N° 806 02/02/2023 Avant la journée de mobilisation du 31 et l'arrivée du texte au Parlement lundi, la Première ministre avait assuré que le recul de l'âge légal à 64 ans n'est « plus négociable ». La rue lui a répondu « on n’en veut pas ».

Ce qui monte très fort dans les manifestations, c'est l'exigence de la retraite à 60 ans avec 37,5 annuités et à taux plein!
La deuxième journée de mobilisation atteint des records. Il y avait plus de monde qu’en 1995, en 2010 ou en 2019. La CGT indique que 2,8 millions de personnes ont manifesté en France. Le 31 janvier le nombre de points de rassemblements a presque atteint les 300 sur l’ensemble du territoire. Les rues des villes de France étaient noires de monde. Les cortèges étaient particulièrement animés, avec une ambiance combative et déterminée. 500.000 manifestants à Paris, 100.000 de plus que le 19 janvier. La manifestation regroupait de nombreux travailleurs du secteur privé, du transport aérien, Groupe ADP, Air France, ou encore Airbus. Les salariés de l’Éducation nationale étaient eux aussi particulièrement mobilisés, comme ceux de la santé. Les travailleurs du rail étaient également très présents et les agents du nettoyage des gares SNCF employés par Onet qui étaient à 100% en grève.
Raz-de-marée écrit "ouest France" à Nantes 65 000 manifestants , 200.000 manifestants à Marseille, 45.000 à Lyon, 28.000 dans les rues de Caen, Lille 70.000 participants, Bordeaux 75.000 personnes, 18.000 manifestants de Saint-Nazaire, 20.000 à Brest et Tours, 80.000 manifestants à Toulouse (50.000 le 19), dans le cortège beaucoup de salariés du privé avec airbus, Thalès, Safran, Liebherr, des ouvriers du BTP, de l'énergie, des enseignants, 40.000 au Havre (30.000 le 19), 35.000 à Rennes, 30.000 à Montpellier (24.500 le 19), 25.000 manifestants à Nice (20.000 le 19), 15000 à Châteauroux. Dans des villes moyennes comme Tarbes, 16.000 manifestants contre 8.000 le 19). Auch, 6.500 personnes, à Agen 7.000 manifestants, Cholet, 4.500 personnes. À la Réunion, le nombre de manifestants triple quasiment avec 10.000 personnes mobilisées contre 4.000 le 19 janvier.
Des chiffres de participation en très forte hausse qui confirment la dynamique de mobilisation du mouvement contre la réforme des retraites et son ancrage et son élargissement partout en France montrant un renforcement du passage de la colère à l'action.
Une mobilisation en forte hausse, avec une importante présence de la jeunesse participant aux mobilisations du jour 150.000 jeunes étaient présents dans la rue. Le syndicat La Voix lycéenne revendique 200 blocages et 300 lycées mobilisés.
La grève a été une nouvelle fois très massive dans les raffineries avec de nombreux sites à plus de 80% de grévistes. Chez EDF, le taux de gréviste se maintient à 40,3 % de grévistes, d’après la direction. Du côté des cheminots et des traminots, la mobilisation est de 36,5 %. Une mobilisation qui a impacté très fortement le trafic des métros, RER et trains. Le SNES-FSU, syndicat du second degré, a annoncé la grève est majoritaire dans le second degré ». Selon le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques, le nombre de grévistes à la mi-journée dans la fonction publique d’État étaient de 19,4 % . Dans le secteur privé, très mobilisé comme la métallurgie, le bâtiment et les travaux publics, dans des métiers de service à la personne, la santé, le social. Au centre d’appel Coriolis d’Amiens, par exemple, on a plus de 50% de grévistes, sur 800 salariés. 5.000 grévistes chez Airbus, plus de 90% de grévistes dans les ports et 100% des dockers, du Havre à Ajaccio, de Brest à Bayonne, de Cherbourg à Marseille…

Le bras de fer est engagé.
Preuve de la prise de conscience: une très grande majorité des Français (63%) tient le président de la République pour responsable du conflit et seulement 22% les syndicats… Emmanuel Macron est l’agresseur. D’ailleurs les deux têtes de l’exécutif dégringolent dans les sondages, moins 5 points dans le sondage Odoxa!
Un durcissement du mouvement, avec des grèves et des blocages durant les vacances ne changera pas l’état de l’opinion. 89% de ceux qui soutiennent la mobilisation, soit 56% des Français, assurent que dans cette hypothèse, ils continueront de soutenir le mouvement. De semaine en semaine le mouvement se propage. La protestation gagne du terrain.
D’un côté, un gouvernement qui reste droit dans ses bottes qui veut faire des économies et affirme que "64 ans n’est pas négociable" de l’autre un peuple en colère.
Pour entretenir la peur, le gouvernement n’hésite pas à charger la barque. Le ministre Gabriel Attal a ainsi évoqué 500 milliards de déficits cumulés pour les retraites sur les 25 prochaines années. D’où sort-il ce chiffre ?
En juin 2021, le COR avait prévu un déficit des retraites de près 10 milliards (0,4 % de PIB) pour l’année 2021, alors qu’un excédent (0,9 milliard) a finalement été enregistré. Le COR le souligne à de multiples reprises : le système de retraite n’est nullement en danger contrairement à ce que ressasse le gouvernement ; c’est du côté des recettes et non du côté des dépenses que des déséquilibres existent, Les dépenses de retraites sont maîtrisées sur longue période.

