08/11/2007
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Octobre 1917 : quelques éléments historiques
La situation
politique en Russie au début du XXème siècle
La guerre
impérialiste de 1914
La Révolution
soviétique constitue une rupture fondamentale dans l’histoire de l’humanité
Les conditions
de développement du socialisme
Ce qu’Octobre a apporté au monde
L’aide aux mouvements
de libération
La pression
idéologique et sociale sur les grands pays capitalistes
Ce que nous
avons perdu avec la disparition de l’URSS
Les réalisations en URSS et ailleurs
Pourquoi briser l’Etat bourgeois ?
Le régime
socialiste issu d’Octobre
Pas de révolution sans contre-révolution
La pression extérieure militaire
La pression extérieure économique
La falsification de l’histoire
Ne nous laissons pas aveugler.
Qu’est-ce que le révisionnisme ?
Quelques
éléments historiques
Dans les
années trente, un groupe d’acteurs communistes, ou proches, a créé le théâtre
Octobre. Quand on leur demandait pourquoi ils avaient appelé ainsi leur compagnie,
la réponse était, invariablement : « pour qu’il n’y ait pas gourance ! »
A l’occasion
du 90ème anniversaire de cette révolution d’octobre qui, quoi qu’en disent
militants du capital, vendus, renégats et esprits chagrins, a changé le cours
de l’Histoire, nous ne nous
trompons pas non plus. "Communistes" est dans le même camp que les
bolcheviks de 1917, dans celui du prolétariat, des exploités, contre la classe
dominante de notre pays et de la planète, les capitalistes.
Bien sûr,
tous les révolutionnaires du monde ont un pincement au cœur en évoquant ces dix
jours qui ébranlèrent le monde, cette grande révolution socialiste. On pense à
cette image de Lénine, dansant
dans la neige au 75ème jour de la révolution bolchevique, pour avoir tenu un
jour de plus que la Commune de Paris. Ou encore cette autre image du dirigeant
de la 2ème révolution socialiste enterré dans le drapeau rouge de la 1ère, la
Commune.
Mais ce
n’est pas par nostalgie que nous évoquons Octobre aujourd’hui. Dans un temps où
le capital a remporté de grandes victoires, détruisant le monde socialiste
d’Europe, et principalement l’URSS, où l’Histoire est réécrite tous les jours,
pour que personne ne sache rien d’Octobre que des caricatures, pour que chacun
croie que l’Histoire est finie et le capitalisme un horizon indépassable ; dans
ce temps-là, oui, il est indispensable de dire ce qu’a vraiment été cet
événement, de dire ce qu’ont apporté au monde la Révolution d’Octobre et
l’existence de l’URSS.
Il est
indispensable de faire savoir la vérité et d’essayer d’en tirer les leçons pour
tous les combats actuels et à venir des Révolutionnaires. Il est également
essentiel de dire que, fondamentalement, rien n’a changé depuis 1917 quant à la
société dans laquelle nous vivons. Le capitalisme est toujours le capitalisme
reposant sur l’exploitation de l’homme par l’homme. Quelques-uns possèdent tout
ce qui permet de produire et la plupart des autres n’ont que leur force de
travail à vendre pour vivre. Il est responsable de décennies de guerre, de
destructions, de chômage et de misère. Seul le socialisme peut nous permettre
d’en finir avec cette société inhumaine.
Voilà en quoi repose l’actualité d’Octobre.
Il faut,
aujourd’hui, faire un sacré effort intellectuel pour imaginer une société sans
exploitation, sans capitalistes, sans possédants qui se contentent de remplir
leur tirelire. Il est certes difficile de croire que des entreprises ont
existé dont le seul but était de
permettre la satisfaction des besoins du peuple et non de remplir les escarcelles
des actionnaires. C’est pourtant ce qui s’est passé en URSS.
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La situation politique en Russie au début
du XXème siècle
La Russie
est, à la fin du XIXème siècle, le plus vaste pays d’Europe et du monde,
incluant une grande partie de la Pologne, les pays baltes, la Finlande, une
bonne partie de l’Asie centrale et orientale. Elle est longtemps restée une
société féodale : l’abolition du servage arrachée au tsar Alexandre II ne date
que de 1861. Mais, depuis les années 1880, elle est en pleine
industrialisation. Avec l’apport de capitaux étrangers, venus de
Grande-Bretagne d’abord, puis d’Allemagne, de France ou de Belgique qui restent
minoritaires par rapport aux capitaux russes. Les mines, les chemins de fer, la
métallurgie et la chimie se développent considérablement. Avec
l’industrialisation, si la classe capitaliste se renforce et s’organise, la classe ouvrière se constitue.
Concentrés dans et autour des grandes villes, les ouvriers, issus de la
paysannerie, sont plus de 3 millions dès 1900. Ces ouvriers doivent travailler
douze heures par jour et n’ont ni le droit de grève ne celui de former des
syndicats.
Malgré le
pouvoir absolu des tsars (Alexandre III, puis son fils Nicolas II) les classes
sociales dominées créent des partis politiques : le parti
Constitutionnel-Démocrate pour la bourgeoisie, le parti
Socialiste-Révolutionnaire pour la paysannerie et le parti
Ouvrier-Social-Démocrate pour la classe ouvrière.
En 1903, au
congrès de Bruxelles, préfigurant ce qui arrivera au mouvement ouvrier dans le
monde entier, le POSDR (parti ouvrier social-démocrate de Russie) s’est scindé
en deux tendances : les bolcheviks (majoritaires), animés par Lénine, qui
veulent que le parti devienne un parti révolutionnaire, soudé et avant garde de
la classe ouvrière, et les mencheviks (minoritaires), animés par Martov et
Trotski, qui souhaitent un parti ouvert à quantité de courants. Les premiers
veulent accélérer le processus révolutionnaire et les seconds attendre car ils
pensent que la Russie ne connaît pas un développement suffisant pour connaître
une révolution prolétarienne.
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La guerre
que la Russie mène contre le Japon à partir de 1904 pour le contrôle de
l’Extrême-orient sert de déclencheur. De plus en plus, les ouvriers et les
paysans refusent cette guerre impérialiste et protestent contre leurs
conditions de vie. Le 22 janvier 1905, une manifestation se déroule à Petrograd
(Saint-Pétersbourg) à la tête de laquelle se trouve le pope Gapone, un
provocateur appointé par la police politique tsariste, l’Okhrana. Les soldats
tirent sur les manifestants et font plus d’un millier de morts. Ce
"dimanche rouge" provoque grèves, manifestations, attentats dans tout
le pays. Le 27 juin, les marins du cuirassé Potemkine, en Mer noire, refusent
de manger la viande pourrie et grouillant de vers qu’on veut leur servir et se
mutinent. Ils fraternisent avec les fusiliers marins envoyés contre eux, tuent
les officiers et prennent le contrôle du navire.
En octobre
sont créés les premiers "soviets", des conseils de délégués élus par
les ouvriers dans les grandes villes, notamment à Petrograd et Moscou. Le tsar
Nicolas II recule devant le danger : il accorde les libertés publiques et
l’élection d’une assemblée élue au suffrage universel. Les partis bourgeois
s’en satisfont, mais les ouvriers et les paysans veulent continuer la lutte,
l’armée réprime férocement la tentative révolutionnaire. Le soviet de Moscou
dirigé par les Bolcheviks anime une lutte de plusieurs jours, les armes à la
main, contre des unités de la Garde impériale envoyées contre le peuple de la
capitale. Après des combats acharnés, les troupes rétablissent l’ordre
tsariste.
