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763-06/04/2022 Le sommet UE-Chine, auquel ont participé pour l'UE Charles Michel (président du Conseil européen) et Ursula von der Leyen (présidente de la Commission) et pour la Chine le Premier Ministre Li Keqiang, tandis qu'un échange de vue a été organisé avec le Président Xi Jinping, a été marqué par la situation de guerre en Ukraine.

Dès avant le sommet, les dirigeants de l'UE avaient menacé la Chine de sanctions si elle cherchait à aider la Russie à contourner celles que lui imposent les USA et l'UE du fait de son intervention militaire contre l'Ukraine. Rappelons que la Chine, comme l'Inde et trente trois pays se sont abstenus à l'ONU dans la condamnation de l'invasion de l'Ukraine tandis que cinq ont voté contre. La partie chinoise a rappelé qu'elle n'était pas parti prenante du conflit et que les européens avaient les clés de sa résolution à condition de ne pas se laisser entraîner dans un conflit dont les USA seraient la cause. Elle a affirmé : "s'opposer à de nouvelles guerres chaudes et froides et une division entre blocs". La Chine prône une solution politique et diplomatique sans s'impliquer plus avant. Du point de vue des exigences de l'UE concernant les relations Chine-Russie, il est clair que la Chine entend s'en tenir aux accords et prises de positions communes avec la Russie. Cet échec de l'UE à éviter l'amorce de la constitution d'un front Russie-Chine, l'éditorial du journal le Monde le résume par le titre de son éditorial du 2 avril : " Guerre en Ukraine : Entre la Chine et l’UE, le sommet du désaccord". Pour autant la Chine, n'entend pas oblitérer ses intérêts industriels et commerciaux par un soutien trop marqué à la Russie. En effet, ses échanges avec l'UE pèsent de manière importante dans son économie. L'Europe absorbe 15% du made in China, l'UE est le deuxième partenaire commercial de la Chine et cette dernière en est le premier de l'UE. La Chine a beaucoup investi dans les voies de communications vers l'Europe en développant un réseau ferroviaire qui relie ses régions les plus industrielles vers l'Europe et jusqu'au Royaume-Uni, elle a pris le contrôle de structures portuaires importantes en Grèce (le port du Pirée) mais aussi en Europe, ceux de Savone en Italie, Valence et Bilbao en Espagne et Zeebruge en Belgique. Elle tient compte aussi du fait que le boycott, total ou partiel, par des pays européens des importations de gaz, de pétrole et de charbon en provenance de Russie, lui ouvre la possibilité, comme à l'Inde d'ailleurs, de profiter de cette opportunité pour négocier avec la Russie des contrats d'approvisionnement pérennes lui permettant d'alimenter sa forte demande dans le domaine de l'énergie.
l'UE, emboîtant le pas des USA qui désignent la Chine comme leur principal adversaire et ennemi, n'est pas à proprement parlé en excellent termes avec la Chine. Sa doctrine se résume ainsi: "l'approche actuelle de l'UE à l'égard de la Chine, exposée dans la communication conjointe "Perspectives stratégiques" du 12 mars 2019, reste valable. L'UE continue de traiter avec la Chine à la fois comme un partenaire de coopération et de négociation, un concurrent économique et un rival systémique".
Il ne fait aucun doute que la guerre en Ukraine, qui entraîne une augmentation importante des coûts de l'énergie, qui perturbe les voies de communications et donc les chaînes de production mondiale et profile le spectre d'une grave crise alimentaire est un puissant facteur de déstabilisation des sociétés et des relations internationales. États et multinationales se meuvent dans cette situation sur la seule base de leurs seuls intérêts. Les tendances lourdes d'un approfondissement des conflits au sein de l'impérialisme vont s'accentuer et cela sur tous les continents, mettant en péril la paix mondiale. Cette situation rend encore plus impérative la nécessité d'une lutte résolue contre les guerres impérialistes et l'exigence d'un arrêt immédiat de l'intervention militaire russe en Ukraine. Si comme nous le disons: le capitalisme c'est la guerre alors l'urgence, c'est bien d'en finir avec ce système et d'organiser la lutte politique pour la paix et le socialisme!

