Journal N° 58 de février 2006
SOMMAIRE :
Retrait du CPE et de tous les CDD : Bravo les Présidentiables !
Deux siècles de gommés au nom de la
modernité
Des profits records : à quel prix ?
Remise des cartes 2006 : à Gennevilliers et Colombes
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Edito
PREMIERE RIPOSTE
Faisons que la journée du 7 mars
pèse le plus lourd possible car l’enjeu est énorme. Pour la jeunesse d’abord qu’on
rêve en haut lieu d’utiliser au plus bas prix voire gratuitement et seulement
quand on en a besoin.
Mais
le patronat et le gouvernement voient beaucoup plus loin. Dans leur esprit le
CPE (contrat première embauche) n’est qu’un premier pas vers l’objectif qu’ils
se sont fixés depuis déjà longtemps. Leur but c’est de faire que l’ensemble
des salariés, jeunes et moins jeunes, soient soumis à ce même régime (lisez page 2 des informations
plus détaillées sur ce point). Les directives du MEDEF, de l’Union Européenne,
de l’OCDE sont sans bavure. Toutes « recommandent » d’une seule voix
« l’assouplissement de la législation de la protection de l’emploi ». Livrer les salariés et
leurs familles à la classe des patrons et à des gouvernements entièrement à
leur dévotion, voilà ce qu’ils ont entrepris de faire.
Disons
le nettement, si la riposte n’était pas à la hauteur des menaces il se pourrait
bien qu’ils y parviennent. La seule limite que connaissent les exploiteurs c’est la résistance
que leur opposent les exploités. C’est ainsi depuis que le capitalisme existe.
On
connaît les positions politiques de la droite, celles du Front National, nous
n’y reviendrons pas aujourd’hui. Quelques lignes à propos de celles de la
gauche (ou qui se dit telle).
Ces
temps-ci on rencontre en bonne place dans les manifestations ses dirigeantes et
ses dirigeants les plus variés, ceints de leurs écharpes, bombant le torse et
criant : « Ensemble contre le CPE ».
Tout
cela ne coûte pas grand’chose. On en a vu tant d’autres qui…
Voyons
plutôt leur bilan, que nous ont apporté les longues années de gouvernement de
la « gauche plurielle » ? Et voilà que les mêmes ou leurs frères
cadets nous resservent le même refrain : « votez pour nous en 2007 et
vous verrez… »
Mais
depuis 1981 nous avons vu et même vu deux fois.
Et
que font-ils aujourd’hui à propos du CPE ? Ils proposent de le
supprimer et de le remplacer…par une autre forme d’emploi précaire. Autrement dit : que
faut-il changer pour que rien ne change? (lisez page 2).
Ce qui fera bouger les choses,
c’est notre action. L’action puissante, l’action unie du peuple, salariés,
étudiants, jeunes des banlieues. Que se soit la droite ou l’extrême – droite, le Centre,
ou la Gauche , tous seront contraints de céder du terrain.
La rédaction
Retrait du CPE et de tous les CDD.
*Interdiction
des licenciements.
*Maintien
et amélioration du code du travail, des garanties collectives et des statuts
*Stopper
les fermetures d’entreprises et les délocalisations.
Bravo les présidentiables !
Ou quand le PS s’y met
Le 7 février les jeunes manifestaient à Toulouse
contre le CPE. Le temps d’une photo, les candidats socialistes se sont affichés
ensemble, derrière une banderole contre le CPE. L’habitude est prise, le 7 mars
ils seront encore là.
C’est intéressant de noter ce qu’ils disent en dehors
des manifestations. Pour Strauss-Kahn « la forme du contrat de travail » ne règle
pas le problème.
Il propose : « Un plan de formation financé par l’Etat et les
régions…et
associant les entreprises. Ségolène Royal vente les « emplois tremplins » qu’elle a
créé en Poitou – Charente. La région finance pendant trois mois 100% du
salaire pour les 16 – 25 ans recrutés par les entreprises. Mme Royal aime beaucoup ce
qu’a fait Tony Blair qui a « obtenu de vrais succès en recourant à plus de
flexibilité ».
Jack Lang
propose pour les jeunes une allocation conditionnée par un « parcours
accompagné ».
Accompagné par qui Mr Lang, par
l’employeur ? Fabius envisage de surtaxer le travail précaire en même temps qu’une
exonération supplémentaire de charges majorée et prolongée en cas d’embauche en
CDI à l’issue du contrat. C’est le maintien du travail précaire, la fourniture de main d’œuvre
gratuite au patronat en comptant sur son civisme pour créer les CDI !