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La guerre impérialiste de 1914
Les grandes
puissances impérialistes d’Europe s’affrontèrent, on le sait, pour la
suprématie économique mondiale. La Russie fut entraînée aux côtés de l’Entente
franco-britannique, en grande partie du fait de la place importante tenue par
les capitalistes de ces pays-là dans son industrie. Le temps du tsar semblait
ne plus devoir durer pour la bourgeoisie russe. Les différents partis
socialistes d’Europe se compromirent en choisissant le chauvinisme : les
socialistes français et les socialistes allemands (à l’exception, pour ceux-ci
de l’aile gauche avec Karl Liebknecht) votèrent les crédits de guerre. Les
Mencheviks étaient aussi partisans de la guerre, mais pas les Bolcheviks.
Cette guerre
où les soldats se battirent pour les intérêts des grands industriels fut très
meurtrière. Les troupes russes furent écrasées en 1915 par les Allemands et les
Autrichiens. En 1916, ils passèrent à l’offensive, mais leur avancée ne
compensa pas les reculs précédents.
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La misère du
peuple dont le tsar et son entourage ne se souciaient pas et le refus de la
guerre provoquèrent la première révolution, celle de février. Renversant le
tsar dont plus personne ne voulait, les partis bourgeois s’installèrent au
pouvoir. Le Constitutionnel-Démocrate Milioukov puis le
Socialiste-Révolutionnaire Kerenski furent les principaux dirigeants des
gouvernements successifs qui inclurent dès le mois de mai des Mencheviks.
Le Soviet de
Petrograd, animé par les Bolcheviks, combattait fermement les options du
gouvernement provisoire réclamant notamment la paix immédiate. Bientôt la
situation devint révolutionnaire : les soldats, las de la guerre, les paysans
avides de réforme agraire et les ouvriers qui souffraient du chômage étaient
gagnés à l’idée de la prise du pouvoir et du changement de régime.
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Lénine et le
comité central bolchevik décidèrent de l’insurrection dont l’appel fut diffusé
le 19 octobre (1er novembre dans le calendrier grégorien). Dans la nuit du 24 au
25, appuyés par la garnison de Petrograd et les marins du croiseur Aurora,
les insurgés s’emparèrent du palais d’hiver tandis que Kerenski fuyait.
Le
gouvernement bolchevik décida dès son entrée en fonction :
— la confiscation des terres de l’Etat, de
l’Eglise et des grands propriétaires ;
— la remise du contrôle des usines aux ouvriers
;
—
un cessez-le-feu immédiat.
Le gouvernement bolchevik signa avec les
Allemands la paix de Brest-Litovsk le 3 mars 1918, qui comportait de vastes
cessions territoriales.
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Avant que la
révolution ne fût définitivement victorieuse, il fallut combattre. L’armée
rouge, réorganisée par les Bolcheviks, livra quatre ans (1917 - 1921) de guerre
civile aux Russes blancs, chefs de bandes partisans des tsars, soutenus par les
grands propriétaires terriens et armés par les grandes puissances capitalistes.
Les
impérialistes intervinrent eux-mêmes lors de la guerre russo-polonaise. La fin de
la 1ère guerre mondiale permit la renaissance de la Pologne, qui proclama son
indépendance le 22 novembre 1918. Les Britanniques aidèrent le fasciste Joseph
Pilsudski à réorganiser une armée polonaise. Avec l’aide de la France, l’armée
polonaise attaqua la Russie avec l’intention d’annexer l’Ukraine. Le
gouvernement bolchevik dut signer le traité de Riga le 12 mars 1921, qui
donnait la moitié occidentale de l’Ukraine et une partie de la Biélorussie aux
Polonais.
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Une première
constitution fut promulguée en 1918, qui ne concernait que la République
Socialiste fédérative des soviets de Russie (RSFSR). Le but du régime était la
fin de l’exploitation de l’homme par l’homme. Le suffrage universel fut établi,
mais en étaient exclus les exploiteurs (patrons ou actionnaires, grands
propriétaires terriens, etc...), le clergé, les anciens policiers tsaristes et
les parasites de l’ancien régime. Le pouvoir appartenait au Congrès pan-russe
des soviets, constitué par des représentants de tous les soviets locaux et
d’usines. Ces délégués étaient en permanence révocables par les électeurs. Le
pouvoir exécutif était exercé par les Conseils des Commissaires du peuple,
présidé par Lénine. En décembre 1922, trois autres républiques, l’Ukraine, la
Biélorussie et la Transcaucasie rejoignaient la Russie dans une fédération
créée sous le nom d’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).
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Nous fêtons le 90éme anniversaire
de la Révolution d’Octobre qui allait mettre à bas l’un des grands empires et
au-delà ébranler l’ensemble de l’Humanité. Cette célébration prend évidemment un grand sens politique,
preuve s’il en faut, de son actualité. Pour l’essentiel les analyses actuelles
de cet événement visent à montrer qu’il s’agit d’un accident de l’histoire. La
parenthèse maintenant refermée, il faudrait vivre pour l’éternité sous le
régime de la propriété privée des moyens de production et d’échange, en clair,
il n’y aurait pas de substitut au système capitaliste. Dans de nombreux
articles, enfourchant les thèses à la mode sur le caractère criminel de toute
lutte d’émancipation, la Révolution d’Octobre est présentée comme responsable de
la mort de millions d’hommes partout dans le monde exonérant les impérialismes
de toute responsabilité. Pour les partis communistes ralliés à l’idéologie
réformiste, la Révolution d’Octobre est un échec patent dont « les
valises sont lourdes à porter ». Cette affirmation de l’échec justifie l’abandon de la lutte de
classe et permet de théoriser leur virage à 90°.
Notre point de vue n’a pas pour
fonction de clore le nécessaire débat historique dont nous souhaitons qu’il se
développe.
La révolution dans la Russie tsariste de 1917 trouve son
terreau dans la combinaison de la crise interne propre à l’empire russe et de
la guerre entre les impérialismes continentaux. Le capitalisme se développe en
Russie dans un pays profondément arriéré et dans le cadre d’un système
politique archaïque qui est à bout de souffle. La révolution
« Décabriste », celle de 1905, les répressions sauvages qui les ont
suivies ont largement entamé les bases de soutien au système politique y
compris dans une partie des couches intellectuelles et dirigeantes.
La guerre accélère le processus de
décomposition du tsarisme. La révolution est un processus complexe où la
détermination et l’organisation des bolcheviks est déterminante quant à son
issue. Répondant aux aspirations à la paix et au pain, le nouveau pouvoir doit
faire face à la fois à un chaos interne et à une intervention étrangère
violente dont l’objectif est le démembrement de la Russie pour en piller les
richesses. La guerre civile et la guerre étrangère menée tout particulièrement
par la France, l’Angleterre, le Japon et leur ancien ennemi l’Allemagne sont
particulièrement destructrices. C’est une Russie exsangue, où la révolution
triomphe, qui émerge de cette lutte. Dans le même temps, les révolutions en
Europe occidentale, conséquences de la montée du mouvement ouvrier
révolutionnaire et de la guerre, sont écrasées dans un bain de sang en
particulier en Allemagne et en Hongrie.
Non seulement la Russie et l’Union
soviétique en formation sont exsangues, mais elles sont isolées et les
impérialismes qui ont pris la mesure de l’échec de la contre-révolution vont
tout mettre en œuvre pour les abattre. De ce moment pas un acte dans l’action
des Etats impérialistes qui ne soit inspiré par cet
objectif : « mettre à bas le pouvoir soviétique ». C’est
dans ces conditions que l’URSS doit assurer à la fois son développement et sa
protection.
Malgré d’immenses difficultés,
l’URSS commence à compter. Le développement des partis communistes dans le
monde, s’appuyant et s’inspirant de la révolution d’Octobre donne les moyens
politiques aux classes ouvrières de conquérir de nouveaux droits, de même les
mouvements d’émancipation des peuples colonisés posent les premières pierres du
mouvement de décolonisation.
