Gantry 5

 

N° 806 01/02/2023  L’Etat colonial d’Israël opprime plus que jamais le peuple palestinien. Le meurtre de Tyre Nichols : chronique de la violence ordinaire aux USA, le paradis de la « démocratie »

 

L’Etat colonial d’Israël opprime plus que jamais le peuple palestinien

L’armée israélienne encercle puis investit le camp palestinien de Jénine : résultat dix morts.
Jeudi 26 janvier, l’armée, la police et l’agence de sécurité (Shin Bet) de l’État d’Israël ont procédé jeudi à un massacre de Palestiniens dans le camp de réfugiés de la ville de Jénine, en Cisjordanie, tuant neuf personnes, dont une femme âgée. Au moins 20 personnes ont été blessées, dont quatre sont dans un état critique. Une autre personne est morte dans les affrontements qui se sont poursui-vis jeudi soir. Il s’agit de loin du raid le plus meurtrier de ce type depuis des années. Depuis le début de l'année, 32 Palestiniens ont été tués lors d'opérations de l'armée israélienne.
L’armée israélienne a empêché les services d’urgence palestiniens de se rendre sur les lieux, ajoutant à l’horreur. Le ministre palestinien de la Santé, Mai al-Kaileh, a déclaré que les forces israéliennes avaient également pris d’assaut l’hôpital public de Jénine et tiré intentionnellement des grenades lacrymogènes sur le service pédiatrique de l’hôpital, après quoi des enfants étouffaient. Des vidéos de l’hôpital ont montré des femmes qui portaient des enfants hors des chambres d’hôpital et dans le couloir.
La situation dans le camp, qui abrite 10.000 personnes entassées sur moins d’un kilomètre carré, est désastreuse. La ville est une poudrière sociale à cause de la pandémie de COVID-19 qui a dévasté les moyens de subsistance de ses habitants, les activités violentes et le harcèlement des colons juifs, les raids constants et les arrestations massives des forces de sécurité israéliennes depuis mars dernier, et l’incapacité de l’Autorité palestinienne à fournir une quelconque protection. Kamal Abu al-Rubsaid, gouverneur adjoint de Jénine, a déclaré à l’AFP que les habitants vivaient dans un « véritable état de guerre » et que « l’armée israélienne détruit tout et tire sur tout ce qui bouge ».
Dimanche 29 janvier, un jeune palestinien a succombé à ses blessures, portant le total des morts à dix, à mettre au passif du raid israélien le plus meurtrier depuis vingt ans en Cisjordanie.

L’engrenage habituel
Ce raid ne pouvait pas rester impuni. La riposte est d’abord venue de Gaza, le jour même, avec des tirs de roquettes sur Israël, entraînant des bombardements israéliens sur la bande de Gaza. Le len-demain, vendredi 27 janvier, un Palestinien armé a tué par balles sept personnes vendredi soir près d'une synagogue à Jérusalem-Est illégalement occupée par l’Etat colonialiste d’Israël, dans un quar-tier de colonisation. En l’espace de quatre jours, avec dix Palestiniens et sept Israéliens tués, la si-tuation de la Palestine nous revient à la figure.
Le journal "Le Monde", dans son éditorial du 30 janvier, écrivait : « L’escalade en cours ne surprendra que ceux qui s’obstinent à nier la réalité d’une spirale mortifère. Depuis des semaines, le niveau de violence ne cesse d’inquiéter. En Cisjordanie occupée, les douze derniers mois ont ainsi été les plus meurtriers pour les Palestiniens depuis la fin de la deuxième Intifada, en 2005. Ce bilan dramatique a été enregistré avant même l’arrivée au pouvoir en Israël de la coalition la plus à droite de l’histoire du pays, qui a confié à un responsable d’extrême droite, membre d’un parti naguère interdit, le portefeuille de la sécurité. […] Pour sortir de l’impasse, le lien entre l’occupation et les violences devra être reconnu au lieu d’être occulté par la dénonciation du recours au terrorisme par des Palestiniens. ».

