749-29/12/2021 Depuis le putsch du 25 octobre, le Soudan est aux mains des militaires mais le peuple continue à défier chaque jour les forces de répression (cf. Hebdo n°742).

Le samedi 19 décembre, le troisième anniversaire du déclenchement de la révolution populaire soudanaise, qui a mis à bas le régime de l'ancien président Omar el-Béchir, le peuple marche sur le palais présidentiel mais très vite armée, police et miliciens les refoulent avec des tirs de lacrymogènes ; près de 300 personnes sont blessées dont trois grièvement par balles, des femmes sont violées. Depuis « le peuple descend dans la rue pour rejeter cette autorité militaire, et nos devises sont claires : pas de négociation, pas de partenariat, pas de marchandage. ’’, explique Mohamed Othman, un citoyen soudanais. Désormais, la population ne cache plus ses ambitions. Elle entend jouer pleinement son rôle une fois les militaires chassés du pouvoir. La junte avec à sa tête le général Al-Bourhan et le premier ministre Abdallah Hamdok sont conspués chaque jour par les manifestants dont la volonté ne faiblit pas. Malgré la coupure quasi permanente du téléphone et d’internet, les manifestants par dizaines de milliers dans les rues sont vent debout contre les militaires qu’ils exigent de renvoyer dans leurs casernes. Le peuple sait bien que l’armée est aux ordres du capital pour qui cette région du monde est un double enjeu. Il y a d’une part des richesses considérables à protéger, d’autre part un ordre à maintenir pour empêcher le peuple et son populaire parti communiste de changer la donne politique. La crainte d’une contagion inquiète beaucoup les forces politiques de la région. La seule voie autorisée est balisée par le FMI, la Banque mondiale et une partie de la communauté internationale ainsi que l’indique le responsable communiste Siddig Yousif : « Je pense qu’il y a une coalition entre l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats [arabes unis] pour soutenir ce coup d’État. Mais aussi la Russie et la Chine le soutiennent, par rapport à la communauté internationale. Les Russes ont même essayé de stopper les négociations de l’opposition soudanaise au Conseil de sécurité. » Un manifestant rajoute : « Notre révolution fait peur au-delà de nos frontières. A Abou Dhabi, au Caire, à Ryad et sur tout le continent africain, notre mouvement pacifique dérange car, s’il est victorieux, il sera un exemple à suivre » en donnant rendez-vous le 30 décembre. Cet enthousiasme pour la « révolution soudanaise » ne se dément pas au fil des semaines mais l’adversaire de classe est puissant et d’autres généraux prêts pour la relève. Malgré la répression, les intimidations, le peuple poursuit la lutte unie pour se débarrasser de la dictature militaire et construire une société de « paix, liberté et justice ». Notre parti se tient à ses côtés et l’assure de son total dans sa lutte contre l’armée et les puissances financières qu’elle protège.