A la veille de la seconde guerre mondiale, l’URSS a atteint
un niveau technique et de production qui rivalise avec la plupart des pays
occidentaux.
Les bourgeoisies ne s’y trompent
pas et voient dans le fascisme ou le nazisme le moyen de contrer la montée des
courants révolutionnaires. Le : « plutôt Hitler que le front
populaire » résume bien l’état d’esprit des forces du capital. Elles
entrevoient la possibilité de détruire le mouvement ouvrier révolutionnaire et
l’URSS et de refermer ainsi une parenthèse historique où leur pouvoir de
domination a été contesté.
La fermeté de la direction
soviétique, l’héroïsme des peuples de l’Union, les capacités d’organisation et
le niveau technique atteint par l’URSS leur permettent d’écraser le Nazisme aux
prix de sacrifice inouïs. La Russie occidentale, l’Ukraine, la Biélorussie sont
presque totalement détruites, les pertes humaines sont immenses. La
reconstruction, en soi difficile, l’est encore plus par la nécessité d’assurer,
dans le contexte de la guerre froide imposée par les impérialismes occidentaux
avec à leur tête les USA, la protection de l’URSS. La course aux armements pèse
lourd dans la balance d’un Etat qui assume seul une aide décisive aux peuples
en lutte pour leur émancipation. De la Chine au Vietnam, de Cuba à l’Afrique,
que serait-il advenu des révolutions sans l’aide économique et militaire de
l’URSS ?
La recherche de compromis autour
du concept de « coexistence pacifique », l’absence de luttes
politiques, les effets de la course aux armements conduisent à une dégradation
du potentiel économique et des conditions de vie de beaucoup de citoyens
soviétiques, les détachant d’un régime où règne une couche bureaucratique qui
aspire, elle, à conquérir un plus large pouvoir en s’emparant des moyens de
production et d’échange.
C’est cette couche issue de
l’appareil d’Etat qui, avec l’aide des forces capitalistes mondiales, détruit
l’URSS et liquide en partie la propriété sociale en s’accaparant des richesses
de l’URSS au détriment de la majorité du peuple. C’est une défaite historique
pour le mouvement révolutionnaire. Les conséquences en sont immenses :
Disparition du premier Etat ouvrier et paysan ayant banni la propriété privée
des grands moyens de production et d’échange, effondrement de beaucoup de
partis révolutionnaires qui se reconvertissent en partis socio-démocrates,
élargissement du champ du système capitaliste…
Les idéologues de la bourgeoisie
ne tarissent plus sur le thème de la fin de l’histoire, sur
« l’accident » qu’aurait constitué la révolution d’Octobre, sur le
fait qu’il n’y aurait plus qu’à aménager le capitalisme… Ils vont un peu vite
en besogne ! Certes l’Etat soviétique issu de la révolution d’Octobre a été finalement battu, mais à en juger
par l’agressivité de l’impérialisme et sa volonté d’étouffer toute velléité de
lui résister, la flamme d’Octobre continue de briller. Elle a ouvert une ère
historique qui est loin d’être refermée. Les peuples continuent de chercher les voies de leur émancipation, nous
avons créé « Communistes » pour mener ce combat.
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un enjeu pour notre temps
La Révolution soviétique constitue
d’abord un enjeu politique. En témoigne l’offensive anti-communiste qui
accompagne son anniversaire : le magazine l’Histoire fait sa couverture sur Les
crimes cachés du communisme et son éditorial appelle à ne pas oublier la
responsabilité primordiale de Lénine dans ces « crimes ». Or, comme,
selon la formule, on ne tire pas sur une ambulance, cette offensive révèle que
le cadavre de la Révolution soviétique bouge encore, et que, plus profondément,
le spectre du communisme hante toujours le monde. Le parallèle peut être établi
avec la Commune de Paris : après son écrasement, les crimes des Communards
ont été fustigés, afin d’occulter non seulement les crimes des Versaillais et
leur collaboration avec l’occupant, mais encore les ravages provoqués par le
développement accéléré du capitalisme à partir du milieu du 19e
siècle.
Par ailleurs, l’étude de la
Révolution soviétique constitue un enjeu scientifique. D’une part, l’analyse
historique comporte des exigences propres en termes de consultation des archives
et de réflexion critique collective, qui sont loin d’être aujourd’hui réunies,
ce qui invalide le caractère scientifique des discours d’historiens sur la
question pour en faire des discours politiques (voir la critique du numéro de L’Histoire). Plus fondamentalement,
les communistes doivent procéder à l’analyse scientifique du processus
révolutionnaire en Russie, de la construction du socialisme, ainsi que de sa
portée politique actuelle. Il nous faut souligner combien la Révolution
soviétique reste actuelle comme rejet de la pensée unique, du fatalisme et de
la résignation, sous toutes leurs formes : elle montre que le capitalisme
n’est pas éternel, n’est pas le seul système possible ; elle permet
d’avancer que le socialisme non seulement est possible, mais encore qu’il est
nécessaire et urgent.
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La Révolution soviétique constitue une
rupture
fondamentale dans l’histoire de l’humanité
La Révolution soviétique met fin
au capitalisme : elle prouve que la révolution et, au-delà, le socialisme
sont possibles (la Commune avait duré 70 jours, l’URSS a vécu 70 ans). Elle
prouve aussi que c’est la Révolution (et non l’accumulation de réformes dans le
cadre du parlementarisme bourgeois) qui met fin au capitalisme et permet la
construction du socialisme. Elle prouve encore qu’un parti révolutionnaire est
nécessaire pour mener la révolution, bâtir et défendre le socialisme. [sans
doute l’étiolement du parti révolutionnaire constitue par la suite une grande
faiblesse et un facteur intérieur décisif de la chute de l’URSS]
A l’échelle mondiale, l’URSS fut
un acteur décisif du mouvement de
décolonisation et de la résistance à l’impérialisme, donc de la lutte des
classes à l’échelle mondiale. Elle fut aussi un point d’appui fondamental pour
les mouvements ouvriers dans les pays capitalistes avancés.
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Les conditions de développement du
socialisme
La Russie était un pays encore
très largement archaïque. Elle est devenue une grande puissance : grâce au
socialisme, son développement économique, technique et scientifique est aussi
remarquable que fulgurant. Le développement culturel est également
remarquable : contribution à l’histoire artistique, alphabétisation, poursuite
d’études prolongées. Les nationalités férocement opprimées par le tsarisme
recouvrent leur autonomie au sein de l’URSS. La construction d’une grande puissance économique et
politique a permis la résistance au nazisme.
Ce succès du socialisme est d’autant
plus remarquable qu’il a été réalisé malgré les très fortes oppositions
auxquelles l’URSS s’est heurtée, en tant qu’acteur décisif de la lutte des
classes à l’échelle mondiale : mobilisation générale des puissances
capitalistes – antagonistes durant la Première Guerre mondiale – vers
1920 ; incitation faite par les « démocraties » à l’Allemagne
nazie pour attaquer l’URSS (Munich 1938, Drôle de guerre de 39-40) ;
épuisante course aux armements.
Qu’un tel succès ait été possible,
en dépit de ces agressions, suggère une forte adhésion et mobilisation du
peuple soviétique en faveur de la construction du socialisme. Sans cette
mobilisation, sa construction est d’ailleurs impensable. Cette mobilisation est
elle-même d’autant plus remarquable que l’URSS était aussi confrontée à de
grandes difficultés intérieures : collectivisation des terres,
industrialisation à marche forcée, exode rural massif, donc bouleversement
complet des cadres sociaux et culturels traditionnels.