Pauvre Fabius ! Hollande n’est pas mal non plus. Reprenant une idée de
Jospin il propose de diminuer les cotisations patronales selon l’ancienneté d’un jeune dans
l’entreprise. Encore et toujours le bon vouloir des patrons ! J.M. Bockel est assez connu, il est maire de
Mulhouse et Sénateur socialiste. Il a écrit dans « Le Monde » :
« acceptons plus de flexibilité mais en échange négocions de nouvelles protections pour les salariés ».
Vous savez comment on fait ?
Nous pas.
Deux siècles de gommés au nom de la modernité !
Partout dans le monde capitaliste (
« le libéralisme » comme ont dit aujourd’hui) c’est la course pour
faire baisser ce qui constitue le prix de la force de travail c'est-à-dire les
salaires, retraites, indemnités, Sécurité Sociale, garanties de l’emploi etc…
*A l’échelle mondiale c’est l’OCDE
(Organisation de Coopération et de Développement Economique) qui fixe les
objectifs et compare les résultats. Cette OCDE regroupe les 30 principaux pays
capitalistes de la planète. Elle vient d’assigner à la France trois grandes
« recommandations » :
1-« Assouplir » la
législation de la protection de l’emploi.
2-Diminuer le SMIC par rapport
au salaire moyen
3-Accroître le taux d’activité
des seniors après 57 ans.
*Les directives européennes sont
les mêmes et celles du MEDEF aussi
*Tout ce monde est satisfait.
« le CPE (déclare l’OCDE) va directement dans le sens des recommandations
que nous avons exprimées de réduire les coûts de la réglementation, en
particulier ceux des licenciements » et elle ajoute « le CDI est trop
rigide en raison du coût élevé des licenciements ».
Ces pauvres employeurs étaient dans l’obligation
de trouver un motif pour licencier un salarié. Grâce au CPE plus besoin de
motif. Reste maintenant à élargir ce principe à l’ensemble des travailleurs. Comme le faisait récemment
remarquer un avocat « on en revient d’une certaine manière, au code
Napoléon, instituant le contrat des services qui prévoyait qu’en cas de
contestation entre maîtres et domestique, c’était le maître qui avait le
dernier mot ».
Sarkozy en mission
Le budget de l’Enseignement est un
des postes les plus importants du budget de la France. Depuis des années les
gouvernements en place ont estimé indispensable de l’alléger en faisant
supporter aux familles une part de plus en plus grande des dépenses.
Actuellement
le gouvernement accélère l’allure. Il est prévu depuis longtemps déjà que sous couvert
« d’autonomie » le système français d’enseignement supérieur éclate,
chaque Université devant assurer son propre budget en étant responsable du
recrutement de ses étudiants, de ses enseignants et autres personnels. C’est
cette privatisation qui existe aux USA ou en Grande-Bretagne et dans de
nombreux pays. Le secondaire puis le primaire devraient suivre la même voie qui
aboutit inévitablement à un enseignement à plusieurs vitesses avec à un bout
celui réservé aux plus riches et à l’autre celui dispensé aux plus pauvres.
Ce
serait la fin de l’Education Nationale telle que nous la connaissons encore, même s’il est vrai
qu’elle a déjà perdu beaucoup de son caractère égalitaire. Du même coup, ce
serait la fin de la gratuité. « Tu veux un enseignement meilleur, tu
paies ».
Des
dizaines d’années de luttes pour imposer en France ce qu’a apporté l’Education
nationale risquent de disparaître au nom de la « modernité ». Tout ce travail de sape se fait en
profondeur. Les médias pourtant si loquaces quand il s’agit d’autre chose n’en
font pas état. Quand ils se lâchent c’est toujours pour avancer leurs pions
sans en avoir l’air. Dans « le Figaro » du 22 février une page
entière est consacrée à Sarkozy sous le titre « Mon projet contre l’échec
scolaire ». Que propose-t-il ?
–L’autonomie des Etablissements
et l’ouverture d’Etablissements privés.
-L’abolition des ZEP.
-Des rémunérations
« différenciées » pour les enseignants.
Peu
importe que ce soit Sarkozy qui le dise, lui ou un autre… Tout ce qui est
proposé va directement dans le sens de ce que veulent réaliser patronat et
gouvernement en place
PENSONS-Y LE 7 MARS
CPE :
JUSSIEU EN LUTTE
Ce « contrat première embauche », du pain
bénit pour le patronat, a soulevé la colère des étudiants. Nantes, Rennes, Montpellier, Lille, Strasbourg…
Partout en France des assemblées générales, des réunions, rassemblements, manifestations,
grèves des cours se multiplient. C’est que les étudiants ont très vite compris
que pouvoir licencier sans motif était un pouvoir exorbitant pour les
employeurs.
