755-08/02/2022 8 février 2022, commémoration du 60ème anniversaire de l'assassinat de 9 manifestants contre les crimes de l'OAS (Organisation de l'Armée Secrète), la paix en Algérie et le droit à l'auto-détermination du peuple algérien(1) .

 

Ce jour de février 1962, 9 travailleurs et travailleuses, parmi eux un jeune apprenti de 15 ans, syndiqués à la CGT, dont 8 étaient membres du PCF ont été sauvagement assassinés par les brigades spéciales de police sous l'autorité du préfet de police de Paris Maurice Papon(2). Ils participaient à une manifestation pacifique « contre les crimes et attentats de l'OAS et pour le droit à l'auto-détermination du peuple algérien ».
La veille de cette manifestation, le 7 février, des centaines d'attentats et assassinats organisés par les fascistes de l'OAS ont lieu dans Paris.
En riposte, des dizaines de milliers de citoyennes et citoyens descendent dans la rue. A la dislocation, de la manifestation, au carrefour du métro Charonne, l'agression des forces de police est sauvage, avec une volonté de tuer manifeste.
75% des électrices et électeurs se sont prononcés par référendum en janvier 1961, en faveur du droit au peuple algérien à l'auto-détermination. Les atermoiements de De Gaulle confortent l'OAS, les ultras « Algérie française » et l'extrême droite.
Le 13 février 1962, 1 million de personnes venues de l'ensemble de la région parisienne et de province assistent aux obsèques des victimes du 8 février dans un immense défilé de la place de la République au Père-Lachaise.
Le lendemain, les négociations avec le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne reprennent et aboutissent au cessez-le- feu le 18 mars 1962.
60 ans après, la République Française doit reconnaître le caractère criminel de la répression, par les forces de l'ordre sous l'autorité du préfet Papon.
Ce n'est pas la voie qu'à choisi le pouvoir! Ainsi, Le Président Macron vient-il récemment au nom d'une "mémoire apaisée" de qualifier d'impardonnable pour la République la fusillade de la rue d'Isly à Alger le 19 mars 1962 ainsi que les massacres d'européens à Oran le 5 juillet 1962. Le seul problème c'est que le massacre de la rue d'Isly comme les représailles contre des européens à Oran ont été le résultat de l'action criminelle des tueurs de l'OAS dont il faut rappeler que les chefs, en particulier militaires, ont été amnistiés. Les crimes de l'OAS, en Algérie, et en France se comptent par milliers et avaient pour objectif avec une politique de la terre brulée et de massacres de retourner l'armée française contre les accords d'Évian, de détruire nombre d'infrastructures et de faire fuir les européens d'Algérie. C'est ce que rapporte précisement Malika Rahal(3) dans son livre Algérie 1962 . De fait par ses déclarations Macron se place du point de vue des tueurs de l'OAS.
Aujourd'hui, la répression contre ceux qui luttent continue et les méthodes restent inchangées : les CRS continuent de « naser » les manifestants lors des manifestations et mutilent avec leurs lances-grenades, canons à eau, gaz lacrymogène et matraques.
Le temps a passé mais la répression est restée la même, des centaines de salarié-es les ont subi et en garde les traces indélébiles (éborgnements, mains arrachées, défiguration, etc...) et en garderont des séquelles toute leur vie.
Contre les méthodes fascistes, passées et actuelles, notre Parti Révolutionnaire COMMUNISTES était présent à l'hommage rendu aux camarades assassinés le mardi 8 février à 18h00 au métro Charonne.

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(1) voici le texte de l'appel à la manifestation
« TOUS EN MASSE, ce soir à 18h30, place de la Bastille »
Les assassins de l'OAS ont redoublé d'activité. Plusieurs fois dans la journée de mercredi, l'OAS a attenté à la vie de personnalités politiques, syndicales, universitaires, de la presse et des lettres. Des blessés sont à déplorer ; l'écrivain Pozner est dans un état grave. Une fillette de 4 ans est très grièvement atteinte. Il faut en finir avec ces agissements des tueurs Fascistes. Il faut imposer leur mise hors d'état de nuire. Les complicités et l'impunité dont ils bénéficient de la part du pouvoir, malgré les discours et déclarations officielles, encouragent les actes criminels de l'OAS.
Une fois de plus, la preuve est faite que les antifascistes ne peuvent compter que sur leurs forces, sur leur union, sur leur action. Les organisations soussignées appellent les travailleurs et tous les antifascistes de la région parisienne à proclamer leur indignation, leur volonté de faire échec au fascisme et d'imposer la paix en Algérie. »
Le texte est signé des organisations syndicales CGT, CFTC, UNEF, SGEN, FEN et SNI. Le PCF, le PSU et le Mouvement de la paix sont associés à l'appel

(2) La carrière de Maurice Papon traverse 40 ans d'histoire : sous le maréchal Pétain d'abord, puis sous la présidence de Charles de Gaulle, et celle de Valéry Giscard d'Estaing. Le préfet a été décoré et bien noté, quel que soit le régime. Il fut également ministre du Budget, avant d'être rattrapé par son passé. En 1997, il a été condamné à 10 ans de prison pour crime contre l'humanité, pour avoir participé à la déportation de centaines de Juifs vers Auschwitz. Il sera finalement libéré après trois ans de prison, en raison de son état de santé.

(3) Malika Rahal, Algérie 1962, une histoire populaire, Éditions la découverte, 2022