Trump en visite officielle les 24 et 25 février en Inde a eu droit à un accueil fastueux de la part du premier ministre Narendra Modi et des autorités indiennes. Le faste de la réception n’a pas été gâché par la vue de la misère, des bidonvilles et des manifestations contre la politique nationaliste et anti-sociale du gouvernement Modi, car tout cela a été bien caché. Pendant ce temps à Delhi les manifestations populaires durement réprimées ont fait 7 morts et des dizaines de blessés.

Les deux chefs d’États, s’ils ont en commun l’ « America first » pour Trump et l’ « India first » pour Modi ne jouent pas tout à fait dans la même division mais ont des intérêts convergents vis-à-vis d’un de leurs adversaires communs la Chine.
Selon le journal « le Monde », Le commerce bilatéral Inde USA : « s’est élevé à 150 milliards de dollars (138 milliards d’euros) en 2019, avec un avantage pour l’Inde de 23 milliards de dollars. « J’aime beaucoup Modi, mais les Etats-Unis ne sont pas bien traités par l’Inde », s’est plaint le chef d’Etat américain avant son départ. L’Inde impose en effet des taxes douanières très élevées sur les produits importés pour protéger son marché intérieur, mais le pays, qui voit chaque mois un million de jeunes supplémentaires chercher du travail, a besoin de nouveaux débouchés. » Aussi Trump a exigé pour les capitalistes US de mieux pouvoir pénétrer le marché indien.
C’est ce que souligne le Parti Communiste de l’Inde (marxiste) (CPIM) dont le bureau Politique affirme que l’Inde ne doit pas céder aux exigences US en particulier dans le domaine de l’agroalimentaire, de la santé avec les médicaments génériques dont l’Inde est un grand producteur et dans le e-commerce : « Le Bureau politique du CPI (M) appelle le gouvernement Modi à ne pas succomber à l'agenda unilatéral du président américain Donald Trump lors de sa visite en Inde. L'intention singulière de l'administration américaine est de valoriser une économie indienne plus ouverte pour stimuler l'intérêt des entreprises américaines et ainsi aider la réélection de Trump ».
La visite de Trump, chef de file de l’impérialisme occidental, n’a pas été que commerciale. L’Inde représente pour les USA un allié important dans le recentrage qu’il mène dans sa stratégie asiatique visant à contrecarrer la montée en puissance de l’impérialisme chinois. Les conflits frontaliers qui sont entretenus entre la Chine et l’Inde sont des points de fixations qui en envenimant les relations des deux grands pays asiatiques, permettent aux USA de mettre la pression sur le gouvernement chinois. Ainsi, le Parti Communiste de l’Inde (M) note : « La pression exercée par plusieurs accords militaires et de sécurité et l’insistance à les mettre en œuvre pour garantir les intérêts stratégiques des États-Unis et promouvoir ses ventes d’armes sont préjudiciables aux intérêts souverains et aux préoccupations de sécurité de l’Inde ». Cette position n’est pas si éloignée de celle du Parti Communiste de l'Inde (PCI) dont le secrétaire général D. Raja affirme dans un communiqué : « Il est très préoccupant que le gouvernement indien, au lieu de poursuivre une politique étrangère indépendante, succombe aux pressions de la puissance impérialiste américaine tandis que les États-Unis continuent d'imposer leurs politiques hégémoniques au monde ainsi que ses hostilités effrontées contre Cuba, la Palestine, L'Iran et d'autres .. ».
On le voit, la visite de Trump n’était pas qu’un bain d’encens et de flatteries aux dirigeants indiens qui utilisent le nationalisme hindou pour ranger la classe ouvrière, les artisans et la paysannerie pauvre sous la bannière du capitalisme au risque d’ affrontements militaires avec le Pakistan et la Chine. Elle était surtout le rappel que l’Inde n’est qu’un pion dans la stratégie US pour garder une position impérialiste dominante en Asie.

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