697 30/12/2020 C’est à grand renfort de publicité médiatique que le gouvernement annonce les premiers vaccins contre la Covid-19 pour les personnes fragiles, mais les enjeux financiers et sanitaires de la vaccination sont passés sous silence.

Les grands laboratoires ne portent plus directement la charge du développement et de la recherche en santé, la course et la recherche aux rendements prennent le pas sur la santé. Les recherches sont externalisées vers de plus petites entreprises: les biotechs. Ces startups ne sont pas des entreprises comme les autres elles ont un fort potentiel de spéculation sur sa valeur future. C’est la promesse de juteuses plus-values qui attire les capitaux des spéculateurs. Les grands laboratoires se concentrent sur la production et prennent des participations dans ces start-up qu’ils rachètent dès qu’elles ouvrent une perspective de marché ou les abandonnent s’il n’y a pas d’innovation.
L’entreprise Moderna est déjà en bourse alors qu’elle n’a jamais commercialisé un seul produit, les patrons-actionnaires de ces entreprises ont vendu massivement leurs actions le jour où ils annonçaient les résultats de leur vaccin, sans attendre même que commencent des campagnes de vaccination. L’action de Moderna a grimpé de +469% depuis le 1er janvier. A moins de 65 dollars fin août elle passe à mi-novembre à 170 dollars. Le 28 novembre les journaux titraient : « Wall Street termine sur des records après le plan d’aide américain »« Europe : la fête se prolonge pour les marchés européens, records à Francfort »« Bourse de Paris satisfaite de ses cadeaux de Noel ». Les investisseurs veulent des profits, des retours sur investissements très importants.
Les prix exorbitants sont le résultat de la course aux profits.
Les coûts de production des vaccins se situent en général autour de 1 dollar la dose, Moderna et BioNTech proposent des prix aux alentours de 25 dollars la dose pour le vaccin contre la Covid-19, sachant qu’il faudra 2 doses par personne on imagine les sommes colossales qu’ils se font sur le dos des patients et contribuables.
Il faut savoir que :
*C’est en grande partie sur de l’argent public que ces recherches se font. Les laboratoires sont les grands bénéficiaires des crédits d’impôt recherche et d’autres mécanismes d’attribution de fonds publics de soutien à la recherche Dans le cas de la Covid, ce sont plusieurs milliards de dollars d’argent public qui ont été apportés pour soutenir la recherche et le développement d’un vaccin au niveau mondial. En France 10 milliards d’argent public ont été généreusement octroyés aux laboratoires pharmaceutiques alors qu’ils sont responsables de la casse du système de santé, de la fermeture de nombreux laboratoires et de suppressions massives d’emplois. Il faut aussi compter les précommandes qu’effectuent les gouvernements pour s’assurer d’être approvisionnés. Ces sommes se chiffrent en dizaines de milliards.
*La plupart des innovations sont réalisées au sein des Universités publiques avant d’être brevetées dans le privé.
*La phase clinique de test des vaccins sur des milliers de personnes est menée par les hôpitaux publics. La responsabilité des laboratoires pour les éventuels effets secondaires est exclue et prise en charge par l’état pour une indemnisation financière des personnes concernées.
L’obsession du profit accroit la défiance
La course aux profits des laboratoires n’exclut pas qu’un nouveau vaccin ait un rapport bénéfices/risques défavorable et soit autorisé, ce qui compte c’est d’être les premiers dans la rafle aux milliards. Des vaccins défaillants peuvent avoir concouru à la défiance des populations à l’égard de la vaccination. Il faut savoir que n’importe quel vaccin est susceptible d’avoir des effets secondaires au même titre que les médicaments. La recherche permet de les améliorer et d’éviter au maximum les inconvénients, ce devrait être la priorité des laboratoires.
Sous la « loi du marché » capitaliste, les manœuvres des industriels créent sciemment et cyniquement l’indisponibilité de certains vaccins. Les gouvernements lancent leur campagne de vaccination dans l’urgence, ce sont toutes les chaînes de production des vaccins qui vont être tournées vers celui du Covid-19. Depuis des années les laboratoires n’ont eu qu’une seule obsession : réduire à minima l’appareil productif. Les usines produisant des vaccins vont se tourner vers le plus rentable : la Covid. Une pénurie d’autres vaccins essentiels est à craindre.
