 entreprises à capitaux étrangers qui ont été mises en place en Chine jusqu'au début 2004 ! Quelques 400 des 500 multinationales ont placé leurs investissements en Chine. 600 centres de recherches ont été mis sur pied en Chine avec des financements étrangers.

 

Le poids du capitalisme est de plus en plus grand, depuis 1978 la grande majorité des « experts » est formée et vient des Etats-Unis ou du Japon, de « l’expert et rouge » du début de la réforme, que reste-il ? Un des deux termes n’a-t-il pas subrepticement disparu de la réalité ? N’est ce pas le constat que nous devons faire ?

 

Des « goulets », à la progression économique existent :

Les sureffectifs seraient de l’ordre de 10 millions à l’échelle nationale, lié à l’ancien système économique et " aux facteurs sociaux". Le poids des « charges sociales », logement, soins médicaux, crèche, éducation des enfants, pensions, parfois le poids des retraités peut peser pour 1,3 fois celui des actifs. A cela s’ajoute la vétusté des locaux et des équipements, des technologies arriérées.

Il y aurait un excédent de 150 millions de travailleurs à la campagne. De plus, ce chiffre augmente chaque année de quelque 6 millions, avec un taux de chômage voisinant les 4,5%. Des droits sociaux et syndicaux pratiquement inexistants.

L'élévation de l'aptitude professionnelle de cette main-d'œuvre excédentaire constitue la clé du problème de leur reconversion. Faute d'une formation professionnelle adéquate, de nombreux paysans ont du mal à se reconvertir dans le secteur non agricole ou à s'insérer dans la société urbaine. Aujourd'hui, parmi la main-d'œuvre rurale, 38,2% ont fait des études primaires ou inférieures, 49,3% ont suivi l'enseignement secondaire du premier cycle, 11,9% l'enseignement secondaire du seconde cycle, et 0,6% l'enseignement supérieure. Seuls 9,1% d'entre eux ont suivi une formation professionnelle.

 

De nouveaux problèmes ne surgissent ils pas des réformes en cours ? Comment sont elles prisent en compte dans l’intérêt et au détriment de qui ?

La  formation :

A la fin de l'année 2003, la Chine comptait environ 18 millions étudiants de l'enseignement supérieur, dont 12 millions dans les universités d'Etat.

Fin 2002, les filles représentaient 44% des étudiants, 49% des lycéens, et 47% des écoliers. Le taux de scolarisation des filles était de 98,53%.

L’urbanisation :

Le taux d'urbanisation s'est accru de 37,7% en 2002, en hausse de 1% sur la même période de 2001. C'est-à-dire que plusieurs dizaines de millions de paysans se sont installés dans les villes d'une année sur l'autre.

Les transports :

Le seul domaine à apporter de « bon résultat » serait le transport maritime si on en croit les statistiques qui montrent que la capacité de transbordement des ports de Chine avait atteint 48 millions de containers en 2003, soit une hausse de 30,9% sur l'année précédente, faisant de la Chine le numéro 1 mondial devant les Etats-Unis. Et dans cette part le port de Shanghai et celui de Shenzhen ont rapporté un volume de transbordement de plus de 10 millions de containers en 2003. Alors que le transport fluvial et côtiers tendent à être délaissés, malgré des atouts certains. Le réseau ferré reste un des « goulets » déterminant, malgré les efforts de modernisation, les constructions de voies ferrés mise en chantier, comme la ligne Qinghai-Tibet ce chemin de fer de 1 963 km reliera la ville de Xining, capitale de la province du Qinghai, en Chine du Nord-Ouest, à Lhassa, capitale de la Région autonome du Tibet, en Chine du Sud- Ouest. Une section de 845 km de ce chemin de fer a été ouverte au trafic en 1979 entre Xining et Golmud. Les travaux de construction du reste de cette ligne de 1 118 km sont mis en chantier et devraient être achevés en 2005, 80 % des tronçons de voie sur cette ligne ferroviaire se situent à plus de 4000 m d'altitude et devrait assurer le désenclavement du Tibet et la liaison ferrée entre Lhassa au Tibet et tous les grands centres industriels de la Chine.

Le transport par chemin de fer reste lent et considérablement encombré, il n’est pas rare de rencontrer des trains de marchandises composés de plus de 5O wagons, circulant devant et derrière les trains de voyageurs. S’il n’est pas question d’insécurité totale les risques restent très importants. Quant aux réseaux voyageurs, l’encombrement fait partie intégrante du folklore, il suffit d’approcher les grandes gares et leurs guichets comme Beijing, Shanghai et  Xian pour mesurer la difficulté de voyager dans des conditions raisonnables pour la grande masse des Chinois.

 

Un obstacle de taille, la pauvreté !

Le nombre de chinois dont le revenu mensuel moyen net par habitant est inférieur à 637 yuans (77 dollars) a augmenté de 800 000 en 2003, il s'agit du premier cas d'augmentation depuis l'instauration de la politique de réforme et d'ouverture sur l'extérieur en 1978 ! C’est une première reconnaissance par les statistiques de l’appauvrissement de la population Chinoise.

A elle seule cette question revêt une importance majeure, à qui profite le décollage économique, et dans l’intérêt de qui ?

 

D’autres problèmes ne sont pas abordés, comme la réforme de l'administration, de l'appareil gouvernemental, l’instauration du système de marché, d'assurance chômage, d’assurance vieillesse et de soins médicaux, le poids de la modernisation de l’armée populaire, etc.

 

Quelle est la puissance économique de la Chine, économie développée ou en voie de  développement ? De ces incohérences apparentes ne naît-il pas  une réalité à multiples facettes, un socialisme du sous développement dans les régions « en retard économique », l’ouest et l’intérieur du pays et un capitalisme d’état dans les provinces côtières et les grands centres industriels ?

 

L’intérêt des pays capitalistes n’est-il pas de pousser à son paroxysme l’exploitation des salariés chinois en leur faisant miroiter quelques miettes, y compris en encourageant « le nationalisme » de certain de ses dirigeants dans les milieux économiques, politiques et militaires ? En Chine comme ailleurs le capitalisme ne perd jamais de vue la possibilité de retourner le rapport des forces en sa faveur. Ceux qui ergotent sur le capitalisme sauvage, et la nécessité de « créer un état de droit »  ignorent-ils la sauvagerie du capitalisme ?

Qui dirigera et gérera demain ces grandes et moyennes entreprises? Quel poids aura l'état, les régions, les villes? Quelle influence auront les actionnaires, les dirigeants des entreprises, les dirigeants et les adhérents du Parti Communiste Chinois de ces entreprises et les salariés, les organisations syndicales, etc ...?

La Chine connaît un développement rapide. Quelle sera la cohérence de sa politique nationale, régionale et locale pour développer l'économie, moderniser l'appareil productif, satisfaire les besoins sociaux et économiques des salariés, combattre la corruption ?

Tels sont certains  des enjeux.

 

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