L’ampleur des agressions
extérieures et des bouleversements intérieurs, ainsi que l’inscription générale
de l’expérience de construction du socialisme dans un siècle imprégné de
violences (guerres mondiales, guerres coloniales...) font que l’URSS n’était
pas dénuée de contraintes politiques fortes. Cependant, le socialisme n’est pas
une dictature imposée par en haut. Il fut bien une dictature démocratique du
prolétariat. Ceux qui pensent le contraire sont tout simplement ceux qui
oublient, ou plutôt veulent faire oublier que ce sont les peuples qui font
l’histoire, et donc construisent le socialisme (1).
Le capitalisme est incapable de
résoudre les problèmes de l’humanité : au contraire, il est leur origine
et ne cesse de les aggraver. La Révolution soviétique représente donc une
contribution essentielle dans l’histoire heurtée et complexe des progrès de
l’humanité : elle constitue une expérience fondamentale et un espoir
fondateur.
La Révolution soviétique et l’URSS
ont favorisé de manière décisive le salut de l’humanité dans un 20e
siècle marqué par le durcissement du capitalisme et l’aiguisement de la
violence. D’abord, la Révolution soviétique a contribué de manière décisive à
arrêter la destruction des peuples provoquée par la Première Guerre mondiale,
déclenchée par les rivalités impérialistes. Trahie par les réformistes en 1914,
la paix était défendue par les révolutionnaires et la révolution soviétique a
imposé le retour à la paix. Ensuite, l’URSS a joué un rôle majeur dans le
combat contre le nazisme (2). Enfin, l’URSS a défendu
la paix durant la Guerre froide (3). En témoigne a
contrario
la multiplication des guerres qui accompagne la reconquête impérialiste du
monde depuis 1990.
Les communistes doivent analyser
et défendre la Révolution soviétique. Elle représente une expérience démocratique
formidable en lien avec le rôle majeur joué par un parti révolutionnaire. Pour
nous aujourd’hui, il s’agit d’un combat politique pour défendre la perspective
politique de transformation sociale.
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Ce qu’octobre a apporté au monde
Rappelons
d’abord ce que tous les hommes doivent au peuple soviétique et à son armée pour
la victoire contre le nazisme. Le premier pays socialiste a supporté le choc
frontal contre son ennemi naturel, le nazisme. Les 27 millions de morts, de
loin le plus important des tributs payés à la guerre, ont permis la libération
de l’Europe de l’hydre fasciste, et l’intervention tardive des USA en Europe
n’était due qu’au souci de préserver les intérêts de l’impérialisme le plus
puissant de la planète.
Après la
seconde guerre mondiale, la présence de l’URSS et des pays socialistes d’Europe
a permis d’améliorer considérablement la vie et la dignité de millions
d’hommes. Elle a particulièrement été utile pour la paix dans le monde.
En Europe,
malgré la guerre froide, la paix a été maintenue pendant 45 ans. Dès la fin de
l’URSS, les grands pays capitalistes, européens (France, Allemagne) ou non
(USA) se sont empressés de dépecer la Yougoslavie et de la mettre à feu et à
sang.
Les
entreprises militaires expansionnistes et colonialistes des différents
impérialismes, notamment des USA, ont été considérablement limitées et ont
échoué aussi bien au Vietnam qu’en Corée.
L’aide
aux mouvements de libération
L’URSS a
aidé non seulement les mouvements révolutionnaires, comme en Chine ou au
Vietnam, mais aussi les mouvements de libération qui n’affichaient pas
forcément des idées socialistes. L’URSS et les autres pays socialistes ont
aidé, par des armes et des conseillers les mouvements nationalistes arabes
(Nasser en Egypte, par exemple). Ils ont ensuite soutenu ces pays (Yémen,
Syrie, Egypte jusqu’au virage de Sadate, Irak jusqu’au pouvoir absolu de
Saddam) dans leurs tentatives de transformations sociales, fussent-elles
minimes. L’URSS a soutenu l’OLP, permis la reconnaissance officielle par l’ONU
des mouvements de libération palestinien et sahraoui. L’URSS a été l’obstacle
empêchant les colonialistes israéliens de réaliser leur but d’annexion de la
majorité des territoires occupés.
Au cours des
guerres coloniales, les Soviétiques ont soutenu les mouvements de libération et
ensuite les nouveaux Etats ainsi formés, comme l’Algérie de Boumediene. Les pays socialistes ont soutenu l’ANC
dans sa lutte contre l’apartheid en Afrique du sud, ainsi que les mouvements de
libération d’Angola ou du Mozambique avec notamment l’engagement personnel de
volontaires cubains.
La
pression idéologique et sociale sur les grands pays capitalistes
Même s’ils
dénigraient les pays socialistes, les dirigeants des grands pays capitalistes
d’Europe étaient obligés de tenir compte de leur existence. Ils ont dû inventer
un modèle social afin de montrer que dans la société capitaliste aussi, il
existait des acquis sociaux. Ce fut le rôle assigné à la Suède et, dans une
moindre mesure, à la RFA. On avait ainsi la sécurité sociale, les retraites,
etc... plus la «liberté».
En réalité,
ce n’est pas de gaieté de cœur que les dirigeants des pays capitalistes
octroyaient en Suède ou maintenaient en France de tels droits. La présence des
pays socialistes dans lesquels le chômage était inconnu et la protection
sociale essentielle, les obligeait à de telles concessions.
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avec la disparition de l’URSS
A tous les
beaux causeurs, qui dans les rangs mêmes de certains anciens partis communistes,
se sont réjouis de la chute de l’URSS, il faut rappeler ce qui nous est tombé
sur la tête. Voici un florilège.
— L’Irak a été envahi deux fois par les
puissances impérialistes, aujourd’hui, c’est un pays exsangue et détruit.
— En Yougoslavie, les grands pays capitalistes
ont placé leurs pions et pris leur part du gâteau.
—
En deux ans (1993-1994), le «modèle suédois» a rendu
l’âme.
—
Les Palestiniens sont dans la situation la pire depuis
1948 et Israël occupe, colonise, emprisonne à sa guise.
—
L’Afghanistan est revenu au Moyen Age.
— En France, depuis quinze ans, les acquis
sociaux, retraites, santé, sécurité sociale fondent à vue d’œil.
— Dans les anciens pays socialistes, la misère,
le trafic de drogue, les réseaux de prostitution, le grand banditisme ont
fleuri, les salaires sont dérisoires, les profits capitalistes se portent bien, les fortunes de
quelques-uns sont fabuleuses.
— La situation de la planète est semblable à
celle d’avant 1914, les impérialismes s’affrontent partout, pour le moment
indirectement, en Irak, au Moyen-Orient, au Soudan, en Afrique occidentale
(Les USA, la France, la Chine).
— Privé de contrepoids, l’Union européenne sert
d’instrument aux capitalistes des Etats membres pour déréglementer, privatiser,
précariser.
—
L’OMC, et le FMI règnent en maîtres sur la planète.
—
Un peu partout, en Europe de l’Est, on élève des
monuments à des fascistes qui ont combattu l’Armée rouge entre 1941 et 1945.
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Les réalisations en URSS et ailleurs
Il faut
d’abord dire que la réussite économique de l’URSS fut indubitable. On sait que
l’URSS a rattrapé une bonne partie de son retard en matière d’industrialisation
sur les Etats-Unis.
Ainsi, en
1928, le niveau d’industrialisation de l’URSS par habitant représentait 10 à 12
% de celui des Etats-Unis, en 1958, il s’agissait de 26 à 28 %, et ce malgré le
fait que les Etats-Unis ont largement profité de la guerre tandis que l’URSS en
a gravement pâti.
