N° 838 13/09/2023 Le G20[1] a tenu son sommet à New Delhi en Inde les 9 et 10 septembre. La tenue de ce sommet en Inde est incontestablement un succès pour son Président N. Modi qui confirme sa stature internationale qui se veut à la fois proche, voire représentant de ce que l'on nomme le Sud Global, ayant des liens importants économiques et militaires avec la Russie, aussi bien que des relations serrées avec les États-Unis qui y voit un partenaire de poids face à la Chine, qu'ils considèrent comme un ennemi systémique.
L'admission de l'Union Africaine[2] dans le groupe G20 a donné pleine satisfaction aux pays représentés et souligne le rôle croissant des pays émergents dans l'économie mondiale. Cet élargissement correspond au souhait qu'avait formulé le récent sommet des BRICS[3] tenu en Afrique du Sud de voir mieux représenté, à la fois dans son sein et dans les forums internationaux les pays émergents.
En ce qui concerne la déclaration finale[4], les spéculations sont allées bon train, avant et pendant le sommet, pour prédire l'échec à trouver un minimum de consensus pour qu'elle voit le jour. Pourtant, il y a bien eu une déclaration commune. Sur le fond, elle rappelle avec force le rôle du secteur privé dans le développement de l'économie et la levée des entraves au commerce mondial ; rien donc qui puisse inquiéter les puissantes multinationales qui dominent l'économie mondiale. Ce qui a fait grincer des dents, à l'exception notoire des États-Unis, dont le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a salué la formulation du texte, ce sont les deux passages consacrés à la guerre en Ukraine et sur les mesures à prendre pour combattre le changement climatique. La France par la voix de Macron a trouvé que cette deuxième partie n'était pas à la hauteur des enjeux, une façon comme une autre de ne pas trop s'aventurer sur la question de la guerre en Ukraine. Cette partie du texte qui dénonce l'emploi de la force en Ukraine visant à obtenir des gains territoriaux et rappelle les principes de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, ne fait aucune mention d’une agression russe en Ukraine, terme pourtant utilisé en 2022 lors du précédent sommet du G20 à Bali dans une référence à une résolution du Conseil de sécurité qui avait déploré " l’agression commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine ".
Ces formulations ratifiées par l'ensemble des délégations sont le reflet des difficultés à faire accepter que les responsabilités de la guerre en Ukraine sont unilatérales, ce d'autant que d'autres conflits dans le monde, attisés par les rivalités au sein de l'impérialisme, ne suscitent aucune réaction de la part des principaux protagonistes de la guerre qui se déroule sur le territoire de l'Ukraine.
Si les dirigeants ukrainiens se sont insurgés contre cette déclaration, ses principaux soutiens, États-Unis en tête, se sont bien gardés de la commenter laissant à leurs chiens de garde politiques dans les media le soin de le faire à leur place !
Au bilan, ce sommet du G20 reflète l'évolution d'un monde dominé par le capitalisme où les rapports de force entre les vieilles puissances impérialistes, tout particulièrement les États-Unis, bougent. La domination sans faille du bloc États-uniens est de plus en plus contesté par les puissances capitalistes émergentes qui entendent conquérir leur part dans l'accaparement des ressources naturelles, des marchés, des voies de communications et de la force de travail, car elles ont toutes le même guide : la recherche des taux de profits maximum et l'accumulation du capital qui sont les sources profondes des conflits au sein du système impérialiste.
[1] Le Groupe des vingt (G20) est un forum intergouvernemental composé de dix-neuf des pays aux économies les plus développées et de l'Union Européenne, dont les chefs d'États, chefs de gouvernement ministres des finances, chefs des banques centrales se réunissent annuellement. Il a été créé en 1999. Il est composé de : l'Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, République de Corée, Royaume-Uni, Fédération de Russie et de l'Union Européenne. Ces pays représentent les 2/3 de la population mondiale, les 3/4 du commerce mondial et les 4/5 du PIB mondial.
[2] Union Africaine : https://au.int/fr/appercu