Qui négocie avec ces laboratoires ? Dans quelles conditions et dans quel but ? Tout cela échappe au contrôle des peuples.
Les détenteurs des brevets et les laboratoires décident de la production, des acheteurs et des prix. Ils ont passé des contrats pays par pays ne garantissant pas un accès à toutes les populations et notamment à celle des pays pauvres. Le budget de l’OMS est en baisse depuis 2016, il est aujourd’hui d’à peine 5 milliards ! Dérisoire comparé par exemple aux 4 milliards de dividendes distribués par l’entreprise Sanofi en 2019 !
Les vaccins et traitements doivent être distribués de manière égalitaire dans le monde et il est nécessaire que la production de médicaments et de vaccins au niveau local n’implique aucune pénurie. (Voir article: Vaccin pour un droit egal au traitement) Les rapports montrent bien que le moyen le plus rapide d’éradiquer cette pandémie est de garantir que les plus vulnérables, partout dans le monde, aient accès au vaccin en premier.
Nous n’avons pas à payer deux fois à travers les impôts et cotisations sociales
Le vaccin contre la Covid-19 a déjà été financé par la Sécurité sociale et les États à travers le financement de la recherche et les précommandes. La Sécurité sociale ne doit pas financer la course aux profits et les actionnaires de laboratoires. Elle a déjà financé la recherche et les investissements. Les vaccins, comme les médicaments sont un bien commun de l’humanité. La santé ne doit pas être le support de profits.
Le capitalisme est un frein au développement de l’humanité.
Notre époque connaît un formidable bond en avant de la production, du progrès scientifique et technique : un an pour trouver un vaccin et vacciner la population, du jamais vu ! Matériellement et techniquement il est désormais possible d’en finir avec tous les grands fléaux, dont souffre l’humanité et de permettre à tous les peuples de vivre mieux et plus longtemps.
Les techniques peuvent être un outil de libération ou un outil d’exploitation ou même de destruction, tout dépend de qui en détient la maîtrise, dans quel but elles sont utilisées.
Aujourd’hui, les possibilités gigantesques de développement économique, scientifique, culturel sont limitées, bloquées par le capitalisme. Laisser de tels moyens aux capitalistes c’est leur laisser les mains libres pour les utiliser au profit du capital et non au profit des hommes. Tout s’aggrave parce que la recherche de profits par les capitalistes est infinie.
Pour permettre à l’humanité de progresser, pour mettre les formidables avancées scientifiques, médicales, technologiques au service des peuples, il faut arracher au capitalisme les moyens de production, les moyens financiers, le pouvoir politique.
La question de son expropriation se pose donc en grand à toute la société. Tant que le capital sera propriétaire de ces moyens, il les utilisera pour exploiter le travail pour le profit, la santé du peuple lui importe peu.
C’est le travail qui crée les richesses source de financement du système de santé.
La qualité du système de santé dépend de la maîtrise sociale de tous les secteurs qui y sont rattachés:
les industries de la pharmacie, la chimie, la recherche scientifique et médicale, la médecine de ville, hospitalière, l’enseignement scientifique, les laboratoires, les entreprises de matériel médical, tous ces secteurs sont concernés pour créer un système de santé de qualité, accessible à tous gratuitement et géré et contrôlé par les seuls représentants élus des travailleurs et du peuple. Tous les secteurs, entreprises et travailleurs en lien avec la santé doivent être sous l’autorité d’un monopole public. (voir article Quel système de santé ?)
La lutte est le seul moyen pour parvenir au projet social que chaque peuple est en droit d’attendre, il faut s’en emparer. Il y a des luttes, partout, il faut encore plus les développer. La lutte est une lutte de tous les jours, opiniâtre, déterminée. Tout de suite, il est possible de rassembler, pour stopper les objectifs de Macron et du MEDEF, pour imposer des avancées revendicatives ; les moyens existent de les satisfaire.
Mais il faut aller plus loin. Il s’agit aussi de mener la lutte politique pour un changement radical de société. Une société socialiste débarrassée de toute maîtrise capitaliste en s’appropriant les moyens de production et d’échange, créateurs de richesses, origine du financement des besoins sociaux.
C’est ce combat que nous menons, que nous vous proposons de mener ensemble

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