726-21/07/2021 Il y a quelques jours, la commission européenne par la voix de sa présidente, Ursula von der Leyen, a dévoilé son plan "fit for 55".

Il s'agit de douze directives et règlements visant à réduire les émissions de CO2 de 55% d'ici à 2030 par rapport à celles de 1990. L'objectif affiché est d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Rappelons que cet objectif a été validé l'an passé par les 27 États de l'Union. Observons tout d'abord, que c'est l'union sacrée autour du CO2, personne ou presque ne met en doute l'objectif d'en réduire la production et si des voix discordantes se manifestent, elles sont étouffées sous un avalanche de "certitudes" quant à son rôle présumé dans le réchauffement climatique. Cet aspect des choses n'est évidemment pas négligeable dans la mesure où le support de la stratégie de l'UE, comme celui des États membres repose sur cette affirmation et que de là s'ensuivent des mesures dont la portée sera considérable pour les décennies qui viennent. Nous verrons d'ailleurs que sur cette base, sont largement négligés les conséquences directes des orientations qui sont prises en matière énergétique.
Les mesures avancées reposent sur une nouvelle fiscalité du marché du carbone. Et cela dans trois directions:
• Par la baisse du plafond des quotas d'émissions de CO2 et leur extension aux transports routier, maritimes et aux bâtiments.
• L'augmentation du prix du CO2.
• L'application de taxes aux frontières pour les produits importés en prenant en compte leur impact en terme de CO2.
L'ensemble de ces mesures auront pour conséquence de renchérir de manière significative le coût des transports et du logement et des produits de premières nécessités pour les salariés.
D'autre part, de nouvelles aides seraient apportée aux énergies dites renouvelables et les normes environnementales seraient durcies. Parmi les mesures préconisées, on trouve la fin des moteurs thermiques à essence ou diesel en 2035 et le passage au tout électrique avec en prime la suppresion du chauffage au fioul ou au gaz. Ce programme rejoint les annonces faites en France sur le passage au tout électrique dans les transports et le chauffage.
Ces changements s'ils se produisent vont être à l'origine d'un tsunami d'aides au capital pour assurer sa "transition verte", il va aussi et a contrario être un tsunami contre les salariés en terme d'emplois et en ce qu'il va les obliger à des dépenses importantes en matière de transports par le renouvellement contraint de leur véhicules et de leurs moyens de chauffage. La question apparaît si sensible et potentiellement éruptive qu'un fond spécial est envisagé qui serait doté de 72 milliards d'Euros pour 2025-2032.
La volonté de passer au tout électrique en matière de transports et de chauffage en développant les énergies dites renouvelables peut être considéré comme une "quadrature du cercle". Prenons un exemple. Si dans son cycle de parcours un véhicule électrique ne produit pas de CO2, rien n'est dit sur la nécessaire production d'électricité pour l'alimenter ni sur les quantités supplémentaires qu'exigeront un tel changement de dimension du parc automobile électrique. Comment alimenter un tel réseau de manière pérenne en programmant la suppression de 14 réacteurs nucléaires et en éclatant le "marché" de l'électricité avec le plan de démantèlement d'EDF ? Sans compter la question du rechargement des batteries qui demanderont un réseau dense électrique d'une grande stabilité, ce que ne pourront assurer ni les éoliennes ni les systèmes basés sur le solaire qui sont des moyens intermittents de production d'électricité. Dans les questions laissées dans le flou artistique se trouve aussi la fabrication et le recyclage des batteries. Toutes ces questions sont enfouies dans les non-dit pour empêcher un réel débat de fond sur les changements que demandent des transports de masse plus collectifs et moins polluants, sans parler des conséquences en terme d'emploi. Ainsi, en France le passage au tout électrique ferait perdre à nouveau des dizaines de milliers d'emplois et cela, sans qu'aucune évaluation réaliste ne soit faite des bénéfices que la société pourrait tirer de ces changements. La seule certitude et celle-là est bien réelle, ce sont les aides massives que reçoivent déjà les grandes firmes capitalistes pour restructurer leur production et les juteuses mises sur le marché des services publics des transports, de l'énergie, de la communication et de bien d'autres par leur démantèlement et leur privatisation.
Le projet européen, comme les orientations prises en France et qui concordent, sont de fait un vaste plan d'aide public pour restructurer les grands monopoles et leur donner un avantage compétitif dans la concurrence mondiale en imposant sur son marché des règles dites "écologiques" et qui sont de fait des systèmes de taxations et de normes déguisés.
Le capitalisme fait ainsi, une nouvelle fois, la preuve que son développement basé sur la recherche du profit maximum et de l'accumulation est un obstacle à la mise en oeuvre des capacités scientifiques et techniques à une production respectueuse des Hommes et de leur environnement, de leurs conditions même d'existence. Penser que l'on peut règler les problèmes du développement humain dans son environnement en verdissant le capitalisme est une illusion qui se payera cher, il faut au contraire l'abattre pour construire une société tout entière tournée vers la réalisation des besoins matériels et spirituels de l'Humanité. C'est le combat essentiel de ce siècle!