A Paris
les deux universités scientifiques de Jussieu comptent plus de 50.000 étudiants. Cela fait maintenant plusieurs semaines qu’ils sont
sur la brèche. Le 23 février 600 d’entre eux s’étaient réunis à Pierre Curie et
600 à Denis Diderot pour faire le point sur la situation et la préparation du 7
mars.
Avec ce
succès de la mobilisation, l’objectif est maintenant de bloquer les deux
universités et faire que cette journée du 7 mars qui verra des initiatives
communes aux salariés, lycéens, étudiants et jeunes salariés ou chômeurs soit
un énorme succès.
A
Jussieu « COMMUNISTES » participe à la mobilisation en distribuant des tracts : « pour un
emploi stable et bien rémunéré ». Notre objectif est de montrer quels sont
les objectifs du patronat et d’éclaircir le comportement des forces politiques
de droite et de gauche.
Correspondant particulier
LUTTE DE
CLASSE INTERDITE
Le gouvernement Tchèque veut interdire
l’Union de la Jeunesse Communiste –KSM-. Motif « La KSM œuvre en vue du
renversement révolutionnaire du capitalisme et de l’instauration sur le plan
économique et social, d’une démocratie socialiste… »
Constatant
que des citations faites par la KSM sont extraites des œuvres de Marx, Engels
et Lénine, le Ministère de l’Intérieur déclare, qu’on ne peut que constater que
l’approche de l’idéologie Marxiste – Léniniste par la KSM n’a rien de neutre
(quelle découverte !). « En conséquence, une organisation qui
prêche la lutte de classe et s’emploie à la réalisation de plusieurs buts
mentionnés dans le document incriminé ne peut être autorisée car elle est
contraire à la Constitution ! » Il somme la KSM d’abandonner ses buts
et ses activités prohibées en Tchéquie avant le 3 mars, sinon l’organisation
est interdite.
COMMUNISTES a signé une pétition
protestant contre ces actions arbitraires du gouvernement Tchèque, exigeant la
fin de ces attaques et la restauration des libertés démocratiques.
*Adressez vos protestations : Ministerstvo vnitra – oddeleni volebni
a sdruzovani – namesti hrdinu 3 140 21 – Praha 4 – Czech Republic – E’mail :
krivova@mver.cz
Qui croire ?
*Lu en page 1 du journal « Le
Monde » du mercredi 22 février : « Le mobile antisémite (est) retenu dans la mort d’Ilan
Halimi ».
*Lu dans le même journal du même jour,
page 10: « Meurtre d’Ilan : la police réservée sur le mobile
antisémite ».
*Qui dit vrai : la 1 ou la
10 ?
DES PROFITS RECORDS
à quel
prix ?
*Les dividendes versés par CARREFOUR et AUCHAN à leurs
actionnaires augmentent de 23,5% et 25,8% mais les salaires, entre et 1000 eus
, stagnent. 60% des caissières travaillent moins de 30 heures par semaine mais
6 jours sur 7.
*BNP
–PARISBAS et TOTAL affichent ensemble 18 milliards d’euros de profits. 6 milliards
soit + 25% pour BNP-PARIBAS, 12 milliards soit + 30% pour TOTAL. Thierry
Desmarest le patron de Total en est très fier : « Il faut assumer ses
profits et je les assume… » Avec 12 milliards de profits, la compagnie
dégage désormais en 15 jours un résultat comparable à celui de l’exercice 1995
tout entier.
TOTAL
a annoncé le gel des investissements à la Raffinerie de Gonfreville –l’Orcher
(près du Havre), la plus grande raffinerie d’Europe. Motif invoqué : trop
de grèves, cela coûte trop cher !
*ARCELOR : +85% pour les actionnaires
*FRANCE
– TELECOMS : le bénéfice augmente de 90%, les dividendes de 108%, 17000
postes seraient supprimés, les salaires augmentent de 0,5%.
COMMUNISTES VIT ET AGIT
à Gennevilliers
et Colombes (92)
Nous avons décidé d’aller rencontrer
personnellement tous les membres de « Communistes » de Gennevilliers
et de Colombes, pour discuter avec eux et leur remettre la carte 2006. Quatre
camarades ont participé à ce « porte-à-porte ». En tout, entre
porte-à-porte organisé et contact individuel, 23 cartes ont été placées en une
vingtaine de jours. Ce fut une véritable plongée dans la vie réelle et ses
difficultés : que l’on soit salarié, chômeur pointant aux ASSEDIC ou
Rmiste, la vie est dure. Les discussions sont toutes parties du coût de la vie,
du pouvoir d’achat, nous avons beaucoup parlé salaire avec nos camarades
employés à la Mairie de Gennevilliers.
Mais ce qui frappe le plus, c’est l’unanimité pour dire que
« Communistes » sert à quelques choses, à jouer une musique que l’on
n’entend pas ailleurs, à dénoncer le Capitalisme.