Pour l’agriculture,
c’est un peu la même chose. Entre 1926-1930 et 1958-1962, la production de
céréales a progressé de 70 %, alors que la population n’a augmenté que de 40 %.
En se
référant aux experts occidentaux, on apprend que de 1928 à 1958, la croissance du
PNB par habitant de l’URSS a été d’environ 4 à 5 % par an, ce qui constitue un
rythme deux fois plus élevé que les grands pays capitalistes à la même époque.
La comparaison la plus significative est à faire avec l’Italie et l’Espagne. En
1928, l’URSS avait un niveau d’industrialisation inférieur de près de la moitié
à celui de l’Italie et de 30 % à celui de l’Espagne. Or, pour 1962-1964, l’URSS
dépassait d’environ 12 à 16 % l’Italie et d’environ 140 à 160 % l’Espagne.
Dans le
domaine social, le plus important est de dire que le chômage était absent en
URSS, que la santé, l’éducation étaient publiques et fortement développées. Le
citoyen soviétique était en 1978 celui qui lisait le plus de tous les citoyens
des pays d’Europe, devant l’Allemand de l’Est et le Bulgare. Hélas, on n’a plus
d’enquête de ce genre réalisée par l’ONU depuis. Les prix du gaz, de
l’électricité, des transports publics n’augmentaient pas.
Les
autres pays socialistes
On peut prendre
d’autres exemples parmi les pays socialistes nés après l’URSS.
—
En 1949, le niveau d’industrialisation de la Chine était
un peu inférieur à celui de la moyenne du tiers-monde à économie de marché ; en
1976, il était supérieur de quelques 65 à 70 % à cette moyenne.
— A la fin des années 1970, la RDA était la
septième puissance économique mondiale. On sait que c’était la partie de
l’Allemagne la moins riche en ressources minières et de loin et la plus ravagée
par la guerre. Elle ne bénéficia pas de l’aide financière américaine du plan
Marshall, comme sa rivale de l’ouest. Pourtant, à partir de 1965, l’écart en
terme de niveau de vie diminuait entre les deux pays. On peut aussi évoquer la
formidable avancée dans le domaine des droits des femmes et particulièrement de
la contraception dans ce pays, ce fut nettement supérieur à ce qui se passait
en RFA.
— On
sait qu’à Cuba, les taux de mortalité infantile est inférieur et que celui de
l’’espérance de vie et de scolarisation est nettement supérieur non seulement à
ceux des autres pays d’Amérique latine, mais parfois même à celui des USA. Des
pauvres des USA ne bénéficiant d’aucune couverture sociale viennent se faire
soigner à Cuba ; des médecins cubains sont installés dans les quartiers pauvres
des grandes villes du Venezuela, Cuba est le pays du monde qui forme le plus de
médecins par rapport à son nombre d’habitants.
@@@@@@@
Le but de la
Révolution d’octobre était non pas d’ajouter un supplément d’âme au régime
capitaliste mais de briser ce régime et d’en établir un autre. En ce sens, on
comprend que les partis de gauche actuels en France et ailleurs, qui se
proposent de repeindre en rose la façade du régime ne se réclament en aucune manière
de l’héritage d’Octobre.
@@@@@@@
Pourquoi briser l’Etat bourgeois ?
Il est de
bon ton aujourd’hui, pour tous les partis politiques, du FN à la LCR d’évoquer
un Etat au-dessus de tout, qui serait une espèce d’entité neutre, garante des lois
protégeant le citoyen. Cette interprétation a, de tous temps, été utilisée par
celles et ceux qui ont intérêt à nier la lutte des classes. Or l’Etat est un
instrument au service de la classe dominante pour opprimer la ou les classes
dominées. Il n’est pas neutre, il est du côté des capitalistes.
Voici ce
qu’en disait Engels dans "L’Origine de la famille, de la propriété
privée et de l’Etat" :
« L’Etat est un produit de la société à une certaine étape de son
développement. Il constitue l’aveu que la société s’est scindée en antagonismes
inconciliables dont elle est impuissante à se débarrasser. Pour que ces
antagonismes, ces classes qui ont des intérêts économiques contradictoires ne
se dévorent pas et ne dévorent pas la société, une force est devenue nécessaire,
qui, se plaçant en apparence au-dessus de la société modèrerait le conflit, le
maintiendrait dans les limites de "l’ordre". Cette force est l’Etat. »
Ainsi ce que
nos divers politiciens appellent la "démocratie» n’est en fait que la
dictature de la Bourgeoisie, c’est-à-dire de ceux qui possèdent les moyens de
produire et d’échanger. Voici
quelques mots de Lénine sur un des aspects de cette soi-disant
"démocratie», la liberté de la presse.
« La
liberté de la presse est une duperie tant que les meilleures imprimeries et les
plus gros stocks de papier sont accaparés par les capitalistes, tant que demeure le pouvoir du capital sur
la presse... Les capitalistes qualifient de liberté de la presse la liberté
d’utiliser leurs richesses pour fabriquer et falsifier ce qu’on appelle
l’opinion publique. »
Pour finir,
il faut dire quelques mots des élections. Les élections, sous le régime
capitaliste, sont une gigantesque opération de manipulation qui vise à donner
l’illusion que la politique gouvernementale, qui est directement décidée par le
grand capital, serait une émanation de la volonté du peuple.
Tout cela
permet de comprendre pourquoi les Bolcheviks voulaient prendre le pouvoir et
casser l’appareil d’Etat existant, lequel était au service de la Bourgeoisie,
et d’en construire un autre. Marx et Engels l’exprimaient ainsi en 1848 dans la
dernière préface du "Manifeste du parti communiste" : « La
Commune a démontré que la classe ouvrière ne peut pas simplement s’emparer de
la machine d’Etat toute prête et la mettre en marche pour la faire servir à ses
propres fins. »
Cette
opération de destruction et de remplacement s’appelle la dictature du
prolétariat. Lénine la définit ainsi dans "L’Etat et la Révolution"
: « L’Etat est une "force spéciale de répression". Il en
résulte que cette "force spéciale de répression" du prolétariat par
la bourgeoisie doit être remplacée par une "force spéciale de
répression" de la bourgeoisie par le prolétariat (dictature du
prolétariat). C’est en cela que consiste la suppression de l’Etat en tant
qu’Etat. »
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Le régime socialiste issu d’Octobre
La société
socialiste mise en place pour la première fois en URSS est une société de
transition. Pour aller vers une société sans classe, la société communiste, il
faut briser toute la résistance de la bourgeoisie et de ses valets, c’est le
rôle de la société socialiste. La lutte des classes se poursuit dans cette
société, mais ce sont les anciens exploités qui ont le pouvoir et oppriment
l’ancienne classe dominante la bourgeoisie.
Les naïfs et
les ralliés aux vertus du capitalisme qui parlent de démocratie et expliquent
qu’il suffit de parvenir au pouvoir par les élections pour renverser le
capitalisme ont oublié les assassinats de Lumumba ou Allende. Jamais la
bourgeoisie ne s’est laissée ou ne se laissera déposséder du pouvoir, de son
rôle de classe dominante, sauf par la force. Elle est prête à tout, même à
installer des Hitler ou Mussolini, qui sont ses agents, au pouvoir.
Pour les
capitalistes qui jouissaient pleinement de la démocratie bourgeoise, la
révolution d’Octobre a signifié la fin de la liberté d’exploiter, la fin de la
liberté d’accumuler des fortunes par des moyens légaux ou illégaux, la fin de
la liberté d’acheter des media et de fabriquer l’opinion publique, la fin de la
liberté d’organiser l’enseignement dans leur intérêt.
