703-10/02/2021 De plus en plus de jeunes qu'ils soient étudiants, apprentis, salariés ou chômeurs vivent, comme leurs aînés, une période difficile. Pour les jeunes, s'y ajoute une légitime inquiétude quant à leur avenir.
Cette situation est bien connue et de nombreux responsables dans l'enseignement, la santé et le domaine de l'emploi s'en inquiètent au point que le gouvernement face à une contestation qui monte lâche du lest avec, par exemple, les repas à 1 Euros dans les restaurants universitaires. Quelle est donc la situation pour la jeunesse?
Dans le domaine de l'emploi où le chômage galope, des directeurs d'écoles d'ingénieurs rapportent que près de la moitié de leurs promotions de 2020 est encore à la recherche d'un emploi quand habituellement, c'est plus de 80% qui en ont déjà trouvé un.
Dans le domaine des moyens de vivre, ce sont ces jeunes, de plus en plus nombreux, en situation de rupture financière faute de pouvoir travailler (rappelons que 40% des étudiants sont salariés pour payer leurs études), qui sollicitent des aides alimentaires. Les associations notent une augmentation sensible des jeunes à leurs guichets. Ce sont ces jeunes travailleurs qui vivent la galère, du chômage partiel, des transports et du couvre-feu, sans compter tous ceux qui ne trouvent aucun emploi avec la montée du chômage. Ce sont ces jeunes touchés pat la réforme de l'Aide Pour le Logement (APL) et qui voient leurs revenus diminuer au point de ne plus pouvoir payer leur logement.
Dans les conditions d'études et de travail, ce sont ces jeunes, qui n'en peuvent plus de l'isolement et des cours à distance, distanciel qui accentue encore l'isolement et fatigue psychologiquement. C'est si vrai, que les plus fragiles d'entre eux finissent par décrocher de leurs études.
Écoutons, ce qu'ils nous disent:
Une jeune étudiante en lettre nous disait récemment: "les conditions d'études deviennent une sorte de tri où seuls les plus solides, ou les mieux protégés par la famille, peuvent résister. les autres sont abandonnés à leur triste sort et ils ne voient plus d'issue à leur situation".
Un jeune enseignant d'ajouter :"les enfants des classes populaires et tout particulièrement en Seine Saint-Denis ont beaucoup de difficultés à supporter cette situation. leurs conditions alimentaire et sanitaire se dégradent. Les parents, souvent eux-mêmes en difficulté financière, n'arrivent plus à faire face aux exigences de la vie quotidienne".
Pas étonnant, comme le souligne un responsable syndical, que les enfants des milieux les plus aisés envoient leurs enfants dans les écoles privées pour les "protéger" et d'ajouter: "jamais la ségrégation sociale par l'école n'a été aussi forte".
Un autre responsable syndical nous rapporte que de plus en plus des jeunes salariés, travaillant dans des Très Petites Entreprises (TPE) sollicitent la CGT pour les défendre. Ils font partie de ces salariés licenciés "à bas bruit" parce que leur boîte ferme ou que le patron profite de la situation pour se débarrasser d'eux. Le pouvoir voudrait une jeunesse anesthésiée, mais ce n'est pas le cas. Face à cette situation, une partie de la jeunesse relève la tête et ne se laisse pas faire. Elle joue la solidarité comme un moyen de résistance et au delà exprime fortement son mécontentement. Certes le mouvement est encore limité, mais suffisamment entendu et compris par la jeunesse pour inquiéter le gouvernement. Tous les observateurs notent que dans les cortèges de manifestants la jeunesse est présente et revendicative. C'est vrai dans l'enseignement, l'énergie, la chimie et bien d'autres secteurs où se sont souvent des jeunes qui sont en tête des mouvements. On l'a vu le 4 février lors de la journée d'action interprofessionnelle. Nous soutenons leurs mouvements et nous les encourageons à s'organiser et à lutter car seule la lutte peut changer la donne et permettre à la jeunesse de voir une issue à la situation qu'elle vit aujourd'hui.