Sommet du Neguev (Israël)
Le lundi 28 mars, s'est tenu un sommet en Israël qui a réuni outre ce pays, l'Égypte, le Maroc, les Émirats Arabe Unis et Bahreïn. Anthony Blinken Secrétaire d'État des USA y était aussi présent. La Jordanie et le Soudan qui ont pourtant signé des accords avec Israël en étaient absent comme l'Autorité Palestinienne (AP). Ce sommet marque une étape dans la stratégie américano-israélienne de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes sous la houlette des USA.
Cette rencontre prolonge la stratégie US de constituer une alliance, sous sa protection, pour faire face à l'Iran en coordonnant les capacités de défense aérienne et maritime des pays concernés, tandis que dans le même temps les USA négocient avec l'Iran un accord sur le nucléaire, celui la même que Trump avait dénoncé unilatéralement en 2016. Ce dernier point faisant l'objet d'une approche différente de la part d'Israël qui est vent debout contre la signature d'un nouveau traité et qui menace même d'intervenir militairement pour empêcher l'Iran de maîtriser les technologies nucléaires civiles.
Les grands sacrifiés du sommet du Neguev sont les palestiniens et et la rencontre du secrétaire d’État américain Antony Blinken la veille avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah, n'a pas rassuré les dirigeants palestiniens. Ainsi, l'agence officielle de l'Autorité Palestinienne Wafa rapporte-t-elle ainsi le sentiment de ces dirigeants: ".l’Autorité palestinienne s’est abstenue de critiquer les participants arabes tout en les mettant en garde, notant que l’État juif utilisait cette rencontre pour éviter de devoir s’attaquer à la question palestinienne".
« Cette mobilisation israélienne vise à couvrir ses actes d’implantation et d’annexion et elle vise aussi à empêcher la fondation d’un État palestinien », a fait savoir le ministère des Affaires étrangères de l’AP. Il a qualifié le sommet « d’attaque dure » à l’encontre des Palestiniens.
Le ministère des Affaires étrangère de l’AP s’en est aussi pris au gouvernement israélien en estimant qu’il était « le gouvernement du mouvement pro-implantations et des néo-fascistes, le gouvernement du meurtre et de la discrimination raciale ».
Pendant son entretien avec Blinken, Abbas a largement abordé les sujets de discussion chers à l’AP en exprimant son attachement à une solution à deux États sur la base des frontières pré-1967, en condamnant l’expansion des implantations israéliennes et en demandant le respect du droit international. Selon le journal Time of Israël, Abbas a aussi pointé du doigt:" le « deux poids deux mesures » des Occidentaux, prompts à invoquer le droit international pour imposer des sanctions à la Russie qui a envahi l’Ukraine, mais pas à Israël pour ses « crimes » dans les territoires palestiniens. L’État juif a été accusé par des organisations de défense des droits de l’Homme majeures de « nettoyage ethnique » de « discrimination raciale » et « d’apartheid »".
La question de la Palestine, qu'on le veuille ou non reste donc au centre de la situation au Moyen-Orient. Rien n'y sera acquis et surtout pas la paix sans le règlement de cette situation reconnaissant les droits du peuple palestinien à un État avec Jérusalem-Est comme capitale et le droit au retour des palestiniens chassés par la force de leurs terres.

Sahara Occidental
Pour la seconde fois de son Histoire l’Espagne se défausse de ses obligations internationales à l’égard du peuple du Sahara occidental, territoire non autonome qu’elle a colonisé durant quatre-vingt-onze années.
Déjà, en 1975 c’est l’Espagne du dictateur Franco qui signa en catimini des accords secrets cédant illégalement la place dans sa colonie, au Maroc et à la Mauritanie.
En 2022 c’est l’Espagne gouvernée par le socialiste Pedro Sanchez qui bafoue le droit international. Par une annonce, il cautionne une confiscation au peuple sahraoui de son droit imprescriptible et inaliénable à l’autodétermination.
Ce ralliement à la posture unilatérale que le Maroc adopte depuis plusieurs décennies, qui bloque le Plan de paix signé en 1991, n’est autre qu’une soumission au chantage à l’immigration exercé par le royaume chérifien et clairement revendiqué par lui, pour obtenir des pays européens en particulier, un reniement du droit international pour régler ce conflit de décolonisation inachevé.
Selon l'Association Française d'Amitié et de Solidarité avec les Peuples d'Afrique (AFASPA)(1) :"Les liens étroits qui se sont noués depuis plus de 130 ans entre les peuples d’Espagne et du Sahara occidental doivent permettre de contraindre le gouvernement espagnol à assumer ses obligations de puissance administrante du dernier territoire non autonome d’Afrique et mettre fin à une situation de guerre dans le Maghreb qui dure depuis près de cinquante ans".
Le droit des peuples ne peut s’appliquer à géométrie variable à l’heure où le règlement des conflits au Proche orient, en Europe et en Afrique, nécessite le respect des résolutions de l’ONU, de l’Union africaine et dans le cas du Sahara occidental, de l’avis de la Cour Internationale de justice de la Haye. A ce propos, l’Union européenne et sa Commission, doivent respecter les décisions de la Cour européenne de justice en cessant de conclure des accords économiques délictueux avec le Maroc".

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(1) AFASPA 13 Rue Pierre et Marie Curie, 93170 Bagnolet; http://www.afaspa.com/