L’économie
socialiste était planifiée. On ne laissait plus aux profiteurs capitalistes, la
fameuse liberté du "renard libre dans le poulailler libre". On
recensait les besoins de la population pour les quatre ou cinq années à venir
et le rôle des usines ou des coopératives agricoles et des fermes d’Etat était
de produire ce qui correspondait à ces besoins, sans dégager de profits
capitalistes, sans que quelque actionnaire que ce soit entre en ligne de
compte.
@@@@@@@
Pas de révolution sans contre-révolution
On peut
mesurer l’importance de l’URSS à la peur qu’elle a déclenchée chez les
possédants, notamment des pays impérialistes, aux multiples tentatives qu’ils
ont faites d’en finir avec elle, à la pression constante, économique comme idéologique qu’ils ont exercée
sur elle, avant de finir par l’emporter. Cela permettra en même temps de donner
quelques éléments de réponse à une vaste question : puisque le régime
socialiste établi en Russie puis en URSS par la révolution d’Octobre était si
bien, pourquoi donc a-t-il disparu ?
S’il n’est
pas question de tout détailler ici, il est bon de faire quelques rappels. Car
l’URSS, de sa naissance à sa mort a été poursuivie de la haine et de
l’activisme des grands pays impérialistes avec un seul but : la calomnier, la
détruire et faire oublier aux classes dominées de la planète l’existence d’une
expérience socialiste
La
pression extérieure militaire
Ce fut
d’abord par la guerre que les impérialistes tentèrent de se débarrasser de
l’URSS.
La première
tentative des destructions de l’URSS naissante fut le soutien apporté par les grands
pays capitalistes aux fascistes russes blancs (Koltchack, Denikine, Youdenitch)
ou ukrainiens (Petlioura) durant la guerre civile (1918 – 1920). Ce soutien
alla même jusqu’à l’envoi de troupes (françaises avec les Polonais, corps
francs allemands dans les pays baltes, japonaises à Vladivostock et auprès de
Koltchack).
Après
l’arrivée au pouvoir de Hitler, les dirigeants britanniques, puis français à
partir de 1938 firent tout pour laisser les nazis face aux soviétiques.
Certains mêmes, notamment à l’état-major français concevaient une guerre aux
côtés des Allemands contre les Soviétiques. L’URSS se retrouva seule à aider la
République espagnole attaquée par les fascistes ; il fut interdit à l’armée
soviétique d’intervenir aux côtés de la Tchécoslovaquie lors des accords de
Munich.
Alors que la
guerre s’approchait, en 1939, Britanniques et Français firent traîner les
pourparlers d’alliance défensive avec les Soviétiques et même les
abandonnèrent. Seule la signature du pacte germano-soviétique empêcha momentanément
le scénario que les impérialistes d’Europe avaient prévu : une guerre Allemagne
nazie Union Soviétique. Mais, en France notamment, on ne désarma pas. Des
soldats et des pilotes furent envoyés combattre aux côtés des Finlandais,
alliés des Allemands, contre les Soviétiques. Le général Weygand, un des plus
importants personnages de la coterie fasciste française, fut chargé, en pleine
guerre franco-allemande (1939/1940) d’organiser un corps expéditionnaire qui,
parti de Syrie (alors protectorat français), attaquerait l’URSS dans le
Caucase. Ce plan resta, bien entendu, d’actualité sous le gouvernement de Vichy
jusqu’en août 1941, où la Syrie fut libérée par les soldats britanniques et les
Forces Françaises Libres.
La grande
affaire de Vichy et de ses maîtres nazis sous l’occupation fut la chasse aux
Communistes. On sait qu’une Légion des Volontaires Français (la LVF) contre le
bolchevisme fut créée avec l’assentiment d’une bonne partie du haut clergé :
des Français allèrent ainsi combattre sur le front de l’est sous l’uniforme
allemand, aux côtés de Hongrois ou d’Espagnols fascistes de la division Azul.
Plus
généralement, les militants communistes dans les pays européens occupés et les Soviétiques
supportèrent l’essentiel des coups des nazis. On sait par exemple que Staline
avait demandé dès 1942 aux alliés l’ouverture d’un second front afin de
soulager l’Armée rouge et la population soviétique. Ce ne fut que lorsqu’il
était évident que l’Armée rouge avait vaincu la Wehrmacht et pour empêcher que
les Soviétiques ne libérassent seuls l’Europe que ce second front fut enfin
décidé.
Si le
rapport de force militaire ne permit ni aux Britanniques ni aux Américains de
répondre favorablement aux sollicitations de certains dignitaires nazis en
1945, qui leur offraient leurs services pour combattre les Soviétiques à leurs
côtés, ils récupérèrent et recyclèrent tout un tas d’officiers généraux, de
maîtres-espions ou de scientifique de l’organigramme nazi.
Pour autant,
en 1945, l’option militaire avait fait long feu. S’il était désormais
impossible aux impérialistes de vaincre l’URSS par la force, d’autres moyens
seraient utilisés.
La
pression extérieure économique
Durant cette
période que l’on a nommée la «guerre froide», puis, durant la suivante, celle
de la «coexistence pacifique», les gouvernements des grands pays capitalistes
et notamment l’impérialisme US ont poursuivi le même but : mettre à genoux le
premier pays socialiste.
Au début, la
tactique utilisée fut le financement par les USA, non touchés directement par
la guerre, des pays capitalistes d’Europe de l’Ouest pour qu’ils fassent la
différence économiquement parlant avec les pays socialistes d’Europe de l’Est.
Afin d’être sûr d’avoir tout le monde à sa botte, le gouvernement US intervint
aussi directement afin de faire cesser la participation des partis communistes
aux gouvernements de France, d’Italie ou de Belgique.
Le lancement
de la Communauté européenne fut aussi un moyen utilisé par les USA et leurs
alliés pour lutter contre les pays socialistes.
Mais, à
partir de la fin des années cinquante, les USA inventèrent la course aux
armements. Les dirigeants soviétiques se sentirent obligés de leur emboîter le
pas tout en ayant des moyens bien inférieurs. De même, plus généralement,
durant la coexistence pacifique, les gouvernements soviétiques se fixèrent pour
but de rattraper le plus vite possible les USA dans quantité de domaines ou de
les devancer (on se souvient de la course à l’espace). Ils y engloutirent des
sommes folles qui furent une des causes non négligeables des difficultés économiques des années 70 et 80, puis de la chute de l’URSS.
Durant la période de la «pression militaire»,
avant la seconde guerre mondiale, le combat idéologique fut mené en interne :
on utilisa des opposants à l’intérieur de l’URSS, comme les fascistes
ukrainiens que l’on retrouva ensuite dans les rangs des nazis ou des déclassés
des rangs élevés des classes moyennes de l’ancien régime (ingénieurs ou
régisseurs agricoles notamment) pour saboter l’économie soviétique.
A partir des
années trente, les services secrets britanniques et surtout allemands se
débrouillèrent pour utiliser directement ou indirectement des personnages importants
du régime et de l’Etat-major de l’Armée rouge. On sait qu’un groupe de ces
derniers organisa l’assassinat de Kirov, secrétaire du parti à Leningrad (1934)
et échoua à en organiser un, la même année, contre le grand écrivain Gorki.
Il faut dire
un mot, à ce sujet de l’utilisation de Trotski. L’ancien dirigeant de l’Armée
rouge devint, qu’il l’ait voulu ou non, qu’il l’ait réalisé ou non, un allié et
un outil aux mains de toutes les forces réactionnaires qui étaient opposées à
la construction du socialisme en URSS. On peut relever que ces attaques les
plus violentes contre le gouvernement soviétique commencèrent au moment même
(1932) où le gouvernement britannique lançait une opération idéologique contre
le travail forcé et les persécutions religieuses en URSS, au moment même où
débutait une vaste opération de sabotage et d’intoxication évoquant une
soi-disant famine en Ukraine soviétique. Une opération qui constitua
principalement en l’assassinat de dirigeants des kolkhozes et une publicité
pour la famine dont la correspondance de l’époque des diplomates français en
place avec leurs ministres suffit à démontrer le caractère mensonger. Enfin,
des liens furent démontrés entre certains «émissaires» de Trotski en URSS
durant son exil et les services secrets nazis.
