Les faits : la dette publique du pays (dette de l’Etat, des collectivités publiques et des organismes sociaux) a atteint au deuxième trimestre 2020 114% du Produit Intérieur Brut (PIB) soit 2638,3 milliards d’euro et devrait s’élever à 125% du PIB à la fin de l’année.

Le pouvoir après avoir affirmé lors du premier confinement qu’il fallait « préserver » l’économie « quoi qu’il en coûte » a procédé à une série de mesures dont les coûts s’élèvent à plus de 100 milliards d’Euros. Elles sont destinées essentiellement aux entreprises et plus particulièrement aux grandes multinationales sous forme de nouveaux cadeaux fiscaux et d’exemptions des cotisations sociales. D’ores et déjà, cette injection de moyens sert à la restructuration du capital de ces entreprises avec à la clé des dizaines de milliers de licenciements de travailleurs toutes les semaines.
Le gouvernement met le paquet, il n’y a pas un jour sans annonce de nouveaux cadeaux au patronat. Pandémie ou pas, les attaques contre les services publics se multiplient, les « plans sociaux » pleuvent. Face aux inquiétudes et à la colère qui montent, aux luttes, le pouvoir sort la matraque contre les militants qui se battent et plus généralement contre les libertés publiques.
Une campagne quotidienne du pouvoir avec les médias explique, qu’il faudra rembourser la dette. La dette de qui ?
Chaque année, le travail des salariés produit en France 2.500 milliards de richesses. De quoi faire marcher l’économie, payer les besoins sociaux du peuple : les besoins de santé, d’éducation, les retraites…
La dette est celle produite par le capitalisme qui dirige notre pays.
Comment marche le mécanisme de la dette, en France comme dans tous les pays capitalistes ? Une des solutions dans le cadre du capitalisme est d’alimenter la spéculation par la monétarisation de la dette par la Banque Centrale Européenne. Ce mécanisme que l’on peut décrire simplement de la manière suivante : la Banque centrale européenne (BCE) achète de la dette publique à ses détenteurs. L’Etat s’endette pour la rembourser à la BCE et la BCE achète cette nouvelle dette. En clair, un mécanisme de dette perpétuelle, sauf qu’avec le jeu des intérêts, le mistigri gonfle à chaque tour de passe-passe et qu’il profite aux aggioteurs capitalistes qui spéculent sur la dette. Par exemple : lors de la crise de 2008, Sarkozy a injecté 428 milliards pour les entreprises et les banques. Grâce à ces liquidités, les profits sont repartis à la hausse, la spéculation a repris son court. Plus loin en 1976. Giscard d’Estaing en réponse à la sécheresse de l’été 1976, avait décidé un impôt de 5 milliards de francs empruntés sur les marchés financiers et au bilan, ce sont 45 milliards de francs qu’ont ramassé les « institutions financières » !
Depuis le tournant des années 80-90 du siècle dernier, le capitalisme a obtenu une complète dérégulation des marchés financiers. La capital est devenu plus mobile et a permis aussi une mobilité du capital vers des zones géographiques où sa valorisation, en terme de profits, était meilleure étant donné les conditions salariales locales. Ces profits sont venus gonfler les disponibilités de capitaux qui cherchent à « s’investir » pour un profit maximum. La spéculation est nécessaire pour maintenir de tels mécanismes.
Déjà, Macron avec son gouvernement, fondés de pouvoir des grandes entreprises capitalistes, avancent dans deux directions. Tout d’abord, c’est la reprise économique de l’après Covid qui devrait permettre d’assécher la dette. Ils ajoutent que cela doit se faire par une accélération des réformes permettant aux entreprises de gagner en productivité. Cela signifie un accroissement de l’exploitation capitaliste du travail salarié en faisant pression sur les salaires, la protection sociale et l’emploi. Tout cela n’est guère original. Tous les pays que le Fond Monétaire International a sommé de restructurer leur « dette » ont été soumis à une « purge » sociale et à un recul des droits sociaux, le tout accompagné d’une liquidation des services publics. Sont aussi dans le viseur, les grandes conquêtes salariales de la sécurité sociale et des retraites. Certes, ces attaques remontent à loin mais elle prennent un acuité nouvelle. Il n’y a pas un jour où les « déficits » de la sécurité sociale, comme celui des caisses de retraite sont mises en avant pour signifier que les salariés devront payer et en prime « passer le relai » à des structures privées. Dans le même temps, les profits capitalistes continuent de croître et les actionnaires de toucher de substantiels dividendes !
Les discours du pouvoir et du patronat ne nous impressionnent pas. Les salariés n’ont pas à payer les frais de la crise du capitalisme, il ne faut pas se laisser faire.
Face à la situation faite aux salariés, il y a des luttes dans de nombreux secteurs. Seule la lutte unie, partout et de plus en plus fort contre les contre-réformes, les licenciements, la liquidation des conquêtes sociales permettra d’empêcher les mauvais coups. A cela, il faut ajouter la lutte politique contre le capitalisme pour un changement de société dont tout montre aujourd’hui la nécessité impérieuse.

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