Au Sri Lanka les attaques contre des églises et des hôtels ont fait 253 victimes et 485 blessés. Elles se sont produites dans un pays instable, où la situation politique est particulièrement tendue depuis un an. En mars 2018 des manifestations violentes anti musulmanes, magasins et habitations incendiés, on fait plusieurs morts, des blessés, des centaines d’arrestations.

     Le Parti Révolutionnaire Communistes condamne ces terribles attentats qui ont tué aveuglément des hommes, des femmes et des enfants innocents et fournissent le prétexte à une répression et des mesures d’état d’urgence après trois décennies de conflit: plus de 100 000 morts et 140 000 disparus.
     Quel est le contexte pour comprendre des évènements qui se précipitent ?
     Le Président Sirisena et son gouvernement dirigé par Ranil Wickremesinghe, l’homme de Washington, ont décidé l’instauration de l’état d’urgence sur l’ensemble du pays, le couvre-feu dans de nombreuses villes, la censure de la presse, tous les rassemblements sociaux ou politiques sont interdits, blocus sans précédent sur les réseaux sociaux. Les pouvoirs d’urgence permettent également de réprimer par la force les «mutineries, émeutes ou troubles civils». Ces mesures sont avant tout dirigées et utilisées pour réprimer la recrudescence des grèves et des protestations contre les décisions d’austérités du pouvoir. Le gouvernement a interdit tous les rassemblements et réunions du 1er mai. L’urgence pour lui c’est de détourner, dévoyer le mécontentement populaire et de trouver des boucs-émissaires.
     Un contexte de rivalités et de crise politique.
     La défaite de la coalition gouvernementale aux élections locales de février 2018 a exacerbé les tensions entre les deux partis qui la composent. L’ancien président Mahinda Rajapaksa vainqueur des élections locales de février 2018 a exigé “la démission du gouvernement”.
Le ministre des télécommunications Harin Fernando a déclaré: «Nous n'excluons pas non plus un coup d'État ».
10 jours avant les attentats, la police sri-lankaise avait reçu une alerte des services de renseignements étrangers l’avertissant spécifiquement des plans d’un groupe islamiste visant à «commettre des attentats-suicides contre des églises importantes».
     Nos médias se relaient pour expliquer le retour des conflits inter ethniques au Sri Lank, les Cingalais contre les Musulmans, le Bouddhisme contre l’Islam…Ils oublient de dire que cette crise politique est un facteur de tensions dans les relations d’influence régionale entre l’Inde, la Chine et les USA que se livrent à une bataille pour dominer cette partie du monde.
     Il faut chercher les intérêts en jeu et les intenses rivalités géopolitiques entre ces trois puissances impérialistes.
*Pour les États-Unis et l’Inde, la perspective de perdre le Sri Lanka, leurs aient insupportable compte tenu de l’importance stratégique du pays. Le plus grand port en eau profonde de l’Asie à Trincomalee sert de base à la 7e flotte des États-Unis et le port de Colombo est une plateforme stratégique pour le trafic des cargos pour les exportations et importations de l'Inde.
*La Chine a détrôné le Japon comme principal soutien financier au Sri Lanka.
*Le Sri Lanka est incapable de rembourser des prêts souscrits auprès de Pékin pour l'aménagement du port en eau profonde de Hambantota, il a dû céder fin 2017 le contrôle complet de l'infrastructure à la Chine pour 99 ans.
*Un autre ambitieux chantier pour un coût total de 1,4 milliard de dollars, "Port City" , un complexe immobilier et portuaire à proximité de la capitale Colombo (les deux tiers seront sous contrôle chinois pour 99 ans). Ce projet démontre les ambitions et l’influence chinoises dans l'Océan Indien et avive les craintes de l'Inde de voir Pékin contrôler des infrastructures stratégiques à ses portes. "Le Sri Lanka est l'un des pays cruciaux des routes de la Soie maritimes", s'est félicité l'ambassadeur chinois Cheng Xueyuan.
     Cette situation illustre les nouveaux rapports de force, renforce les contradictions, aiguise un peu plus les conflits dans la région dans un contexte mondial d’une lutte acharnée entre monopoles capitalistes, pour conquérir les marchés, piller les ressources des peuples et des nations. Le Sri Lanka est un objet de compétition entre ces forces.
Les peuples n’ont rien à attendre de tout cela, luttons pour supprimer la cause réelle de ces conflits: le système capitaliste.