Après la
seconde guerre mondiale, le leadership de la "guerre idéologique"
passa aux USA, qui, au moyen notamment de la CIA et d’autres organismes du même
acabit, menèrent une bataille idéologique à tous crins contre l’URSS. Les
différentes radios et télés qui émettaient depuis ce qu’ils appelaient le
«monde libre» jouèrent un rôle non négligeable. La mise en avant des joies de
la consommation dans les pays capitalistes et la faiblesse de la riposte
idéologique en URSS à partir des années 70 convainquirent un grand nombre
d’habitants des pays socialistes qu’avec le capitalisme, ils auraient tous
leurs acquis, plus la consommation ; on sait qu’ils déchantèrent vite.
@@@@@@@
La falsification de l’histoire
Ce 7
novembre exactement, à cause du décalage entre les deux calendriers (julien et
grégorien), nous fêtons le quatre-vingt-dixième anniversaire de la Révolution
d’Octobre. Occasion de lire ou
d’entendre ici et là divers commentaires des idéologues du capital, pour
lesquels l’oubli ou l’enterrement sont les meilleures des choses. Plus nombreux
seront les gens qui ignorent et ignoreront l’existence d’une expérience de
société socialiste aussi riche plus les profiteurs dormiront tranquilles.
Deux
catégories de personnes au moins se sont fendues d’un commentaire haineux,
mensonger ou les deux à la fois. D’abord, les professionnels de la
désinformation, ceux qui font l’opinion pour le capital, journalistes de la
presse écrite ou de la télévision, et, pour le sujet qui nous concerne, pseudo
historiens. Ensuite, il fallait bien que les repentis de tout poil, les anciens
révolutionnaires devenus réformistes et défenseurs zélés des mérites de la
démocratie capitaliste, disent leur mot, fût-il court et insipide.
On peut
aisément dire un mot de la vision unilatérale de la Révolution socialiste
d’Octobre qu’ont tous ces serviteurs du capital et du premier Etat socialiste
de l’Histoire. Voici quelques réflexions à ce sujet qui concernent la façon
dont la révolution d’octobre est présentée dans les manuels scolaires.
Nous nous
attaquons là au plus gros morceau, l’Histoire officielle, telle qu’elle a été
patiemment construite depuis des décennies, notamment, en direction des élèves
avec les modifications des programmes et des manuels scolaires en 1983,
modifications aggravées à plusieurs reprises depuis.
Les efforts
de François Furet dans les années 80 pour réécrire l’Histoire de la Révolution
française puis du mouvement communiste au XXème siècle ont été poursuivis et amplifiés
par une nouvelle génération d’idéologues proches du fascisme, comme le dénommé
Courtois, qui font effort pour réviser le moindre petit moment de l’Histoire du
mouvement ouvrier révolutionnaire. Ces gens-là avancent de moins en moins
masqués et glorifient à longueur de ligne ou d’antenne ce qu’ils appellent la
démocratie et que nous appelons le capitalisme, la dictature de la bourgeoisie.
Ce courant
de révision et réécriture que nous appellerons le courant falsificateur ne
s’embarrasse pas de nuances. Son but n’est pas de discuter avec d’éventuels
opposants mais d’asséner une vérité aussi immuable que les textes sacrés d’une
religion. Ils énoncent la "doxa", qui compte désormais force
partisans, même quelques anciens historiens qui se disaient communistes et qui
ont rallié le troupeau, tel le fameux Roger Bourderon, qui a commis un pavé sur
les liens supposés entre le PCF de 1940 et le nazisme. Tout est bon pour ces
falsificateurs pour créer la confusion et taper sur la Révolution. Aussi ne
cherchent-ils pas le moins du monde à trouver chez Lénine ou même chez Marx (ne
parlons pas de Staline) quoi que ce soit d’intéressant, qui aurait été dévoyé
ou ne serait plus d’actualité. Le marxisme est leur ennemi, s’ils le pouvaient,
ils colleraient Marx, Engels et Lénine sur la liste des organisations
terroristes ou des Etats voyous.
Chez ces
gens-là, il est interdit de présenter Octobre sous un angle de classe. Aucun
journaliste ou historien officiel n’essaie d’expliquer la lutte des classes ni
la conception de l’Etat des marxistes. Le parti pris est systématiquement celui
des défenseurs du capitalisme : la "démocratie" règne dans nos pays,
la liberté de la presse, le suffrage universel, etc..., et dans les méchants
pays socialistes, c’est la dictature ou mieux, le totalitarisme. Cela démontre
un grave problème d’éthique, ce qui, entre parenthèses, ne saurait nous étonner
; car quelle critique peut-on faire d’un événement, d’un régime politique sans
expliquer le point de vue de ceux qui l’ont vécu, qui l’ont initié, qui l’ont
dirigé, même si c’est pour l’attaquer ensuite. Ici, rien de cela, de la même
manière qu’on n’étudie la colonisation que du point de vue des colonisateurs,
on n’étudie les pays socialistes et la Révolution d’Octobre que du point de vue
des idéologues du capital.
Aucune
analyse n’est faite de l’émergence de la classe ouvrière et du poids
prépondérant de la bourgeoisie dans la dernière période tsariste. Le caractère
impérialiste de la guerre n’est jamais dit, on insiste sur l’horreur des tranchées
mais pas sur les intérêts des grands capitalistes dans cet affrontement. Enfin,
la Révolution d’Octobre semble contagieuse avec la république des Conseils de
Bela Kun en Hongrie ou la Révolution spartakiste de Rosa Luxemburg et Karl
Liebknecht en Allemagne, mais aucune explication n’est donnée de la proximité
de ces mouvements avec Octobre. On ne dit rien de la conception de ces
mouvements ou partis communistes, surtout rien de la faillite de la IIème
Internationale, compromise dans l’Union sacrée avec les bourgeoisies nationales
ni de son rôle actif dans la répression anti-révolutionnaire (les
sociaux-démocrates allemands Ebert et Noske font massacrer les Spartakistes).
Mais c’est
évidemment la période de la réalisation du socialisme, jusqu’à la seconde
guerre mondiale qui est le plus dénaturée. En ce qui concerne l’agriculture,
nos manuels expliquent que la collectivisation des terres n’a pas eu le soutien
de la majorité des paysans. Or cette majorité ne possédait aucune terre sous le
régime tsariste et beaucoup d’entre eux s’étaient battus pour la
collectivisation des terres. Le véritable obstacle vint des koulaks, paysans
riches, propriétaires de leurs terres, qui furent dépossédés. Un manuel de
troisième explique que «les paysans brûlent les récoltes et les troupeaux» en
1931, alors que ces actions de sabotage venaient des koulaks et des fascistes
ukrainiens ou d’autres, plus ou moins stipendiés par la Grande-Bretagne ou la
Pologne voisine. Un autre parle de la famine, dont on sait aujourd’hui qu’elle
fut "inventée" par la propagande de ces mêmes pays. L’idée de la
suppression de la propriété privée des terres est considérée comme monstrueuse,
on sent qu’elle donne des boutons à tous nos historiens bon teint, aussi les
débordements et inexactitudes sont nombreux.
De plus en
plus, la collectivisation des terres ou celle des usines sont présentées comme
antinaturelles, voire criminelles. C’est l’ambiance globale du continent
européen. On peut relier ces positions de journalistes et d’historiens à la résolution
adoptée il y a plusieurs mois par le Conseil de l’Europe qui condamne la théorie marxiste comme meurtrière parce
qu’elle favorise la lutte des classes.