Nous avons rencontré des camarades qui n’ont pas forcément
beaucoup de temps à donner mais qui tiennent bon et lisent régulièrement avec
satisfaction notre journal. Des camarades contents de voir que
« Communistes » continue de se battre dans un monde où beaucoup voudraient nous voir résignés et
pleurnichards. En résumé, des membres de « Communistes » au diapason
de la lutte des classes.
Jean Grimal
C’est devenu la tradition, notre collectif départemental du
Calvados organise chaque début d’année la remise des nouvelles cartes autour
d’un débat avec des sympathisants. Suit la dégustation de la galette avec du
cidre, le bon moment pour échanger et prolonger le débat pour la cinquantaine
de participants.
Ce débat c’est notre Camarade Michel GRUSELLE du Bureau
National qui l’introduisit dans un rapide tour d’horizon international sur la
situation au moyen-Orient, l’occupation de l’Irak par l’armée américaine, les
menaces contre l’Iran et la victoire électorale du Hamas en Palestine. Il
abordait ensuite la situation en France, évoquait l’éventuel rachat d’Arcelor
par MITTAL et les délocalisations de notre industrie avec leurs conséquences
pour les salariés.
« Banlieues, chômage, fermetures d’entreprises et
élections, pendant lesquelles « Communistes » entend bien faire
entendre sa voix » a relevé le journal « Ouest – France » qui
ajoute en citant Michel Gruselle : « en 2002, nous avons créé un
parti politique capable de rassembler, d’éduquer et de se battre pour une
société nouvelle. En quatre ans, nous avons déjà parcouru un long chemin grâce
à tous ceux qui sont à nos côtés. Nous allons continuer ». M. Gruselle a
insisté sur l’action contre le CPE
et la préparation du 7 mars.
Pendant plus d’une heure trente, les participants à la soirée
ont échangé leurs opinions et posé des questions. La présence de plusieurs
jeunes venus « voir et écouter », interrogeant et demandant des
précisions a donné à cette réunion un caractère très ouvert et dynamique.
Exemples : « Vous avez édité une affiche qui dit
« Communistes » est un Parti Révolutionnaire pour lutter contre le
capitalisme. D’accord mais comment y parvenir ? ». « Vous voulez
détruire le capitalisme, nous aussi, mais on le remplace par
quoi ? ».
Les participants ont parlé de la situation en France et dans
le monde, de la nécessité d’agir tous ensemble contre le capitalisme. Bref un
moment de politique agréable que cette soirée loin des médias, une soirée où
l’on a entendu autre chose que les développements proches du vide sidéral sur
les perspectives de changement en 2007 par ceux qui n’ont qu’un projet, celui
de laisser le capitalisme maître du jeu.
« Des réunions comme celle-là où l’on ne tourne pas en
rond c’est pour nous nouveau et très intéressant » nous a dit un jeune.
A bientôt
Première
constatation
J’ai commencé de faire mes comptes sur 6 ans et j’en arrive aux premières conclusions
suivantes :
*salaire (primes comprises) : +13%
*charges fixes (loyer – EDF – carte orange
– mutuelle – assurance habitation – frais d’optique) + 21%
Le loyer a augmenté de 17%, EDF de 29%, la mutuelle de 50%,
les frais d’optique (lentilles) de 30%... bref,, c’est que du bonheur pour
les salariés et encore, je ne compte pas la hausse du prix de l’essence car je
n’ai pas de voiture, ni la hausse des prix dans l’alimentaire. Mais je me
souviens : la baguette de pain à 3,20 frs c’était il n’y a pas si
longtemps en 2002 juste avant le passage à l’euro, alors qu’aujourd’hui il faut
aller à Château – Rouge (à Paris dans le 18ème) pour ne la payer que
4,60 f., soit 44% de hausse en quatre ans. Pour ce qui est du cinéma, la place
était à 43 f.. en 2002, elle est de 63 f. aujourd’hui (46% de hausse), le demi
de bière coûtait 20,35 f. le 17 février 2002 ( je le sais pour l’avoir payé en
francs ce funeste dernier jour d’existence du franc) et il est aujourd’hui à
22,96 f., soit 12,9% de hausse etc…etc… Et on ose nous dire que nous devons
encore faire des efforts et des sacrifices pour voir le bout du tunnel !
Je
suis certains, que compte tenu de: * la hausse de l’alimentaire, * la
hausse du prix de l’essence, celle des transports publics, * la diminution des
remboursements de Sécurité Sociale, la perte de mon pouvoir d’achat doit se
situer autour de 20%. Je
vous communiquerai la fin de mon étude. Vous pourrez l’insérer dans le prochain
numéro de « Communistes ».
Lionel Gimont
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