Où en est la situation en Palestine ?
Les gouvernements des puissances impérialistes ont, comme d’habitude, condamné l’attentat, alors que la plupart d’entre eux n’avaient même pas eu un mot pour le massacre de Jénine, et, se sont fendus d’un appel au calme et évoqué la solution à deux Etats, « la seule à même, à les en croire, de mettre un terme, un jour, à ces violences qui semblent sans fin. », toujours pour reprendre "Le Monde".
Effectivement, nous ne sommes plus en 1995, la politique des gouvernements de l’Etat colonialiste a beaucoup évolué depuis, et la possibilité d’un Etat palestinien viable n’existe pratiquement plus. On peut donner crédit à Itzak Rabin et au parti travailliste, au moment des accords d’Oslo et dans leur application, d’avoir cru à la solution des deux Etats et d’avoir tout fait pour la réaliser. Le paradoxe, c’est que leur opposant historique, Ariel Sharon, premier ministre dans la première moitié des années 2000, n’a pas non plus voulu supprimer l’Etat palestinien. Au contraire, il craignait que, dans un Etat correspondant u Grand Israël, la population arabe ne devienne majoritaire. Aussi a-t-il fait construire le mur de l’apartheid ou pratiqué la politique du bulldozer : rasage des lieux d’habitation à Jérusalem, et expulsion des anciens occupants, qui, n’étant plus logés, perdaient la nationalité israélienne, devenaient donc « palestiniens » et étaient expédiés de l’autre côté du mur. Il a même fait voter une loi, en octobre 2004, mettant fin à 37 années de colonies sur le territoire de la Bande de Gaza. Le plan, qui supprimait les 21 colonies de Gaza et 4 de Cisjordanie a été appliqué en fin 2005. Il déclarait à la Knesset lors du débat sur cette loi : « Nous devons régler de sérieux problèmes démographiques, de sécurité et de choix moraux. Nous ne pouvons pas et nous ne devons pas gouverner la vie des Palestiniens pour toujours ».
Mais depuis, les divers gouvernements, notamment ceux présidés par Netanyahu, ont changé la donne. La colonisation en Cisjordanie est encouragée, organisée, l’armée israélienne y est omniprésente. Ces colonies rongent inlassablement le territoire qui aurait pu constituer un Etat palestinien.
L’Autorité Palestinienne dont les dirigeants n’ont cherché qu’un siège pour s’asseoir, minée par la corruption, est totalement impuissante, ne vit plus qu’en autarcie, pour elle-même. Mahmoud Abbas est « plus impuissant et discrédité que jamais auprès d’un peuple qui constate chaque jour la disparition du moindre horizon politique et au sein duquel la tentation de la lutte armée reprend de la vigueur. », (Le Monde).
Certains partis de la coalition gouvernementale actuelle avancent l’idée d’une annexion pure et simple de pans entiers de la Cisjordanie. Et cette même coalition a bien l’intention de faire respecter : « un droit exclusif et inaliénable sur toutes les parties de la Terre d’Israël », ce qui inclut la Cisjordanie occupée, et à y encourager la colonisation.
Tant que la puissance impérialiste israélienne voulait laisser un os à ronger aux Palestiniens, leur faire déposer les armes, leur accorder une liberté contrôlée (Rabin et les accords d’Oslo) ou les envoyer tous dans le pseudo Etat palestinien en les laissant, à terme, se débrouiller (Sharon), on pouvait croire aux possibilités amoindries d’une application du soi-disant « processus de paix ». Mais les garants de ce processus (USA notamment) n’avaient et n’ont aucune envie de forcer l’Etat colonialiste israélien à les appliquer. Sans parler de la plupart des Etats arabes ou du Maghreb qui ont laissé tomber leurs « frères » palestiniens. Et comme le plan des actuels chefs d’Israël est d’occuper la Cisjordanie, de tuer le plus grand nombre possible de Palestiniens et de réduire les survivants à un quasi esclavage, et bien, pour eux, « la solution à deux Etats » est morte et enterrée.
Pour le Parti Révolutionnaire Communistes, le régime d’apartheid et la colonisation doivent cesser, les Palestiniens ont droit à une vie décente et libre. Occupants depuis longtemps le territoire, ils ont droit à un Etat, ceux qui ont dû fuir ont droit au retour. L’Etat colonialiste israélien doit être dénoncé partout, seule la pression internationale des peuples permettra de faire rendre justice au peuple palestinien. Dans l'immédiat, le gouvernement français doit cesser d'apporter son soutien à l'État raciste et colonial d'Israël, il doit rompre les relations économiques, politiques et diplomatiques avec lui.