Ce sont les recettes que la nouvelle réforme réduit plus fortement encore.
Comme l’austérité brutale projetée pour la fonction publique pour les dix prochaines années, non seulement l’emploi de fonctionnaires sera gelé mais leur traitement indiciaire augmentera de seulement 0,1 % et cela en euros courants entre 2023 et 2027, soit une chute du pouvoir d’achat de 10,75 %!
La loi de finances et la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 prévoient plusieurs mesures fiscales et sociales pour les entreprises. Cadeaux et réduction des cotisations patronales, parmi les dispositifs les plus emblématiques figurent la baisse des impôts de production de 10 milliards d'€ par an. Des recettes sont à portée de main, comme la suppression de certaines exonérations de cotisations sociales (80 milliards au total), l’extension des cotisations retraite à l’intéressement et à la participation, la remise en cause de la suppression de la CVAE Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) 4,1 milliards d’euros dès 2023, 8 milliards en 2024. La transformation du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l’emploi) en exonérations de cotisations et sa pérennisation ce dispositif était initialement prévu pour durer six ans coûte environ 20 milliards d’euros par an. Une augmentation des salaires 3,5% c’est 6,5 milliards pour la caisse des retraites. L'application de l'égalité salariale, femmes et hommes rapporterait 6,5 milliards d'euros en plus. Les 500 familles les plus riches possèdent une fortune cumulée de 1.000 milliards. Le travail des salariés français en 2022 a produit 3.000 milliards d’€ de richesses qui sont détournés par le capital.

Les richesses produites par les salariés doivent revenir aux salariés, aux investissements et à la société pas aux actionnaires parasites!
Dans une interview pour le JDD, le ministre de l'Économie et des Finances fixe l'horizon 2026 pour faire baisser la dette française qui s'apprête à dépasser le seuil des 3.000 milliards d'euros.
Bruno Le Maire, souligne sa volonté "Avec le Président et la Première ministre, nous sommes déterminés à faire baisser la dette à partir de 2026, et à ramener le déficit public sous les 3 % en 2027."
Les dépenses de l'État, des collectivités locales et du champ social vont être passées "au peigne fin" et ce dès le budget 2024. Pour le gouvernement, des chiffres qui permettent de justifier la réforme des retraites.
"Dès le budget 2024, nous pourrons programmer des réductions de dépenses significatives", dit Bruno Le Maire
Un objectif : « dépenser mieux en préservant les investissements nécessaires à la Nation ». La principale dépense publique concerne les policiers et gendarmes, l’augmentation du budget de l’armée… Le gouvernement vient de porter le budget militaire à 413 milliards, soit 100 milliards de plus sur sept ans !
Le fabricant de missiles, codétenu par Airbus (37,5 %), BAE Systems (37,5 %) et Leonardo (25 %), vient de remporter un nouveau méga contrat, avec la commande conjointe de « près de 700 missiles antiaériens Aster » pour les armées françaises et italiennes. Une commande d'un montant estimée de 2 milliards d'euros.
Plus d’injustices, plus d’inégalités, plus de guerres, voilà ce que nous promettent le gouvernement et le capital.
Cadeaux aux entreprises pour l’"industrie verte" de 60 à 70 milliards d’euros supplémentaires par an. 300 milliards versés aux multinationales avec le plan de relance. Il y a de quoi financer les retraites, l’enseignement, la santé, le service public, le logement… Les multinationales capitalistes ont mis Macron en place. Pour maintenir son pouvoir, ses profits, le capitalisme repart en permanence à l’attaque pour reprendre ce qu’il a dû concéder et aller le plus loin possible dans l’exploitation et la régression sociale, c’est donc bien le capitalisme qu’il faut combattre.

Le doute s’est installé dans le camp des soutiens à Emmanuel Macron.
Signe de fébrilité, qui témoigne d’une inquiétude évidente. 24% des sympathisants Renaissance soutiennent la grève. Et 19% ne savent pas trop quoi en penser. Ils ne sont que 54% à se déclarer hostiles au mouvement de grève! Une douzaine de députés appartenant au groupe Renaissance rechignent à voter. Quant au groupe Les Républicains, censé garantir une majorité en faveur du vote de la réforme, il est en train de douter …L’édifice se fissure.
« J’appelle les partis de la majorité, Renaissance, Horizon, MoDem, à faire bloc pour défendre la réforme des retraites »« Quant aux Républicains, ils disent soutenir cette réforme, tant mieux. J’espère qu’ils tiendront cette cohérence jusqu’au bout »…

Pour les faire reculer la lutte de plus en plus fort, tous ensemble, les grèves partout.
Les organisations syndicales déclarent « face au rejet massif le gouvernement doit retirer sa réforme » (communiqué intersyndical du 31 janvier 2023.
Elles appellent à la mobilisation le mardi 7 février et le samedi 11 février.
C’est de la responsabilité des syndicats d’organiser et mener une lutte dure, longue à la hauteur des attaques des capitalistes, contre la réforme des retraites, pour des augmentations de salaire, de meilleures conditions de travail, ,des créations d’emplois. Le Parti Révolutionnaire soutient leur lutte, nous sommes à leur côté.
Pour la satisfaction des revendications des travailleurs, des jeunes, des retraités il faut aussi un fort mouvement de luttes politiques pour attaquer le capital dans ses fondements. C’est ce à quoi le Parti Révolutionnaire Communistes appelle, rejoignez notre lutte.

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