721-15/06/2021 « Après tes études tu vas faire quoi ? » « Ton secteur est bouché, tu ne trouveras jamais de travail », « comme disait Coluche : des chercheurs qui cherchent y’en a mais des chercheurs qui trouvent on cherche encore ! ». Voilà un aperçu des phrases qu’entendent les jeunes diplômés depuis des années.

En effet, depuis une dizaine d’années on observe des changements radicaux dans la façon dont les jeunes sont amenés à aborder le salariat et la vie active. Les diplômes étant de plus en plus dévalorisés, les étudiants sont obligés de s’engager dans de longues études. Il en va de même pour la filière professionnelle. De nos jours, nous avons tous ou presque un baccalauréat général, technologique ou professionnel. S’arrêter à ce niveau est devenu quasiment impossible, il faut une licence et un Master II où avant, une maîtrise (4 ans), suffisait.
14% des français depuis 2018 ont créé une entreprise, et dans ce pourcentage, 8% des créateurs ont moins de 30 ans. La montée en flèche des activités financières dans l’économie au détriment de la production, a boosté les Ecoles de Commerces -dignes émanations des grands capitalistes-et pousse les universités à mettre en place des formes hybrides de statuts : étudiants-entrepreneurs. Ces étudiants, sont accompagnés souvent à partir du Master I dans un processus d’incubation vers la création d'entreprise. A l’issue de ce cursus, le jeune-diplômé se verra attribuer une aide à la création d’entreprise dans une pépinière d’entreprises, incubateur pour devenir un jeune entrepreneur à la botte du système et totalement dépendant des marchés.
A côté, une autre façon de vivre de son Diplôme notamment dans les Sciences Humaines et Sociales apparaît : devenir caissière, femme de ménage la nuit et autoentrepreneur le jour. L’économie de marché et les logiques capitalistes sont véritablement rentrées dans les Sciences Humaines. Dès lors, sur quoi capitaliser ? Son savoir, ses compétences, sa qualification ? Son sujet de recherche ? Autant de questions qui restent sans réponses. Les jeunes diplômés sont bien souvent obligés de cumuler les emplois et missions pour non pas s’offrir « du rêve » mais, tenter de joindre les deux bouts dans une société férue de belles histoires et belles réussites capitalistes. Dans les revues économiques, de plus en plus de jeunes entrepreneurs sont mis à l’honneur sous le titre « il y est arrivé ! ». Bien sûr, après de brillantes études dans une Ecole de Commerce type HEC ou ESSEC, une dizaine de stages dans des grandes multinationales, en digne héritier des nantis capitalistes, ce jeune a réussi. Par contre, le jeune titulaire d’un diplôme en Sciences Humaines aura rarement un article dans un périodique pour témoigner de sa précarité, de la mise en concurrence avec les autres salariés.
Comment en est-on arrivé là ? Depuis une vingtaine d’année, une mouvance alternative a vu le jour : l’ESS (ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE) et dans son sillage de nouvelles formes d’emplois et dérives. Les Start-ups font partie de cette panoplie où des jeunes salariés et tout particulièrement les femmes sont devenues de la main d’œuvre facile pour des jeunes capitalistes aux dents longues. Les licenciements s’enchaînent, les menaces et pressions sont monnaie courante. Dans ces entreprises vous avez tout : la salle de sport, la crèche, les salles de repos. Résultat vous arrivez à 8h le matin et partez à 22h car vous êtes allés au sport et votre patron vous a présenté à 20h le dossier pour le lendemain car c’est « cool ». Autre outil de l’économie sociale et solidaire : les espaces de travail partagé coworking. Ces endroits souvent très onéreux ne sont accessibles qu’à des personnes avec ressources.
Face à cela, Les jeunes autoentrepreneurs où tâcherons sont obligés de cumuler les activités. Tout comme de nombreux salariés de grands groupes qui ont des aides pour créer une activité et partir de l’entreprise sans bruit. Le même constat s’observe chez nos jeunes diplômés voir surdiplômés qui fautent de pouvoir vivre de leurs études, acceptent des missions en CDD ou Intérim car les CDI sont de moins en moins d’actualité. La Fonction Publique Territoriale qui pendant longtemps a été un des employeurs importants chez les jeunes diplômés via les concours, sont eux aussi victimes des carcans capitalistes qui ponctionnent les territoires avec des budgets réduits de façon exponentielle. Il faut donc avoir recours aux missions et prestataires extérieurs. Il faut donc sans cesse vivre avec cette menace constante de fin de mission et de paies en total inadéquation avec les réalités économiques actuelles. En moyenne aujourd’hui un jeune BAC +5 en début de carrière touche entre 1400 et 1600€ net par mois.
Nous devons donc dénoncer ces agissements non-pas en pointant du doigt ces jeunes diplômés qui travaillent d’une façon peu commune et peu confortable grâce à la Loi Capitaliste du profit, maximisation des compétences et mise en concurrences des cerveaux. Une seule alternative : s'organiser, lutter et aller à la rencontre des jeunes et remettre les choses à l'endroit c'est à dire en finir avec l'exploitation capitaliste du travail !

Le témoignage, d’une camarade du Parti, que nous publions ici démonte l'un des mécanismes utilisés par les capitalistes et les gouvernements successifs qui l’ont mis en place depuis plusieurs années, pour exploiter et diviser la jeunesse, et surtout casser tout ce qu’il y a de collectif. En privilégiant la précarité des emplois, en particulier sous la forme de l'auto-entreprenariat, les capitalistes et le gouvernement font une pression forte à la baisse sur les salaires, tout en se dégageant de leurs obligations sociales. Ces nouvelles formes d'exploitation et d’organisation du travail qui contraint les jeunes à intégrer le capitalisme, comme étant le seul système possible, ne concerne pas que le secteur social et les jeunes ayant fait des études, on le trouve aussi pour les apprentis et d'une manière générale chez tous les jeunes exclus du travail salarié. On le retrouve aussi dans le foisonnement des Start-ups où le travail des doctorants et post-doctorants est utilisé sur la base de rémunérations et salaires largement minorés par rapport à leur qualification. Cet objectif du capitalisme à faire baisser le prix de la force de travail est une caractéristique constante nécessaire à son développement dans la concurrence mondiale. Ainsi, selon l'Organisation Internationale du Travail, la part des salaires dans la richesse produite est en diminution au bénéfice des profits. L'OIT constate que la part du travail dans le revenu national décline à la fois dans les pays riches et pauvres. C’est un élément central de l’accroissement des inégalités. C’est un casse des acquis des luttes, le capitalisme réorganise l’appareil productif et toute la société pour répondre à une seule exigence : l’accroissement du profit. Face à cette situation, il n'y a que les luttes économiques et sociales contre les coups du capital pour les faire reculer, imposer des revendications et la lutte politique indispensable jusqu’à abattre le capitalisme. Dans cette lutte la jeunesse y a toute sa place. C'est l'invitation que nous lui faisons à s'organiser en rejoignant le Part Révolutionnaire COMMUNISTES.

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