N° 08/03/2023 La valse des étiquettes sur les produits de premières nécessités et tout particulièrement sur l'alimentation vient de franchir un nouveau record. Avec les hausses du prix de l'énergie et des transports, celles du chauffage et des charges locatives, celles de nombreux services

et alors que les salaires et les pensions augmentent peu ou faiblement et en dessous de l'inflation, on peut dire qu'il s'agit d'un véritable hold-up contre les salariés, les jeunes, les retraités. La situation est devenue critique et dramatique pour des millions d'entre eux qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Dans le même temps, et cela ne doit rien au hasard, les bénéfices des grandes firmes capitalistes explosent, les profits grimpent de manière spectaculaire et les grandes fortunes s'élargissent encore.
Quel contraste entre, les détenteurs du capital, les privilégiés de la fortune qui dépensent sans compter et les millions de salariés, de retraités et de jeunes qui accumulent les dettes et sont contraints par millions de faire la queue pour obtenir une aide alimentaire et de quoi s'habiller, sans compter les enfants qui tous ne bénéficient pas du strict nécessaire y compris alimentaire. Le rapport à notre dernier bureau national pointe cette réalité(1) .
Parce qu'il sentent le potentiel de révolte légitime que charrie cette situation sociale, dans un contexte marquée par les luttes massives contre la réforme des retraites le gouvernement, le patronat et leurs media, s’emploient à brouiller les pistes. Après avoir minimisé les hausses de prix et inventé des dispositifs temporaires pour les amortir, comme les remises à la pompe pour les carburants, après avoir affirmé du caractère transitoire des hausses de prix, les voilà rattrapés par la réalité : l'inflation s'enracine et s'accélère. Face à cela, le gouvernement tente des contre-feux qui ne fâchent ni les entreprises de production, ni les grands groupes de la distribution, il les enjoint à la modération! En réalité, cela se traduit par des offres promotionnelles qui ne mettent pas en cause les profits des entreprises, mais organisent la chasse à une clientèle captive qui essaie de se débrouiller pour dépenser le moins possible. Tout cela ne fait évidemment pas baisser les prix !
Mais pourquoi une telle inflation? Répondre à cette question est de première importance car cela permet d'y voir clair et d'agir. Voici ce qu'en dit Robert Zoellick le Président de la Banque Mondiale : "Des conditions météorologiques défavorables dans le monde accompagné de l’incertitude de la qualité des récoltes de blé en Chine ont affecté l’approvisionnement alimentaire mondial. Une chaleur et une sécheresse record dans l’ex-Union soviétique ont fortement réduit la production de blé, bouleversant l’approvisionnement mondiale de blé. Des conditions extrêmes de sécheresse au Brésil—exportateur majeur de produits alimentaires—ont grandement contribué à provoquer des déficits en sucre, soja et maïs dans le monde. Des précipitations et des inondations dévastatrices en Australie ont endommagé les cultures de blé et réduit les rendements des récoltes de sucre. En outre, une sécheresse grave en Chine menace la récolte de blé du pays et a poussé la FAO à émettre une alerte spéciale, caractérisant la situation actuelle comme « un problème grave potentiel ». Pendant des décennies, la Chine s’est appuyée principalement sur sa propre production céréalière et était absente du marché mondial céréalier. Toutefois, si la sécheresse devait détruire une partie importante de la récolte et si la Chine devait importer des céréales pour satisfaire la demande intérieure, l’impact pourrait bouleverser le marché mondial et entraîner une hausse encore plus marquée des prix mondiaux. Compte tenu du pouvoir d’achat de la Chine, elle pourrait gagner la surenchère vis-à-vis des autres pays dans le marché mondial et sécuriser l’approvisionnement de sa propre population. Une population mondiale en expansion, une plus grande dépendance à l’égard des cultures comme les biocarburants et une consommation alimentaire en pleine transformation sont des facteurs qui contribuent à augmenter la demande alimentaire mondiale, élargissant encore plus l’écart entre l’offre et la demande. Sachant que la volatilité des prix et la demande croissante ont toutes les raisons de persister, nous avons besoin d’une action mondiale pour veiller à mieux garantir l’alimentation des populations pauvres avant de relever les défis de nourrir les neufs milliards prévus d’habitants dans le monde à l’horizon 2050."
Au-delà de ces considérations sur les conditions même de la production alimentaire, il faut et c'est essentiel, pointer la spéculation sur les marchés internationaux. Les spéculateurs profitent largement de la situation pour pousser les prix à la hausse. Rappelons que le marché des grains est entre les mains de quatre grands monopoles internationaux, les ABCD: Archer-Daniels-Midland, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus. À eux quatre, ils monopolisent 70% du commerce des céréales et jouent un rôle fondamental sur la fixation des cours. Ils ont par ailleurs de puissants intérêts en Ukraine et dans de nombreux pays producteurs.
Évidemment de tout cela, pas plus que des profits énormes réalisés par les grands groupes industriels et de la distribution, il n'est question dans la bouche des ministres, le droit d'exploiter et de spéculer est à leurs yeux une donnée fondamentale de ce qu'ils nomment la liberté d'entreprendre!
Face aux conséquences dramatiques pour des millions de salariés, l'heure n'est pas à la résignation mais à la lutte pour imposer des mesures immédiates: le blocage des prix des produits de première nécessité et celui de l'énergie, l'augmentation du salaire minimum de 510 euros absolument nécessaires pour boucler les fins de mois qui manquent à 54% des français pour boucler leur fin de mois et celle de tous les salaires et des pensions. Dans le contexte des luttes puissantes contre la réforme des retraites, ces revendications doivent trouver leur place. La lutte pour les retraites et les salaires sont bien intimement liées.

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(1) https://www.sitecommunistes.org/index.php/le-parti/bureau-national/2204-rapport-au-bureau-national-du-04-mars-2023