710-30/03/2021 Le débat public est aujourd'hui marqué par d'âpres polémiques sur les questions mêlées de race, de religion et d'immigration, de genre, des inégalités et des discriminations...

Trois événements récents ont alimenté, y compris au sommet de l'État la tendance à faire de ces questions, celles centrales de la société française. Ainsi, en octobre 2020, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, déclarait sur Europe1 que dans les universités, existerait un «islamogauchisme » qui ferait des « ravages ». En février 2021, la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l‘innovation, Frédérique Vidal, reprenait le flambeau de cette attaque portée contre l’université et plus largement contre la recherche académique sur CNews : « Moi je pense que l’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et que l’université n’est pas imperméable, [elle] fait partie de la société ». La ministre annonçait dans la foulée vouloir lancer une enquête sur « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ». A rebours, la présidente de l'organisation étudiante UNEF affirmait quant à elle que certaines réunions, pour parler des discriminations subies, sont organisées racisées, soulevant un tollé allant pour certains jusqu'à la demande d'interdire cette organisation. Plus récemment encore Audrey Pulvar adjointe d'Anne Hidalgo à la mairie de Paris a déclenché une nouvelle violente polémique en défendant les réunions non mixtes en déclarant ne pas être choquée « que des personnes discriminées (…) sentent la nécessité de se réunir entre elles pour en discuter ». Ajoutant : « Je préfère les réunions “réservées à” que les réunions “interdites à”. Mais s’il se trouve que vient à cet atelier une femme blanche, un homme blanc, il n’est pas question de la ou le jeter dehors. En revanche, on peut lui demander de se taire, d’être spectateur ou spectatrice silencieux. » . Autour de ces déclarations, c'est à jet continu que s'expriment les forces politiques et les commentateurs dans les media pour condamner, comprendre ou soutenir les positions des uns et des autres. Pourquoi une telle intensité dans ces débats, comme pour ceux concernant les questions de genre, d'immigration et de religion...et cela a-t-il toujours été ainsi? Pour faire simple, on peut estimer qu'à partir des années 1980 c'est produit un retournement dans la façon d'analyser les rapports sociaux. À une lecture de classe s'appuyant sur le caractère irréductiblement conflictuel du salariat et du capital et déterminant les pratiques sociales, c'est substituée une lecture renvoyant à des caractéristiques évacuant complètement la lutte des classes. Il en est ainsi, par exemple, de la question de genre. Si l'égalité homme/femme est proclamée comme une juste nécessité, elle est déconnectée du système d'exploitation capitaliste, comme si cela n'avait aucune influence sur la réalité de la condition féminine, et par exemple sur la question des inégalités salariales ou encore sur celles des métiers qualifiés sous-payés quasi réservés aux femmes.
On peut alors voir, entendre et lire dans un même mouvement que l'égalité ce serait plus de femmes PDG ou ministres, mais qui se préoccupe du fait qu'aucun ouvrier et employé ne siège à l'Assemblée Nationale alors que hommes et femmes, ils représentent 60% des salariés! Où faut-il chercher: dans le genre, la religion, la couleur de peau le faramineux écart de richesse entre le multi milliardaire Bernard Arnaud dont la fortune était estimée en 2019 à 5 millions d'années de SMIC brut et la smicarde ou le smicard? Où dans le fait que cette richesse accumulée est le fruit de l'exploitation du travail de dizaine de milliers de salariés! Smicardes, smicards battez vous pour l'égalité mais surtout ne touchez pas à la fortune des capitalistes! Au fond, les discours en vogue ont tous une fonction et ceux qui s'y prêtent remplissent cette fonction: faire disparaître toute velléité de faire de la question de classe la question centrale du changement de société. En rendant invisible les salariés, en les divisant suivant des catégories qui n'ont rien à voir avec leur position d'exploités et qui ne mènent qu'à des affrontements stériles, les forces dominantes réactivent en permanence l'idée du moindre mal et celui des petits pas en avant qui ne touchent pas à la nature du pouvoir économique et politique des détenteurs de capital. C'est pourquoi, nous refusons ces débats pipés et que nous restons fermement ancrés sur l'essentiel: la lutte des classes et l'organisation de la classe laborieuse pour abattre le système capitaliste prédateur et construire le socialisme.

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