Le meurtre de Tyre Nichols : chronique de la violence ordinaire aux USA, le paradis de la « démocratie »

Le 7 janvier dernier, Tyre Nichols voulait rentrer chez lui, à Memphis. Interpellé et battu à mort par cinq policiers, le jeune homme de 29 ans n'a jamais revu son foyer. Les images de son passage à tabac ont été rendues publiques. Filmées par des caméras de surveillance locales et par les caméras piétons portées par les policiers, ces images sont celles d'une nouvelle bavure policière d'une violence inouïe, qui a provoquée de nombreuses manifestations aux Etats-Unis .
Coups de poings, de pieds, de matraque, de taser électrique, de pulvérisation de gaz lacrymogène… À cinq, les agents de l'unité Scorpion de Memphis ont abattu Tyre Nichols après l'avoir interpellé pour une infraction routière. Sur les images, le jeune homme tente de fuir et est rattrapé par les policiers en quelques secondes. « Je veux juste rentrer chez moi », explique-t-il en tentant d'apaiser la situation. Les agents s'en prennent alors physiquement à lui, en continu, ils s'acharnent sur Tyre Nichols, au sol et inanimé. Il a été transporté à l'hôpital dans un état critique. Les vidéos de l'agression montrent que les secours sont arrivés plus de vingt minutes après que les policiers ont cessé leur passage à tabac. Tyre Nichols est mort trois jours après, le 10 janvier, à l'hôpital.
Les policiers, eux, ont été licenciés et inculpés de meurtre au deuxième degré. Dans la foulée, la police de Memphis a annoncé le démantèlement de l'unité spéciale Scorpion, dont faisaient partie les agents. La violence des images a suscité une vague de colère aux États-Unis, où nombre de manifestations se sont tenues contre les violences policières, avec pour principal slogan : « Je veux juste rentrer chez moi ».
Cet acte de violence n’est pas isolé, aux USA ; les violences policières y sont légion. Par ailleurs, on ne peut parler, à propos de cet événement, d’acte raciste : les cinq policiers sont tous noirs. C’est la société capitaliste dans toute son horreur qui nous est dévoilée. La police fait partie de ce que Lénine appelait « les forces spéciales de répression » et son rôle est de réprimer et, aux USA plus qu’ailleurs, de terroriser les populations, de s’en prendre à tous ceux qui n’obéissent pas immédiatement aux ordres, surtout si ce sont des noirs. Si les situations sont parfois comparables dans d’autres puissances impérialistes, les Etats-Unis détiennent, et depuis longtemps, le leadership incontesté des violences faites aux citoyens. Et les dirigeants de cette puissance dominante veulent nous donner des leçons de morale et de démocratie, veulent imposer partout leur mode de fonctionnement et de vie, faire de leur Etat particulièrement répressif pour les travailleurs un modèle qu’il faudrait envier.
Pour le Parti Révolutionnaire Communistes, ce modèle est au contraire, à bannir. C’est le capitalisme en général, au stade de l’impérialisme, et sa version « hard » aux USA qui sont les seuls responsables de la mort de Tyre Nichols. La violence structurelle et endémique de l’Etat impérialiste dominant s’est une nouvelle fois manifestée.

Imprimer ce résumé