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N° 837 07/09/2023 Le 28 août dernier, Macron est intervenu pendant 2 heures à la 29ème conférence des Ambassadeurs et ambassadrices de France pour exposer sa ligne de conduite en termes de politique étrangère.
Une chose est certaine, il n’y a pas de surprise dans cette feuille de route. Macron pointe un danger pour les capitalistes qu’il défend, même s’il ne le dit pas ainsi : « Je considère que le contexte international se complique et fait courir le risque d’un affaiblissement de l’Occident et plus particulièrement de notre Europe. […] D’abord, il y a une dilution objective de notre population, de notre richesse produite, de notre part dans les échanges mondiaux. […] Ensuite, il y a une remise en cause progressive de notre ordre international, de ses principes, de ses différentes formes d’organisation. »
Si certains tenants du bloc impérialiste rival, emmené par la Chine parlent de la perspective d’un monde multipolaire, Macron lui évoque le risque d’un monde fragmenté, d’une partition du monde. Mais, en réalité, cela désigne la même chose. L’Union européenne et spécifiquement la France sont confrontés à la perspective d’un partage du gâteau qui se fasse de plus en plus à leurs dépens, vis-à-vis de la Chine et de ses alliés, mais aussi vis-à-vis des USA. Macron le dit à demi-mot. « Nos intérêts stratégiques, c’est que quand les États-Unis et la Chine décident que les technologies vertes supposent de ne pas respecter les règles de l’OMC, on ne soit les derniers à le faire. »
S’il utilise le laïus habituel concernant la guerre en Ukraine, c’est surtout en ce qui concerne l’Afrique que le président de la République française semble préoccupé. Sur le fond idéologique, c’est le discours banal de la soi-disant défense du droit international, sans aucune réflexion sur le rôle passé et présent de l’État colonialiste français. « La politique aussi de l’état de fait qui, des confins de l’Europe aux continents africain et asiatique, s’impose de plus en plus. Une forme de montée d’une politique du ressentiment, qui se nourrit ici de l’anticolonialisme réinventé ou fantasmé, là d’un anti-occidentalisme instrumentalisé.
Macron s’inquiète de la contestation croissante du Conseil de sécurité des Nations unies, et de ce qu’il appelle « nos organisations internationales », c’est-à-dire le Fonds Monétaire International ou la Banque Mondiale. Il craint une volonté croissante de faire émerger un ordre alternatif : « quelque chose qui viendrait se substituer à ce qu’on appelait jusqu’alors un ordre international, vu comme trop occidental, ou en tout cas aux règles devenues moins légitimes. »
Pour conclure sur ce chapitre, voici qui résume la pensée du chef de l’État et surtout des capitalistes qu’il sert : « Tout cela conduit à un risque de partition du monde, à un affaiblissement de l’ordre international basé sur le droit, à un affaiblissement de l’idée démocratique, on le voit par la montée de ce moment illibéral, et au fond de nos mécanismes de coopération et de partenariat existants. »
Dans ce contexte, que propose Macron pour lutter contre les dangers qui menacent ses maîtres capitalistes ? « Nous devons avoir une diplomatie assez simple, c’est poursuivre nos intérêts. Partir de là : notre sécurité, nos intérêts économiques, technologiques, diplomatiques, culturels. » On comprend bien qu’il ne s’agit pas des intérêts des travailleurs de France, mais des capitalistes.
En clair, cela se traduit par :
― le budget militaire : « Nous avons mis en place un outil militaire, plus crédible encore : nos armées ont toujours été fortes et solides. A travers les deux lois de programmation militaire, les deux reposant sur des exercices stratégiques solides. A l’issue de ces deux lois de programmation, nous aurons doublé le budget de nos armées, ce qui est inédit dans la période contemporaine. »
― l’intégration européenne de plus en plus poussée : « Le cœur de l’Europe a besoin d’être plus intégré si on veut faire face aux défis présents. […] Il nous faut donc une certaine audace pour accepter plus d’intégration sur certaines politiques, peut-être d’ailleurs plusieurs vitesses de cette Europe. »
― Enfin, le contrôle de l’immigration : « Qu’est-ce qu’on veut en termes d’immigration ? D’abord, nous voulons contrôler nos frontières, celles de Schengen, et au sein de Schengen ensuite nos frontières intérieures. […] On veut réduire le flux non maîtrisé et évidemment lutter contre les passeurs et l’immigration clandestine. »
Il faut noter que, sur ce dernier sujet, Macron s’aligne sur Zemmour, le RN et LR : « Nous avons des délais qui sont insoutenables, des gens qui restent trop longtemps sur notre territoire et alors même qui sont venus de manière illégale par des passeurs et qui doivent être reconduits chez eux, et quand l’instruction est faite au bout de 18 mois, on ne peut pas les reconduire. » ou encore sur Ménard : « Les regroupements familiaux dont on parle souvent beaucoup en oubliant que l’essentiel de ces derniers sont liés à beaucoup de Françaises et de Français qui épousent des non-français et qui veulent les faire revenir - quand on regarde la réalité des chiffres. »
Macron développe et indique que la France doit être beaucoup plus efficace, plus résolue et plus claire. 
Et quand il évoque l’Afrique, c’est pour défendre la légitimité et l’utilité des interventions militaires récentes, celles de Hollande et les siennes : « Nous sommes allés aider des pays amis et partenaires à défendre leur sol et à lutter contre le terrorisme chez eux. » Et, quand-au Niger, le seul problème, ce sont les putschistes qui ont renversé « un président qui avait fait des réformes courageuses ». Quand un Macron parle de « réforme courageuse », cela signifie la main du FMI et une austérité drastique tandis que nos capitalistes se remplissent les poches.
Macron a donc réaffirmé sa politique. Derrière la soi-disant défense du droit international, de la démocratie ou des règles justes, personne n’est dupe : rien ne change, il faut défendre par tous les moyens les intérêts des capitalistes dont il est le fondé de pouvoir.
Pour le Parti Révolutionnaire Communistes, il n’y a rien à attendre de la politique de Macron au service du Grand Capital, ni en matière économique et sociale, ni en matière internationale. L’État français s’accroche à son statut de puissance impérialiste et n’envisage surtout pas de prendre en compte le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Au cœur de l’affrontement de plus en plus meurtrier entre les blocs impérialistes rivaux, Macron nous promet la guerre et l’exploitation forcenée de l’Homme par l’Homme. Les travailleurs de France et du monde n’ont absolument rien à y gagner.