Aucune des
tentatives d’attaquer directement ou indirectement, militairement ou idéologiquement
le premier pays socialiste du monde n’est évoquée dans aucun des manuels de
lycée ou de collège traitant la période. Les seuls mots que l’on trouve pour
expliquer le régime sont dictature et totalitarisme. Le deuxième est bien
pratique : il n’a aucun contenu de classe et parle de contrôle des habitants
dans tous les domaines. Comme le parti pris est de dire que les démocraties
bourgeoises ne contrôlent pas, ne répriment pas (à quoi servent donc les media et la police ?) le tour est joué. Au
lieu de répartir les régimes politiques du point de vue de leur nature de
classe (capitaliste ou socialiste) on distingue démocratie et totalitarisme,
comme cela on met les fascistes plus ou moins dans le même tiroir que les
révolutionnaires. Ce concept de totalitarisme est donc le seul qui permette une
totale confusion non seulement sur la nature du régime socialiste mais aussi et
surtout sur son opposition frontale avec toutes les formes de fascisme et
notamment sur l’opposition irréductible qui donna tout son sens à la seconde
guerre mondiale : les communistes contre les nazis.
La plupart des historiens, dans les manuels ou
dans d’autres ouvrages évoquent la dictature de Lénine, puis de Staline. Mais
le concept de dictature du prolétariat comme réponse à la dictature du capital
n’est jamais évoquée ni expliquée. La notion de classe sociale n’est pas
explicitée, ni la lutte des classes, bien entendu, il est donc très difficile à
des lycéens ou à des collégiens d’y comprendre quoi que ce soit. Ainsi le même
manuel de 3ème explique que «Pour établir une société sans classe, Staline
décrète en 1929 la collectivisation des terres». Mais qu’est-ce donc qu’une
société sans classe ? Pourquoi la bourgeoisie terrienne doit-elle être
contrainte ? Les malheureux collégiens n’en sauront rien.
@@@@@@@
Qu’est-ce
que le révisionnisme ?
Il s’agit
ici d’une caractérisation politique, telle que Lénine l’a utilisée. Il s’en
prenait ainsi à ceux qui révisaient la théorie marxiste au début du XXème
siècle afin d’enterrer la révolution socialiste et qui parlaient d’accéder au
pouvoir par les élections. Les principales cibles de Lénine furent les
sociaux-démocrates Bernstein et Kautsky, symboles de ces militants de la IIème
internationale qui, dans leurs parlements respectifs, votèrent les crédits de
guerre avant la 1ère guerre mondiale, participèrent à des gouvernements d’union
sacrée avec la bourgeoisie de leurs pays respectifs et condamnèrent la révolution
bolchevique. Lors de la scission du mouvement ouvrier, autour de 1920 entre
partis communistes et partis sociaux-démocrates, ils furent évidemment dans le
second camp.
Dans "L’Etat
et la Révolution", Lénine s’en prend à ces révisionnistes, qui, tout au
contraire de Marx et Engels, considèrent l’Etat comme neutre et pensent donc
que la révolution ne consiste qu’à la prise du pouvoir d’Etat et absolument pas
en la destruction de l’Etat bourgeois. A contrario des révisionnistes, Marx
disait dans une de ses "Lettres à Kugelmann", à propos de la
Commune de Paris : « La Révolution en France doit avant tout tenter, non
de faire passer la machine bureaucratique et militaire en d’autres mains, mais
de la briser. Là, précisément est la condition de toute révolution vraiment
populaire sur le continent. »
Il émane
d’anciens partis communistes en Europe ou dans le monde, dont certains, comme
le PCF n’ont plus rien à voir avec le mouvement révolutionnaire mais ont gardé
leur nom, au moins pour le moment. Le maître mot de ce révisionnisme moderne
est celui de démocratie. Cette acceptation des valeurs du capital a deux
corollaires importants.
D’abord,
c’est à l’aune de cette démocratie que l’on juge la Révolution d’Octobre et ses
conséquences et que l’on porte le même jugement par exemple sur l’actuel Cuba
socialiste. Ce n’est pas "démocratique", il n’y a pas le suffrage
universel, il n’y a pas la liberté de la presse, et la litanie habituelle. Avec
cette théorie, ce n’est pas à cause de l’intense lutte des classes économique,
idéologique et militaire livrée pendant 70 ans que l’URSS est tombée, mais à
cause du manque de démocratie. Et ceux qui, dans ce panier de crabes, osent se
réclamer du communisme disent qu’il doit rompre avec Octobre. Le secrétaire
général de l’ex-Parti Communiste Italien, Enrico Berlinguer, eurocommuniste et
révisionniste notoire l’avait dit en son temps : « La veine d’Octobre est
tarie, nous devons en finir avec elle. ».
Comme, de ce
point de vue, la lutte des classes est niée pour faire croire à une prétendue
démocratie universelle, la fin de l’URSS constitue la preuve même pour ces
doctes penseurs que le régime socialiste d’URSS était mauvais. L’échec invalide
l’expérience. Heureusement que nos ancêtres du néolithique n’ont pas réagi
ainsi lorsque leurs premières récoltes étaient mauvaises, heureusement qu’ils
ont persisté malgré leurs échecs... Il est important de dire que cette fin de
l’URSS est présentée comme une bonne chose par les révisionnistes, qui,
refusant de voire les ravages que connaît la planète depuis et à cause de cette
fin.
Pour
terminer il faut évoquer ceux des révisionnistes qui, peut-être plus malins que
les autres, ne se contentent pas de nous abreuver de la démocratie et de l’échec
de l’URSS. Pour ceux-là, Marx, c’était très bien, Lénine aussi (enfin, il y en
a moins) mais, maintenant c’est différent. Le maître discours est celui-ci :
nous ne sommes plus en 1848 (date de la parution du "Manifeste du parti
communiste") où encore les choses ont changé depuis Marx et Lénine.
Pourtant la phase actuelle du capitalisme est décrite par Lénine dans "L’Impérialisme,
stade suprême du capitalisme" et, fondamentalement il y a ceci de
commun avec 1848 que c’est toujours la bourgeoisie qui est la classe dominante
et toujours la classe ouvrière qui la fait vivre comme elle fait vivre les
autres et qui, en s’émancipant, peut renverser cette domination, abolir la
société capitaliste, détruire l’Etat bourgeois en construisant une société
socialiste.
Ne nous
laissons pas aveugler par les sirènes idéologiques du capital, qu’elles
viennent des falsificateurs ou des révisionnistes. La première expérience
socialiste, commencée en Octobre 1917 est riche d’énormément d’enseignements
pour ceux qui veulent en finir avec le capitalisme mais aussi pour ceux qui
veulent seulement comprendre les rouages de cette société inhumaine et
découvrir comment on pourrait s’en passer...
Notes :
1-la même critique peut
être adressée à ceux qui dénoncent la Révolution française comme
dictature.
Retour au texte (1)
2-dès avant 1941 (de même
que le PCF a résisté dès avant cette date) : soutien à la République
espagnole (à l’inverse du gouvernement Blum et de l’Angleterre) ;
manœuvres occidentales pour ne pas s’allier à l’URSS en 1938 (Munich) et 1939
mais au contraire pour pousser Hitler à attaquer l’URSS, manœuvres finalement
déjouées par le traité de non-agression germano-soviétique d’août 1939, seule possibilité
de survie laissée par les « démocraties » occidentales à l’URSS.
Retour au texte (2)
3-l’OTAN a été créé bien
avant le Pacte de Varsovie
Retour au texte (3)
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