748-21/12/2021 Le deuxième tour de l’élection présidentielle au Chili vient de voir la nette victoire de Gabriel Boric soutenu par une coalition populaire où le Parti Communiste joue un rôle important.

Si le premier tour avait porté en première position un candidat, José Antonio Kast, ouvertement pinochiste et pro-américain(1), le deuxième tour avec une participation en hausse à 55 %, due à une participation plus importante des jeunes et des classes populaires et moyennes, contre 47 % au premier tour a nettement désigné le candidat du mouvement populaire qui secoue le chili depuis des mois à la tête de l’État avec 56 % des suffrages exprimés et plus d'un million de voix d’avance.
Ce résultat confirme l’irruption sur la scène sociale et politique d’un profond mouvement de lutte qui a conduit au rejet des politiques anti-sociales et pro-américaines qui ont prolongé la dictature de Pinochet, politiques menées en alternance par les partis de droite et de la social-démocratie. Il est d’ailleurs significatif qu’aucun de ces partis n’ait réussi à peser sur le premier tour de l’élection présidentielle.
Si José Antonio Kast a mené toute sa campagne sur les thèmes de l’ordre de la justice et de la sécurité, de son côté Gabriel Boric a développé l’idée que l’État doit intervenir plus fortement dans l’ordre social en soutenant les populations au plan de la santé et de la protection sociale. Ces thèmes ont une résonance forte dans les milieux populaires au Chili tant le régime de Pinochet issu, rappelons- le, d’un coup d’État militaire appuyé et fomenté par la CIA contre le Président élu de l’époque Salvador Allende a, en suivant les recommandations des économistes américains de l’école de Chicago détruit les services publics et privatisé l’économie chilienne au détriment des classes populaires. Si des centaines de milliers de chiliens ont manifesté leur joie à l’annonce des résultats, c’est parce qu’ils ont le sentiment que la chape de plomb pinochiste avait enfin vécue.
La presse d’Amérique Latine de Granma à Cuba en passant par Clarin en Argentine et bien sûr El Siglo, le journal du Parti Communiste du Chili, salue l’évènement avec force. Tous ces journaux soulignent qu’il y a bien confirmation des mouvements de fond qui traversent la société chilienne pour plus de démocratie et de justice sociale et il est significatif que d’Argentine, Cuba, Équateur, Venezuela, Pérou, Nicaragua et Uruguay les chefs d’États de ces pays aient vivement félicité le nouveau Président Chilien.
L’élection de Gabriel Boric conforte le processus d’élaboration d’une nouvelle constitution débarrassée des oripeaux de la dictature Pinochet et devrait donner un nouvel élan au mouvement populaire. Cependant, la fragmentation politique du parlement qui ne donne pas franchement les coudées franches aux réformes peut constituer un frein en l’absence d’un rapport de force en faveur du changement. Les luttes politiques et sociales seront un indicateur des possibilités ouvertes par cette élection. Nous les suivrons avec attention. En attendant, nous voulons témoigner de notre solidarité au peuple chilien dans sa lutte pour le progrès social et la démocratie.

(1)https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/amerique-du-sud/1669-chili-une-election-presidentielle

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